vendredi 1 janvier 2016

GP Sven Nys : la dernière

En ce premier jour de l'année 2016, j'ai pris le départ du GP Sven Nys à Baal. C'est la première (et surement l'unique) fois de ma vie que j'effectue une compétition aussi tôt dans l'année. Ce cyclocross constitue le 7ème des 8 manches du BPost Trofee 2015/2016 et une nouvelle fois toutes les têtes d'affiche de la discipline ont fait le déplacement (sauf le champion du monde en titre, déjà absent mercredi).


La nuit a été bonne : les feux d'artifices ne m'ont pas dérangé. Une grosse averse tapant sur les Vélux m'a cependant réveillé, mais n'a pas suffi à m'inquiéter et je me suis rendormi en quelques instants. La pluie n'est pas mon amie, qu'il s'agisse de courses sur route ou de cyclocross. Le sol étant particulièrement sec ces derniers jours, je me suis dit qu'une averse ne suffirait pas à dégrader le parcours. J'ai dormi sur mes 2 oreilles (mais pas sur mon oreiller, volé par mon chaton pendant la nuit, quel farceur !).


J'ai fait la route avec mes deux accompagnatrices habituelles : ma compagne et ma belge-mère. Sur les routes pavées des classiques flamandes elles m'avaient déjà prêté assistance, ça semble leur avoir plu vu qu'elles ont signé une prolongation de contrat pour les 4 épreuves dans les labourés. Le goudron était trempé et la brouillard était tenace, ça a commencé à me faire douter de mon diagnostic. Le parcours se révélera gorgé d'eau, le sol n'ayant rien absorbé et l'humidité étant resté en surface.


Une fois sur place, après avoir retiré mon dossard, j'ai commencé à me préparer. Pendant ce temps, des bus déversaient un flot quasi continu de spectateurs à l'entrée de la rue menant au parcours. Rue unique dans laquelle tous les coureurs étaient garés. L'image était impressionnante, les gens s'amassaient devant la billetterie permettant d'accéder à l'épreuve ... la file d'attente était inimaginable. J'ai eu plusieurs fois à la doubler ou la descendre, pour aller retirer mon dossard et rentrer à mon véhicule, puis pour aller/revenir de la reconnaissance, enfin pour me rendre au départ de l'épreuve. Se frayer un passage au milieu de personnes déjà alcoolisées à 11h du matin et parlant très fort n'était pas le plus simple et me faisait perdre beaucoup de temps à chaque fois. Ces gens sont pourtant adorables : quand ils se rendent compte qu'ils ont un coureur dans le dos ils s'écartent et s'excusent ... mais il y avait tellement de monde que même avec toute leur bonne volonté j'avais du mal à passer.




J'ai effectué mon traditionnel repérage du circuit. J'ai découvert un tracé vraiment différent des trois précédents : très physique, très technique et quasiment sans goudron. Tout est tracé dans de la prairie sur les pentes du Balenberg (berg = mont). Le tracé est une suite quasi continue de boue plus ou moins collante et plus ou moins glissante. Déjà que sur un terrain parfaitement sec ce parcours ne doit pas être facile car très sinueux et avec beaucoup de dénivelé, mais sur un terrain aussi gras ça devenait un chantier pour moi. Je n'ai fait qu'un seul tour de reconnaissance : par manque de temps je n'ai pas pu en faire un deuxième.



S'en est suivi un nettoyage du vélo assez long. Il était couvert de boue en un seul tour, le dérailleur était embourbé ... je me suis dit que faire 2 tours serait possible, qu'en faire 3 avec un seul vélo serait mission impossible dans de telles conditions. Bon, vu la difficulté du parcours et mon manque d'aisance dans la boue, je crois que 2 tours m'amèneraient à la limite du temps que m'accorderaient les commissaires sur le circuit.



La deuxième partie de l'échauffement s'est faite comme d'habitude sur Home-Trainer. Le timing a été raccourci à une vingtaine de minutes à cause de la longueur du nettoyage et de la perte de temps lors des allers/retours sur le circuit. J'ai ensuite rejoint la zone de départ pour la signature sur le podium, avec le même gros feutre rouge qu'à Loenhout. La procédure de départ s'est renouvelée, avec un appel nominatif en fonction du classement UCI, un contrôle de la largeur des pneus/boyaux, un décompte jusqu'aux 30 dernières secondes, les 5 lumières rouges qui s'allument les unes après les autres ... qui se transforment en 5 lumières vertes libérant les coureurs.



J'ai pris mon meilleur départ de la série. La cale s'est enclenchée directement, le choix du braquet de démarrage était bon, les vitesses sont descendues au bon moment pour accompagner la prise de vitesse ... j'ai passé les deux premiers virages et la première difficulté (un double talus) dans la roue des autres en étant assez serein. J'ai passé le virage suivant en dérapage comme tous les autres, parfaitement dans les roues m'envoyant de la boue sur le visage. La ferveur du public était vraiment intense, le bruit à l'approche du départ et dans cette première minute était assourdissant.



Le passage de 2 troncs de bois s'est alors présenté devant nous. En montée, j'ai changé de vitesse en prévision de la remontée sur le vélo, j'ai sauté du vélo et la ça a coincé : ma jambe gauche se dérobe, je me rattrape sur la droite. Je tente de sauter le premier tronc de bois mais ma jambe gauche refuse de se plier. Le passage des planches sur une seule jambe a été catastrophique. La remontée sur le vélo l'a été tout autant : ma jambe gauche me donne habituellement l'impulsion pour sauter sur le vélo ... sans impulsion, c'était plus compliqué de remonter sur selle. Et avec une jambe qui refuse de se plier, la suite de la montée a été complexe. Les passages boueux qui ont suivi n'ont pas été très drôle : j'ai réussi à remettre ma jambe gauche sur sa pédale, ce qui facilitait l'équilibre pour avancer, mais en n'ayant qu'une seule jambe motrice sur un terrain fuyant ce n'était pas très efficace.


J'ai fait un tour complet devant un public médusé de me voir passer aussi difficilement. En me voyant sauter à cloche pied dans la boue sur les portions nécessitant un portage, je crois qu'ils se sont demandés si j'étais idiot ou si c'était un gag. Pourtant ces spectateurs m'encourageaient avec beaucoup de voix. Plus j'approchais de la fin du circuit, plus mon retard était grand et plus les gens étaient surpris de me voir passer. J'ai eu le droit à beaucoup de "Koman", comme d'habitude, mais certains ajoutaient "Koman Kevin" que je n'ai pas trop compris. M'ont-ils pris pour un certain Kevin (mais vu le nombre, ça ferait beaucoup de personnes faisant la confusion), ou est-ce un moquerie ? Je ne sais pas trop comment l’interpréter.


Le parcours s'est amélioré entre mon passage de reconnaissance et la course. Le passage répété des féminines a creusé des sillons écartant la boue en surface et laissant place au sous-sol sec avec une meilleure accroche. Vu ma vitesse, j'avais le temps de choisir mes trajectoires, j'ai pris ce qui m'offrait le plus d'adhérence quand c'était possible. Néanmoins, sur une grande partie partie du parcours c'était impossible car la boue occupait toute la largeur disponible entre les barrières.


Je me suis arrêté à l'issue du premier tour. Sans pouvoir pédaler, sans pouvoir courir, continuer était stupide. C'était surtout peu plaisant. Faire un seul tour m'a déçu, forcément, mais je voulais partir avec un souvenir pas trop mauvais. Je suis surtout triste de finir mon périple sur cette mésaventure. Je repars quand même avec une nouvelle expérience et avec l'image de ces dizaine de milliers de spectateurs chaleureux dans ma mémoire.


Cette campagne de cyclocross en terres flamandes est désormais terminée. Je viens de vivre 4 épreuves prestigieuses en 6 jours, j'en repars avec des souvenirs inoubliables et de belles découvertes.

Consultez les photos prises par Clémence et mes données sur Strava.

5 commentaires:

  1. C'est étrange ce qui est arrivé à ta jambe, tu sais ce qui s'est passé ?
    (Désolé si c'est un soucis que tu as déjà eu et dont tu as déjà parlé ici, j'ai découvert ton blog récemment et je n'ai pas encore eu le temps de tout lire)

    Merci pour ces récits en tout cas, ce fut bien plaisant à suivre.

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    1. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé. Peut-être un problème d'hydratation les jours précédents ?
      La douleur est apparue le matin au réveil, j'ai fait des étirements et elle est passée. Elle ne m'a pas gêné lors de la reconnaissance, par contre j'ai senti qu'elle revenait légèrement pendant la partie sur home trainer. C'était léger, la douleur est vraiment revenue en pleine course au bout de 400m et est toujours présente 24 heures après dans une proportion moindre.

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  2. Florent à quand même fait 4 cyclo cross en 1 semaine ! Alors c'est normal que le physique flanche un peu !
    Du repos !

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    1. J'aurais préféré que la fatigue se manifeste quelques heures plus tard ... il est vrai que 4 courses à ce niveau, ça use. J'y reviendrai dans un prochain article.

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  3. Merci pour tes supers récits . et ne fais pas attention aux jaloux. ils envient ton courage et la chance que tu as de pouvoir faire des courses aussi prestigieuses

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