mardi 22 octobre 2013

RAAM : jusqu’où pousser le sacrifice ?

Ce soir, je souhaite écrire sur l'un des nombreux sujets qui m'ont occupé l'esprit au cours de ma longue sortie dans le beaujolais. Comme beaucoup d'entre-vous le savent (j'en avais déjà parlé il y a un an dans cet article), mon objectif ultime en tant que cycliste c'est la RAAM. Il s'agit de réaliser 4800 kilomètres d'une traite : on part tous ensemble un matin et le premier arrivé au bout des 4800km a gagné. Il n'y a pas d'étape (mais des points de contrôle et un itinéraire à respecter), chacun gère son sommeil comme il le souhaite.


Samedi matin, j'ai parcouru plusieurs blogs de la part de personnes qui l'ont fait ces dernières années, afin de voir leur préparation et les problèmes qu'ils ont rencontré en cours d'épreuve. Tout ce que j'ai lu m'a donné matière à réfléchir. C'est ce qui s'est passé.

Jusqu'à présent, je n'ai jamais fait de sacrifices dans ma pratique du vélo. J'ai toujours abordé ce sport comme un loisir pur, un jeu, une distraction. Comme je l'écrivais il y a un an, ça implique des contraintes que j'assume totalement mais ces contraintes n'ont jamais été des sacrifices.

Dans le cadre d'une préparation pour la RAAM, je ne vois pas comment ça pourrait rester ainsi. Je peux jouer sur une Marmotte sans trop de craintes : c'est une course d'un jour, en cas de défaillance ce n'est pas bien grave. Sur la RAAM, tout est amplifié : le budget est bien plus important, il faut monter une équipe autour de soi (pour assurer sa sécurité, son ravitaillement, sa mécanique, ...) et les risques sont bien plus importants. Il y a des coureurs qui sont morts : ils se sont endormis sur leur vélo, ont traversé la chaussée et se sont fait écraser par un véhicule venant en face. Un risque quasi-inexistant sur une épreuve d'un jour.

Bien avant de penser à ce qui se passerait en cas de problème ou d'abandon en cours d'épreuve, j'ai réfléchi sur ce qu'il fallait sacrifier avant d'y aller. On ne peut pas s'y présenter comme ça, il faut d'abord s'y qualifier. Cette préparation nécessiterait de faire des sacrifices professionnels et familiaux. Travaillant à mon propre compte, pour faire décoller ma société je suis obligé de m'investir à 150% dans ce que je fais. Mon travail m'occupant déjà pleinement les jours et les nuits, week-ends compris, me laissant peu de temps libre pour rouler ces derniers temps, ma vie familiale en prends forcément en coup. Si je veux me préparer pour la RAAM, ça sera bien pire que ça.

La question que je me pose est la suivante : suis-je prêt à faire des sacrifices pour tenter d'atteindre mon rêve ? A quel moment me lancer dans le grand bain ? A quel moment saurai-je qu'il faut que je laisse tomber ? Ai-je vraiment envie d'atteindre ce rêve, où ne dois-je pas rester sur ma pratique actuelle ? Beaucoup de questions mais les réponses ne sont pas évidentes à donner. Je suis partagé entre l'envie de vivre mon rêve et la raison qui m'incite à viser moins haut.

En attendant, j'ai plein d'autres projets en tête. J'ai de quoi m'occuper plusieurs années avec des projets originaux, plus ou moins inédits (voir complètement novateurs pour certains) ...

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés à la RAAM.

6 commentaires:

  1. Salut Florent,

    Je ne te "connais" que via ton très bon blog, mais à mon avis travailler à son compte (surtout en début d'activité comme tu dis) et préparer une RAAM ça ne peut pas le faire... Ton corps/mental va lâcher à un moment donné (pendant la prépa ou pire, pendant l'épreuve avec les risques que tu mentionnes).
    Déjà pendant les trois semaines de Tour de Fête tu étais régulièrement dérangé par ton boulot, alors imagine pendant une RAAM... Tu es encore jeune ; à ta place j'attendrais de me "stabiliser" un peu au niveau professionnel, en me donnant de beaux objectifs intermédiaires.

    Bon courage, quel que soit l'objectif fixé pour 2014 ;-)

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  2. Salut Rodolphe,

    La préparation de la RAAM n'était pas au programme de l'année 2014. Pour 2014, je prévois une quantité massive de classiques et semi-classiques flandriennes : http://blog.ligney.com/2013/10/le-projet-pour-2014.html

    Pour la RAAM, je voyais plutôt ça à un horizon 2020, le temps que j'acquière de l'expérience dans les épreuves d'ultra-marathon.

    Florent

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  3. Bonjour, vous écrivez que vous avez parcouru des blogs de personnes qui ont fait la RAAM, mais quels sont ces blogs ? Ce serait sympa de mettre des liens parce que vous avez éveillé ma curiosité. Bon courage pour la suite. David.

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  4. Et trouver un moyen terme?

    Ce qui est difficile à la RAAM, c'est de tenir les délais impartis, qui obligent à rouler quasi-non stop et avec une perte de temps infime sur la logistique.

    Par contre, le faire en dehors de l'épreuve sans se prendre la tête avec le temps ne serait-il pas un moyen terme? avec vélo, sacoches, tente et sans assistance? certes, ce n'est plus de l'ultradistance mais du cyclotourisme. Mais pour le coup c'est largement plus faisable.

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  5. Bonjour Florent

    La question que tu dois te poser aussi c'est est ce que physiquement je serai capable d'assimiler une prépa pour la RAAM?
    Un premier élément de réponse sera Bordeau Paris mais pas en 2 étapes comme tu l'as fait cette année mais en non stop, c'est à dire en passant la nuit entière sur le vélo.
    Si physiquement tu franchis le cap, tu auras une première indication sur ton niveau réel d'endurance.
    D'autre part tu vas devoir pour t'aguerrir participer à des épreuves d'ultra endurance tel que le RPE, le REV, PBP, la RATA......
    Tout un programme quoi........

    Stéphane

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  6. @david : voici trois liens vers des blogs francophones
    - http://espritraam.blogspot.fr/ (une équipe de la région lyonnaise qui a fait l'épreuve en duo)
    - http://crazygone.canalblog.com/archives/la_race_across_america_/index.html (le blog de Dominique Briand, premier français à avoir bouclé la RAAM)
    - http://www.velo-concept.com/category/cyclisme-ultra/ (un site plus généraliste, traitant de l'ultra de manière générale)


    @anonyme : faire la RAAM sous sa propre organisation, ca ne serait pas du tout pareil. Mon rêve n'est pas de traverser les Etats-Unis à vélo, il est bien de participer à la RAAM. La difficulté à tenir les délais, à devoir limiter toute perte de temps, est justement ce qui en fait son intérêt.


    @anonyme : ou, la question de l'assimilation est l'une de celles que je me pose. C'est pour ça que je pense commencer par le Bordeaux-Paris en 2014 (600km en continu cette fois), le swiss cycling marathon (900km http://www.swisscyclingmarathon.ch/strecken/index.php) et le PBP (1200km). Je pense également participer à des épreuves de 24h, il y en a plusieurs en Rhône Alpes, les données recueillies peuvent également être intéressantes.

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