samedi 31 août 2013

Chrono Pierre Ridard

Cet après-midi se tenait le "Chrono Pierre Ridard", un contre-la-montre de 19 kilomètres organisé par le SC-Manissieux. Il s'agissait de mon troisième contre-la-montre de l'année, puisque j'en avais fait un lors du Grand Prix de Saint-Vulbas puis un autre lors du Tour des Grands Ducs, mais c'était mon premier de la série des chronos de fin de saison.

J'ai récupéré mon dossard, je me suis changé puis je suis parti reconnaitre le circuit. Entre la salle des fêtes et le circuit, il y avait un peu moins de deux kilomètres de liaison à effectuer pour s'échauffer. J'ai fait un tour de reconnaissance afin de regarder comment soufflait le vent, les virages et les trajectoires à prendre, la qualité du goudron, ...

Arrivé 3 minutes avant mon départ, je n'ai pas eu le temps de me refroidir : j'ai eu le temps de boire quelques gorgées d'eau, de monter sur la rampe de lancement puis de me concentrer sur l'effort à produire. Je me suis élancé sur le petit plateau, quelques coups de danseuse puis je me suis mis directement en position aéro, sur les prolongateurs, tout en passant le gros plateau.

Je suis parti à fond, me livrant totalement dans la bataille sans me poser de questions et sans me retourner. Au bout de 4 kilomètres, à peine 4 kilomètres, je me suis fait doubler par Antony Cheytion : combinaison de champion de France (masters) de CLM sur les épaules, il a obtenu il y a quelques jours une 7ème place aux championnats du monde (masters) de chrono ! Il m'a laissé sur place, je n'ai pas eu le temps de comprendre ce qu'il se passait. Je n'ai pas cherché non plus à me calquer sur son allure : d'une part j'étais déjà à mon maximum et je ne pouvais pas accélérer davantage, d'autre part si je l'avais fait j'aurai explosé un peu plus loin.

La suite a été assez monotone : bien concentré dans mon effort, je veillais à ne jamais baisser de rythme. Quand on est seul sur des routes désertes, c'est le plus gros piège : on a tendance à baisser petit à petit son niveau d'effort. Etant l'avant-dernier à m'élancer, personne d'autre ne m'a rattrapé. En revanche, dans les derniers kilomètres, j'ai doublé 2 concurrents partis plus de 5 minutes avant moi. Ca m'a servi de point de mire : je n'ai pas vraiment changé mon allure, mais j'avais constamment un objectif a aller chercher devant moi, donc une source supplémentaire de concentration.

J'en termine en 31'52", à la vitesse moyenne de 37,3km/h. Je me classe à la 44ème place (sur 83), à 4'08" du vainqueur, l'homme qui m'a précédé les premiers kilomètres puis m'a devancé après m'avoir doublé. Je termine à la 7ème place de ma catégorie (17/29ans), remportée par Gregory Cassini, qui termine 2ème du classement global à une poignée de secondes du vainqueur.

Je suis un peu déçu par ma place. Au départ, je n'avais aucun espoir de bon classement, mais pour une rentrée je voulais que ça se passe du mieux possible. Je n'ai pas grand chose à me reprocher : j'ai fait une petite erreur de braquet dans une bosse, j'ai également perdu un peu de temps dans un virage mal abordé ... mais en dehors de ça, je ne pouvais pas faire grand chose pour aller plus vite. Cardiaquement, j'ai été à mon maximum tout le long. Ma position sur le vélo était excellente. Si je veux un meilleur classement, il va falloir que je m’entraîne mieux. Tout simplement.

Consultez mon parcours.

vendredi 30 août 2013

De retour de l'Eurobike 2013

Je suis rentré chez moi dans la nuit de vendredi à samedi, après 4 journées passées en Allemagne à l'occasion de l'Eurobike. Le séjour a été sportif : j'ai du marcher entre 25 et 30 kilomètres au sein des allées. J'ai également beaucoup piétiné au sein des stands, pour passer d'un modèle à un autre modèle.

Niveau alimentation, on avait beau être sur un salon dédié au cycle, ce n'était pas un salon dédié aux cyclistes. J'ai mangé des sandwichs. Beaucoup de sandwich, et quelques fruits ! C'était la seule chose qu'ils nous proposaient, en dehors de bretzels ou de petits gâteaux.

Niveau boisson, j'ai tourné principalement au jus de fruit, rarement au lait chaud et au chocolat chaud. Si vous aviez vu la tête des personnes en charge du service quand je leur demandais un lait chaud. C'était extraordinaire, elles ne comprenaient pas du tout pourquoi je voulais du lait chaud sans café ... je vous assure qu'en 26ans, c'était la première fois que j'avais de telles réactions en face de moi.

Comme je n'étais pas la-bas pour manger ni pour boire, niveau boulot ça s'est plutôt bien passé. Le premier jour, j'ai eu du mal à trouver mes marques. Tout est si grand, les stands sont si nombreux ... le deuxième jour a mieux été, je me suis mieux organisé et j'ai trouvé les chemins parallèles, plus courts et moins fréquentés. Le 3ème jour, j'ai pu être bien plus efficace : en optimisant chacun des déplacements, on gagne énormément de temps.

Niveau linguistique, si vous souhaitez y aller un jour, je vous conseille de réviser votre anglais. Mais pas votre anglais façon cours de collège, plutôt votre anglais sur le nom des pièces détachées du vélo : boitier de pédaler, axe de pédalier, plateaux, dérailleur, pneu, boyau, nom des matériaux, adjectifs sur le poids ou la taille, ... pour comprendre ce que la personne en face vous explique, c'est mieux de connaitre tous ces termes en anglais. Et comme ils se ressemblent tous, je vous souhaite bon courage.

Bilan : le salon a été fatiguant physiquement et mentalement. Les 9 heures de trajet à l'aller, et les 10 heures de trajet retour, ont augmenté encore plus la fatigue. Mais il a été très enrichissant : j'y ai vu plein de choses, plus ou moins finies (des simples prototypes aux produits qui sont sortis cet été), en route et en VTT. J'y ai également appris plein de choses : pour moi qui ne suis pas très axé sur le matériel, c'était particulièrement instructif. Enfin, j'ai fait quelques repérages sur du matériel qui pourrait m'être utile dans le cadre de mon projet sportif pour 2014 (projet que je vous dévoilerai en fin de saison). J'aurai besoin de matériel vraiment particulier, car le projet est bien différent de ce que j'ai fait ces dernières années, et que je veux l'aborder avec l'équipement spécifique qu'il requiert pour que tout se passe bien.

jeudi 29 août 2013

TDFête : planning d'une journée ordinaire

Aujourd'hui, je vais vous donner le planning standard d'une journée ordinaire au cours de notre extraordinaire aventure. Evidemment, ce planning bougeait légèrement selon les jours, notamment les jours de contre-la-montre !

  • 6h15 : réveil, un coup d'eau sur le visage pour se réveiller et on s'habille (en tenue civile pour moi, en tenue cycliste pour la majorité du groupe)
  • 6h30 : prise du petit déjeuner (pour moi : du pain et du miel, accompagné de jus de fruit), on discute de l'étape qui nous attend, de la météo, ...
  • 7h15 : retour à la chambre pour se brosser les dents et boucler notre sac
  • 7h30 : c'est parti pour un transfert en bus, chacun s'occupe comme il peut (certains dorment, d'autres écoutent de la musique en regardant le paysage, ou discutent avec leur voisin/voisine)
  • 8h30 : arrivée sur les lieux de départ, on récupère nos vélos, on remplit nos bidons (de l'eau et du sirop dans mon cas), on met de la nourriture dans nos poches (des barres de céréales et des madeleines dans mon cas), ceux qui n'étaient pas encore changés se changent dans le bus
  • 9h : départ de l'étape, les motos et la voiture ouvreuse partent légèrement devant, les véhicules suiveurs se placent derrière nous (voiture médicale, voiture de presse, camion des mécanos, voiture balai puis ambulance), les 2 véhicules de ravitaillement filent directement au lieu de repas du midi tandis que le bus rallie l'arrivée
  • 10h : pause pipi ! 5 minutes d'arrêt !
  • 13h : arrivée sur le lieu de ravitaillement après 4 heures de selle, tout est installé dans un coin calme et ombragé pour qu'on puisse manger dès notre arrivée
  • 14h : on reprend la route après avoir bien mangé et bien bu, les véhicules reprennent tous leur place attribuée dans la file
  • 18h : arrivée de l'étape après 4 heures supplémentaires de vélo, on pose nos vélos et on se ravitaille (sandwichs, jus de fruits, eau gazeuse, fruits secs, ...)
  • 18h30 : transfert en bus jusqu'à l'hotel
  • 19h30 : arrivée à l'hotel, distribution des chambres, on prend une douche bien méritée
  • 20h30 : début du repas, assez long car servir 50 personnes ne se fait pas en quelques minutes
  • 22h : fin du repas, briefing pour le lendemain (description de l'étape, horaires du petit déjeuner et du départ, lieu du ravitaillement du midi et autres informations utiles au bon déroulement de la journée à venir)
  • 22h30 : retour dans nos chambres, certains partent se faire masser, d'autres se regroupent pour discuter
  • 00h : extinction des lumières, on rejoint les bras de Morphée pour une nuit récupératrice

mardi 27 août 2013

Eurobike 2013

Ce matin, je pars afin de me rendre à l'Eurobike, le plus grand salon du cycle. Pour vous donner un ordre d'idée du gigantisme de ce salon : 1250 exposants sont répartis sur 100 000 m² (plus de 11 fois la surface du terrain du Stade de France). Selon Guillaume Robert (cf son article), il faut 20 minutes pour passer du premier hall au dernier hall, sans s'arrêter aux stands entre temps.


J'y resterai 3 jours. Je ne suis pas un grand passionné de matériel, bien que je m'y intéresse de plus en plus. J'y vais certes pour le plaisir de découvrir les nouveautés (les marques les présentent en général au cours de ce salon), mais j'y vais surtout pour mon travail : j'y vais pour prendre des photos pour l'un de mes clients. J'avoue, il y a des métiers plus durs que le mien. Cependant, ça n'aura rien de vacances : à 2, ça nous fera 600 stands à couvrir chacun, soit 200 stands par jour ...

lundi 26 août 2013

Sortie de décrassage

Au lendemain du Grand Prix d'Echalas, j'ai effectué une sortie de décrassage. Guillaume est venu me chercher : il a fait 2 heures d'entraînement avant, et on a poursuivi ensemble sa sortie. L'objectif de la sortie était double : me décrasser d'une part, mais aussi tester le vélo de chrono. Je pars demain midi en Allemagne, sans vélo, et ne rentrerai que dans la nuit de vendredi à samedi.

Mon premier chrono ayant lieu samedi après-midi, et ne m'en étant pas servi depuis le mois d'avril, je voulais me réhabituer au passage des vitesses et au freinage. J'ai bien fait, car le changement de vitesse au prolongateur n'est pas naturel : sur une des manettes il faut tirer vers le haut pour aller plus vite, tandis que sur l'autre il faut pousser vers le bas.

On a roulé tranquillement, en discutant. Je sens que des courbatures, principalement dans la cuisse gauche, me gênent pour pédaler. C'est assez étrange comme sensation. J'avais déjà vécu ça sur la course de Londres : j'ai l'impression que du côté gauche je ne peux pas appuyer aussi fort sur la pédale que du côté droit. J'espère que ça ne me gênera pas trop samedi. Je vais poursuivre mes étirements et faire un massage pour décontracter tout ça.

Consultez notre parcours.

dimanche 25 août 2013

Grand Prix d'Echalas

Cet après-midi se tenait le 6ème Grand Prix d'Echalas, (bien) organisé par l'ECDOullins. Le parcours tracé sur les contreforts du massif du pilat était sélectif : une montée usante de 3,4km à 3,1%, présentant un passage de 150m autour des 10%. Les 3,6km de descente n'étaient pas de tout repos : il y avait quelques virages serrés à négocier et de légères remontées en cours de route. Bref, le circuit de 8 kilomètres était exigeant et changeait des circuits plats en zone industrielle.

Je me suis échauffé en compagnie de mes amis de l'ACLyonVaise : Maxime, Jean (qui a réussi à crever au moment de descendre le vélo de la voiture) et Elie ont découvert le circuit en même temps que moi. On a fait un tour de reconnaissance pour repérer les virages et voir l'impact du vent. Après l'échauffement, on est revenu à proximité de la ligne de départ. On a patienté 25 minutes sans bouger, ce qui nous a fait perdre tout le bénéfice de l'échauffement.

Le premier tour a été marqué par quelques attaques, vouées à l'échec vu la vitesse du peloton. Ma fréquence cardiaque moyenne de ce premier tour a été de 180, pour un maximum de 188. Musculairement ça allait, mais cardiaquement ça n'allait pas du tout. J'avais Maxime dans ma roue, j'ai vu qu'il n'était pas mieux que moi. On a échangé quelques mots pour râler contre la rapidité du départ ... un premier tour de chauffe, comme en Formule 1, nous aurait mieux plu.

Le deuxième tour a été un peu mieux : ma fréquence cardiaque moyenne a été de 173. Une vitesse moyenne en baisse de 0,7km/h, ça change beaucoup de choses ! Mais bon, mon seuil étant à 172, j'ai quand même bien souffert tout au long du tour notamment car une personne a laissé un trou dans la descente et qu'il m'a fallu le combler ... 2 fois.

J'ai craqué dans le 3ème tour. Dans la partie à 10% le peloton a filé sans moi. Musculairement ça allait, mais mon coeur est resté planté. Incapable de suivre l'accélération du peloton, j'ai été lâché. J'ai tenté de revenir au contact à la faveur d'une portion roulante, mais la suite de la montée avec un léger vent de face m'a cloué sur place. Bye bye cher peloton, on se reverra à l'arrivée. Dans la descente, je me suis relevé pour attendre d'autres coureurs. Maxime et mon équipier Sylvain avaient craqué quelques minutes auparavant. Je n'ai retrouvé aucun des deux, en revanche j'ai retrouvé Mathis (coéquipier du futur vainqueur) avec qui j'ai discuté pendant 2 tours.

J'ai ainsi passé les tours 4 et 5 à discuter. On s'est fait reprendre par le peloton des coureurs de 3ème catégorie, on s'est glissé dans leurs roues le temps d'un tour. J'avoue qu'à ce moment, je n'avais aucune motivation et j'ai laissé le peloton filer dans le 6ème tour sans chercher à m'accrocher. J'ai fait la majorité du 6ème et le 7ème tour seul, comme si j'étais à l'entraînement : je n'abandonne jamais de course, même lâché j'en profite pour m'entraîner. Sur un circuit usant et bien sécurisé, ça ne peut qu'être bénéfique !

Je me suis fait prendre un tour à 4 kilomètres de l'arrivée. Ca m'a fait un sacré choc : ça faisait plusieurs années que ça ne m'était pas arrivé, à fortiori sur un circuit de 8 kilomètres ! J'ai vu les autres passer à côté de moi. Comme c'était le dernier tour et que le peloton était explosé en petits groupes, je ne me suis pas accroché dans les roues. J'ai rallié l'arrivée à mon rythme.

Je ne suis pas très content de ma prestation. Je suis compétiteur, et me faire lâcher au bout de 20 kilomètres est frustrant. Me faire prendre un tour l'est encore plus. Non seulement je n'étais pas au niveau, mais j'en étais loin. Très loin. Le seul point positif est lié au fait que je sois resté 28 minutes globalement au dessus de mon seuil. C'est bon signe en vue des chronos, ou il faut y rester le plus longtemps possible. Samedi, j'attaque la saison des chronos, je verrai où j'en suis.

Consultez le parcours et mes données.

samedi 24 août 2013

Déblocage à la veille du grand prix d'echalas

Cet après-midi, j'ai effectué un déblocage afin de me préparer en vue du Grand Prix d'Echalas. Je voulais sortir en fin de matinée, afin de garder toute mon après-midi pour bosser. J'étais en train de me changer, quand un gros orage s'est abattu sur ma toiture. J'ai remis une tenue normale, et j'ai patienté. J'ai attendu que l'orage passe, puis que le vent sèche la route.

En milieu d'après-midi, j'ai cette fois enfourché mon destrier. Je me suis échauffé pendant près de 40 minutes, avant de commencer mon déblocage. Par expérience, j'ai constaté que ce qui fonctionne le mieux pour moi c'est une série de sprints en pyramide : 15 secondes de sprint à fond, 15 secondes de relâchement musculaire, de nouveau 15 secondes de sprint à fond ... je fais ainsi 3 séries de 3 sprints. Cette série de petits sprints courts, enchaînés sans que le coeur ne redescende vraiment, fonctionne mieux (dans mon cas) que des sprints plus longs.

La première série s'est passé sans accroc. En revanche, juste avant de commencer la deuxième série j'ai crevé. Une crevaison lente. Je me suis arrêté quelques secondes, le temps de regarder si la roue allait tenir le temps de ma série de sprints. Je suis reparti, mais en accélérant un peu j'ai vu que ça ne tenait pas et que j'allais prendre des risques inutiles. J'ai changé de chambre à air et je suis reparti. Le temps de réparer, mon coeur était redescendu : j'ai préféré ne pas faire la deuxième série, et me suis concentré sur la 3ème. Elle s'est très bien passée.

Je suis rentré tranquillement chez moi. Après avoir mangé un peu et m'être douché, je me suis étiré. Le Tour m'a fait perdre une partie de ma souplesse, je veille donc à m'étirer régulièrement afin de la retrouver petit à petit. Pour la course de demain, je ne me ais aucune illusion : je manque bien trop de rythme pour pouvoir faire quoi que ce soit. Je vais tâcher de rester le plus longtemps possible dans le peloton, sur un parcours vallonné que je vais découvrir.

Consultez mon parcours.

mardi 20 août 2013

Sortie comptable

Ce matin, j'avais une réunion avec mon comptable pour discuter de l'avenir de ma société. Etant donné qu'il est cycliste, nous avons fait notre réunion dans un bureau à ciel ouvert et en déplacement : le Beaujolais. Nous étions assis sur des fauteuils relativement étroits, plus souvent nommés "selles" dans le jargon. Au lieu de tenir des stylos, nos mains tenaient nos guidons : c'est moins utile pour prendre des notes, mais c'est nettement mieux pour notre sécurité.

Personnellement, j'ai l'habitude de ce genre de réunions sur le vélo : plusieurs de mes clients sont issus du milieu du cyclisme, et nous discutons des projets en roulant. Rouler ensemble, c'est dévoiler ses points forts et ses points faibles, mais c'est également collaborer et faire attention à l'autre. Pour souder un partenariat, c'est bien plus intéressant que rester assis chacun d'un côté d'un bureau. Et quand il fait beau, on est bien mieux au grand air pour discuter ... à condition de pouvoir prendre des routes sans circulation, afin de pouvoir rouler à deux de front.

La sortie du jour n'a donc rien eu d'un entraînement classique : pas de fractionné, pas de travail au seuil ni en force, ... aucun travail spécifique. On a roulé à un rythme modéré pour discuter, et pour le simple plaisir de rouler. On a fait 2h20 sur le vélo, au soleil et le nez dans le vent.

Consultez notre parcours.

dimanche 18 août 2013

Entrainements du week-end

Ce week-end, j'ai effectué deux séances d'entrainement. Un week-end normal de cycliste normal.

Samedi, j'ai roulé avec Guillaume pendant une bonne heure. J'en ai profité pour faire un peu de travail de force / puissance, en grimpant des côtes roulantes sur le 52x12. Je me sentais un peu fatigué et j'avais un dossier à terminer, donc je n'ai pas roulé trop longuement.

Dimanche, j'ai roulé avec Rémy. La séance a été dédiée au rythme : en bon spécialiste des chronos, il m'a fait travailler longuement au seuil et au delà. J'ai passé de nombreuses minutes à fond, j'ai explosé plusieurs fois ... je récupérais tranquillement puis on reprenait le travail, en roulant de plus en plus vite. Lui aussi commence sa préparation en vue des chronos, mais il en est à un stade bien plus avancé que moi : il était capable de rouler à 50km/h, vent de face, sur un vélo de route normal ... j'étais incapable de lui prendre des relais à cette vitesse !

Je suis un peu déçu, je pensais être plus en jambes que ça. Je sens que j'ai encore du mal à tenir l'intensité. J'y arrive quelques minutes mais je m'essouffle rapidement ... en revanche, je récupère vite et je suis capable d'enchaîner rapidement plusieurs séquences intensives. Le travail ne fait que commencer, j'ai encore quelques semaines pour me mettre au point avant que la saison ne démarre véritablement.

Consultez les données de ma séance du samedi, et de celle du dimanche.

jeudi 15 août 2013

TDFête : soirée sur les Champs et réception au conseil constitutionnel

Le dimanche 21 juillet, après avoir effectué le parcours de la 21ème étape du Tour et fait un tour d'honneur sur les Champs Elysées, nous avons fait un transfert en car pour rejoindre notre hôtel à la porte d'Orléans. On s'est douché puis on s'est habillé avant de retourner sur les Champs Elysées, en tant que spectateurs, pour assister à l'arrivée de la course des pros.

Nous avons été reçus dans une tribune officielle mise en place par ASO. Nous étions tous assis entre les panneaux des 50m et des 25m, avec une vue idéale sur les 150 derniers mètres ! En attendant l'arrivée des coureurs, on nous a offert une glacière repas contenant un repas frais (des légumes, des fruits) et on nous a servi des boissons à volonté.

Les coureurs sont passés 20 fois devant nous : ils avaient 10 tours à faire, et ils passaient une fois dans chaque sens. Un écran géant placé en face nous permettait de suivre la course et d'assister à la formation des échappées ou aux dépannages lors des crevaisons. Si le tableau semble parfait, ce n'était pas complètement le cas : allez savoir pourquoi, les gens placés aux premiers rangs se levaient systématiquement ... ceux de derrière ne voyant plus rien, tout le monde se levait puis se rasseyait. Je crois que ces personnes n'ont pas compris le principe du siège, qui est fait pour qu'on puisse assister à un spectacle en restant assis. Car si eux avaient de petites jambes en pleine forme, nous nous serions bien passé de ces séances de quadriceps !

Une fois que les pros ont passé la ligne, des hôtesses nous ont apporté du champagne. On a trinqué à notre propre victoire. On a assisté au podium protocolaire : nous étions aux premières loges pour voir le spectacle "son et lumières" sur l'Arc de Triomphe. C'était sublime. Il est à noter que j'aurai suivi de bout en bout cette centième édition de la grande boucle : j'étais présent à la présentation du parcours de l'épreuve en octobre (relisez cet article) ... et j'étais présent à la remise des trophées en juillet. La boucle est bouclée.

Le soir, le groupe s'est dispersé entre ceux voulant rentrer se coucher (ils étaient peu nombreux), ceux habitant la région parisienne qui ont retrouvé leur famille, ceux voulant faire une tournée des boites de nuit parisienne et ceux voulant juste boire un verre. Je suis sorti boire un verre avec Ludivine et Julien (son compagnon), Audrey, Emilie (sa soeur), Boris (son copain) et Lilian (mon compagnon de chambre). En petit comité, l'ambiance était super sympa. La note apportée par le barman l'était beaucoup moins : il nous a appliqué le tarif "touriste étranger", celui qui est complètement différent de ce qui était sur la carte, et qui indique en bas une majoration globale de 10% (en plus de l'augmentation précédente) sous prétexte qu'il est plus de 22 heures.


Le lundi matin, nous avons été reçu au conseil constitutionnel. On a été reçu par Jean-Louis Debré et par Pierre-Yves Le Borgn'. Le premier nommé, après m'avoir félicité, m'a demandé tout bas "entre-nous, qu'avez-vous mis dans vos bidons ?". Ca m'a complètement surpris car quelques minutes avant, dans un discours filmé par notre caméra, il vantait nos louanges et notre probité. Je lui ai répondu que j'avais mis de la grenadine, ce qui était vrai (je n'ai pas supporté le gout de la boisson énergétique qui nous sponsorisait, du coup j'ai tourné à la grenadine en dehors d'un demi-bidon le premier jour). Quelques minutes après, dans un autre aparté sur un autre sujet, je lui ai demandé s'il considérait la volonté et la bonne humeur comme des produits dopants. Ca l'a fait rigoler.

Avec le recul, je me suis dit que j'aurai du lui demander combien il avait fait de faux votes pour être élu ... je me demande qui, entre les politiciens et les cyclistes, ont la plus mauvaise image ? En dehors de ce petit accroc, nous avons super bien été reçu. C'est un endroit magnifique, qui ne se visite pas donc qu'aucun touriste ne voit en dehors des journées du patrimoine. Monsieur Debré nous a ouvert toutes les portes, y compris celles de son bureau. Il nous a laissé faire tout ce qu'on voulait, y compris mettre les pieds dessus (oui oui, je ne donnerai pas de nom), jouer avec ses stylos, etc ... on était comme chez nous ! C'était sympa de sa part de nous avoir fait visiter le lieu, en nous racontant des anecdotes au passage.

A midi, on est sorti pour récupérer nos sacs et nos vélos. Les adieux ont duré près de deux heures. Personne ne voulait partir. A chaque départ, il y avait un peu plus de larmes dans l'air. Il ne restait plus grand monde quand je suis parti pour me rendre à une réunion professionnelle.

J'ai testé pour vous la grande aventure : prendre le métro parisien avec une énorme valise et un vélo, c'est un peu comme essayer de nager en pleine mer avec des sacs de sable au bout des pieds et au milieu de requins affamés. Le plus compliqué, c'est de passer les portiques de contrôle des billets : une fois que c'est passé, il suffit de marcher des kilomètres dans des couloirs qui puent, et on peut monter dans le métro après s'être fait piétiner par les gens qui en descendent. Ca change du bon air frais de la montagne, et de la sympathie des supporters, que nous avions 72 heures plus tôt ! Bienvenue dans la vraie vie !

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

mercredi 14 août 2013

De retour sur selle

Ce mercredi 14 août, j'ai repris le chemin de l'entraînement après 3 semaines et demi sans trop rouler. Après le Tour, j'avoue avoir eu un besoin physique de souffler : je me suis senti en pleine forme pendant 48 heures, puis j'ai pris un énorme coup de bambou derrière le crâne. J'ai passé 3 jours à dormir : toutes les heures de sommeil qui me manquaient ont ressurgies d'un coup, sans crier gare. Le week-end qui a suivi, j'ai quand même roulotté afin de rester en action et pour raconter mes aventures à mes amis.

15 jours après le Tour, j'ai participé à la Ride London : j'ai couvert les 165 kilomètres vallonnés en 4h30. 36 km/h de moyenne, ça m'a bien débouché les artères. Puis j'ai fait une semaine sans vélo afin de profiter d'un peu de calme en compagnie de ma compagne. Ces trois semaines de pause m'ont permis de me ressourcer mentalement et physiquement. J'en ai aussi profité pour énormément travailler : faire le Tour c'est bien, mais étant donné que je travaille à mon compte (donc sans congés payés), ce n'est pas la pratique du vélo qui me fait vivre !

J'ai repris ce mercredi car je sentais depuis plusieurs jours que l'envie revenait. L'envie de reprendre la compétition, de remonter sur selle pour donner le meilleur de moi-même. L'envie de voir le paysage défiler sous mes yeux. Mon vélo me manquait. Je me retrouvais excité comme un gamin à l'approche de Noël, mon Noël à moi étant la fin de saison et les chronos qui approchent.

En fin d'après-midi, j'ai donc enfourché mon vélo et je suis allé récupérer Guillaume. On a fait pas loin de 3 heures ensemble, dans les Monts d'Or, à discuter. Je me suis testé en fin de parcours, afin de voir comment mon coeur répondait aux sollicitations. Je pense qu'en faisant un peu de travail spécifique, je peux vite retrouver mon meilleur niveau : le Tour m'a donné de solides bases, à moi d'aller chercher les 5% qui me manquent pour atteindre mon maximum.

J'ai fait 82 kilomètres en 3h20 de selle, avec 1600m de dénivelé. Pour une sortie de reprise, j'ai trouvé que ce n'était pas si mal. Par contre, en fin de sortie, mes jambes tiraient pas mal. Dans l'optique des chronos, pour lesquels l'effort (hors échauffement et retour au calme) dure entre 20 et 30 minutes, ça devrait être largement suffisant !

Consultez notre parcours.

lundi 12 août 2013

TDFête étape 21 : Versailles - Paris Champs-Élysées

Le dimanche 21 juillet, nous avons effectué la 21ème étape du Tour, reliant Versailles aux Champs Elysées. Nous avions rendez-vous à 9 heures 30 à Versailles avec nos sponsors, qui sont venus se joindre à vélo à notre peloton pour faire cette étape.

© Mickael Bougouin

On est parti à vélo de l'hôtel à 9h20. On devait partir à 9h, mais chacun était concentré dans le nettoyage de son vélo : on voulait tous qu'il brille pour la parade sur les Champs, d'autant plus qu'on avait pris la pluie sur les 2 étapes précédentes et qu'on n'avait pas eu l'occasion de les laver avant. Un vélo parfaitement propre n'avance pas plus vite qu'un vélo légèrement sale, par contre psychologiquement on se sent toujours plus à l'aise sur un vélo qui brille que sur un vélo sale.

© Mickael Bougouin

On est arrivé à Versailles. Après avoir été bloqué par des policiers municipaux qui n'avaient pas été prévenus de notre passage, et à qui on a préféré prendre d'assaut les barrières plutôt que perdre plus de temps à sortir les autorisations préfectorales, on a pu rejoindre l'arche de départ. Ma soeur m'y attendait : pendant que les autres faisaient des photos et saluaient les sponsors, je la saluais et faisais des photos avec elle. Comme on roulait une partie de l'étape avec eux, je me suis dit que j'aurai 60 kilomètres pour aller les remercier.

© Mickael Bougouin

On a fait des tours et détours dans Versailles ... je n'ai pas tout compris, à part qu'il y avait des flèches dans tous les sens. Un vrai labyrinthe. Au bout de 55 kilomètres dans la campagne environnante, on est repassé dans Versailles ce qui m'a complètement surpris. J'avais analysé en détail toutes les étapes du Tour, sauf celle-ci. Pourtant en région parisienne, vu la densité du réseau routier on a vite fait de se tromper. Mais bon, nous étions sur le bon itinéraire.

© Mickael Bougouin

Pendant cette boucle d'environ 50 kilomètres, j'ai poussé, poussé, poussé. Certains sponsors n'arrivaient pas à suivre malgré un rythme faible. C'était compréhensible, ils ne font pas souvent du vélo pour la plupart. D'autre part, j'ai poussé des personnes de notre encadrement qui ont profité de cette étape particulière pour faire l'étape avec nous sur le vélo, et non au volant d'un véhicule. C'était un juste retour d'ascenseur : ils nous ont beaucoup aidé dans notre aventure, ça me semblait logique de les aider afin qu'ils tiennent nos roues. J'ai poussé avec grand plaisir.

© Mickael Bougouin

Notre peloton était déjà assez conséquent : nous devions être pas loin de 70. Des cyclistes de la région se sont joint à nous et sont venus mettre une pagaille monstre : ils créaient des cassures, ils roulaient pleine gauche pour faire des photos, ils traversaient le peloton de droite à gauche ou de gauche à droite sans avertir ... c'était dangereux, stressant et énervant. Un peloton de 100 coureurs entraînés, ça se gère facilement. Un peloton de 100 cyclistes avec des niveaux très disparates, c'est le bordel. Depuis le début de l'aventure, nous avions régulièrement des cyclistes qui roulaient avec nous, mais ils étaient peu et ils nous respectaient. Du coup, c'était agréable et ça nous donnait l'occasion de discuter avec des personnes nouvelles. Pour la première fois, je n'ai pas apprécié que des personnes nous rejoignent. Ils étaient trop nombreux.

Bruno, qui oeuvrait dans le staff et qui avait pris le vélo sur cette étape, a crevé. Je suis resté avec lui, en compagnie de Grégoire, pour aider le mécano à changer rapidement sa roue puis pour le ramener sur le groupe. Il m'a dit qu'il préférait monter dans le camion, j'ai donc filé. Au bout de quelques kilomètres, Fanny m'a fait remarquer qu'il manquait Grégoire. Le groupe ayant filé sans eux, ils se sont perdus. Avec des cyclistes en pagaille de partout, certains qui nous rejoignaient et d'autres qui nous quittaient, c'était prévisible.

Après avoir fait passer l'info par radio, on nous a dit de poursuivre notre route : la ministre des sports nous attendait, on était en retard et il fallait foncer. Ca m'a rendu furieux : pour moi, on n'abandonne personne sur la route. "On ne fait pas attendre une ministre". Ministre ou pas, elle attendra ! Finalement, on les a guidé par téléphone en leur décrivant l'ensemble des carrefours et les changements de direction. Ils étaient un kilomètre derrière, il aurait suffit de les attendre pendant 5 minutes et tout aurait été simple. C'était con que le premier accroc arrive le dernier jour.


On s'est tous regroupé au point de repas, dans le bois de Boulogne. Ma soeur m'y attendait, elle a fait le trajet plus rapidement que moi ... et en se fatiguant moins. Une fois rassasiés, on a repris la route pour la partie finale de l'étape : les Champs Elysées. Une grande randonnée était organisée par ASO, avec 5000 participants attendus. Nous avons pris la tête de cette randonnée et nous sommes entrés en tête sur les Champs. Niveau émotion, c'était tout simplement extraordinaire. Rien qu'en apercevant l'Arc de Triomphe, je vous assure qu'on a la chair de poule.

© Mickael Bougouin

Le tour sur les champs a été génial. J'ai profité de chaque seconde comme si c'était les derniers coups de pédale de ma vie. J'étais comme un gamin dans un magasin de jouets, les yeux grands ouverts et ne sachant même pas trop où regarder. Quand on passe sous la flamme rouge (symbolisant le dernier kilomètre) puis sur la ligne d'arrivée, c'est une sensation incroyable. C'est à cet instant que j'ai vraiment réalisé ce que je venais d'accomplir. Ce qu'on venait d'accomplir. J'ai repensé à toutes ces heures d'entraînement, à tous ces cols grimpés pour me préparer, à mes problèmes de genoux qui m'ont longtemps fait douter, à mes amis qui ont partagé mes entraînements et sont venus se joindre à notre peloton au cours de l'aventure, aux douleurs incroyable ressenties aux fesses aux pieds et aux mains en cours d'aventure, ...

© Mickael Bougouin

Pour rien au monde je n'aurait échangé ces galères passées contre le bonheur qui m'envahissaient. J'ai principalement repensé aux 12 derniers mois terribles que j'ai vécu, avec des genoux qui me faisaient parfois tellement mal que je n'arrivais plus ni à marcher ni à conduire. Je me suis dit que dans le fond, si cette mésaventure était le prix à payer pour faire le Tour, ça ne me dérangeait pas de le payer. Tout n'était que bonheur. Ce Tour n'était que bonheur. J'ai repensé aux dictons anglais "pain is no longer pain when it's past" et "pain is temporary, glory is for ever" (pain = douleur), je les ai trouvés particulièrement vrai en ce jour.

© Mickael Bougouin

On s'est arrêté un peu après l'Arc de Triomphe et on a fait la fête. On a crié, on a dansé, on a chanté. On a porté Eric au ciel. 3 semaines et demi d'efforts, il fallait que ça sorte. 50 personnes qui libèrent leur joie d'un coup, ça fait un carnage. Ambiance survoltée, mais ambiance larmoyante aussi. Des larmes de bonheur. Des larmes d'une tension qui disparait et qui laisse place à de la joie. Je crois que seuls ceux qui ont terminé un jour le Tour peuvent comprendre ce qu'on ressent à ce moment la. Il faut le vivre pour le comprendre, c'est bien au delà de ce qui est imaginable.

© Mickael Bougouin

On est retourné à notre bus, on a rangé les vélos, on s'est changé et on a rejoint notre hôtel. Nous avions des places en tribune VIP afin d'assister à l'étape en étant très bien placés (entre le panneau des 50m et celui des 25m !). Je vous raconterai ça dans mon prochain article.

 © Laurent Brun


Bilan : 85km, 3h50 de selle, 530m de dénivelé, 120bpm en moyenne.
Consultez notre parcours et mes données.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

dimanche 11 août 2013

TDFête repos 3

Le samedi 20 juillet, nous avons bénéficié d'une troisième journée de repos : nous avons fait toutes les étapes la veille des professionnels, mais la dernière étape devait être fait quelques heures avant eux afin de profiter de la fermeture des Champs Elysées. Du coup, nous avons bénéficié d'une journée de repos avant de parader autour de l'arc de triomphe.

Le vendredi, nous avions terminé l'étape vers 18 heures. Le temps de nous féliciter, de nous changer, et de profiter de l'instant présent (je vous invite à lire mon article sur la 20ème étape), nous sommes partis du sommet du Semnoz vers 19 heures.

Le trajet afin de rejoindre notre hôtel à Versailles a été très long. On est arrivé à 4h30 du matin ! L'ambiance a été festive jusqu'à 21 heures. On a pris 1h30 pour manger tous ensemble, c'était l'un de nos derniers repas en commun. On a pu manger des ... frites ! Au diable l'alimentation du sportif ! Après le repas, on a regardé un DVD : on s'est tous endormis progressivement, un grand sourire sur les lèvres et des souvenirs plein la tête. J'aurai envie de dire qu'on a pas rêvé cette nuit la : nous étions déjà tous en plein rêve depuis quelques jours ...

A 3 heures du matin, il a fallu observer une heure de pause sur une aire d'autoroute, à 30 minutes de l'hôtel. La législation imposait au chauffeur de s'arrêter. Une partie ne s'est rendue compte de rien et a poursuivi sa nuit, l'autre partie est descendue discuter dehors et refaire l'histoire. La Corse, les Pyrénées, la Bretagne, les Alpes ... bons et moins bons souvenirs ont été exhumés les uns après les autres. Notre départ de Corse nous semblait à la fois si proche (3 semaines), mais si lointain au vu des milliers de kilomètres accomplis.

A 4h30, on a eu le droit à la traditionnelle distribution des chambres. On a rapidement sorti nos valises du car et on a filé se coucher. J'ai posé ma valise sur le sol de la chambre et je me suis directement endormi. A moitié habillé, lumière allumée, sans me doucher.

Réveillé un peu avant 10 heures, j'ai pris une douche puis j'ai filé au petit déjeuner. J'étais seulement le 3ème à m'y présenter. Comme nous n'avions rien à faire de la journée, on a pu prendre tout notre temps. Quand les médecins sont arrivé, ils ont refait l'ensemble de mes pansements : sur une peau fraichement nettoyée, c'était plus agréable.

Le midi, j'ai mangé en compagnie de mon cousin : il habite Versailles et il était disponible. On a trouvé un restaurant super sympa : un très bon cadre, un service de qualité et une qualité de nourriture incomparable. Le restaurateur est un passionné de cuisine qui préfère fournir quelques bons repas plutôt que beaucoup de repas médiocres. On a passé un agréable moment.

L'après-midi, on a regardé l'étape du Tour. C'était la deuxième étape que je voyais une étape des pros. Contrairement à la première, on l'a regardé chacun de notre côté : il n'y avait pas de grand écran pour que l'on suive tous ensemble la course. On s'est donc regroupés à 3 ou 4 par chambre, du coup l'ambiance était différente.


En fin d'après-midi, on s'est tous rendu dans la demeure de la famille Fottorino. Ils nous ont conviés à une garden-party. Au programme : visite de la maison, rencontre avec leurs enfants, barbecue, séance de dédicaces, ... qui s'est prolongée bien au delà du coucher du soleil ! La soirée était vraiment super sympa. Sans aucune forme de pression, ce n'était que du bonheur.


On a profité de la découpe du gâteau pour faire quelques discours de clôture de l'aventure. C'était notre dernier repas en commun. Eric en a profité pour nous annoncer "le principe d'une aventure exceptionnelle, c'est qu'elle ne doit être réalisée qu'une seule fois". Le Tour de Fête ne sera pas renouvelé à l'avenir. Comme tout écrivain, une fois qu'un livre est écrit, il ne veut pas réécrire la même chose et préfère se consacrer à un autre ouvrage synonyme d'une autre aventure. On lui a tous affirmé que quel que soit son projet, on était prêt à le suivre.

De notre côté, un certain nombre de projets de retrouvailles se mettaient en place afin de faire perdurer cette aventure. On a construit ensemble quelque-chose de très fort, un groupe soudé. Des projets comme une Vuelta (le Tour d'Espagne), un "Paris - Dakar" ou un "Paris - Istambul" (à vélo) ont germé dans nos esprits. Le parcours du Tour se terminait, mais l'état d'esprit du Tour de Fête devait perdurer. On le souhaitait tous.

On est rentré se coucher un peu après minuit. La dernière étape, à défaut d'être difficile, devait quand même être bouclée. Je n'ai eu aucun problème pour m'endormir : j'étais serein, calme, apaisé. Cette fois on y était, les Champs Elysées nous attendaient !

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

samedi 10 août 2013

TDFête étape 20 : Annecy - Semnoz

Le 19 juillet, nous avons effectué l'étape reliant Annecy au Semnoz. La dernière étape difficile de ce Tour 2013 : une fois cette étape terminée, il ne nous restera plus que l'étape des Champs Elysées à effectuer. L'ambiance était décontractée : après les étapes qu'on venait de faire, on savait que le menu du jour ne serait qu'un obstacle supplémentaire à franchir avant le bonheur. J'ai quand même fait passer plusieurs fois le message afin d'inciter mes compagnons à se méfier du Semnoz : cette montée est surprenante, on ne s'attend pas à une telle difficulté.

On est parti de l'hôtel avec pas mal de retard sur l'horaire prévu. J'avoue que ce retard m'a rendu fou : plus tôt on commençait, plus tôt on terminait. Je bouillonnais d'impatience sur le parking. J'avais hâte d'en finir non pas car je n'aime pas les alpes, mais parce que j'avais hâte de découvrir les Champs Elysées. J'avais également hâte de vraiment savourer notre "victoire".

© Mickael Bougouin

On a rejoint la ligne de départ à vélo. 5 kilomètres de descente et plat pour remettre en route doucement. Quand on a passé le cap des 3000 kilomètres en 3 semaines, on n'est plus à 5 kilomètres près. Même avant une étape de montagne ! Les premiers kilomètres, à plat le long du lac, ont été fait tranquillement. On a savouré ce moment de calme, tout en se décontractant musculairement : les 200km et les 5 cols de la veille pesaient encore lourdement dans les jambes. A un feu rouge, un couple d'asiatiques nous a pris en photo. On leur a fait signe de venir se mettre au milieu de notre groupe, j'ai pris leur appareil et les ai photographié. L'esprit du Tour de Fête, c'était aussi cette communion avec le public. J'y reviendrai une prochaine fois.

© Mickael Bougouin

Dans la première montée, la côte du puget, je me suis replacé vers l'avant. J'avais sélectionné le col des prés pour y faire mon fractionné quotidien en allant y jouer les premiers rôles. Je voulais faire cette première montée tranquillement pour me décrasser de l'étape de la veille. Un peu après le pied, Vincent a attaqué. J'ai fait l'effort pour lui revenir dessus : on est parti à deux, j'étais proche de la rupture dans sa roue. JB est revenu progressivement : j'étais face à deux gros morceaux, je n'avais aucune chance en cas de sprint en haut. J'étais obligé de passer à l'offensive pour me débarrasser d'eux. C'est ce que j'ai fait à mi-pente, dans la partie la plus dure : je suis parti seul, l'écart s'est fait rapidement. JB est revenu au train, sans se griller. A 1km du sommet, il a profité du seul petit replat de la montée pour passer le gros plateau et s'envoler. Je n'ai rien pu faire, il était le plus fort. Au sommet, je suis redescendu chercher les derniers, comme toujours.

© Mickael Bougouin

Ayant fait mon effort quotidien, j'ai repris mon rôle préféré de capitaine de l'arrière-garde. Dans la montée de Leschaux et dans le col des Prés, le gruppetto était bien plus important que d'habitude. L'étape de la veille avait marqué les organismes, beaucoup étaient sur la réserve et ménageaient leurs efforts. Plus le groupe est nombreux, plus c'est difficile de veiller sur tout le monde. Quand on est 4 ou 5, un petit coup d'oeil derrière permet de voir tout le monde. Quand on est 10, il y a des personnes qui masquent l'arrière du groupe.

La montée du Revard m'a fait mal. Lors de la reconnaissance, il m'avait scotché. Il est un peu long (16km) mais pas très pentu (5,6%). Il est pile dans le pourcentage que je n'aime pas : jusqu'à 4% c'est suffisamment roulant pour que je puisse exploiter mes capacités de rouleur, à partir de 6% ça grimpe suffisamment pour que je puisse exploiter mes capacités de grimpeur ... mais entre les deux, j'ai toujours du mal ! J'ai encadré l'arrière-garde en donnant conseils et indications, mais je n'étais moi-même pas au mieux. Les encouragements que je donnais étaient autant à destination des autres qu'à ma propre destination.

© Mickael Bougouin

On a fait notre pause repas à La Féclaz, aux 2/3 de la montée du Revard. Il faisait frais, la pluie menaçait. On a mangé avec nos k-way pour nous maintenir au chaud. On a repris notre route normalement. Deux kilomètres plus loin, une spectatrice dans une tenue bizarre a failli nous faire tomber. Le groupe dans lequel elle était devait être bien éméché, car il s'y est passé des choses étranges qui ne se racontent pas aux personnes mineures. La série de photos faites par le photographe, qui s'était posté ici par hasard, est assez éloquente. Ca a alimenté nos conversations sur le vélo jusqu'à la fin de l'étape, puis lors du repas du soir.

© Mickael Bougouin

La pluie a fait son apparition quelques minutes dans la descente du Revard. La chaussée n'était pas glissante, tout s'est bien passé. On a fait une descente prudente. Certains étant moins à l'aise que d'autres en descente, le peloton s'est scindé en deux. Je me suis arrêté pour attendre les derniers afin de les aider à rentrer une fois la descente terminée. J'ai également profité de cet arrêt pour enlever mon k-way qui ne me serrait plus utile dans la montée du Semnoz.

© Mickael Bougouin

On a franchi le pont de l'abîme, un pont dont la hauteur du vide sous le parapet a de quoi faire peur. Si vous tombez ici, vous n'avez aucune chance de vous en sortir vivant. Ca a le mérite de rappeler que face à la montagne, on est tout petit. Face à un grosse montée, on a toujours les pieds (ou les roues) sur le sol, on ne se rend pas vraiment compte de la différence d'altitude. Mais au dessus d'un ravin, on se rend bien compte de ce que représente 100m de dénivelé.

On est arrivé au pied du Semnoz. La dernière montée de ce Tour. 11km de montée à 8,5% de moyenne se présentait devant nos roues. J'avais à la fois hâte d'arriver en haut, de me dire que toutes les difficultés étaient franchies et qu'il ne restait plus qu'une étape "bain de foule", une procession pour célébrer notre victoire. J'avais également envie que le temps se suspende, que la route dure éternellement, je n'avais pas envie que cette aventure se termine.

© Mickael Bougouin

Dès le pied de la montée, le groupe a volé en éclats. Il faut dire que dès le premier kilomètre des passages à 11% ont fait une sélection naturelle. Chacun à pris son rythme de croisière. De l'arrière, j'ai vu filer les personnes les unes après les autres, mètre après mètre, coup de pédale après coup de pédale, chacun allait chercher son graal. Je suis toujours resté avec le dernier afin de l'aider. Des paroles simples pour le rassurer, quelques informations utiles, des encouragements, des blagues pour changer les idées. En plus de 3000 kilomètres, j'ai appris toutes les ficèles qui permettent d'aider quelqu'un sans le pousser pour autant.

© Mickael Bougouin

Dans les 5 derniers kilomètres, on entendait le tonnerre gronder au loin. Il ne pleuvait pas, on ne voyait pas les éclairs, nous n'avions que le bruit de roulement de tambour du tonnerre. Plus on montait, plus le roulement de tambour se rapprochait et s'intensifiait. J'ai glissé plusieurs fois à Eric : "écoute, ce sont les applaudissement de la montagne qui acclame notre exploit". On est arrivé au sommet. On a mis plus de temps que les autres, mais on a prolongé le plus longtemps cette belle aventure et ce face à face avec la montagne. Nos compagnons nous ont accueillis avec une haie d'honneur. Ils nous attendaient tous, ça m'a touché.

En me ravitaillant, et malgré la pluie qui tombait depuis quelques minutes, j'ai pris le temps de serrer la main de chacune des personnes de l'encadrement. Notre réussite est fortement liée à leur présence : sans eux et sans leur travail de l'ombre, nous aurions beaucoup plus galéré. J'ai tenu à les remercier un par un, et leur dire qu'eux aussi avaient réussi le Tour.

© Mickael Bougouin

Pendant que je faisais ma tournée, une partie des cyclistes a couru en boxer sur le parking. Sur le "vrai" Tour, il y a des supporters qui courent en slip à côté des coureurs. Sur "notre" Tour, ce sont les coureurs qui ont couru en slip à côté des supporters ! Les personnes stationnées le long de la route, en attente du passage des professionnels, ont halluciné.

On a replié le matériel, rangé nos affaires et on a pris la route en direction de Versailles. Je suis monté dans le bus en dernier. Tout le monde était assis à sa place. J'ai félicité chaque personne les unes après les autres. La descente en bus a été incroyable : ça a été la fête. On hurlait nos cris de guerre, la musique passait à fond. Je ne sais pas comment a fait notre chauffeur pour rester concentré, car c'était le bordel complet ! Du bonheur à l'état pur !

Bilan : 137km, 7h30 de selle, 3300m de dénivelé, 122bpm en moyenne.
Consultez notre parcours et mes données.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

vendredi 9 août 2013

Articles de velo101 sur la London-Surrey 100

Le week-end du 3 et 4 août, je me suis rendu à Londres afin de participer à la première édition du week-end "Ride in London", comprenant plusieurs épreuves dont la London-Surrey 100. Une course de 100 miles (160km) autour de Londres.

Avant que je ne vous livre mon compte-rendu détaillé de la course, et du week-end dans sa globalité, je vous propose de lire l'interview que j'ai réalisée pour le compte du site velo101 : cliquez ici pour lire l'article.

Tout arrive dans les jours à venir, un peu de patience. La fin du Tour, quelques articles annexes sur le Tour (le public, notre encadrement, nos journées types, quelques anecdotes sur la vie du groupe, ...) et ce week-end de festivités cyclistes à Londres.

jeudi 8 août 2013

TDFête étape 19 : Bourg-d'Oisans - Le Grand-Bornand

Le 18 juillet, nous avons effectué la 19ème étape du Tour, reliant Bourg d'Oisans au Grand Bornand. Il s'agissait de l'étape que je redoutais le plus : plus de 200km et 5000m de dénivelé. Avec 5 cols au programme : le Glandon en entrée, la Madeleine en plat principal, Tamié et l'Epine en entre-mets et la Croix-Fry en dessert. Le genre de repas qui promet une belle indigestion si tu le commence trop vite. A mon avis, c'était l'étape reine du Tour.

La veille au soir, un gros orage s'est abattu sur notre hôtel. L'averse était impressionnante, je n'aurai pas aimé être dessous. Ni à pieds, ni en vélo, ni en voiture. Comme d'autres orages violents étaient prévus sur notre étape, l'équipe d'organisation a planché sur des solutions de repli en cas d'orage qui nous empêcherait de continuer notre route. Par chance, on a pris une averse sur le casque mais rien d'important, on a pu faire toute l'étape en intégralité.

© Mickael Bougouin

J'ai bien dormi au cours de la nuit : afin de pouvoir m'endormir sans soucis à cause de mes blessures, les médecins m'avaient donné un cachet miraculeux. 10 minutes après l'avoir pris, je sombrais dans un profond sommeil dont m'a sorti mon réveil. Le matin, au départ de l'étape, j'étais encore un peu dans le brouillard mais les pentes du Glandon m'ont vite réveillées.

© Mickael Bougouin

On a commencé la journée par l'ascension du Glandon. Une montée longue de plus de 20 kilomètres, assez irrégulière : des descentes ou des replats viennent casser le rythme. Comme toujours, j'ai escorté l'arrière garde : je donnais des informations régulières sur ce qui allait arriver et je conseillais sur les endroits à regarder. De l'arrière, j'ai assisté à la chute de Ludivine (sans gravité) puis à la casse du dérailleur (il me semble, je n'ai pas bien vu) de Mounir. En pleine montée, j'ai croisé mon ami Remy qui se rendait à l'Alpe d'Huez pour assister au passage des pros. Je me suis arrêté quelques minutes pour discuter avec lui, avant de m'offrir une petite chasse pour revenir prendre ma place en tête du gruppetto. J'avais mes jambes des grands jours donc je suis revenu sans difficulté et sans me stresser.

La descente du Glandon a été un cauchemar. Mon vélo, qui me posait déjà des problèmes en descente depuis la veille, s'est mis à chasser à gauche dans tous les virages. Que le virage soit à droite ou à gauche, le vélo se déséquilibrait systématiquement à gauche ! Au début, avec mon bandage sur la main gauche, j'ai pensé que ce déséquilibre devait être lié au fait que je n'appuyais pas autant des deux côtés. Mais même en me concentrant afin de bien répartir mon poids et la pression sur le guidon, il n'y avait rien à faire. En bas de la descente, j'ai profité d'un arrêt ravitaillement pour rerégler minutieusement mes freins et vérifier le centrage puis le serrage de mes roues. Vu l'enfer que je venais de vivre, et bien que je maitrisais la situation, je ne me voyais pas poursuivre l'étape avec ce problème. Ca a tout remis dans l'ordre, je n'ai plus été embêté par la suite. (Nb : mes roues avaient été dévoilées le matin car elles avaient bien subi sur l'impact).

© Mickael Bougouin

Après un morceau de vallée, on a enchaîné sur la montée du col de la madeleine. Ce col est aussi long que le précédent, mais la pente y est bien plus régulière. La première moitié se fait en foret, la seconde moitié se fait à découvert au milieu des alpages, ce qui permet d'avoir une belle vue. Avec Michel, mon fidèle compagnon réglé lui aussi comme un métronome dans les cols, nous avons escorté Eric, Julien et Pascal. Eric a énormément souffert : je crois que la beauté du paysage l'a maintenu en éveil et l'a motivé à pousser sur les pédales afin de voir au virage suivant si le paysage était aussi joli. Julien était toujours en proie avec ses problèmes de cuissard et ne pipait pas un mot, le visage fermé. Pascal avait un grand sourire sur les lèvres, comme toujours : il faisait ce Tour avec le nez en l'air, à contempler en permanence le paysage. Et il avait bien raison, il n'en verra pas toujours d'aussi beau que ce qu'on a vu au cours de ce mois de juillet.

© Mickael Bougouin

On est arrivé au col, lentement mais surement. Chaque coup de pédale était difficile pour mes compagnons, mais ils pédalaient sans s'arrêter. Ils en avaient envie, je le sentais, mais je leur parlais en permanence pour qu'ils pensent à autre chose. Je pense que ça a été la montée de col la plus lente qu'on ait fait. Au col, on ne s'est pas attendu car le repas du midi était au milieu de la descente. Eric est resté en haut car il ne se sentait pas bien du tout et ne souhaitait pas se lancer dans la descente dans cet état. Il était mal en point, mais lucide : c'était une décision très intelligente de sa part. Il a été pris en charge par les secouristes, qui lui ont donné à manger et à boire, l'ont assis sur la civière, ... jusqu'à ce qu'il se sente mieux. Je suis resté seul à ses côtés : il avait une confiance (presque) aveugle en moi dans les descentes, il n'y avait besoin de personne d'autre pour l'accompagner jusqu'au repas. On est arrivé au repas près d'une heure après les premiers. On peut dire qu'on a profité de la montagne une heure de plus qu'eux !

© Mickael Bougouin

Après s'être rempli le ventre et reposé, on a fini la descente du col puis on a fait un bout de vallée afin de rejoindre Albertville. En passant un ralentisseur, un bidon est tombé au sol et je l'ai évité de justesse. Il est passé à 5mm de ma roue avant, je n'ai pas eu peur puisque j'avais bien analysé la situation et m'étais déporté en conséquence ... en revanche, les personnes à côté de moi ont eu peur pour moi. J'ai eu un défilé de personnes venu me dire que j'avais eu "de la chance". La réussite dans un Tour, ça passe parfois par un bon réflexe aidé par un peu de chance !

© Mickael Bougouin

Après Albertville, on a grimpé le col de Tamié. Le col le plus facile du jour : "seulement" 8,6km à 6,2%. Un "simple" col de deuxième catégorie. Mais ce qui nous préoccupait le plus, ce n'était pas tant la difficulté du col mais plutôt l'orage qui nous arrivait droit dessus. Au col, on a juste eu le temps de récupérer nos k-way avant de prendre le ciel sur la tête pendant quelques minutes. L'averse a duré une dizaine de minutes, le temps d'une descente. Juste de quoi nous tremper et salir nos vélos, avant que nos routes ne se séparent : elle est partie de son côté, nous sommes parti du notre. C'était mieux ainsi : c'est plus agréable de rouler sans k-way et sans pluie.

© Mickael Bougouin

Le quatrième col du jour était le col de l'Epine. Un col que je connais par coeur, et qui convient à la perfection à mes caractéristiques. Pentu (6,7%, avec un passage à près de 10%) et pas trop long (6km), c'est ce qu'il me faut. C'était le col que j'avais sélectionné pour y jouer les premiers rôles, après celui de Manse lundi et celui d'Ornon mercredi. Sauf qu'au pied, j'ai voulu jouer au plus malin et retirer mon k-way en roulant : sans k-way, les autres ayant gardé le leur, je prenais un petit avantage. Sauf que j'ai galéré pour l'enlever et ai perdu beaucoup de temps, puis j'ai aidé Ludivine à enlever le sien. Boucher près de 2 minutes d'écart, c'était mission impossible. Finalement, j'ai escorté Ludivine et Julien tout le long de la montée. Elle a été obligé de mettre pied à terre à cause d'un problème technique, du coup je me suis arrêté, j'ai posé mon vélo et l'ai poussé afin qu'elle reparte. Comme les pros lors des crevaisons. C'était amusant.

Finalement, on s'est retrouvé tous les trois jusqu'à l'arrivée de l'étape : après le col de l'Epine, Abdel et David nous ont attendu afin de nous aider à rentrer, mais après la montée de la croix-fry on s'est de nouveau retrouvé à trois. Dans la montée, on est revenu sur un groupe devant nous mais on a poursuivi à notre rythme et on les a laissé derrière. Le col de la Croix Fry a fait du mal à beaucoup de monde : j'ai été surpris de voir que presque tous les meilleurs grimpeurs étaient à la dérive, on en a doublé plusieurs qui avaient complètement explosé. Je connais ce col, qui m'a toujours fait très mal, mais je ne m'attendais pas à de telles défaillances de leur part.

En haut de la Croix-fry, j'étais heureux. J'avais les larmes aux yeux : je savais qu'il ne restait plus que de la descente jusqu'à l'arrivée. Ce qu'on venait de faire était juste énorme : se manger plus de 5000m de dénivelé en 19ème étape, c'était incroyable. On ne fait pas souvent un tel dénivelé au cours de sa vie, alors le faire dans de telles conditions, croyiez-moi que ça donne la chair de poule et un sentiment incroyable de satisfaction.

La descente finale a été glaciale. La nuit était en train de tomber et l'humidité de la pluie était encore présente. Dans les 5 derniers kilomètres, Ludivine était tétanisée par le froid et passait son temps à me demander dans combien de temps était l'arrivée. Julien, son compagnon dans la vie et sur le vélo, l'encourageait également de la voix alors qu'il n'était pas beaucoup mieux qu'elle. Voir notre bus et notre encadrement a été une véritable délivrance. Cette fois on pouvait vraiment se féliciter et se dire qu'on l'avait fait !

J'ai eu une agréable surprise à l'arrivée : ma marraine et mon oncle, en vacances dans la région, m'ont longuement attendu. J'étais fatigué mais lucide, donc j'ai pu bien profiter de ce moment en leur compagnie. J'étais très content de les voir, car je ne les vois en général qu'à Noël lors du repas de famille. Je suis resté pour discuter avec eux jusqu'au départ du bus.

© Mickael Bougouin

Le soir, après le repas, il y a eu une vague de discours de félicitations. J'ai tourné mon discours sur l'étape qui venait de s'achever, mais certains parlaient comme si les difficultés étaient terminées et qu'il ne restait plus que les Champs Elysées. Pourtant, l'étape du lendemain était redoutable et il fallait rester concentré. Mais après ce qu'on venait de réaliser, on savait qu'on pouvait affronter n'importe quelle étape et la réussir.

Bilan : 202km, 10h55 de selle, 5200m de dénivelé, 122bpm en moyenne.
Consultez notre parcours et mes données.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

mercredi 7 août 2013

TDFête étape 18 : Gap - Alpe-d'Huez

La nuit du 16 au 17 juillet, précédant la 18ème étape reliant Gap à l'Alpe d'Huez, a été horrible. J'ai dormi dans un dortoir de 6 avec des lits superposés. Dès qu'on bougeait, le lit en bois tremblait dans tous les sens et le bois craquait au moindre mouvement. De plus, la présence de deux gros ronfleurs dans la chambre ne m'a permis de dormir que 4 heures au maximum.

Le départ à vélo a été donné de l'hôtel, à 1500m d'altitude. Il faisait froid, je suis parti avec un coupe-vent et des manchettes. Avant le départ, on a fait une série de photos devant les véhicules de nos sponsors : j'étais contre, d'une part car il faisait froid et qu'une descente nous attendait, et d'autre part parce qu'avec nos coupe-vent on ne voyait pas nos maillots, ce qui était dommage. Le cadre était superbe, mais les photos ne seront pas exploitables.

© Mickael Bougouin

La descente était sans danger. Elle était à l'ombre, du coup il faisait un peu frais, mais ça n'a pas duré longtemps. 7 kilomètres, on l'a fait en à peine 10 minutes. Dans deux épingles, mon vélo est parti de travers. J'ai bien rattrapé les trajectoires, avec beaucoup de sang froid : je n'ai pas eu peur mais ça m'a énervé. En bas, j'ai resserré mes freins car je les trouvais trop détendus. Je pensais que le problème venait de ça : sur un vélo, quand on a un soucis en descente, il faut corriger le problème sans tarder afin de ne pas prendre de risques.

© Mickael Bougouin

On a rejoint Gap sans encombres. On a ainsi ajouté 25 kilomètres kilomètres par pur plaisir, pour relier l'hôtel à la ligne de départ. Il faisait beau, on était mieux sur un vélo que dans un bus pour faire ce transfert. Par contre, on a fait la mauvaise montée du col de Manse : on a refait celle de l'avant-veille par la route commune avec le col Bayard. Le vrai parcours prenait une route différente, qui venait au col en provenance du sud-est, alors que nous sommes arrivé par l'ouest. Ca n'a pas changé grand chose, la difficulté était à peu près équivalente. Cette erreur de parcours était involontaire, nous n'avons pas suivi les bonnes flèches.

© Mickael Bougouin

Au col, nous avons retrouvé le bon itinéraire. On a croisé plusieurs coureurs qui sortaient de leur hôtel et se rendaient au départ du chrono. Certains étaient en voiture, d'autres partaient directement à vélo. C'était sympa de les croiser : depuis le début de l'aventure, à part en Corse, nous ne les avons pas vu. Comme nous passons un jour avant eux, il était difficile de les croiser. On ne s'est jamais senti en marge du "vrai" Tour de France, car les spectateurs et les médias suivaient notre périple, mais croiser les véritables protagonistes du Tour nous a quand même rassuré : oui nous somme bien en train de faire la même chose qu'eux, à peu de choses près.

Après le col, nous avons bénéficié de 25 kilomètres de bon faux-plat descendant. Ca filait vite, sur une belle route sans circulation et avec un joli paysage. On descendait le long du Drac, une belle petite rivière dont la largeur du lit laisse supposer que les crues doivent être particulièrement violentes. Ce cadre nous montrait que la nature est belle, qu'elle semble calme et domestiquée, mais quand on regarde bien on se rend compte qu'elle est sauvage.

On a ensuite fait 45 kilomètres sur des routes en faux-plat, avec parfois de petites côtes à passer. Dans la "rampe du Motty", une bosse d'un peu plus de 2km à 8%, Julien était sur le point d'abandonner en raison de douleurs liées au cuissard. Il faut dire que nos cuissards étaient jolis, mais leur coupe était nulle : une couture mal placée nous a tous coupé le pli de l'aine. A en saigner ! J'ai trouvé les mots pour l'inciter à poursuivre malgré la douleur : après cette étape, il n'en restait plus que 2 avant les Champs Elysées. Abandonner si près du but, alors qu'on a les jambes et le coeur, ça aurait été tellement rageant. Il avait vraiment mal, c'était certain : pour que lui qui était tout timide et ne disait jamais rien, se plaigne à demi-mot de douleurs ... c'est qu'il devait vivre un véritable calvaire depuis un bon moment. Mais il s'est accroché, visage fermé, et à tenu bon.

© Mickael Bougouin

J'étais à l'arrière du groupe, à motiver Julien pendant que Grégoire accompagnait Pascal qui grimpait à son rythme. Une grosse cassure s'est créée. Ils ne se sont pas rendus compte de notre absence et ils ont remis les gaz en haut de la bosse. Avec Grégoire, on a fait une longue chasse : au bout de 6 ou 7 kilomètres, on est revenu à 50m avant qu'une descente ne brise tous nos rêves de retour. On s'est retrouvé à 4 : Grégoire, Pascal, Julien et moi. Au final, on s'est tapé pratiquement 40 kilomètres de chasse en vain. On a bien reçu le renfort de quelques coureurs qui se sont aperçus de notre absence et se sont laissé décrocher pour nous ramener, mais comme on était énervé on a préféré poursuivre à notre rythme plutôt que continuer une chasse qui nous épuisait depuis un bon moment. On était pas à 5 minutes près !

© Mickael Bougouin

On a fait notre pause déjeuner dans Valbonnais, au pied du col d'Ornon. Pendant le repas, le ciel était menaçant : les nuages au dessus de nos têtes étaient très noirs, on sentit de l'humidité et de la fraicheur, mais on a pas pris la pluie. Avant de repartir, un rappel à la consigne "on est un groupe, on roule ensemble, on aide les plus faibles" a été fait afin de rappeler à tous que ce n'était pas normal qu'on se soit retrouvé longtemps à l'arrière sans que ça ne se relève devant.

Le ventre plein, on a attaqué la montée du col d'Ornon sur une route complètement trempée. Des feuilles et de petites branches jonchaient sol à certains endroits, c'était les vestiges du passage d'un orage relativement important. On y a échappé pendant notre pause déjeuner, je pense que si on avait continué on se serait fait tremper. La montée du col d'Ornon est assez roulante, surtout dans sa première partie. Quand les choses se sont corsées et qu'un groupe est parti à l'avant, j'ai fait l'effort pour remonter me placer dans les roues. J'ai alors pris la tête du groupe pour endormir un peu le rythme qui était un poil trop important et ne me permettait pas de récupérer. Je me suis replacé derrière à 2 kilomètres de la ligne et je les ai tous aligné au sprint. Grâce à une connaissance parfaite du terrain, je savais exactement où placer le gros plateau : j'ai sprinté sur le 50 alors qu'ils étaient sur le 34 ... je ne leur ai laissé aucune chance ni aucun espoir !

© Mickael Bougouin

Le groupe s'est lancé dans la descente. Je suis resté à l'arrière pour aider un cycliste allemand qui avait un problème de dérailleur : nous avions longuement discuté dans la première partie de la montée, et en haut de la montée j'en ai profité pour l'aider à faire quelques réglages pendant que les autres récupéraient leur coupe-vent pour la descente. Je suis reparti deux minutes derrière le groupe, j'ai rapidement rejoint les moins bons descendeurs et je suis resté un peu avec eux. Je me suis fait engueuler par un motard de la gendarmerie car j'ai un peu coupé mon virage dans une grande courbe sur la gauche avec une visibilité parfaite. J'étais sur la bande blanche centrale, rien d'extraordinaire. Quelques virages plus loin, je rattrape Grégoire qui se manque complètement dans un virage et a été obligé de sortir le pied pour rattraper sa trajectoire. J'ai à peine eu le temps d'échanger quelques mots avec lui pour lui rappeler d'être prudent, qu'il était inutile de prendre des risques ... je prends le virage suivant sur la bande blanche centrale et me retrouve nez à nez avec une voiture, qui roulait elle-aussi sur la bande centrale.

Je me suis donc retrouvé face à face avec une voiture 5m devant moi. J'ai freiné pour ralentir et revenir complètement sur ma partie de la chaussée, l'automobiliste lui n'a pas bougé et est resté au centre. Ayant complètement resserré mes freins le matin, j'ai bêtement bloqué mes 2 roues et je suis parti en dérapage. En bon skieur, habitué à contrôler le dérapage des skis sur les plaques de verglas, j'ai maîtrisé la trajectoire du dérapage afin de venir prendre appui le long de la voiture. J'ai glissé sur toute la longueur de la voiture, en prenant appui sur les portières. Le choc m'a un peu déséquilibré et m'a désarçonné de mon destrier. J'ai poursuivi ma route sans m'arrêter : j'étais un peu râpé, mais n'étant pas tombé je savais que je n'avais pas de blessure sérieuse.

© Mickael Bougouin

Je me suis fait soigner en bas de la descente. Il me manquait un peu de peau sur l'épaule, le coude, la hanche et la cuisse. Rien de profond, ce n'était que superficiel. En enlevant mon gant par contre, j'avais un énorme hématome à la main : quand j'ai touché la voiture, c'est ma cocotte qui a touché en premier, et ma main a ainsi encaissé tout le choc entre la portière et moi. Ca m'a explosé tous les vaisseaux sanguins de la main. Les ambulanciers m'ont bien soigné.

On a rejoint le centre de Bourg d'Oisans, où nous attendait un groupe d'une vingtaine de moniteurs de ski de l'Alpe d'Huez qui ont fait la montée à vélo avec nous. Enfin, en théorie, ils devaient la faire avec nous. En réalité, ils l'ont fait comme des sauvages sans nous attendre : on est parti ensemble en bas, et dès la première rampe ils ont filé ... et ne nous on jamais attendu, à part deux ou trois à l'arrivée. Enfin bon, on a roulé comme on a fait d'habitude, chacun à son rythme.

© Mickael Bougouin

Dès les premières pentes, j'ai été gêné par les traces de ma chute : les bandages mis en place m'empêchaient carrément de me mettre en danseuse, j'avais l'épaule verrouillée dans une position. J'ai fait comme à mon habitude, j'ai encadré les derniers en leur donnant des indications sur la pente et la difficulté à venir, et je les encourageait avec des mots simples. Mais rapidement, j'ai retrouvé Olivier (avec qui j'avais effectué Bordeaux-Paris) et du coup j'ai passé toute la montée avec lui, à discuter. Parler m'a fait oublier la gêne ressentie, je me concentrais sur autre chose et finalement ça ne m'a pas handicapé. J'ai fait la montée (totale, jusqu'en haut de l'Alpe) en 1h10, sans forcer. C'est à peu près le temps que j'avais mis à la Marmotte l'année dernière, mais en forçant beaucoup plus !

En haut, nous nous sommes arrêtés. On a pas eu le droit de faire la descente via Sarenne puis la seconde montée de l'Alpe d'Huez, pour des raisons de sécurité. Les autorités craignaient un débordement de foule, alors que le public était certes (complètement) éméché mais sympathique avec nous. On a eu aucun soucis sur cette première montée, je doute qu'il y en aurait eu si on en avait ait une deuxième. Ca m'a fait enrager, j'avais envie de la faire cette deuxième montée, quitte à la faire seul et sans encadrement particulier. Mais bon, il fallait se plier aux règles si on voulait pouvoir poursuivre notre aventure en ayant le soutien de la gendarmerie et de la police.

Bilan : 145km, 6h07 de selle, 3000m de dénivelé, 131bpm en moyenne
Consultez notre parcours et mes données.

NB : une analyse des données de mon compteur indique que je n'allais pas trop vite lors de ma chute. Je suis rentré dans le virage à 48km/h, ce qui était largement bon pour le franchir. J'ai fait l'erreur de le prendre sur la ligne blanche. C'est une erreur de ma part, et de l'automobiliste qui roulait lui-aussi en plein milieu. Les personnes en charge de notre sécurité n'y sont pour rien : comme j'étais 2 minutes derrière le peloton, les automobilistes reprenaient leur route normalement. On était toujours dans d'excellentes conditions de sécurité, il n'y a rien à leur reprocher.

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