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dimanche 13 novembre 2016

Selle classique ou selle large ?

Au cours de mon séjour en Italie début octobre, j'ai pu fabriquer une selle de vélo en partant des matières premières (une structure en carbone, des rails, du gel, du tissus et de la colle) jusqu'à obtenir une selle qui est désormais dans une boite et qui sera achetée par un client quelque-part dans le monde. Bon, sincèrement, je pense que la boite a été retirée après mon départ ... si la selle avait vraiment été jugée conforme aux standards de la société, je pense qu'ils me l'auraient plutôt laissé en souvenir.

La structure en carbone, base de toute selle.

Bon, je ne vais pas vous parler de la fabrication d'une selle (c'est super intéressant à savoir pourtant) ni des tests incroyables qu'elles subissent (la corrosion, les UV, les températures extrêmes, l'élongation, les impacts, ...). Ce que j'ai appris sur le choix d'une selle entre sa version classique et sa version large me semble bien plus intéressant. Je ne vous cache pas que pour mon gabarit de 62kg (parfois 63, rarement au delà) et 1m80 je ne me suis jamais trop penché sur la question, il me semblait évident qu'il me fallait une selle de largeur classique. Et bien ... ce n'est pas vrai !

Le tissus, avant découpe (à droite) et après découpe (à gauche).

Revenons en arrière, à la base de la question. Pourquoi existe-il deux largeurs de selle ? Car dans le fond, si on n'avait pas le choix de la largeur, la question ne se poserait même pas. Le cycliste dispose de 5 points d'appui (qu'on peut regrouper en 3 groupes) : 2 sur les pédales (1er groupe), 2 sur le cintre (le 2ème groupe) et un sur la selle (le 3ème groupe). Tout le poids du corps est réparti sur ces 5 appuis ... et dans la liste, la selle se paie la plus grosse part du gâteau, comme vous vous en doutez.

Mise en place du rail sous la selle.

C'est bien tout ça, mais pourquoi deux largeurs ? Car tous les cyclistes ne font pas le même poids, afin d'obtenir une pression uniforme au centimètre carré, il faut bien adapter la largeur. En augmentant le poids sans augmenter la surface d'appui, ça augmente la pression au cm² ... rendant ainsi la selle inconfortable.

A puissance égale (en w/kg), le pourcentage de répartition du poids du cycliste sur les différents points d'appuis ne varie pas.

Le poids est l'un des paramètres, mais ce n'est pas le seul. Malgré mes 60kg, je suis proche de la limite entre les deux versions de selle. Pourquoi ? Car le poids mis sur la selle (qui n'est que l'un des 5 points d'appuis) dépend également de la ... puissance du cycliste. En vrai, ça dépend surtout de la pression qu'exerce le cycliste sur ses pédales : une partie du poids du cycliste se transfère de la selle vers les pédales quand il augmente sa puissance. Le poids sur la selle diminuant en faveur des pédales, la pression au cm² diminue sur la selle ...

Répartition du poids du cycliste sur la selle (en bleu foncé en bas), les pédales (en rouge au centre) et la potence (en bleu clair en haut) en fonction de la puissance développée par le cycliste (1w/kg à gauche, 2w/kg, 3w/kg et 4w/kg à droite).

C'est ainsi qu'un coureur de 80kg qui dispose d'une belle puissance (comme un coureur professionnel par exemple) se retrouvera à utiliser une selle de largeur classique alors qu'un cyclotouriste de 60kg devrait plutôt utiliser une selle large. Dans mon cas (62kg), le point de bascule se trouve autour de 28km/h de vitesse de croisière sur le plat.

mardi 8 novembre 2016

Et maintenant, tu fais quoi ?

Voilà un mois que je n'ai plus accroché de dossard. La saison de cyclocross, que j'ai effectué ces dernières années, a repris depuis plusieurs semaines. Les épreuves s'enchaînent ... mais mon vélo de cross est toujours au grenier. Pourquoi ?


Cet hiver, je vais avoir 30 ans. Cette 29ème année a été contrariée par plusieurs blessures, rien de grave, mais des petites choses gênantes. Il y en a eu une première musculaire en janvier, première belle alerte avant des soucis de dos qui m'ont handicapé pendant 2 mois et demi (et m'ont coûté cher en ostéo). Plus d'autres petits trucs en cours d'année qui m'ont obligé à lever le pied sur de courtes périodes. Depuis 3 ans, j'ai enchaîné les saisons de route, de cyclocoss et de contre-la-montre sans vrai période de repos, dès que l'une se terminait j'enchaînais avec la suivante (ou sa préparation).


Depuis le mois de septembre, je suis plusieurs formations. Certaines dans mon milieu professionnel, car même si ma formation de base (en programmation informatique) incluait des cours de gestion d'entreprise, la réalité que je vis au quotidien maintenant que je travaille à mon compte n'est pas celle présentée lors des cours il y a une dizaine d'années. Je poursuis également la formation FFC pour l'encadrement de l'école de vélo du Lyon Sprint Evolution (il me manque encore 2 modules à passer), et une formation privée pour l'accompagnement dans la prise de décision. Bref, mes soirées et certains week-end sont déjà occupés, je n'aurai pas la possibilité de me déplacer sur la majorité des épreuves. Il me reste 2 week-end où j'aurai la possibilité d'en faire, mais m'y présenter sans aucune préparation et sans avoir touché le vélo de cyclocross avant, ça n'apporterai pas grand chose.

Je vais profiter de cet hiver pour refaire mes gammes tranquillement. J'ai eu une telle aversion envers les sorties de foncier en groupe que je n'ai plus fait de vrai foncier depuis des années. Je pensais que ça ne servait à rien puisque je courrais tout le temps donc étais toujours plus ou moins en forme ... grâce à mon entraîneur, j'ai découvert que je me trompais : le foncier ce n'est pas juste pour se remettre en forme après une coupure, mais c'est aussi une base importante. C'est la fondation de la maison sur laquelle s'appuient les murs porteurs (le seuil et la PMA) ... celle sans laquelle ces murs porteurs s'affaissent et se fissurent lentement.


Je vais également inclure de la PPG afin de consolider le reste de mon corps : si vous placez un moteur de voiture sur une tondeuse à gazon, celle-ci va se déformer ... en améliorant ma puissance grâce à l'entraînement, j'observe le même phénomène. A moindre échelle bien sûr, je ne suis pas passé d'un moteur de tondeuse à celui d'une voiture.

Tout ça pour quoi ? Pour un beau projet : en 2017 j'aurai 30 ans et je fêterai les 10 ans de ce blog. Ce sera également l'année de mon mariage. Il est évident qu'avec ces 3 événements, je vous réserve une belle surprise (et même deux je l'espère) ... que je commencerai à préparer plus intensément à partir de janvier. D'ici la, place au plaisir, à la récupération, au foncier et aux formations !

jeudi 3 novembre 2016

Cyclocross : l'écart entre la télé et la réalité

[Cet article a été rédigé le 15 janvier 2016, au retour de ma campagne de cyclocross en Belgique. Il est resté dans mes brouillons et n'avait pas été publié. Les images d'illustration et le texte sont d'origine, les images étant tirées des épreuves auxquelles j'ai participé.]

J'ai profité de ces 10 jours de repos pour regarder l'enregistrement des 3 épreuves qui étaient télévisées. J'avoue que les images que j'ai découvertes m'ont semblé conformes à ce que j'avais l'habitude de voir quand je regardais ces courses à la télé, mais décalées par rapport à l'expérience que j'avais vécue.


J'ai été surpris de voir à quel point la télévision ne retransmet pas les difficultés techniques et mal les difficultés physiques. Les grosses bosses de 2m de haut ne semblent être qu'un petit monticule de terre. Les passerelles ne semblent pas très pentues alors qu'en regardant bien les images on remarque que les coureurs se mettent en danseuse pour les gravir tout en penchant leur buste vers l'avant ... ce qui témoigne habituellement d'une bonne dose de pente.


Techniquement, la télé ne rend pas vraiment compte des difficultés techniques. On ne distingue quasiment pas les fossés de Loenhout ... l'image ci-dessus permet de mieux se rendre compte de la profondeur et de la longueur du fossé. Et encore, sur cette image, ce n'est pas le plus profond : certains faisaient plus d'un mètre de profondeur !


Dans le même domaine, l'image étant cadrée sur le haut du coureur, on ne se rend pas bien compte de l'état du sol ... encore moins de la profondeur de la boue. Heureusement pour moi, celle-ci était plutôt rare grâce à un temps sec ... mais elle était bien présente sur certaines portions. Je crois quand même que c'est la partie la mieux transmise par la vidéo.


A noter également que les spectateurs étaient eux-aussi concernés par la boue. On comprend mieux pourquoi les bottes en caoutchouc chaussent 99% des pieds des personnes bordant le circuit.


La télévision ne retransmet pas forcément l'ambiance du bord du circuit. En découvrant les images, j'ai surtout entendu les voix des commentateurs et en arrière plan le bruit du public. Depuis le coeur du circuit, on entendu surtout le bruit des spectateurs, dont on a du mal à imaginer la densité : Diegem c'est 25 000 spectateurs (entrées payantes) pour 3450m de circuit. Si tout le circuit avait été accessible des deux côtés (ce qui n'était pas le cas), soit 6900m de disponibles, ça ferait 3,6 spectateurs par mètre et par côté. Impressionnant !


A Diegem, une section incroyablement technique était particulièrement mal retransmise à la télévision. Le long du stade, il fallait rouler dans une ornière de 35mm de large (sachant que les pneus en font 32), le guidon passant à quelques centimètres des barrières et des verres de bière des spectateurs, avec un dévers très marqué. Pour corser la chose déjà particulièrement ardue, le fond de l'ornière reposait sur des racines traitres et le passage des catégories précédentes (juniors, espoirs puis féminines) avait créé quelques zones de sortie de l'ornière particulièrement délicates. Seuls les 3 ou 4 premiers réussissaient à le passer sur le vélo, les autres bien qu'au meilleur niveau mondial n'y parvenaient pas. La télé montrant les premiers, ce passage le plus compliqué des 4 épreuves disputé n'était pas très bien transmis au téléspectateur.


Il y aurait quantité d'autres choses à raconter, que la télévision ne montrait pas et que seules des photos du bord du circuit peuvent laisser deviner. Comment imaginer l'effort pour grimper en haut des escaliers de l'épreuve de Baal (GP Sven Nys), escalier situé tout en haut du circuit, après avoir grimpé dans une prairie grasse et avoir passé une zone de sable juste au pied des escaliers ? Les muscles sont déjà tétanisés par l'effort pour grimper au point culminant du circuit, il faut alors sauter du vélo et grimper un escalier interminable. Ce genre d'information, la télévision ne le retransmet pas, pourtant ça explique beaucoup de choses dans la tactique de course des leaders.


La saison prochaine, lorsque je regarderai des épreuves derrière mon écran, je ne verrai plus du tout du même oeil les images. Pas seulement pour les épreuves que j'ai découvertes, mais pour l'ensemble d'entre-elles. Si tout semble si facile pour les meilleurs coureurs du monde, ce n'est pas que les circuits sont faciles mais bien parce qu'ils évoluent à un niveau physique et technique nettement au dessus du lot.

La majorité des photos sont issues du site cyclephotos.co.uk : Diegem, Loenhout et Baal, avec son aimable autorisation pour l'utilisation sur mon blog. En cliquant sur le nom des épreuves, vous pourrez découvrir la galerie complète des photos prises pendant chacune de ces épreuves.