mardi 1 décembre 2015

La journée du chauffard

Cette semaine j'attaque un nouveau cycle d'entraînement. De multiples séries de 30/15 (30 secondes d'effort intense, 15 secondes de récupération) sont au programme des 3 semaines à venir. Cet exercice simule particulièrement bien les efforts fournis en cyclocross : on relance vaillamment, on prend un virage, on relance, on passe un virage, on relance ... il se trouve que cet exercice est également très intéressant pour la progression des performances chez certains coureurs (comme le montre cet exemple).

Ma première sortie d'entraînement du mois de décembre a été particulièrement marquée par les chauffards. A peine parti de chez moi, au bout d'un gros kilomètre, une voiture m'a coupé la route dans un rond-point. J'étais engagé, je tournais à gauche, la voiture en face arrivait beaucoup trop vite pour respecter la réglementation. Un coup d'oeil sur le visage du conducteur m'a indiqué qu'il était comme absent, le regard vitreux typique des gens qui téléphonent ... mais ce n'était pas son cas. Il avait un mouchoir coincé dans une narine. Il était perdu dans ses pensées. Il a traversé le rond-point sans se rendre compte de rien. Je lui ai crié dessus quand il m'a coupé la route, à voir sa réaction ce n'était vraiment pas volontaire. J'aurais pu être un camion ou un enfant sur le passage piéton, ça n'aurait rien changé car il ne regardait pas la route.

J'ai poursuivi mon échauffement en cherchant des paroles sur le thème musical de la reine des neiges : "écrasééééé, démembréééééé, je ne pédalerai plus jamaiiiiiiis" ou "percutééééé, blessééééé, tout mon sang se vidaiiiiiiit". Le temps de terminer mon échauffement, j'attaquais ma première série d'exercices dans l'une des longues lignes droites typiques de la Dombes. En plein milieu de mes exercices, une voiture venant en face et voulant doubler un tracteur a longuement hésité avant de me foncer dessus. Je l'ai vu traverser 4 fois la route de gauche à droite, comme un petit navire chahuté par de grosses vagues. J'ai bien senti qu'elle hésitait à passer en force. C'est ce qu'elle a fait, me fonçant droit dessus en longeant le bord de la route de mon côté et me forçant à passer dans le fossé (ou à finir sur le capot d'une voiture lancée à 90km/h).

La deuxième série a été perturbée par une ouverture intempestive de portière au moment où j'arrivais. La aussi, j'ai vu le coup venir puisque j'avais vu au loin la voiture se garer sur le bas-côté de la route. Je m'attendais donc à ce que la portière s'ouvre et j'avais commencé à me déporter mais une voiture est venu me doubler de très près et m'a rabattu vers la droite. Pour éviter la portière qui s'ouvrait, j'ai pris appui sur la portière fermée du véhicule qui me doublait et l'ai copieusement insulté. Laisser 1m50 hors agglomération, sur d'aussi longues lignes droites sans personne en face, ce n'est vraiment pas compliqué.

En rentrant chez moi après la 3ème série (celle-la sans incident), j'ai eu le droit à une voiture qui me double par la gauche (normalement donc) mais freine brusquement puis tourne pour prendre la première route à droite. Si le véhicule passait tout juste, la remorque qui le suivait ne passait pas. Nouveau freinage d'urgence pour éviter que ma roue avant ne soit prise entre le véhicule et la remorque en travers de ma route. Je n'ai pas vu la tête du conducteur, je ne sais pas s'il a voulu passer en force ou s'il avait vraiment oublié qu'il avait une remorque derrière lui. Le résultat est le même, il m'a coupé la route.

Un peu plus loin, après avoir vu une voiture s'exploser dans un rond-point (au téléphone, il voulait tourner à gauche mais le volant lui a visiblement glissé des mains, il a fini dans le massif de fleurs entre la sortie "tout droit" et celle de gauche), un autre véhicule m'a doublé de beaucoup trop près. Tellement près que son rétroviseur m'a touché le poignet. Arrêté par un feu rouge un peu plus loin, je lui ai indiqué comment se rendre au Castorama le plus proche pour qu'il s'y achète un mètre. Mon sens de l'humour ne l'a pas touché, il m'a juste dit qu'il pensait que j'avais plus de place et qu'il était désolé. Le feu étant passé au vert, je n'ai pas eu le temps de lui demander pourquoi il était désolé.

Bref, le mois de décembre a commencé avec de très belles bases : 4 refus de priorité, 2 véhicules vraiment trop près et une ouverture de portière.

Comme je le twittais il y a deux mois, ma devise sur le vélo est "mieux vaut perdre une priorité et garder la vie, que garder une priorité et perdre la vie". Depuis le début de l'année, j'en suis à 51 refus de priorité, soit 51 priorités que j'ai cédées pour ne pas me faire percuter. Ca fait plus de 4 accidents évités par mois. Impressionnant, non ?

9 commentaires:

  1. C'est affligeant. Je vais partager ton article.

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    1. Ce qui est surprenant, c'est qu'il y ait autant d’événements en une seule sortie. Je note toujours un ou deux trucs sur mes sorties, mais hier c'était un vrai festival.

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  2. Un vrai condensé de ce que les cyclistes subissent au quotidien. La règle, toujours anticiper la bêtise des autres.

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    1. En effet, quel que soit le mode de déplacement, le meilleur moyen d'éviter les problèmes c'est d'anticiper.

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  3. Ce matin, 4 situations dangereuses en 800 m. Une rue de Villeurbanne en sens unique avec une piste cyclable en contre-sens (j'aimerais que les élus et les aménageurs urbains l'empruntent parfois sur un vélo). Première alerte, une voiture s'arrête au stop, regarde d'un seul côté et démarre... J'arrivais de l'autre côté. Elle pile au milieu du carrefour en m'apercevant. "je suis désolé". Ensuite, un piéton, casque et bonnet sur les oreilles s'engage sur la chaussée sans tourner la tête ni à droite ni à gauche. Anticipé. Puis, une voiture profite de la piste cyclable pour se garer sur le trottoir... Obnubilé par la manoeuvre, il oublie que des vélos peuvent arriver en face sur cette piste cyclable. Coup de volant... Je m’apprêtais à sauter sur le trottoir en question pour l'éviter. Enfin, je croise un vélo à contre-sens sur la piste cyclable... Le sens des pictogrammes semble clair pourtant. Cela dit, je comprends que le vélo ait envie de rouler dans une espace délimité. Sauf que il est difficile de se croiser sur une piste aussi étroite, surtout avec les voitures qui déboulent en face. Anticipé en m'arrêtant.
    Faut être motivé pour rouler en ville !!
    Et je ne parle pas des bus que l'on croise à quelques centimètres et aux rues avec piste cyclable à contre-sens où il n'y a manifestement pas la place de se croiser et où l'automobiliste pense surtout que l'on prend la rue en sens interdit (pictogrammes souvent effacés).

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    1. Si les marquages au sol se sont effacés, c'est à cause du passage répété des voitures ... preuve que beaucoup roulent dessus !
      Je trouve que beaucoup de contre-sens cyclables ont été posés la pour grossir les chiffres de l'agglomération qui se vante de son nombre de kilomètres. La majorité de ces contre-sens cyclables sont sur des routes trop étroites pour que la cohabitation de tous soit paisible.

      Oui, comme tu le dis, il faut être motivé (et bien réveillé) pour rouler en ville.

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  4. Bonjour Florent,

    Connais tu par hasard une zone industrielle bien éclairée pour s'entrainer de nuit sur Lyon?

    Merci d'avance.

    Bonne soirée.

    Simon

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    1. Bonsoir Simon,

      Je ne fréquente pas les zones industrielles et ne roule pas la nuit. Je ne saurai donc pas vous renseigner. En revanche, d'autres sauront peut-etre le faire sur le groupe Strava Lyon (https://www.strava.com/clubs/112691 ou https://www.strava.com/clubs/110957)

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