lundi 29 juillet 2013

TDFête étape 17 : Embrun - Chorges

Le mardi 16 juillet, nous avons effectué le parcours de la 17ème étape du Tour, un contre-la-montre d'une trentaine de kilomètres reliant Embrun à Chorges. La matinée a été calme : nous avions rendez-vous à 12h autour d'Embrun, donc nous avons pu partir de l’hôtel vers 11h, ce qui nous a théoriquement laissé l'opportunité de faire une grasse-matinée relative. Malheureusement, notre corps s'est habitué aux réveils matinaux (entre 6h et 7h en général), ce qui fait que nous étions assez nombreux dès 8h du matin au petit déjeuner.

© Mickael Bougouin

On est arrivé vers Embrun à midi, après avoir franchi en bus le pont surplombant la pointe du lac de Serre-ponçon. Pour beaucoup d'entre-nous, c'était une découverte. Pour ma part, j'étais déjà venu passer une semaine de vacances ici avec mon vélo, ce qui m'avait permis de découvrir les cols et stations de la région : Izoard, Vars, la Bonette, Pontis, Les Orres, Risoul, ...

© Mickael Bougouin

On a mangé, on a rigolé, on s'est changé puis on est parti rouler. Dans la première montée, après m'être assuré que tout le monde allait bien, j'ai mis le turbo. Mais je me suis vite calmé : la pente y était irrégulière et j'y avais des sensations étranges. Le coeur montait haut mais les jambes ne répondaient pas comme je le voulais. Je ne sais pas si ça venait du parcours ou de mon gros effort de la veille dans le col de Manse. Du coup, je me suis relâché et j'en ai profité pour discuter avec Gilles, qui a rejoint notre groupe au cours de l'étape de Givors au Mont-Ventoux.

© Mickael Bougouin

Pour en revenir à cette première montée, nommée la "route des puys", elle se déroulait sur une route pas très large par rapport aux routes habituelles du Tour. La pente y était irrégulière, elle changeait tous les 200 mètres. Je m'attendais à avoir une belle vue sur le lac, mais en fait non. On avait une grosse falaise grise sur le côté droit, et une vue dégagée sur les montagnes environnantes sur la gauche. Mais peu de vue sur le lac. Arrivé en haut, j'ai fait demi-tour pour aller chercher les derniers mais ils n'étaient pas bien loin derrière.

La descente était sinueuse et technique. Elle ne m'a pas plu, je me suis fait balader par le terrain : je n'étais pas sur la bonne trajectoire, j'avais du mal à sentir les virages, j'étais en retard sur les freinages ... c'était étrange car habituellement je descend bien et n'ai pas ce type de problèmes.

© Mickael Bougouin

La montée suivante était plus régulière. Au pied, j'ai attendu les derniers : si pour ma part j'ai été baladé par le terrain, d'autres ont carrément galéré dans la descente. L'écart en 5 kilomètres de descente était juste hallucinant. Si dans la première montée il n'y avait personne sur le bord de la route en raison du terrain qui ne s'y prêtait pas (pas de bas-côté et une route pas très large), la deuxième montée était remplie de camping-cars et de campeurs. Je constate que les chronos attirent plus de monde que les étapes en ligne : c'était déjà le cas sur l'étape du Mont Saint-Michel. On a eu du soutien tout au long de la route, ce qui était bien car j'étais collé au goudron.

© Mickael Bougouin

En haut de la montée, j'ai fait plusieurs arrêts pour profiter du paysage et discuter avec des passionnés. En haut de la montée, un long belvédère offrait un magnifique point de vue sur le lac. On s'est presque tous arrêté pour faire des photos. Ceux installés à cet endroit ont du passer un agréable séjour, la vue au réveil étant l'une des plus belles qu'on puisse avoir.

© Mickael Bougouin

Juste avant de plonger dans la descente menant sur Chorges, je me suis arrêté discuter une dernière fois : un couple de personnes (très) âgées était installée sur un banc. En discutant avec eux, ils m'ont expliqué qu'ils habitaient à proximité et venaient ici tous les jours après leur repas du midi, qu'il fasse beau ou qu'il neige. C'était juste un moment incroyable, ces deux personnes savaient parler avec une forte passion de leur petit coin de paradis.

La descente sur Chorges s'est bien passée. La route était très large, il n'y avait pas besoin de freiner et pratiquement aucun virage, juste de longues courbes à enchaîner. J'ai pu y travailler mes trajectoires, mais je ne m'y suis pas vraiment régalé. La route était trop large, il n'y avait pratiquement rien d'autre à faire que se laisser descendre. En bas, un virage en S, un peu piégeur m'a surpris : j'ai touché un spectateur qui était trop proche du bord de la route. Ce virage était très chargé en supporters, je pense que les coureurs du Tour y sont passés un par un au ralenti, ce qui a attiré beaucoup de monde.

Les deux derniers kilomètres étaient pratiquement à plat. Ils se sont bien passés, on a rejoint notre bus sans problème. J'ai trouvé ce parcours exigeant : ASO avait annoncé qu'il s'agissait du chrono le plus exigeant de l'histoire du Tour ... je n'ai pas étudié dans les moindres détails tous les tours depuis 1903, je ne saurai pas comparer par rapport au chrono en montée de l'Alpe d'Huez en 2003, mais je confirme que ce parcours était physiquement exigeant.

© Mickael Bougouin

Le retour en bus a été galère : notre hôtel était situé de l'autre côté de Gap, mais en raison de l'arrivée du véritable Tour dans Gap on a été obligé de faire un détour de près de deux heures afin de rejoindre notre hôtel. L'étape était courte, mais pourtant on a passé beaucoup de temps en dehors de notre hôtel. On a du arriver vers 18h30 alors qu'on est parti à 11h, pour une étape de 34 kilomètres. Ca nous a fait une longue journée pour peu de kilomètres.

© Mickael Bougouin

Le soir, nous avons dormi dans une petite station de ski à 1500m d'altitude. L'hôtel était atypique par rapport aux hôtels dans lesquels nous logions jusqu'à présent : c'était un hôtel individuel et non pas un hôtel de chaîne. Les parties de babyfoot se sont enchaînées jusque tard dans la nuit, l'ambiance était géniale. Les rires résonnaient et couvraient les grincements des barres du babyfoot. Les discussions sur les règles à appliquer cassaient parfois le rythme des parties, entre ceux qui (comme moi) voulaient jouer librement et ceux voulant jouer avec 400 règles interdisant presque aux joueurs de toucher la balle sous peine de 3 buts de pénalité. On est remonté tardivement dans nos chambres, après une soirée super sympa à discuter et jouer. Le gros morceau des Alpes arrivait, on s'est détendu avant la grande bataille !

Bilan : 34km, 1h50 de selle, 900m de dénivelé, 125bpm en moyenne.
Consultez notre parcours et mes données.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

dimanche 28 juillet 2013

TDFête étape 16 : Vaison-la-Romaine - Gap

Le lundi 15 juillet, nous avons effectué l'étape reliant Vaison-la-Romaine à Gap. L'arrivée au lieu de départ a été perturbée, notre bus ayant été détourné. Une personne nous a bloqué la route car elle avait peur que la hauteur du bus arrache les décorations tendues entre les balcons. Il a fallu reculer dans une roue étroite, et trouver un itinéraire de contournement. Heureusement, notre chauffeur était un vrai pilote et nous a amené au départ sans soucis.

© Mickael Bougouin

Les premiers kilomètres se sont bien passés, on a repris en douceur. Au lendemain d'une journée de repos, c'était important de ne pas démarrer trop vite. La première petite montée, l'ascension de la montagne de Bluye, s'est bien passée. On est resté relativement groupés. On a ensuite longé une vallée, au pied du Mont Ventoux : il nous dominait sur notre droite, on l'a contourné pendant près d'une heure. Mais ce jour là, ce n'était pas lui notre objectif.

© Mickael Bougouin

L'ascension du col de Macuègne a été un calvaire pour Eric et Audrey : ils ne se sentaient pas bien du tout. 10 kilomètres galères pour eux, en plein soleil et sous une forte chaleur. Je suis resté derrière, avec Michel, afin de les accompagner. Arrivé au col, Eric s'est longuement allongé dans l'herbe. J'avais l'impression qu'il était en hypoglycémie, presque à bout de forces.

© Mickael Bougouin

On a ensuite plongé dans les gorges de la Méouge, un vaste désert rocheux assez abrupt et complètement minéral. J'allais me baigner dans ces gorges quand j'étais petit : cette fois je les ai parcourues en vélo. Ca m'a rappelé beaucoup de souvenirs. La présence de baigneurs en bas prouve que malgré le temps qui passe, les traditions perdurent. Quand j'étais petit, j'ai probablement du voir passer des cyclistes sans y prêter attention. Peut-être que l'un des enfants qui jouait dans le ruisseau y repassera un jour sur deux roues ?

© Mickael Bougouin

Notre pause du midi a eu lieu à Laragne, un village où j'allais chaque été quand j'étais petit. La dernière fois que j'y suis allé, c'était il y a pile 10 ans, pour l'enterrement de mon arrière-grand-mère. C'était la dernière personne de la famille qui y résidait, je n'y suis plus retourné depuis. Nous avons été reçus par le maire, qui nous a gratifié d'un très long discours.

On a mangé juste à côté de la place du marché provençal, l'une des distractions de mes vacances d'été. Nous étions également à proximité du bureau de tabac où j'allais acheter chaque jour le journal. Une fois que mon arrière-grand-mère l'avait lu, je me délectais des articles parlant du Tour. J'étais loin d'imaginer qu'un jour je serai moi aussi sur ces routes, moi aussi sur le Tour, et moi aussi dans les journaux. Pour tout dire, je n'aurai même jamais cru qu'un jour je signerai un article de journal qui parle de moi. Pourtant, c'est arrivé cet été !

© Mickael Bougouin

Après avoir bien bu et bien mangé, nous avons repris notre route via une remontée de vallée que je connaissais bien. J'y ai eu plein de souvenirs qui me sont remontés : ma noyade dans un lac, des sorties sur un vieux vélo aux pneus dégonflés, ...

J'ai eu un "bon de sortie", le seul qui sera accordé tout au long de l'aventure, afin de voir mes grands parents qui étaient sur le bord de la route. J'ai pris 1 minute d'avance : j'ai juste eu le temps de les embrasser et d'échanger quelques mots, avant de repartir à fond pour revenir dans les roues du groupe. Ca m'a offert deux belles chasses, l'une pour sortir, l'autre pour rentrer.

© Mickael Bougouin

Dans les derniers kilomètre avant le pied du col de Manse, j'en ai profité pour apporter des bidons d'eau deux fois aux autres. Avec 3 bidons dans le dos et un bidon dans une main, on se sent beaucoup plus lourd. Comment font les professionnels qu'on voit se charger de 6 ou 7 bidons ? Ils doivent se sentir comme s'ils passaient d'une voiture de sport à une Renault Chamade diesel.

Une fois le ravitaillement terminé, j'ai haussé le ton pour passer des dernières places du groupe aux premières, en passant de groupe en groupe. Une fois dans le groupe de tête, j'ai accéléré et je suis parti seul en tête dans la portion la plus dure. Sur le gros plateau dans du 10%, le coeur à 180, me voila en plein dans la course. Avec le vent défavorable dans la partie finale, plus roulante, j'ai un peu attendu le retour de Laurent car je ne me sentais pas bien, complètement asphyxié. Lilian et JB nous ont rattrapé et m'ont déposé sur place en peu de temps. J'en finis au sprint avec Julien, après un effort maximal pendant plus de 20 minutes. Une fois en haut je suis redescendu chercher les derniers afin de les accompagner jusqu'au sommet.

On est descendu sur Gap via la fameuse descente de la rochette. On a été plusieurs à se faire surprendre au fameux "virage Beloki" : le goudron y fait des vagues, comme si on était sur de la tôle ondulée, et le virage se ressere. On s'est fait une petite frayeur mais il n'y a eu aucune chute. En bas de la descente, un faux-plat descendant nous a mené jusqu'à notre bus.

Pendant que je me changeais, une personne a demandé à me parler. J'étais ravi, je pensais qu'une personne qui me connaissait (via ce blog, twitter ou autre) et de passage dans le coin voulait discuter avec moi. Que neni, c'était juste quelqu'un qui voulait nous critiquer et a choisi mon prénom au hasard dans la liste. Il m'a saoulé avec ses remarques du genre "vous n'avez pas besoin de ci, vous n'avez pas besoin de ça, vous n'allez pas assez vite, vous êtes trop nombreux" ... j'ai fini par le laisser sur place, sans même répondre à ses dernières remarques car il n'écoutait aucune de mes réponses depuis le début. La popularité d'un projet, ça a des avantages et ça a aussi quelques inconvénients.

Bilan : 174km, 6h20 de selle, 3000m de dénivelé, 130bpm en moyenne.
Consultez notre parcours et mes données.

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samedi 27 juillet 2013

Retour à une vie normale

Lors de l'étape partant de Montpellier, j'avais discuté quelques minutes avec un cycliste en tenue civile, petit sac sur le dos, qui partait au boulot. Dès que je l'ai vu arriver de ma gauche, un simple coup d'oeil m'a suffi pour savoir qu'il était un "vélo-taffeur" : pour avoir pratiqué cet exercice pendant 6ans, j'ai acquis un oeil d'expert pour les repérer parmi les simples flâneurs à bicyclette. Quand nos routes se sont séparées, il m'a souhaité "bonne chance". Je lui ai répondu du tac au tac "bonne chance à vous, pour nous c'est facile, on pédale au soleil alors que vous allez rester enfermé toute la journée dans un bureau". Quelques jours plus tard, au coeur des Alpes, je twittais "A ceux qui me demandent si faire le Tour est dur : ce qui est dur, c'est de rester enfermé 7h / jour dans un bureau ou une usine ! Le retour à la vie normal sera dur je pense, très dur même".

Je suis rentré lundi soir chez moi. J'ai commencé à défaire mes valises. Il m'a fallu 3 jours pour la défaire entièrement. Comme pressenti, le retour à une vie normale a été difficile. Finalement, faire le Tour c'est facile : on se lève, on pédale, on mange, on boit, on se couche et on dort. Retrouver la vraie vie, celle dans laquelle je dois aller faire les courses pour remplir le frigo, celle où je dois me faire à manger puis la vaisselle, faire la lessive puis l'étendre avant de repasser mon linge, sortir les poubelles et prendre mon courrier, faire mon lit le matin, passer l'aspirateur et la serpillère, … Je peux vous dire que mener une vie normale est bien plus fatiguant que de pédaler au soleil (avec des gens qui gèrent tout autour de vous) !

La reprise du boulot a été la partie la plus difficile. Passer de "10 heures par jour en extérieur à regarder le paysage" à "7 heures par jour sur une chaise à regarder un écran", c'est rude. Le plus dur, c'est vraiment de rester concentré sur ce qu'on fait : pendant 4 semaines, on passait notre temps à rire et notre niveau de concentration était proche du 0 (en dehors de celle vis à vis des dangers de la route). D'un coup, il m'a fallu revenir à un niveau de concentration maximal.

Enfin, la reprise du vélo après 5 jours d'arrêt a été étrange. J'ai fait une sortie avec Guillaume, mais j'étais en manque complet de repères : j'ai repris mon vélo habituel, qui n'est pas du tout réglé de la même manière que le vélo utilisé pendant le Tour. En dehors de la différence de position et de nervosité, le changement de braquet a été perturbant : je roulais sur un 50/34 avec une cassette 12/28 sur le Tour. Mon vélo habituel est en 52/39 avec une cassette 12/23. On a fait une grimpée : passer du 34x28 au 39x23, ça change complètement le coup de pédale ! On a fait une cinquantaine de kilomètres, ce qui m'a bien suffi.

Consultez notre parcours.

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vendredi 26 juillet 2013

TDFête repos 2

Dimanche 14 juillet, nous avons passé notre journée de repos au CREPS (gros centre sportif) d'Aix-en-provence. La veille au soir, nous étions arrivés à 23h30 après un long trajet en bus depuis le Ventoux. N'ayant pas encore mangé, nous avions avalé quelques victuailles dès notre arrivée avant de monter dans nos chambres nous doucher et nous coucher vers 1h du matin.

Le réveil à 8h a été rude. Je serai bien resté dormir un peu mais l'horaire du petit déjeuner était strict. A peine sorti de ma chambre, mal réveillé et les cheveux en bataille, je tombe nez à nez avec une fille d'à peine 15 ans à qui je demande la direction du réfectoire. Etant l'un des premiers arrivé sur place, je me réveille petit à petit et me rends compte que je suis entouré de gamins. Ca m'a fait un choc, j'ai eu l'impression de revenir 15 ans en arrière quand j'étais au collège.

J'ai passé la matinée à donner des nouvelles à mes amis et à mettre à jour ce blog. Mon compagnon de chambrée ayant choisi de sauter le petit dej' et de rester dormir, je me suis mis dehors en terrasse, sous une pergola. J'étais bien, j'étais au calme.

Le repas du midi a été avalé entre adultes cette fois, puisque tout le monde était réveillé. J'ai fait une courte sieste, puis je suis allé dans la grande salle pour regarder avec les autres la retransmission de l'étape des pros. C'était la première étape du Tour que je regardais depuis le début de l'aventure. On l'a tous vécue ensemble, à faire nos propres commentaires en reconnaissant les différents points de passage. Puis vint le Ventoux, l'attaque de Chavanel, le wheeling de Sagan, le train d'enfer et les supporters. Les voir passer là où nous étions la veille était assez singulier, ça nous procure à la fois un sentiment de fierté (d'accomplir la même chose qu'eux) et un sentiment d'être tout petit (la différence de vitesse est hallucinante).

En tout cas, vivre une étape à 50, entre passionnés, était un moment génial. Les cris d'encouragement ou de déception, selon les coureurs favoris des uns et de autres, fusaient aussi vite que tournaient les jambes de Froome. Les commentaires, dans les deux sens, allaient à un train aussi impressionnant que celui des Movistar. Mais l'ambiance dans la salle était aussi géante que le sommet qui domine la Provence. J'ai adoré ce moment.

Après quelques nouveaux coups de fil, on est allé manger. Le repas qui nous a été servi était prévu pour des gamins de 14/15 ans (l'âge des résidents du CREPS pendant qu'on y était) ... les portions étaient loin d'être suffisantes pour un groupe de sportifs d'une vingtaine d'années. Je m'en suis contenté, n'étant pas un très gros mangeur, mais une bonne partie du groupe est partie se chercher à manger en ville. Un dimanche soir, 14 juillet qui plus est, ils n'ont pas eu d'autre choix que d'aller dans un fast food.

Le soir, je suis passé pour la 3ème (et dernière) fois au massage avant d'observer de loin le feux d'artifice. La fin de soirée a été détendue, à discuter entre nous de sujets divers et variés. Même au bout de 2 semaines et demi à vivre en commun 18h par jour, on trouve toujours de nouveaux sujets. On s'est couché vers 23h30, le regard tourné vers les Alpes, le dernier massif à franchir avant d'arriver à Paris. La dernière semaine du Tour arrivait.


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jeudi 25 juillet 2013

TDFête étape 15 : Givors - Mont Ventoux

Samedi 13 juillet, notre départ a été matinal de Vienne. Comme nous avons dormi au 10ème kilomètre de l'étape, nous avons directement pris la route à partir de l'hôtel en coupant les 10 kilomètres à plat entre Givors et Vienne. Dès le départ, une succession de bosses nous a mis dans l'ambiance de la journée : l'approche du Ventoux est casse-pattes, il y aura peu de plat avant d'aborder le géant de Provence. L'étape est plus difficile qu'elle n'en a l'air sur le papier.

 © Mickael Bougouin

Après 2h30 de route sans trop d'embuches et à bonne allure, la traversée de Romans sur Isère a été compliquée : on a loupé des flèches, du coup on s'est retrouvé sur la bretelle d'accès à l'autoroute. Un peu plus loin, avant Crest, même topo : la voiture ouvreuse est partie tout droit au lieu d'aller à gauche. Notre convoi étant assez long (6 véhicules, 4 motos, une vingtaine de cyclistes), il était compliqué de faire demi-tour et on a perdu pas mal de temps lors de ces deux erreurs. Mais l'erreur est humaine, et nous avions toute la journée devant nous. Il y a pire dans la vie que de devoir attendre 10 minutes au soleil !

© Mickael Bougouin

Cette étape étant la plus longue du Tour, les organisateurs nous avaient prévus deux pauses repas. La première vers 11h, la seconde vers 15h. Cette seconde pause a été faite dans un superbe petit mas (Le mas de la roche) qui nous a offert à chacun un nougat et un pot de confiture. Nous avons toujours été bien reçus lors de nos pauses du midi, mais c'était la première fois qu'on repartait avec un cadeau utile ! (Une municipalité nous avait offert un stylo lors de l'étape entre Fougères et Tours, mais ça n'a pas la même saveur qu'un nougat !)

© Mickael Bougouin

Avant le deuxième point de ravitaillement, nous avons passé une dizaine de kilomètres au milieu de champs de lavande. L'odeur était douce et agréable. Pendant qu'on se remplissait les poumons de cette bonne odeur, l'odeur de la Provence, j'ai fait passer le message : gare aux abeilles ! Par chance, aucune butineuse n'est venue troubler notre progression.

Après le ravitaillement, en reprenant la route vers l'ogre qui se profilait à l'horizon et dans tous les esprits, j'ai retrouvé Philippe (un ami du club de Corbas) avec qui j'ai discuté un bon moment. Puis Romain L, un lecteur du blog, est venu se présenter juste avant Bedoin : je n'ai malheureusement pas eu le temps d'échanger plus que quelques mots. Ce ne sera que partie remise mon cher Romain, je te contacterai la prochaine fois que je descend dans le coin.

© Mickael Bougouin

On est arrivé au pied du Ventoux avec 2800m de dénivelé, 220km et 28,5 km/h de moyenne. A Bedoin, pied du Ventoux, j'ai fait 20 minutes de pause pour discuter avec l'une de mes plus grande fan. Je savais que je pouvais reprendre 20 minutes dans le ventoux sur les derniers du groupe, donc je suis resté en bas plus longtemps que les autres.

Je suis reparti à bloc avec la volonté de me tester sur cette montée. Je suis parti sur les bases d'une ascension en 1h30. J'ai fait toute la partie d'approche et toute la partie dans la foret à un gros rythme. J'étais bien malgré une chaleur suffocante (36° au pied). Je suis arrivé au Chalet Reynard en 1h05 à 166bpm de moyenne. J'avais prévu de manger au (court) replat qui précède ce point clé de la montée, mais avec l'adrénaline et les encouragements des supporters j'ai complètement oublié. Quelques minutes après avoir passé le chalet, j'ai senti mes forces diminuer donc j'ai levé le pied. Au diable les records, j'étais la pour profiter ! J'ai discuté longuement avec une polonaise, un tchèque, un belge puis deux australiennes : le Tour de France permet une communion fantastique entre cyclistes issus de tous les pays.

J'ai fini à la limite de la fringale, avec un temps d'ascension de 1h47 à 160bpm, ce qui est excellent pour une 15ème étape et avec 220km dans les jambes avant l'ascension ! A peine arrivé je me suis tout de suite ravitaillé avant de rejoindre le bus sans trop trainer. Les meilleurs du groupe ont mis à peu près 1h30, les derniers ont mis 2h10. Je m'attendais à des écarts beaucoup plus grands, et j'ai été très agréablement surpris par les temps d'ascension de tout le monde. Je m'attendais à ce qu'on (moi y compris) y passe beaucoup plus de temps.

© Mickael Bougouin

Au niveau de l'ambiance, la partie dans la forêt était très sympa. Les gens au bord de la route nous encourageaient beaucoup, c'était festif et convivial. On nous tendait à boire, il y avait de la musique, les gens applaudissaient et de grands éclats de rire nous parvenaient jusqu'aux oreilles malgré le bourdonnement des battements du coeur qui cognaient fort dans les tempes. Après le chalet reynard, les gens au bord de la route étaient présents mais étaient beaucoup plus apathiques. Ils nous regardaient passer comme des vaches regardent passer un train : ils lèvaient la tête mais n'avaient aucune réaction particulière, pas même un sourire. Tant pis.

Bilan : 249km, 9h46 de selle, 4400m de dénivelé, 126bpm en moyenne.
Consultez mes données et notre parcours.

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mercredi 24 juillet 2013

TDFête étape 14 : Saint-Pourçain-sur-Sioule - Lyon

Ce vendredi 12 juillet, nous avons effectué en grande partie la 14ème étape du Tour, reliant Saint-Pourçain-sur-Sioule à Lyon. Nous n'avons pas pu effectuer le parcours complet de l'étape car la préfecture de Lyon nous a interdit l'entrée dans la ville. Lyon se vante d'être la première grande ville française en terme d'usage du vélo : elle affirme être la première agglomération à avoir mis en place les vélos urbains (ce qui est faux), elle publie des chiffres flatteurs sur le nombre de kilomètres de piste cyclable (qui bien souvent sont inutilisables par les cyclistes, car non adaptées). Lyon, cette ville qui se veut green, est la seule ville a nous avoir refusé le passage.

Le départ a été matinal, nous avons eu une heure de liaison en bus pour relier l'hôtel à la ligne de départ. Depuis quelques jours, je profite de chaque transfert même court pour dormir : moi qui jusqu'à présent avait besoin du silence absolu et du noir complet pour dormir, ce Tour m'a appris à m'endormir n'importe où et dans n'importe quelles conditions. Chaque plage de repos doit être exploitée, je me suis adapté en conséquence.

© Mickael Bougouin

Sur la ligne de départ, j'ai retrouvé Julien et Guillaume, mes deux fidèles compagnons d'entraînement depuis 8 mois. Ils ont fait le trajet le matin en voiture (merci Florence de t'être levée tôt pour les accompagner), et vont faire toute l'étape en notre compagnie. Malgré le fait que je sois parti depuis 17 jours de chez moi, je n'éprouve aucun manque. Je vis une aventure tellement extraordinaire qu'il ne me tardait absolument pas de revenir à proximité de chez moi. Ca m'a quand même fait très plaisir de les avoir à mes côtés et de partager avec eux cette belle histoire. Ils ont sué à mes côtés lors de la préparation, il était sympa qu'ils viennent également profiter un peu de l'ambiance du groupe et de cette aventure.

Au cours des premiers kilomètres, nous avons été accompagné par une dizaine de cyclistes locaux. La route était un peu vallonnée, mais désormais on s'habitue à ce genre de bosses et le groupe régule naturellement son allure afin de rester toujours groupé. Au fil des kilomètres, nos accompagnateurs du début se sont progressivement dispersés, mais ont été relayé par d'autres qui sont venus se joindre en cours de route. Parmi eux, j'ai eu la surprise de rencontrer le père d'une de mes ancienne collègue de travail. Puis quelques coureurs contre qui j'ai l'habitude de courir. C'était assez surprenant, je ne m'attendais pas à les retrouver.

© Mickael Bougouin

Au niveau des spectateurs, la journée a été marquée par des encouragements familiaux. Le départ était donné à proximité de chez Audrey, sa famille a passé les cent premiers kilomètres à nous doubler et s'arrêter sur le bas-côté pour nous encourager. Quand la famille d'Audrey s'est retirée, c'est ma propre famille et celle de Laurent (le Corse du groupe) qui ont pris le relais jusqu'à l'arrivée. Le père de Julien est également venu nous voir passer.

© Mickael Bougouin

Quelques kilomètres avant l'entrée dans Lyon, on a bifurqué sur la gauche afin de grimper dans les Monts du Lyonnais. L'arrivée ne pouvant pas être jugée dans Lyon, il a été décidé de la faire chez David Moncoutié, notre capitaine de route. Arrivé dans son village, après une réception à la salle des fêtes, il nous a ouvert les portes de sa maison : pendant que certains sautaient en cuissard dans la piscine et que d'autres sautaient sur le trampoline, David sortait sa collection de maillots prestigieux. Depuis le début, sa simplicité est en harmonie totale avec l'esprit du groupe. Nous ouvrir sa maison et son armoire à trophée, il y en a peu qui l'auraient fait. C'est extraordinaire de pouvoir rouler avec un champion aussi accueillant et aussi effacé. Il se comporte comme l'un des maillons du groupe, et non comme la star.

Le soir, nous avons mangé et dormi au centre de Vienne. Pour nous rendre (à pieds) au restaurant, on est passé par des routes que je connaissais bien car elles font partie du départ fictif du Grand Prix de la ville de Vienne, une course que j'apprécie car ayant un beau parcours. A la fin du repas, j'ai retrouvé Julien qui m'a apporté mon linge et mes tenues lavées par mes parents. Depuis le début de l'aventure, le lavage et le séchage des tenues est compliqué, c'était génial d'avoir enfin des habits propres et secs !

Bilan : 167km, 5h53 de selle, 2100m de dénivelé, 132bpm en moyenne.
Consultez mes données et notre parcours.

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mardi 23 juillet 2013

Tour de Fête : le bilan

L'opération Tour de Fête s'est terminée hier midi. Ma valise est partie un lundi à 13h de chez moi, elle est revenue hier (lundi) à 20h, après 4 semaines et 7 heures d'absence de la maison. Ce fut une longue et palpitante aventure, que je n'ai pas pu vous narrer au quotidien car j'ai préféré la vivre à fond tant que j'étais dedans, pour ne pas en louper la moindre miette, tout en prenant des notes pour vous la retranscrire au mieux dans les jours à venir.

Avant de vous rédiger la suite de nos aventures étape par étape, puis une série d'articles un peu plus transversaux (sur les spectateurs, sur les accompagnateurs, sur mes compagnons de route, sur notre vie au quotidien ...), je vais dresser un bilan à chaud de l'opération.

© Mickael Bougouin

Le bilan sportif :
21 sorties à vélo, 3393km, 136h 46min de selle, 49871m de dénivelé. Cela nous fait une moyenne de 161 kilomètres pour 2375m de dénivelé par sortie, à 24,8km/h de moyenne. 62kg au départ, 62kg à l'arrivée. Cardiaquement parlant, je n'ai jamais été mis en difficulté. La dernière semaine, j'en ai profité pour faire du travail au seuil en vue de prochaines échéances sportives. Musculairement, je n'ai jamais subi non plus. J'ai eu 3 séances de massage, deux du dos et une des jambes, mais je n'en avais pas vraiment besoin et j'aurai largement pu m'en passer.
Sur le plan personnel, le bilan sportif est excellent puisque je sors de ce Tour en parfaite condition physique, sans fatigue particulière. Sur le plan du groupe, (presque) tout le monde est allé au bout sans poser pied à terre. 18 garçons sur 21 ont réalisé l'intégralité des étapes sur le vélo. Les filles ont réalisé des étapes incroyables, elles ont été impressionnantes.


Le bilan humain :
Notre groupe comptait un petit peu moins de 50 personnes, quand on y regroupe les cyclistes et les accompagnateurs. Quand l'aventure a commencé, j'avais 50 inconnus autour de moi. Je suis reparti hier avec 50 amis. Le bilan humain a été incroyable. Pour s'en rendre compte il aurait suffi de mesurer le taux d'humidité (lié aux larmes), d'écouter le nombre de reniflements et de regarder le temps pris pour faire les adieux. Personne n'avait envie de partir, tout le monde a cherché à rester avec les autres jusqu'au dernier moment.
Cette aventure était pour moi un test sociologique. Une sorte de loft-story version cyclisme. "Ils sont 50, ils ne se connaissent pas, ils vont vivre ensemble pendant 4 semaines, qui gagnera ?". Selon mes expériences passées, j'étais convaincu que les difficultés scinderaient le groupe en clans bien définis, et que ces clans se tireraient dans les jarrets. Des tensions sont apparues au bout d'une semaine, quand la fatigue a commencé a se faire sentir et que tout le monde manquait de sommeil. Ce que je prédisais s'est mis en place, il y a eu quelques légères tensions. Mais contrairement à ce que je pensais, les difficultés ont soudé le groupe et les petits conflits se sont arrangés en un tour de pédale. Pour moi qui adore la sociologie et étudie énormément le comportement humain, j'avoue avoir pris une véritable leçon.


Le bilan de l'intérêt des étapes :
Si je devais donner mes étapes préférées, je choisirai :
  • l'étape Ajaccio - Calvi, pour la beauté des paysages traversés (ce fut la plus belle incontestablement)
  • l'étape Saint-girons - Bagnères-de-bigorre, pour la ferveur du public (le public y a été le plus bouillant et le plus proche de nous)
  • l'étape de Saint-pourçain à Lyon car j'y ai retrouvé 2 amis proches et mes parents, et que j'ai fini sur mes routes d'entraînement
  • l'étape de Bourg d'Oisans au Grand-bornand, car ce fut la plus longue en temps de selle et que j'étais sur des routes que j'adore
A un degré moindre, je citerai :
  • l'étape de Givors au Mont-Ventoux, car c'était la plus longue en terme de distance et qu'on est parti de ma région
  • l'étape d'Avranches au Mont-Saint-Michel, car on a pas tous les jours l'occasion de rouler sur une digue avec un tel panorama
  • l'étape finale, avec les Champs Elysées, car c'était la fin et un lieu sacré du cyclisme
 Les étapes qui m'ont le plus déplues :
  • celle de Porto-vecchio à Bastia, car elle était longue, que le groupe cherchait ses marques, sur des grosses routes et que les nuages bouchaient le paysage
  • celle d'Aix-en-provence à Montpellier, car plate et monotone
  • celle de Saint-gildas à Saint-malo, car on y a eu un vent défavorablement pénible tout le long
  • celles de Fougères à Tours et de Tours à Saint-amand-montrond, car horriblement longues et horriblement monotones (ce sont les 2 pires étapes que j'ai passé)


Le bilan global :
Ce fut une aventure extraordinaire, qui a été encore plus palpitante et plus incroyable que tout ce que j'avais pu imaginer. J'ai trouvé que le parcours du Tour n'était dans le fond pas si difficile que ça, quand il est fait à une allure raisonnable, avec un bon encadrement, et un groupe au sein duquel tout le monde rigole et va de l'avant. Ce que j'ai dit à la majorité de mes compagnons de route, c'est qu'après avoir réussi une telle aventure, on a désormais acquis une confiance en nous qui nous permettra de rebondir dans la vie quoi qu'il nous arrive. On est tous sorti vainqueurs de ce Tour, de notre Tour. Pas des vainqueurs sur le plan sportif, mais des vainqueurs sur le plan personnel et humain.

Je tiens à remercier tous les participants de ce projet pour leur bonne humeur, élément essentiel sans lequel rien de tout cela n'aurait été possible. Si le groupe a su aller ensemble au bout, c'est parce que tout le monde a su garder le sourire même dans la difficulté. Un immense merci à vous tous, compagnons de route et de galère, pour cet état d'esprit.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

vendredi 19 juillet 2013

En très bonne voie

Salut à tous,

Juste un petit mot pour vous dire que tout se passe bien pour moi. Hier, nous avons réussi l'étape reine qui reliait Bourg d'Oisans au Grand Bornand. 205 kilomètres et 5200m de dénivelé au compteur. Une étape au parcours monstrueux, mais que j'ai passé avec une facilité qui me surprends moi-même.

Niveau santé, tout va à peu près bien. J'ai eu un accrochage contre une voiture avant-hier dans la descente du col d'Ornon, ce qui m'a enlevé de la peau au niveau de l'épaule et de la hanche, et fait un hématome au niveau de la main. Mais il n'y a rien eu de grave, je suis reparti de suite et je n'éprouve pas de gène particulière quand je pédale. Mes genoux se portent très bien eux aussi.

Franchement, ce qu'on vient de vivre tout au long des 3 semaines est juste incroyable. Ce sont des souvenirs qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire, c'est quelque-chose de tellement extraordinaire qu'aucun mot ni aucune image n'est assez fort pour décrire ce qu'on ressent et ce qu'on vit.

Il reste évidemment l'étape du Semnoz à passer. Une étape que j'avais trouvé difficile lors de mes reconnaissances, mais qui va nous sembler facile au vu de tout ce qu'on vient de réaliser. Cette étape sera un peu notre procession vers les champs Elysées, une sorte de formalité à remplir avant de toucher au but de notre quête.

Depuis dimanche et la montée du Ventoux, je profite d'un col chaque jour pour faire des exercices au seuil. Je veux profiter de cette fin de Tour, sur laquelle je me sens bien, pour travailler en vue de la reprise des compétitions fin aout (après un peu de repos bien mérité).

dimanche 14 juillet 2013

TDFête étape 13 : Tours - Saint-Amand-Montrond

La 13ème étape du Tour reliait Tours à Saint-Amand-Montrond. Comme la veille, il s'agissait d'une étape de plaine assez rébarbative et monotone. En revanche, elle était plus courte : 190 kilomètres au lieu de 230, soit une bonne heure de selle en moins.

L'étape était relativement plane. Du moins, plane à l'échelle des pros : comme je le faisais remarquer sur d'autres étapes, les routes considérées comme plates sur le Tour sont tout de même vallonnées pour n'importe quel cycliste "du dimanche" comme nous.

L'étape a été à peu près aussi pénible que la veille nerveusement. C'était long et monotone, tout se ressemblait. On a longé des champs de blé à n'en plus finir, c'était horrible. Au bout de 150 kilomètres, alors que les longues lignes droites interminables s'enchaînaient, j'ai commencé à chercher des rimes en fonction de ce que je voyais. Le poème est à lire en cliquant ici.

La partie sur les champs de blé m'a été inspirée par les champs qu'on longeait depuis beaucoup (trop) de kilomètres. La partie sur les chûtes m'a été inspirée en regardant les bandages de Mounir (cf l'article sur l'étape de Saint-Malo). La partie sur les supporters m'est venue en passant devant un groupement de camping-cars agglutinés le long de la route. J'ai ainsi occupé mon cerveau à chercher des rimes, la fin de l'étape est passée bien plus vite.

Une autre chose m'a marqué sur cette étape : la cohésion physique du groupe. La cohésion était visible en terme de mentalité et d'entraide, mais désormais on sent que les niveaux se nivellent. A force de pédaler, ceux qui étaient en moins bonne condition physique ont amélioré leur forme. Notre peloton est beaucoup plus compact et homogène que lors des premières étapes. La veille, nous avions parcouru l'étape de 230 kilomètres à 30km/h de moyenne. Idem aujourd'hui sur les 190 kilomètres de l'étape.

Bilan : 187km, 6h20 de selle, 1375m de dénivelé, 119bpm en moyenne.
Consultez mes données et notre parcours.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

TDFête étape 12 : Fougères - Tours

Mercredi, nous avons effectué la 12ème étape du Tour, longue de 230 kilomètres entre Fougères et Tours. Cette étape de transition, réputée plate et promise aux sprinteurs, a finalement été celle dans laquelle j'ai le plus souffert jusqu'à présent.

Pour la quatrième fois depuis le départ, nous avons franchi la barre des 200 kilomètres. Désormais, la distance ne me dérange pas spécialement. Ce qui est le plus dur, c'est que tous nos points d'appuis (pieds, fesses et mains) sont particulièrement douloureux, et rester sur selle n'est pas facile. On apprend à s'adapter : on enlève ou on desserre entièrement nos chaussures lors des ravitaillements, on soulage nos fessiers en se mettant en danseuse ou en s'asseyant de travers sur la selle dans les portions descendantes.

© Mickael Bougouin

L'étape a été dure pour moi, pas tant sur le plan physique mais sur le plan psychologique. Le paysage était terriblement monotone. Les lignes droites étaient interminables, certaines faisaient plus de 15 kilomètres complètement rectilignes. A 30km/h, il nous fallait entre 20 et 30 minutes pour en voir le bout, avant d'enchaîner sur la suivante. Une véritable horreur.

© Mickael Bougouin

Niveau encadrement, les forces de l'ordre nous ont régulièrement accompagné. On a eu des policiers à moto qui nous ont aidé à traverser Laval en passant tous les carrefours sans s'arrêter, la gendarmerie a pris le relais sur près de cent kilomètres. A Tours, ça a été le festival : 10 policiers sur des VTT, 2 policiers sur des motos et une voiture de police. C'était assez marrant, les policiers à VTT avaient tout leur équipement à la ceinture. La matraque d'un tapait dans les rayons de sa roue arrière, on a poussé une policière qui ne réussissait pas à tenir le rythme, il y en a un qui a failli tomber en lâchant les mains pour mettre un coup de sifflet au carrefour ...

© Mickael Bougouin

Après une séance photo en leur compagnie sur la ligne d'arrivée, ils nous ont de nouveau escorté jusqu'à notre hôtel en poussant toutes les voitures. C'était génial, on a pas perdu de temps.

Bilan : 229km, 7h40 de selle, 1650m de dénivelé, 124bpm en moyenne.
Consultez mes données et notre parcours.

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TDFête étape 11 : Avranches - Mont-Saint-Michel

Mardi après-midi, nous avons effectué le parcours de l'étape reliant Avranches au Mont-Saint-Michel. Une étape assez courte, puisque ne faisant qu'une trentaine de kilomètres.

Pour une fois, la journée a été tranquille. On a pu profiter du petit déjeuner en toute quiétude, sans avoir à nous dépêcher. On a pu enfiler notre cuissard paisiblement, sans avoir à le faire en nous brossant les dents d'une main et en remplissant les bidons de l'autre.

On a pris notre repas du midi à Avranches. Etant bien en forme et d'humeur joueuse (comme souvent), j'ai tenté de rendre dingue la serveuse. Ca a marché les premières minutes, mais elle est rapidement rentrée dans le jeu et a montré un bon sens de la répartie. C'était génial, le meilleur repas que j'ai passé depuis le début de l'aventure.

Sur la place de départ, on a été rejoint par une trentaine de personnes. Si la majorité des suiveurs portait un casque, certains n'en portaient pas. Je sais qu'on bénéficie d'une sécurité impeccable, mais nul n'est à l'abri d'un incident et le casque est très souvent utile.

© Mickael Bougouin

La route entre Avranches et l'arrivée dans la baie était un peu vallonnée, mais rien de méchant. Il y avait déjà pas mal de supporters pour nous encourager. J'ai retrouvé William J, que je connaissais virtuellement via twitter, et qui est venu nous encourager. Il n'est pas venu juste pour moi : il connaissait les auvergnats du groupe car il est dans le même club qu'eux.


L'arrivée dans la baie a été superbe. On a tourné le long de la baie, jusqu'à la route menant au pied du mont. J'avais déjà vu le Mont Saint Michel quand j'étais petit car j'y étais allé avec ma famille, mais je n'avais pas de souvenir particulier de la route sur la digue. La parcourir à vélo, face au mont, au dessus du sable, était une nouvelle fois une expérience unique que je n'aurai probablement jamais vécue si je n'avais pas participé à ce Tour.


Nous avons fait une longue halte au pied du mont pour faire des photos. Comme ce lieu est très touristique, un certain nombre de badauds ont demandé à faire des photos en notre compagnie. C'était assez étrange, mais sympa.

Une fois rentré à l'hôtel, je suis passé au massage. Le deuxième massage depuis le départ. Je n'en avais pas spécialement besoin : mes muscles sont bien détendus, je n'avais ni courbatures ni point de contracture. On a pu se coucher tôt, et récupérer en vue des longues étapes à venir.

Bilan : 39 kilomètres, 1h30 de selle, 300m de dénivelé.
Consultez mes données et notre parcours.

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TDFête étape 10 : Saint-Gildas-des-Bois - Saint-Malo

Lundi matin, nous avons effectué la 10ème étape du Tour, reliant Saint-Gildas-des-Bois à Saint-Malo. En réalité, puisque nous avons dormi à proximité de Redon, nous avons coupé les 25 premiers kilomètres de l'étape en partant directement de l'hôtel.

J'ai travaillé une très grande partie de la nuit et ne me suis accordé que 2 heures de sommeil. Pourtant, au réveil, je me sentais bien. Je bossais encore au petit déjeuner, je bossais tout en enfilant mon cuissard. J'ai encore bossé le midi, pendant que les autres se ravitaillaient. Combiné aux 170 kilomètres venteux de l'étape, ça m'a fait une très longue journée.

© Mickael Bougouin

Au bout de 35 kilomètres, nous avons traversé une immense caserne militaire. C'était comme dans les films : des mecs en train de courir en cadence par petits groupes, des pavillons séparés par de grandes pelouses bien tondues, des chars et des monuments, ... et un type en train de balayer un immense parking. Comme la traversée de la caserne est théoriquement interdite aux civils, nous avons été escorté par la gendarmerie tout le long.

Après la sortie de la caserne, une chute s'est produite au milieu du peloton. Elle s'est produite sur le plat, sans danger, car des guidons se sont emmêlés. 4 coureurs au sol, dont 2 bien touchés. Les médecins et les ambulanciers ont fait un excellent travail pour remettre tout le monde sur pied, les mécanos ont redressé les guidons et les dérailleurs. Tout le monde est reparti.

Le midi, nous avons fait une halte à Saint-méen-le grand, au musée Louison Bobet. Nous y avons été très bien reçu, ils ont fait une visite du musée puis ils ont mangé sous une pergola pendant que je bossais. J'ai pris à manger dans mes poches et ai pris mon repas en roulant.

© Mickael Bougouin

L'après-midi a été longue et monotone. On a traversé une foret interminable, vent de face, jusqu'à Dinan. Après Dinan, on s'est retrouvé au milieu de champs et de pâturages, sur un terrain un peu plus valloné. On a fini par rejoindre la mer du côté de Cancale.


Entre Cancale et Saint-Malo, on a longé la mer via une succession de creux et bosses. Depuis le début de l'étape, j'ai remarqué que rien n'était plat et que les bosses qu'on franchissait auraient fait la sélection dans n'importe quelle course pass'cyclisme / ufolep / fsgt auxquelles j'ai l'habitude de participer. Pourtant, pour des professionnels, cette étape est considérée comme plate. La différence de perception est assez hallucinante.

Si jusqu'à présent l'étape était monotone, la partie le long de la mer était en revanche sympathique. Le paysage était différent de ce qu'on a vu en Corse et dans le sud quand on longeait la mer, et c'était sympa de voir un paysage toujours différent. Une anglaise de 37ans, avec la peau blanche comme si elle n'avait jamais vu le soleil et venue passer ses vacances en Bretagne, s'est joint à nous. J'ai longuement discuté avec elle à l'arrière du groupe, notamment afin de savoir comment se passaient les entraînements hivernaux dans son pays.

© Mickael Bougouin

L'image qui m'a le plus marqué sur l'étape du jour, c'était la souffrance de Mounir. Il fait partie de ceux qui mettent l'ambiance en permanence, qui ne rechigne pas à prendre ses relais. Après sa chute, son épaule, son genou et ses deux poignets étaient couverts de bandages. Il peinait à tenir son guidon, la peau de ses mains ayant été rapé par le goudron. Voila pourquoi porter des gants est important. Son visage était marqué. Plus d'un à sa place serait monté en voiture, lui s'est battu toute la journée pour poursuivre l'aventure à nos côtés.

Il a été poussé, il a été encouragé. Cette étape a encore plus soudé le groupe : tout le monde a mal, certains plus que d'autres, mais personne n'ose se plaindre car on sait tous que d'autres souffrent plus que nous, et on sait tous qu'on vit une aventure incroyable. Au départ de l'aventure, je pensais que les difficultés scinderaient le groupe en clans. Par chance, c'est l'inverse qui s'est produit, le groupe s'est soutenu et renforcé.

Bilan : 171km, 6h20 de selle, 1560m de dénivelé.
Consultez mes données et notre parcours.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

jeudi 11 juillet 2013

TDFête, poème intermédiaire

L'étape du jour (Tour - Saint-Amand-Montrond) a été pénible, nous avons roulé sur des lignes droites interminables. Pour passer le temps, dans les derniers kilomètres j'ai composé un poème que je vous livre ci-dessous. Les étapes de transition sont les plus compliquées pour moi, elles sont horriblement longues et monotones. Vivement les Alpes !


Nous sommes partis depuis quinze jours,
Nous pédalons sur les routes de notre Tour,
Nous avons franchi les Pyrénées,
Il nous reste les Alpes à traverser.

Nous avons eu quelques chutes,
A la fin du fracas et du tumulte,
Les médecins soignent les bobos,
Les mécanos réparent les vélos.

Nos pieds sont engourdis,
Nous avons mal aux fesses,
Mais jamais notre moral ne baisse,
Et nous irons tous à Paris !

A force de pédaler,
A affronter les cols et le vent,
Notre groupe s'est soudé,
Tout le monde va de l'avant.

Nous vivons une aventure extraordinaire,
Poussés par les encouragements des supporters,
Le long des bois et des champs de blé,
Leurs cris nous aident à pédaler.


Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

dimanche 7 juillet 2013

TDFête repos 1

Aujourd'hui a eu lieu la première journée de "repos". Enfin, de repos relatif : on a fait 8h de trajet en bus pour relier les Pyrénées à la Bretagne. 8h de car pendant lesquelles on a tenté de dormir, de regarder des dvd, de travailler (pour certains), d'écouter de la musique ...

Les premières heures, tôt le matin, ont surtout été consacrées à la récupération des heures de sommeil manquantes. Le bus était calme, très calme. Le midi, nous avons mangé au Mc Donald un repas certes peu diététique, mais nous avons bien mérité le droit de faire un écart au régime purement sportif. L'après-midi a été plus ludique, tout le monde était réveillé et discutait.

Le midi, Ingrid est revenue parmi-nous. Elle est descendue de l'ambulance avec une minerve, sa descente a été saluée par une ovation et des applaudissements. Comme elle est timide et réservée de nature, je ne sais pas trop si son visage montrait une déception vis à vis du fait de ne pas avoir été au bout et de s'être blessée, ou une satisfaction de revenir dans le groupe.

Arrivés en milieu d'après-midi à l'hôtel, on en a profité pour faire une lessive de nos tenues. J'en ai également profité pour refaire mon sac : il est bien organisé, tout était à sa place, mais j'ai préféré tout sortir et tout re-ranger afin de m'en assurer.

Le soir, on a poursuivi la journée hautement diététique en allant manger à "la pataterie". Des patates, évidement, avec de la viande rouge. Une fois le repas terminé, j'ai travaillé une bonne partie de la nuit afin de répondre à une urgence professionnelle.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

samedi 6 juillet 2013

TDFête étape 9 : Saint-Girons - Bagnères-de-Bigorre

Le départ a été moins matinal que les jours précédents car l'étape était plus courte et que demain nous bénéficierons d'une journée de "repos" (de transfert plutôt). 5 cols sont au programme du jour, il s'agit d'une étape comme je les aime : de la montagne, rien que de la montagne. Peu de plat, les ascensions s'enchaînent sans répit. Me voila enfin dans mon élément. Le départ a été donné à 9h30, avec 30 minutes de retard sur l'horaire prévu. L'étape ne faisant que 170km, personne ne s'est affolé sur le non-respect de l'horaire.


On a fait près de 30 kilomètres de remontée de vallée. Je me suis mis à l'avant du groupe car je me sentais bien et que visiblement personne n'avait très envie de se mettre devant. Les deux rudes ascensions de la veille pesaient encore dans les jambes de certains. En passant dans un village, un radar mal réglé nous a indiqué qu'on passait à 80km/h : à cette vitesse là, en légère montée, l'étape aurait du être très rapide, on aurait dû arriver à l'hôtel pour le repas du midi.

© Mickael Bougouin

La montée des deux premiers cols s'est bien passée, j'ai fait le train pour le gruppetto. La vitesse n'était pas très élevée mais au moins j'étais certain que personne n'allait exploser avant le sommet. La chaleur s'est fortement faite sentir dès la première montée. Je suis arrivé au col complètement trempé, le maillot qu'on utilise est magnifique mais sa texture n'évacue pas la sueur. C'est extrêmement désagréable. Certains ont commencé à s'arroser la tête dès le premier col. Une journée caniculaire de chasse au bidon s'annonçait.

La première descente s'est bien passée, tout le monde a été prudent et certains ont fait une pause devant la stèle Fabio Casartelli. Quand on passe au virage dans lequel il s'est tué, on ressent une sensation étrange : les poils se dressent sur les bras comme sur un gros matou voulant faire peur à un chien. La seconde descente était moins technique et plus roulante. En bas de la descente, le motard qui véhicule le caméraman s'est brisé la clavicule en manipulant sa moto à l'arrêt. Pour la première fois du séjour, le service médical qui nous accompagne a eu un vrai cas à gérer. Jusqu'à présent, leurs interventions étaient plutôt bénignes : quelques ampoules, des piqures d'insectes, des nez qui coulent … rien de bien méchant.

On a fait un bout de vallée afin de rejoindre Bagnères de Luchon, où était prévu notre repas du midi. A quelques kilomètres du repas, notre équipe médicale a porté assistance à un Belge en difficulté. Il était arrêté sur le bord de la route, bras posés sur son guidon, tête penchée vers le bas. Les symptômes classiques du cycliste mal en point. Il est monté dans notre bus balai, ses équipiers ont poursuivi leur route. La pause repas s'est faite dans une belle bâtisse communale, grâce à la famille Lapébie (célèbre dans le milieu du cyclisme) qui nous a accueillie.


A peine le repas terminé, on a attaqué la montée du col de Peyressourde. On a cuit comme des petits pains, le thermomètre a flirté avec les 40° ! Parmi les nombreux supporters massés dans la montée, une camionnette a particulièrement attiré mon attention : elle était maquillée spécialement pour le groupe de musique AC/DC. Leur chanson "highway to hell" symbolisait bien notre ressenti du moment, nous étions en pleine route pour l'enfer. Je me sentais bien, mais je suis resté à l'arrière du gruppetto : il y avait du monde pour me remplacer au poste de chef de file, et du monde pour pousser à ma place. J'ai eu moins de travail, j'en ai quand même fait quand je sentais que les autres faiblissaient et avaient besoin d'un relais.

Nous sommes passés au col de Peyressourde vers 17 heures. Il nous restait encore 2 cols à franchir, et certains se sont (enfin !) inquiétés de l'horaire d'arrivée. La montée suivante a été expédiée à grande vitesse : il y avait beaucoup de monde pour pousser les plus faibles, du coup j'ai pu me reposer. J'ai géré mon effort, j'ai senti que mes genoux n'aimaient pas trop les séances de force que je leur imposais. Les supporters, très présents depuis l'ascension de Peyressourde, étaient encore plus nombreux ici. Les encouragements étaient quasiment continu, le public est bien rentré dans le jeu, c'était génial.


La dernière montée a été spéciale pour moi : étant parti depuis près de 10 heures, je me suis cherché un camping-car pour y trouver des toilettes. J'ai eu un refus d'un espagnol, puis un breton m'a accueilli à bras ouverts. J'ai pris mon temps, puis le temps de discuter et de lui donner un bidon en remerciement. J'ai pu lâcher les chevaux afin de rattraper le retard volontairement pris. Je me suis amusé, j'ai fait plusieurs kilomètres à 170bpm, les jambes tournaient à la perfection, le coeur répondait comme s'il était neuf. J'étais libre, j'étais heureux. Au passage, je poussais quelques dizaines de mètres les coureurs que je doublais, jusqu'à ce que je revienne dans le paquet principal. Excité par cette chasse, j'ai poussé les plus faibles jusqu'au sommet.


Dans les derniers kilomètres, c'était l'orgie au niveau des supporters. Il était près de 20h, le soleil était en train de se coucher, le public mangeait le long de la route. On nous a proposé une quantité hallucinante de bières et de boissons alcoolisées. Dans la descente, même topo : beaucoup de public en plein milieu de la route, un immense feu de bois et de la musique électro qui résonnait dans une longue combe. Je n'avais jamais vu ça, une ambiance incroyable. Le Tour a un pouvoir d'attraction incroyable, il faut le vivre pour le croire. C'était extraordinaire.

Malheureusement pour le groupe, la grande fête a été gâchée dans cette descente : une vache effrayée a traversé la route devant notre peloton. Cette vache a percuté Ingrid, dont les performances m'impressionnaient encore un peu plus chaque jour, qui m'aidait régulièrement à pousser les plus faibles, qui s'est mangé une étape de 200 kilomètres en finissant aussi fraiche que nous. Les ambulanciers l'ont mis sur le brancard et l'ont emmené aux urgences de Tarbes. Je ne souhaitais à personne de chuter, mais j'avoue que sa chute m'ennuyait particulièrement : elle était en train de démontrer, sans le savoir, ce que j'ai toujours dit : une femme a les mêmes capacités qu'un homme, une femme peut faire le Tour en entier tout comme nous. Je reste persuadé, avec ce que j'ai vu, qu'elle aurait pu le faire et prouver que j'avais raison.

L'arrivée à Bagnères de Bigorre s'est faite à 21h, soit 11h30 après le départ. Nous étions tous explosés par la longueur de la journée. Une heure de bus, un repas, et on a enfin pu se coucher.

Bilan : 172km, 8h42 de selle, 4000m de dénivelé et 126 bpm en moyenne.
Consultez mes données et notre parcours.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

vendredi 5 juillet 2013

TDFête étape 8 : Castres - Ax 3 Domaines

La nuit a encore été courte, très courte : moins de 5 heures. Réveil à 6h, transfert en bus puis départ de l'étape à 7h30. La gestion du sommeil est le vrai point noir de cette aventure : on a très peu de temps de récupération, on fait des journées de 18 heures, ça induit une fatigue nerveuse. Finalement, ce qui me fatigue le plus, ce n'est pas la partie vélo mais la longueur des journées. Hier matin, quand on roulait au pas dans les bouchons montpelliérains, je chantais "on dirait le Sud, les trajets durent longtemps, les étapes durent surement plus d'un million d'années". Ce matin, la chanson était plutôt "debout les gars réveillez-vous, il va falloir rouler un coup, debout les gars réveillez vous on va au bout d'la France".

Le départ a été donné à 7h30 par une température fraiche : on a fait les premiers kilomètres avec des gilets et des manchettes. La température est montée très vite : à 10 heures il faisait déjà 28°, à 11h on dépassait les 32°. Le parcours étant peu vallonné et le vent étant légèrement favorable, on a couvert les 120 premiers kilomètres en 4 heures. On est arrivé au ravitaillement vers 12h30, c'était la première fois qu'on mangeait aussi tôt.

Toute la matinée, les relais tournaient bien à l'avant et la vitesse semblait convenir à tout le monde puisque j'ai eu très peu de travail à l'arrière. Tout le monde suivait sans forcer, c'était impeccable. Les tensions internes de ces derniers jours, extrêmement palpables hier soir et ce matin, se sont dissipées au fil des kilomètres et ne sont pas réapparues en cours d'étape.

© Mickael Bougouin

Après le repas, on a fait 15 kilomètres d'approche jusqu'au pied du Port de Pailhères, via une route encaissée dans de profondes falaises et le long d'un ruisseau. Malgré la fraicheur apportée par la végétation et le ruisseau, il faisait encore très chaud. C'était assez atypique, on est passé sous des arches en pierre, mais la vue n'était pas très dégagée et le goudron n'était pas d'excellente qualité. Dommage.

Le port de Pailhères a été franchi sans encombres. J'ai laissé à d'autres le soin de gérer le rythme du gruppetto. J'ai géré le train d'un groupe intermédiaire composé de 5, puis 4, puis 3, puis 2 personnes (en me comptant). Dans une montée de 15 kilomètres à 8% de pente moyenne, il était compliqué de faire rouler plusieurs personnes au même train. Du coup, j'ai navigué entre les différentes personnes pour leur apporter de l'eau. J'ai encore musclé mon bras droit, en poussant régulièrement. Je songe à pousser avec la main gauche pour équilibrer ma musculature.

© Mickael Bougouin

Tout au long de la montée, on a bénéficié du soutien de personnes garées en camping-car le long de la route. C'était loin de la marée humaine montrée par les caméras lors du passage des pros, mais c'était sympa quand même d'entendre des applaudissements et des encouragements.

En haut, j'ai récupéré de quoi rester au chaud car il faisait assez frais. A 2000m d'altitude, avoir de quoi se couvrir pour attendre était recommandé. On a attendu les derniers quelques minutes, le temps de refaire le plein des bidons, puis on s'est lancé dans la descente. J'ai laissé filer le groupe devant, afin de pouvoir faire ma descente proprement sans me faire gêner ni par les kamikazes, ni par les mauvais descendeurs. La descente était belle, sans aucun piège, un vrai régal. Il fallait juste faire attention à quelques plaques de gravillons, mais rien de dangereux.

L'ascension du plateau de Bonascre s'est enchaînée directement. La montée m'a fait mal, car elle est assez irrégulière. On alterne des pentes à 12% avec d'autres à 6%. Ca change assez souvent, on ne peut pas y prendre de vrai train. J'ai poursuivi mon assistance jusqu'à la ligne d'arrivée, et ai continué ensuite seul jusqu'au sommet de la station afin d'aller voir le paysage.

Justement, en terme de paysage, la montée du Port de Pailhères était très sympa. C'était diversifié, on était tantôt dans des rochers, tantôt dans des bois, parfois dans de longues combes et parfois dans des lacets. La vue était agréable, j'ai eu le temps d'admirer le paysage. En revanche, la montée du plateau de Bonascre (Ax 3 domaines) se fait dans les bois, on ne voyait rien en dehors des arbres et des nombreux supporters.

Cette étape pyrénéenne était différente des autres. D'une part par son profil, puisqu'on abordait la montagne, mais d'autre part par sa chaleur humaine. Jusqu'à présent, nous avions eu pas mal de badauds en Corse, puis quelques belges passionnés tout le long de la traversée entre Nice et Albi. Nous avons vu très peu d'écritures au sol. Aujourd'hui, le public était plutôt espagnol et allemand, et la peinture était encore fraiche. On a bien mieux ressenti l'ambiance du Tour.

Bilan : 192km, 8h15 de selle, 3200m de dénivelé, 122 bpm de moyenne.
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jeudi 4 juillet 2013

TDFête étape 7 : Montpellier - Albi

La nuit a encore été courte, le départ de l'étape a été donné à 7h30. Au réveil, mon téléphone m'affiche quelques messages de "bonne fête". Avoir sa fête sur le Tour de fête, ce n'est pas tous les jours. Pourtant, au cours des premiers kilomètres, je n'étais pas à la fête : gros vent de travers puis de face, c'était pénible. Je déteste le vent : c'est pire qu'affronter des côtes, car dans les côtes une fois qu'on est en haut on sait qu'on peut se reposer dans la descente.

Le début de l'étape, via la traversée de Montpellier, a été pénible. 12 kilomètres parcourus en une heure à cause des bouchons. On a eu un léger accrochage avec un automobiliste : "vous nous faites chier avec le Tour de France, toutes les années c'est pareil". J'aurai pu répondre "vous nous faites chier avec vos véhicules, tous les jours c'est pareil". Mais on ne se plaint pas, nous.

Une fois sortis de l'agglomération de Montpellier, j'ai passé le début de l'étape à l'arrière du groupe dans mon rôle traditionnel de chien de berger. Vent de travers puis vent de face, je n'étais pas dans mon élément. Aux alentours du 65ème kilomètre, j'ai retrouvé mon équipier Sébastien qui nous accompagnera pendant plus de 60km. Comme il connait bien la région il nous donnera de précieuses informations lors de la montée des deux premiers cols.

Dans les deux premières ascensions, le col de Treize vent et celle du col de la Croix de Mounis, j'ai fait le train du gruppetto pour que tout le monde suive. C'est un rôle que j'aime bien.

On a eu des loupés sur les ravitaillements intermédiaires le matin, si bien que dans les derniers kilomètres avant le repas du midi on était plusieurs à être à la limite de la fringale. En mangeant seulement 2 barres et quelques cerises en 6h de selle, ça faisait peu. Eric m'a fait peur, à la fin il zigzaguait au milieu du peloton et semblait à la limite de l'hypoglycémie. La pause pour le repas du midi n'a jamais été autant attendue !

On a pris notre repas en présence d'un député et d'une quarantaine de cyclotouristes qui nous attendaient pour nous accompagner jusqu'à l'arrivée. Du coup, on avait du monde qui déambulait au milieu de nous, ce n'était pas très agréable : quand on a faim et qu'on est fatigué, qu'on a envie de profiter d'un peu de répit, on a pas envie que des gens viennent nous gêner.

L'après-midi, la route nous a été ouverte par la gendarmerie, qui a assisté les 3 motards habituellement en charge de notre sécurité. J'ai refait le train pour éviter les innombrables à-coups que mettent certains. J'ai pris beaucoup de vent, j'espère que ça ne m'handicapera pas dans les prochaines étapes. Sur la quarantaine de cyclotouristes présents, un petit noyau (5 / 6) se comportait comme des cons : ils allumaient dans chaque bosse. Quand des mecs frais, avec des sacs à dos, t'attaquent dans une montée que tu gère au train afin que tout le monde suive, c'est extrêmement désagréable. L'un d'entre eux, le premier à avoir attaqué, m'a tellement énervé que je l'ai pris en grippe la 3ème fois et j'ai fait l'effort pour aller lui faire remarquer que son comportement était anormal. Des mecs de son club m'ont dit que c'était une ancienne gloire locale avec "beaucoup de victoires" … j'espère que sa gloire locale n'est pas à attribuer uniquement au fait de laisser sur place des gens qui ont fait plus de 1000km en une semaine !

L'arrivée au coeur d'Albi s'est bien passée. les routes étaient dégagées et le renfort de la gendarmerie nous a permis de franchir les carrefours sans marquer d'arrêt. Le seul truc pénible, c'est que la consigne était claire : "notre groupe devant, les cyclos derrière". Malgré une consigne facile à comprendre et à appliquer, les mecs restaient devant et certains étaient à la limite de nous faire tomber quand on cherchait à remonter.

L'étape a été longue et usante. On a passé la barre des 200 kilomètres pour la 3ème fois de la semaine et le vent défavorable une grande partie du parcours n'a pas simplifié notre tâche. On est arrivé tard à Albi, on est sorti tard du restaurant le soir. La récupération avant la première étape de montagne, demain, n'est pas idéale. La fatigue se fait de plus en plus sentir, mais je me sens toujours relativement bien. On arrive sur mon terrain de chasse, mais je ne pourrai pas m'y exprimer pleinement puisqu'il va falloir faire le train pendant les montées.

Bilan : 216km, 8h50 de selle, 2700m de dénivelé, 123bpm en moyenne.
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mercredi 3 juillet 2013

TDFête étape 6 : Aix-en-Provence - Montpellier

Ce matin, nous avons pu bénéficier d'une grasse matinée relative : on a pu se réveiller à 7h ! Ca change des 5h30 / 6h habituels. Malheureusement pour moi, j'ai bossé la nuit pour répondre à une urgence professionnelle. J'ai fait un gros morceau du boulot jusqu'à 2h du matin, puis j'ai apporté les dernières touches pendant le petit déjeuner.

Le départ d'Aix en Provence a eu lieu sous la pluie. On s'est pris de petites averses pendant la première heure, la suite de la journée sera couverte puis le soleil pointera son nez. Etant victime d'un refroidissement depuis plusieurs jours, j'ai passé la majeure partie de la journée avec mes manchettes et mon coupe-vent imperméable, afin de maintenir mon corps le plus au chaud possible. Je dois être le dernier à avoir enlevé mes équipements, en toute fin d'étape.
 
© Mickael Bougouin

Au départ, le médecin m'a donné un médicament. Au vu des étapes à venir, j'ai préféré solliciter le corps médical, afin qu'ils me donnent ce qu'il faut pour me guérir. J'avais hésité à le faire plus tôt, mais je voulais voir comment évoluait la situation. Je n'étais pas très bien les 2 premières heures, puis je suis monté à l'avant prendre des relais, signe que j'allais nettement mieux. Ce soir, je ressens toujours une petite gêne mais moins que les deux soirs précédents.

Guillaume, mon ami lyonnais dont les parents habitent à quelques kilomètres du parcours, s'est joint à nous une quarantaine de kilomètres. Habillé avec sa tenue du VC Caladois, il a d'abord été pris pour l'un des coureurs de l'équipe Elite. La supercherie a vite été démasquée. Ca m'a fait plaisir de le voir, ça m'a permis de lui donner des nouvelles sans que ça ne prenne de temps sur mes rares moments de récupération. Les appels téléphoniques, sms, tweets, emails, ... c'est bien, mais c'est usant même si on est allongé dans son lit !


Après la pause repas, j'ai assisté à la première engueulade du séjour : on roulait à une bonne allure, sur faux plat descendant, mais quelques cyclistes voulaient lever le pied. Le débat a fait rage entre "plus on roule vite, plus on arrive tôt, plus on a de temps pour récupérer" et "plus on roule tranquillement, moins on a besoin de récupérer". Le cessez-le-feu a permis de déboucher sur un compromis de vitesse qui a satisfait à peu près tout le monde.

La fin de l'étape a été marquée par le vent de travers. Plus la journée avançait, plus le vent forcissait. Le vent m'a usé plus que la distance ou le temps de selle. De même, la dernière heure nous n'avons couvert que 8 kilomètres car les rues de Montpellier étaient bouchées. On a fait plein de départs / arrêts qui sont particulièrement fatiguant musculairement et nerveusement, car on a l'impression de piétiner et de ne pas avancer. Les arrivées en ville, ce n'est pas terrible.

Cette étape de 180 kilomètres relativement plats, que les journalistes sportifs appellent "de transition" (un synonyme de "facile" dans leur vocabulaire), n'est pas difficile si on la fait de manière isolée. Par contre, après 6 jours d'efforts dont deux étapes de plus de 200 kilomètres, elle fait mal quand même. Cette étape était certes plus courte et moins difficile, mais elle n'était pas facile pour autant. On sent que la fatigue s'accumule, et le plus dur arrive ...

Bilan : 185km, 6h30 de selle, 910m de dénivelé, 117bpm en moyenne.
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