lundi 4 octobre 2010

Beaujolais qui rit, beaujolais qui pleure

Samedi midi je suis parti m'entraîner dans le Beaujolais : je voulais profiter du beau temps pour accumuler des kilomètres, mais je souhaitais également aller supporter l'équipe de mon quartier dans les joutes sportives opposant les différents quartiers de mon village. J'ai donc fait 75km à toute allure, afin de rentrer le plus vite possible me doucher et filer encourager mes voisins de quartier.

roses dans les vignes

Au cours de la sortie, j'ai eu la chance d'effectuer une véritable revue de bétail : un peu avant Anse j'ai été acclamé par le beuglement de plusieurs vaches, j'ai ensuite été accompagné par deux juments et un poulain qui ont eu envie de galoper à mes côtés pendant que je grimpais une bosse. Quelques centaines de mètres après avoir quitté ces chevaux galopant la crinière au vent, je suis tombé sur un groupe de 4 ou 5 chèvres et leur bergère : j'ai ainsi découvert que les chèvres se régalaient de feuilles de vigne, qu'elles semblaient préférer à une herbe pourtant bien verdoyante. Peut-être sont-elles juste fainéantes, n'ont pas envie de se baisser donc préfèrent manger les feuilles de vigne "à hauteur" ?

Enfin, à chaque fois que je levais les yeux, je pouvais observer une quantité incroyable de rapaces en vol ou perchés sur des piquets de clôture. Si je regardais le sol j'apercevais des lézards qui profitaient eux aussi du généreux soleil du jour. Je passerai évidement sous silence la quantité incoyable de moucherons qui volaient en essaim, ils étaient tellement nombreux que je pestais en permanence : je n'ai pas souvenir d'en avoir pris autant dans le visage, et par moments ça n'avait rien d'agréable ... mais une fois l'essaim passé, il me suffisait de regarder devant moi pour retrouver le sourire (après avoir enlevé les moucherons coincés entre les dents, évidement).

le beaujolais, c'est vallonné

Le beaujolais offre des paysages vallonnés et ensoleillés, propice à la culture des vignes. Nous sommes en pleine période de récolte et stockage des raisins en vue de la fabrication du breuvage local (enfin, par breuvage, je devrais plutôt dire "tord boyaux" tellement je trouve que ce truc est dégueulasse, mais ce n'est que mon avis et d'autres semblent aimer, preuve le goût n'est pas universel et tant mieux). Je suis passé devant au moins 10 distilleries diffusant une odeur magique : une odeur de raisin en cours de fermentation, une odeur vraiment sympathique à respirer, dont on peut se remplir les poumons sans modération ! J'ai croisé plusieurs tracteurs tractant des remorques remplies de grappes juteuses, et suis resté près de 2km dans l'aspiration d'un tracteur dont la remorque chargée de beaux raisins rouge flattait mes narines tout en me faisant saliver à l'envie d'en manger quelques-uns. Mais comme je le disais en préambule, j'étais pressé et ai fini par le doubler après avoir inspiré un grand coup histoire de garder le plus longtemps possible ce doux fumet dans mes narines.

construction pont autoroute

Je pédalais dans ce Beaujolais que j'aime tant, appuyant gaiement sur les pédales tout en observant le paysage qui défilait sous mes yeux. Je rigolais, j'étais heureux, rien ne pouvait ébranler un moral au beau fixe. Et puis patatras : au détour d'un virage, je franchis une petite bosse, tourne sur la droite et me retrouve face à un paysage dévasté. L'Homme construit des autoroutes et s'amuse à déformer le paysage autant qu'il le peut, pour bien prouver à la nature que dans son immense connerie il sait détruire tout ce qu'il a envie.

Au franchissement de la bosse, je m'attendais à retrouver un paysage identique à celui que je vois chaque fois que je passe à cet endroit depuis 6 ans. Un paysage qui se contente simplement de changer de manteau sous l'effet des saisons : enneigé l'hiver, verdoyant au printemps et l'été, et rougeoyant à l'automne. Un paysage chaque fois différent, mais où chaque chose est à sa place en toute harmonie. Mais non, cette fois je me retrouve face à un paysage ravagé, aplani, les pieds de vignes ont été supprimés et laissent place à une large bande de terre sur laquelle roulent de gros engins motorisés. Le paysage a été remodelé : certains creux ont été comblés, des bosses ont été escamotées, les excédents de terre forment des grosses butes qui n'existaient pas auparavant, de grands ponts sont en cours de construction afin de franchir les vallées sans descendre des crêtes, ...

Bref, j'ai l'impression que des sagouins ont saccagé le grand bac à sable dans lequel j'aime tant jouer. N'ayant pas (encore) d'enfants, je me suis tout de même demandé ce que ça me ferait de les amener là dans 10 ou 15 ans et de leur dire "Regardez cette photo, quand je venais rouler à vélo ici à l'époque, le paysage ne ressemblait pas à ça, l'air était pur et il n'y avait pas tout ce bruit. C'était un lieu calme et paisible.".



Bon, sinon, le bilan de la sortie est largement positif : je me suis senti bien tout le long, et pourtant j'ai appuyé allègrement sur les pédales. J'étais très fluide en montée, en descente comme sur le plat. J'ai aussi profité pleinement des paysages et de la beauté de la nature, ce qui est toujours positif.

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Eh, messieurs les élus, certes vous avez eu le soutien d'un certain nombre de personnes qui n'ont pas compris ce que vous alliez faire de leurs terres (ou à qui vous avez délibérément menti), mais ne pourriez-vous pas vous contenter de dilapider l'argent public (comme certains d'entre vous le font si bien) sans saccager mon bac à sable ?

1 commentaire:

  1. Ca fait toujours mal au coeur de voir un beau paysage abimé par une autoroute mais on est tous bien content de gagner quelques heures en les empruntant.

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