lundi 9 avril 2018

La Bisou : 102ème

Ce dimanche, j'ai participé pour la 4ème fois à la cyclosportive "La Bisou". J'avais participé deux fois au petit parcours (qui était vraiment petit à l'époque, seulement 56km) et j'en suis donc désormais à deux participations sur le grand parcours, après une première en 2012.

J'ai souhaité prendre le départ de cette épreuve pour me faire une grosse séance d'entraînement juste avant les ardennaises. S'entraîner seul c'est bien, s'entraîner en petit groupe c'est sympa aussi, mais en compétition on se retrouve à faire des efforts à des endroits / moments auxquels on ne se serait pas mis dans le rouge seul (ou avec des amis). Par exemple j'ai pour habitude de concentrer mes efforts dans les ascensions, d'éventuellement utiliser l'approche précédant l'ascension si celle-ci est trop courte par rapport à la durée d'effort que je souhaite, puis de profiter des descentes pour me ravitailler et récupérer de l'effort accompli en montée. En course, la montée se fait évidemment tambour battant mais la descente ne permet pas de récupérer ... les moments de répit me sont imposés par le comportement du peloton et non par mes habitudes.

Au départ, avec Sylvain

Je me suis donc présenté sur la ligne de départ, après un court échauffement, sans grosse prétention. Je venais ici pour finir ma préparation, ne surtout pas prendre de risques (les ardennaises commencent samedi prochain !) et prendre du plaisir tout en produisant un gros effort. J'avais rendez-vous avec mon ami Sylvain, venu lui aussi avec le même objectif : lui est en préparation du Tour du Mont Blanc. On avait prévu de faire l'épreuve ensemble, on s'est retrouvé comme prévu et on a patienté en discutant dans le sas de départ.

Bien placés au départ, on a passé les premiers kilomètres neutralisés dans les 20 premières positions. Ce n'était pas toujours facile de garder ma place, mais comme le peloton était compact ceux qui voulaient remonter de l'arrière étaient coincés par ceux derrière moi ... et globalement tout le monde a été civilisé, je n'ai pas vu trop de personnes prendre des risques. Tant mieux. Ca a été un petit peu nerveux, mais j'ai des souvenirs bien pires de situations semblables. Quand le départ réel a été donné, le peloton s'est étiré ... il faut dire que les coureurs de la BAC, l'équipe de DN2 locale qui vient chaque année signer un triplé, ont envoyé leurs hommes à l'avant dès que la voiture ouvreuse nous a libérés. La course n'a pas mis longtemps avant de démarrer. Je me suis maintenu autour de la 25ème place, je suivais le peloton sans chercher à m'échapper mais sans chercher non plus à me faire distancer.

Un peu avant le 15ème kilomètre, la petite bosse de Revonnas a commencé le travail de sape : le rythme était soutenu, dans un virage les coureurs devant moi ont fait une vague et ont failli tomber (il y en a qui n'étaient déjà plus totalement lucides) et j'ai du faire un bel effort pour revenir dans les roues de l'avant du peloton. Je n'ai jamais aimé cette bosse, d'autant plus qu'à chacune de mes participations le peloton avait avalé plein gaz le faux-plat juste après la bosse et m'avait mis dans le rouge. Ca n'a pas manqué non plus cette année.


Juste après, nous avons attaqué l'ascension du Mont July. Une ascension que je ne connaissais pas mais que je savais être un beau morceau. 3 kilomètres à 8,4% de moyenne. J'ai attaqué la montée autour de la 30ème place et j'ai été remonté petit à petit par des grappes de coureurs plus rapides que moi. J'ai fait ce que j'ai pu pour limiter la casse, mais soixante dix coureurs sont passés. J'ai basculé au sommet avec une dizaine de secondes de retard sur quelques coureurs et avec moins de cinq secondes d'avance sur un gros groupe qui revenait dans mon sillage, un groupe qui avait du se faire piéger dans la petite bosse de Revonnas quelques kilomètres plus tôt.


J'ai fini la bosse au sprint pour tenter de revenir sur les quelques coureurs devant moi dans la descente. J'ai fait une très belle descente, impeccable techniquement et parfaitement propre. J'ai pris l'habitude de faire les descentes avec mon compteur en vue "cartographie" car ça me permet de voir les virages à l'avance donc de savoir s'ils sont très serrés ou non. La descente était presque sans virage, mais une épingle très prononcée en bas était piégeuse. Mon compteur m'a aidé à l'anticiper, je pense que beaucoup se sont fait surprendre. Je suis revenu sur les quelques coureurs devant moi et après quelques kilomètres de chasse on a fini par revenir sur le deuxième peloton. J'étais dans le rouge, j'ai lâché plusieurs fois les roues du groupe et ce n'est pas grâce à moi qu'on est revenu. Un premier peloton d'environ 50 coureurs devait précéder mon nouveau groupe comportant aussi une cinquantaine de coureurs. Derrière, plus personne à l'horizon, nous avions au moins deux minutes d'avance.

J'ai pu me ravitailler et récupérer avant l'ascension suivante, menant à Arnans. Plus longue, environ 5 kilomètres, mais moins pentue et plus régulière. J'ai débuté l'ascension dans les premières positions et j'ai reculé tout doucement jusqu'aux dernières positions du groupe. Aucun doute, j'étais dans les plus faibles et il a fallu que je me fasse violence pour rester dans le sillage du groupe. Deux des six ascensions du jour étaient passées, j'avais l'obligation de tenir les roues de ce groupe désormais car l'écart avec le groupe derrière ne devait faire que grandir. Si je lâchais, j'allais me retrouver seul un long moment et je n'en avais aucune envie.

J'ai tardé à me ravitailler par rapport aux autres. La majorité de mes compagnons ont mangé au sommet, mais j'étais encore trop haut dans l'effort à essayer de rester dans les roues pour faire comme eux. La troisième ascension est arrivé plus vite que prévu, j'étais à l'arrière du groupe en train de me ravitailler. L'ascension était irrégulière, mélangeant coups de cul et replats, ce que j'ai beaucoup de mal à passer. Je préfère les ascensions plus régulières qui permettent de se mettre à un niveau d'effort relativement stable. Je me suis fait décrocher une fois, deux fois, trois fois ... je suis revenu. Mon dernier retour a été fait au courage, car au sommet j'avais une trentaine de mètres de retard. Boucher ce trou m'a coûté une énergie folle, mais heureusement le groupe s'est relevé donc j'ai pu rentrer puis récupérer.

La descente était belle et sans danger. Sylvain est venu me chercher à l'arrière du groupe et m'a incité à profiter de l'accalmie pour remonter dans les premières positions en vue de la prochaine ascension. De l'avant, j'ai mieux pu voir le paysage. Depuis le départ, on a aperçu quelques endroits sympa mais c'est dans cette vallée entre Thoirette et Conflans que c'était le plus beau.

L'ascension de Corveissiat a débuté tranquillement puis le rythme s'est accéléré tout au long de l'ascension. Bien placé au pied, quand un panneau a indiqué que le sommet était à 5,2 kilomètres, j'ai reculé tout doucement. 5,2km plus loin, alors qu'on aurait du franchir le sommet, j'étais dans les dernières positions du groupe proche de la rupture mais content que ça se soit bien passé ... ma satisfaction n'aura été que de courte durée car le panneau au pied était faux. Il restait encore 800 mètres d'ascension, mené à un rythme fou, qui m'ont fait extrêmement mal. J'ai de nouveau basculé au sommet avec quelques mètres de retard, mais par chance un ravitaillement se trouvait au sommet et quelques personnes ont fait un arrêt express pour récupérer une bouteille d'eau et j'ai pu profiter de leur sillage pour rentrer. La quatrième de six bosses était passée, mais les crampes commençaient à arriver. Je sentais que ma présence dans ce groupe n'allait plus durer longtemps.

La transition avant la cinquième ascension s'est bien passée. Je suis remonté à l'avant du groupe en prévision de l'effort à effectuer, je me suis ravitaillé et j'ai croisé les doigts pour que ça passe. Une fois en haut, je savais que le plus dur serait passé et que je pourrai ensuite tenir un bon moment dans les roues. Malheureusement, les autres aussi le savaient et les plus forts voulaient se débarrasser des plus faibles. Le rythme a été élevé dès le pied, j'ai rapidement sauté. Au bord des crampes, j'ai géré du mieux que j'ai pu en compagnie d'autres coureurs guère mieux en point que moi.

Au sommet, j'ai réussi à regrouper quelques coureurs en prévision des 17 kilomètres à venir avant la difficulté suivante. A 6, j'ai organisé les relais et ça a été fluide quelques kilomètres. Puis on a doublé des lâchés qui se sont joints à nous, et plus notre groupe grossissait moins les relais se passaient bien. Entre ceux accélérant trop fort et prenant 5 mètres d'avance à chacun de leurs passages, entre ceux qui se relèvent complètement une fois leur relais terminé, et ceux qui peinaient tout simplement à remonter vers l'avant pour assurer leur part de travail, ça a fini par dégénérer. Plus personne n'a voulu passer et le groupe s'est scindé à nouveau. Je me suis retrouvé dans un groupe de 5, que j'ai de nouveau pu organiser selon ma volonté et qui a pris des relais relativement fluides. Avec la fatigue et sachant que nous étions tous des lâchés fatigués, je n'espérais pas mieux.

On a fini par aborder la bosse de Saint Martin du Mont, la dernière au programme du jour. Le pied est très pentu mais comme je le connais par coeur j'ai pu le gérer sans problème et aider mes compagnons du moment à bien le passer. Une fois le mur à 14% franchi, on débouche sur un long faux plat montant jusqu'au village. En haut, mes compagnons ont souhaité faire un arrêt pour prendre de l'eau, je les ai attendus car il restait encore une vingtaine de kilomètres de plaine à effectuer. Fatigué, avec des compagnons de galère qui prennent sans rechigner leurs relais, je n'avais aucun intérêt à poursuivre seul ma route. J'ai vu un groupe arriver au loin, je leur ai indiqué de se presser et on est reparti rapidement pour faire la descente avant le groupe. On a pris quelques relais, sans gros engagement de ma part : vu l'allure du groupe, nous n'avions aucune chance de résister même en collaborant bien.

Une fois repris, je me suis laissé glisser tout doucement vers l'arrière pour estimer la taille et la composition du groupe, avant de remonter vers l'avant. J'ai pris quelques relais, ça semblait plutôt bien organisé, mais le rythme était tel que j'avais du mal à passer au relais proprement. Chaque passage en tête me vidait de mes forces. Je faisais donc 2/3 passages devant puis je reculais pour récupérer, avant de revenir participer à l'effort collectif. Quelques relances et passages de minuscules bosses m'ont rappelé que j'étais au bord des crampes et que je jouais avec une corde bien tendue, proche de la rupture. Comme j'étais ici pour faire des efforts et que ni le temps ni la place ne m'intéressaient, j'ai quand même assuré ma collaboration dès que j'en avais la force.

Je n'ai pas pris de risques dans les derniers kilomètres. Le final en faux plat descendant, avec du mobilier urbain, ne m'incitait pas à aller jouer des coudes pour une place anecdotique. A fortiori en étant au bord des crampes. J'ai quand même maintenu ma place dans un groupe sage, personne ne prenant de risques. Je franchis la ligne à la 102ème place après 4h11 d'efforts, 25 minutes après le vainqueur et 6 minutes après les membres de mon ancien groupe.


C'était une belle organisation. Les signaleurs étaient nombreux et efficaces et j'ai (presque) toujours eu un motard pour ouvrir la route de mon groupe. De l'arrivée sur place avec des bénévoles pour gérer le stationnement jusqu'au repas, tout a été presque parfait. Chapeau aux organisateurs et un immense merci aux bénévoles.

Consultez mes données et le classement.

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