dimanche 8 juillet 2012

La marmotte : 1050ème

Samedi se tenait La Marmotte, une des épreuves cyclosportives les plus réputées d’Europe, 3ème manche du trophée de l'Oisans (après la Vaujany et le prix des rousses)L'épreuve s'appelle La Marmotte mais on ne dort pas beaucoup et elle n'a rien de reposant : on dort peu (la faute au stress et à un départ tôt) et pendant l'épreuve le seul moment de répit est ... une fois la ligne d'arrivée franchie !

Nous étions à peu près 7000 au départ. Je ne sais pas si vous imaginez ce que représente un groupe de 7000 personnes mais c'est absolument gigantesque : pour vous aider à vous rendre compte, il a fallu plus d'une heure entre le départ des premiers et celui des derniers, sachant que la route était de largeur normale sur 2 voies ! Comme pour les premières épreuves du trophée, j'ai pu partir parmi les premiers concurrents ce qui m'a permis d'éviter les bouchons dans les cols et aux points de ravitaillement, mais n'a eu aucune influence sur le classement car le chronomètre se lance pour chaque coureur au moment de son passage réel sur la ligne de départ.

Au niveau du parcours : on part de Bourg d'Oisans, 10km de plat pour rejoindre le pied du col du Glandon (27km à 4,2%), 20km de descente pour rejoindre la vallée de la Maurienne, 22km de vallée pour rejoindre le pied du col du Galibier (35km à 5,5%, via le col du Télégraphe) avant de plonger sur Bourg d'Oisans via une longue descente, et enfin on grimpe les 21 virages de l'Alpe d'Huez (14km à 8%) en guise de dessert. 174km au programme, pour environ 5000m de dénivelé.


Le départ a été rapide, ça a roulé fort d'entrée ! J'ai suivi le mouvement et me suis maintenu dans les 200 premières positions. Sur la plaque, les premiers kilomètres ont défilé très vite. Le début de la montée du glandon s'est présentée, je me suis accroché dans la partie roulante au départ (le long du barrage du Verney) et ai volontairement lâché prise dès que la pente s'est relevée. J'ai grimpé à mon rythme, un poil élevé je pense sous l'effet de la course : j'étais en permanence entre 160 et 170bpm. A la faveur d'un replat, à mi-pente, j'ai voulu relancer l'allure sur la plaque en suivant un petit groupe : au bout d'une vingtaine de secondes j'ai été pris de tachychardie. Mon coeur est monté au delà des 190, tapait très fort contre ma poitrine, et ne redescendait pas malgré le fait que je lève le pied. Il a fini par descendre mais s'est complètement écroulé à 120bpm. Il me restait encore 150km à faire, j'ai eu de grosses sueurs froides et ai commencé à me demander si j'allais réussir à aller au bout ! Je ne faisais pas le malin à ce moment là, croyiez moi !

J'ai grimpé la suite du col à un rythme moins élevé : entre 150 et 160bpm. Au petit matin, quelques heures après le lever du jour et pendant le lever de soleil, la vue était splendide dans la montée. Dans les deux derniers kilomètres du col, j'ai été rattrapé et encouragé par Laurent G. Je bascule au col et plonge dans la descente. Un véritable régal, je m'y suis amusé, j'enchainais les courbes très proprement, les épingles se sentaient bien. Un pur moment de bonheur. Cependant, c'était un régal dangereux : j'ai compté 7 garçons et une fille dans le fossé ! J'ai énormément de mal à comprendre comment on peut tomber dans une telle descende, quand elle est aussi bien sécurisée : pas de voiture en face, deux personnes avec des gilets jaunes dans chaque épingle, une visibilité parfaite (grand soleil et ciel bleu), et surtout une descente non-chronométrée ! J'ai bien pensé à me ravitailler en eau et en nourriture, afin de ne pas risquer de crampes ni de fringale plus tard.

Dans la vallée de la Maurienne j'ai mené la chasse en compagnie de quelques hollandais afin de revenir sur des petits groupes devant nous. J'ai rattrapé le groupe de Laurent G au moment où j'ai commencé à me sentir moins bien. Les 22km ont été avalés en 40 minutes, soit 33km/h de moyenne avec pas mal d'à coups. Ces à-coups me faisaient mal, je galérais pour les encaisser mais je savais que si je lâchais prise du groupe j'allais me retrouver seul dans le vent et j'allais perdre encore plus de forces.

J'ai géré la montée du col du Télégraphe : on m'avait conseillé de m'y ménager car si on la monte à trop haut régime, on risque d'exploser dans le Galibier. En effet, la liaison entre le sommet du col du télégraphe et Valloire (pied du col du Galibier) est courte et ne permet pas de récupérer. Aux deux tiers de la montée, je me suis fait doubler par Laurent L : il prétend être un mauvais grimpeur, mais il finira avec 15 minutes d'avance sur moi et 5300 personnes derrière lui. J'en connais beaucoup qui aimeraient être aussi mauvais grimpeur que lui ;-)

Je me suis arrêté au ravitaillement de Valloire afin de remplir mes bidons et de manger un peu. J'en ai aussi profité pour m'étirer légèrement avant de repartir m'attaquer à la partie finale du Galibier. A la télé, quand on écoute les présentateurs nous parler de ce col, ils disent que "la montée ne commence véritablement qu'à partir de Plan Lachat" ... mes jambes et mon coeur peuvent certifier que même avant Plan Lachat, ça monte ! Certes, la pente n'est pas continuellement à 8%, mais ça monte quand même ! Les 8 derniers kilomètres du Galibier, à 8% de pente moyenne, m'ont fait mal : je n'étais plus en gestion de mon effort, je cherchais plutôt à monter ma carcasse jusqu'au col. En grimpant, j'ai inventé un dicton "Le cycliste qui explose dans le Galibier, montera l'Alpe d'Huez à pieds" ... heureusement, je n'ai pas explosé. En haut, je me suis de nouveau arrêté pour remplir mes bidons et me ravitailler.

La descente sur Bourg d'Oisans est longue d'une quarantaine de kilomètres. J'y ai réalisé un beau numéro surtout dans les deux premiers tiers. J'ai doublé et laissé sur place des grappes entières de coureurs, en restant très fluide et très propre. Je ne cherchais pas spécialement à aller vite, je ne cherchais pas spécialement à doubler des coureurs, je me suis simplement concentré sur ma descente. J'ai profité du dernier tiers, exposé à un vent défavorable, pour me caler dans les roues d'un petit groupe et me ravitailler. J'aurai pu aller plus vite je pense, mais avec le vent de face j'aurai perdu plus d'énergie. Je me suis quand même porté plusieurs fois en tête de groupe afin de relancer l'allure car par moments ça ne roulait pas vraiment.

La grimpée des 21 virages a été difficile. J'ai déraillé au pied, au moment de passer sur le petit plateau. J'ai souffert car je voulais décrocher le diplôme d'or et que je savais que ça allait se jouer à quelques minutes près. Je me devais donc de garder un bon rythme (sous peine de le louper pour pas grand chose) tout en me ménageant afin de ne pas exploser. Plusieurs fois j'ai eu envie de mettre pied à terre, afin de me reposer tant je commençais à avoir mal de partout, mais je m'y suis refusé car je savais que le diplôme d'or allait se jouer à pas grand chose et que je m'en voudrais énormément si je ne l'obtenais pas.


J'ai franchi l'arrivée après 8h07 d'efforts. 7h40 au chronomètre officiel, qui ne tient pas compte de la descente du Glandon. Je suis classé à la 1050ème place sur 6037 coureurs classés. J'avoue avoir eu un grand moment d'émotion après l'arrivée : quand j'ai commencé le vélo fin 2004, la Marmotte constituait un rêve qui me semblait inaccessible. Quand on sait tout ce que j'ai traversé avant de me mettre au vélo, et les accidents que j'ai eu par le passé, j'étais loin d'imaginer un jour réussir à finir une telle épreuve. Bien sur je suis loin, très loin des meilleurs, mais ça reste quand même quelque-chose d'intense. Une très belle aventure. En quelques minutes, la douleur ressentie est oubliée, les larmes qui coulent ne sont que de la joie (et de la fatigue aussi, je l'admets), et le sentiment du "p***** je l'ai fait !" nous donne un grand sourire.

Voici mes temps de passage aux différents pointages intermédiaires :


Consultez les détails de la course.

2 commentaires:

  1. Bravo Florent pour ton temps et ton CR !
    Je te confirme que je ne suis pas grimpeur, mais j'ai fait de la Marmotte une sorte d'obsession permanente qui me pousse à analyser chacune de mes participations pour grappiller quelques minutes par ci par là : 8h54 en 2009, 8h39 en 2010 et 7h52 (temps avec Glandon) cette année.
    Il faut savoir gérer en permanence, connaître chaque mètre du parcours, optimiser les arrêts ravito...
    Bref, si pour ta première tu réalises déjà un bon temps, nul doute qu'en persévérant, tu gagneras de précieuses minutes, en tout cas c'est tout le mal que je te souhaite ;-)

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  2. Je n'avais pas encore pris le temps de lire ton CR !!! Merci pour le clin d'oeil !!!
    Je vois qu'on réagit tous pareils devant cette Marmotte, épreuve mythique par excellence !!! Je crois que j'ai commencé à faire des cyclos pour me frotter à cette Marmotte... Je me sentais bien incapable de terminer telle épreuve et puis me suis lancé en 2008 après plusieurs renoncements par peur, tout simplement !
    Suis super content de mon édition 2008, mon meilleur temps battu et envie d'y retourner pour essayer de le rapprocher des 7heures (en globalité) ! Alors je serai devant mon ordi en décembre prochain pour m'engager à nouveau sur cette superbe épreuve, qui reste à mes yeux la plus belle, tout simplement !!!!

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