Pages

dimanche 10 avril 2011

Paris-Roubaix Challenge : à l’épreuve des pavés

Ce matin, à 5h, après seulement 3h30 de sommeil (je ne peux pas à la fois rédiger mes articles de blog et dormir), j’ai pris mon petit déjeuner en compagnie de Stan et de Guy. C’était assez silencieux mais relativement décontracté, personne ne semblant trop stressé par l’enjeu (certes réduit désormais à cause de l’annulation de la compétition et sa transformation en randonnée). On a pris la route pour rejoindre Saint Quentin, toujours dans le silence en dehors du son de la radio. Pour ma part, j’ai fermé les yeux et ai tenté de me reposer afin de compenser le manque de sommeil.

la ligne de départ du paris-roubaix challenge

J’ai pris le départ dans le 2ème sas, mais ne suis pas parti avec mon groupe : j’ai attendu en roulotant le 3ème sas dans lequel se trouvait Nicolas. Ils m’ont repris au bout de 6 ou 7km : je me suis glissé dans les roues à sa hauteur et ai discuté quelques kilomètres avec lui. La vitesse étant relativement paisible (35km/h) dans ce groupe, le 4ème sas nous a rejoint au bout de 25km environ. Guy est alors remonté à ma hauteur pour me signaler sa présence. Ayant des fourmis dans les jambes, je me suis placé en tête de groupe et ai pris un relais de 3km très appuyé. Quand je me suis relevé j’ai eu le droit à une remarque déplacée d’un gars me demandant si je tournais qu’à l’eau plate (c’est sur que rouler à 45km/h, quel exploit incroyable !) ... puis à une remarque amicale d’un récent lecteur de ce blog (Florian) me conseillant de rester plus au chaud dans le peloton et de me préserver.

Dans les 10km précédant le premier secteur pavé, la vitesse s’est progressivement élevée : je suis resté aux avants postes jusqu’à 2km, où j’ai levé le pied et ai laissé filer le PGV (peloton à grande vitesse) en m’arrêtant pour éliminer un surplus d’eau stockée dans mon corps. Quand j’ai emprunté le secteur, une bonne minute derrière le peloton, je suis passé sur un petit champ de bataille : des mecs ayant crevé et s’étant rangé dans le fossé, des bidons au sol en plein milieu des pavés, certains mecs arrêtés en fin de secteur portant les stigmates de chutes... Florian n’a pas eu de chance et a cassé sa pâte de dérailleur : l’assistance Mavic n’a rien pu faire pour lui et il a été contraint à l’abandon. Pas de chance, c’est rageant ce genre d'évènements ! Au ravitaillement placé à la fin du secteur pavé, j’ai attendu Stan pendant une vingtaine de minutes, en compagnie de Guy.

On est reparti loin, très loin des groupes. On s’est retrouvé seuls dans la pampa, sans jamais aucun groupe au sein desquels s’abriter (en collaborant à la marche en avant du groupe, il va de soi). On a donc roulé à 3 la majorité des 100km restants. On a franchi sans encombres les secteurs pavés suivants, au cours desquels on a découvert un certain nombre d’objets perdus : beaucoup de bidons, quelques papiers, une pompe, une paire de lunettes, ...

Dans le secteur pavé reliant Warlaing à Brillon, on a croisé un groupe de connards inconscients : un club de VTTistes n’a pas trouvé de meilleure idée que de faire le secteur pavé à fond à contresens en roulant sur le haut du pavé. Et ces gros abrutis venaient au contact : si tu ne t’écartais pas du haut du pavé ils te poussaient du coude ... j’ai ainsi été touché plusieurs fois. Le niveau d’imbécilité de l’être humain m’étonnera toujours, et je me demande s’il a une limite dans ce domaine.

Les secteurs se sont ensuite enchainés très vite. Je me suis arrêté au poste de secours d’Orchies afin de me faire désinfecter et protéger les ampoules survenues sur mes doigts. J'ai refait la même opération au poste de secours de Templeuve, pour d’autres ampoules survenues entre temps. J’ai pu constater la magie du remplissage de quotas et du gonflage des statistiques : l’un des 2 postes a classé en « blessures graves » mes « profondes et multiples entailles au niveau des mains » (j’avoue que mes ampoules saignaient, mais de la à les qualifier de blessures graves) ... je leur ai fait remarquer que c’était juste des ampoules, et que leur classification en "grave" ne me semblait pas approprié à la situation. Ils m’ont fait remarquer que moi j’étais là pour pédaler et eux pour soigner. Chacun son rôle.

On a fini les secteurs pavés sans encombres. Sur les 2 derniers j’avais du mal à tenir mon guidon tellement ça sautait et tellement j’avais mal aux mains. Aucune position ne solutionnait le problème : mains au centre du cintre, sur les poignées de freins ou dans le creux du cintre, ça revenait au même. Dans le dernier secteur pavé, celui menant au carrefour de l’arbre, mes yeux ont commencé à s’humidifier : je me suis rendu compte que je touchais au but, que j’arrivais au bout du petit enfer du Nord. J’avais Stan quelques mètres derrière moi, et on s’émulait mutuellement en se disant « ça y est, on y est, on va le faire ! ». Il a fallu s'accrocher et rester vigilant jusqu'au bout, car jusqu'au dernier mètre c'était difficile et piégeur.

mon arrivée au carrefour de l'arbre, à la fin du paris-roubaix challenge

J’ai été soulagé en franchissant la ligne d’arrivée : je n’ai eu aucun souci et tout s’est bien déroulé. Pour moi comme pour mes 2 compagnons de route. J’ai surtout compris ce que ressentaient les professionnels quand ils effectuent cette course. Je n’imaginais pas ça aussi traumatisant articulairement parlant. Ce n’est pas si dur que ça physiquement, disons que ce n’est pas beaucoup plus fatiguant au niveau des jambes que de rouler sur du macadam, mais c’est en revanche traumatisant pour le corps et ça demande une vigilance bien plus importante. La moindre nanoseconde d’inattention peut mener à la chute.

Guy, Stan et moi au carrefour de l'arbre

Je suis très content de ma performance sportive : j’ai eu de super jambes tout le long. Croyez moi que j’étais costaud quand il fallait rouler sur le plat, malgré un bon vent défavorable, et que j’avais encore beaucoup d’énergie à revendre à l’arrivée. En revanche, côté organisation, je suis très déçu par le package proposé par ASO. Ce sera l’objet de mon article de mardi.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Paris-Roubaix Challenge.

8 commentaires:

  1. nicolas blondiaux10 avril 2011 à 18:48

    salut florent,j ai ete enchenté de faire un bout de route avec toi,un super moment!j espere que l on aura l occasion de le refaire et peut etre enssemble en cyclosportive!et le mec qui est etonné de te voir faire un relais appuyé et te demande si tu est a l eau claire est un idiot...

    RépondreSupprimer
  2. Chapeau l'artiste !
    Sacré course de guerrier !
    respect !!

    RépondreSupprimer
  3. Slt Florent,

    Je suis un lecteur assidu de ton blog, et suis impressionné par tes performances.

    Ce que tu as fait à Roubaix est juste incroyable, tu es sorti vainqueur de l'enfer du Nord et ta préparation n'a pas été vaine.
    On reconnait bien ton esprit de compétiteur à travers cette course, et je suis certain que tu va encore progresser pour toucher du doigt (et pas seulement du doigt) le très haut-niveau !

    Oui, j'espère vraiment qu'un jour tu fera le VRAI Paris Roubaix, avec les pros !
    Tu en es capable, au vue de tes capacités qui paraisse exceptionnelles au vue ton blog !

    Continue comme ca !

    Un Fan,
    Patrick

    RépondreSupprimer
  4. @nicolas : j'ai également apprécié nos 30km de discutions, en plus de celles de la veille. Bravo pour le temps canon que tu as fait.

    @patrick : si mes récits laissent penser que je suis bon (certainement à cause de ma qualité de rédaction, lol), la réalité sur le terrain est toute autre. Je réussis à me faire plaisir, chose principale (et chose qui doit participer au fait que tu pense que je suis bon) mais je sais que je n'aurai jamais le niveau physique de faire cette course au niveau pro. Mes capacités sont loin d'être exceptionnelles, je ne suis qu'un monsieur tout le monde qui tente de donner le meilleur de lui-même et de réaliser ses rêves.

    RépondreSupprimer
  5. Salut Florent,

    Je suis moi aussi un lecteur de ton blog !! Je suis tombé dedans il y a quelques mois maintenant !! A cause de toi, j'ai perdu une journée de boulot ... J'ai commencé à lire ton blog et finalement, j'ai passé la journée à tout lire ... Informaticien et cycliste comme moi !!
    En tout cas bravo pour ta performance sur Paris - Roubaix. J'espère maintenant que tu vas trouver un autre objectif pour nous faire vibrer !!

    Nicolas

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour,
    J'étais dans le même sas que vous et je me pose la question de ce que j'ai réalisé. Je n'en reviens toujours pas d'avoir pu aller au bout. Une satisfaction et un étonnement. Vraiment formidable. Savez vous combien nous étions dans ce sas et aussi dans le premier et combien de participants ont pris le départ. Ce fut très dur mais je crois que le soleil nous a bien aidé. Sous la pluie ce doit être quasi mission impossible.
    Merci pour vos commentaires. Eric

    RépondreSupprimer
  7. @nicolas (2) : je m'excuse de t'avoir fait perdre une journée de boulot. J'en déduis que mes articles sont plaisants à lire, sans quoi tu ne serai pas resté aussi longtemps à me lire. j'espère pouvoir continuer longtemps à faire vivre ma passion aux autres.

    Mon prochain gros objectif devrait également faire vibrer : en aout je serai sur une épreuve par étape reliant Genève à Nice via (à peu près) la route des grandes alpes. Il s'agit, comme pour le PRC, d'une première pour cette épreuve ... qui devrait mieux me convenir que les pavés du Nord.

    @eric : c'est sur qu'on se demande tous comment on a pu arriver au bout d'une telle aventure ! C'est tellement particulier ...
    Concernant le nombre de participants, l'organisateur annonce entre 1100 et 1200 partants (avec dossards donc). J'ai en revanche vu un paquet de gars sans dossards ni plaques de cadre faire le parcours en profitant des installations sans payer de du (cher) à l'organisateur. Je dirai qu'on était plutôt 1500 sur le parcours mais c'est dur à estimer.

    Comme il s'agissait de sas de 400 personnes, que les premier m'a semblé plein aux 3/4 et le notre à une grosse moitié, je dirai qu'il y avait 550 coureurs (au lieu de 800) sur l'ensemble de ces 2 sas.

    Je suis comme toi, je trouve que franchir les pavés sur le sec se fait à condition d'être vigilant et d'anticiper. Je ne trouve pas ça très dangereux. En revanche, si c'était mouillé, ça doit être une belle patinoire surtout les virages !

    RépondreSupprimer
  8. étant dans le premier sas j ai pu constate que quelque coureurs nous attendaient après la ligne . moi j ai passe une bonne journée (une seul crevaison) . je n ai pas trouvé cela dangeureux car après quelque secteur les groupes étaient réduit . j espère que l an prochain on arrivera au vélodrome car je compte bien revenir

    RépondreSupprimer