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mardi 21 août 2012

Haute-Route étape 3 : de Courchevel à l'Alpe d'Huez

La troisième étape de la Haute-Route relie Courchevel à l'Alpe d'Huez via 138km et 3 montées (le col de la Madeleine, le col du Glandon et la montée de l'Alpe d'Huez). Le dénivelé de cette troisième étape est de 4700m.

Voici la road-map de l'étape :

Voici le profil de l'étape :

Et voici mon traditionnel récit :

La nuit a été très courte, impossible de dormir à cause de la chaleur et du bruit. J'ai dormi moins de 3h. En discutant avec d'autres coureurs, apparemment beaucoup de monde à eu le même problème. J'ai de nouveau eu envie de vomir dès le réveil, et n'avais pas grand appétit pour le petit déjeuner.

Le départ neutralisé se passe bien. Je navigue aux alentours de la 80ème place sans soucis. Les visages autour de moi sont relativement soucieux, on sent bien que l'étape fait peur à beaucoup de monde. Ou, à défaut de faire peur, elle impose au moins le respect et incite à la prudence. Le coeur monte quand même haut au moindre coup de pédale. C'est toujours pareil quand on ne dort pas : le coeur monte à la moindre petite difficulté.


Je gère la montée du col de la Madeleine, afin de ménager mes forces. Comme tous les jours depuis le départ, j'ai eu le droit à un défilé de salutations de la part de coureurs qui me connaissent. L'ambiance qui règne entre les coureurs est vraiment sympathique, notamment les coureurs étrangers qui font l'effort d'encourager les coureurs en français et de remercier les signaleurs / organisateurs en français.

J'atteins le col un poil en retard par rapport à ce que je pensais, mais globalement dans les temps par rapport aux délais. La montée est toujours aussi longue que d'habitude, et le paysage y était toujours aussi beau. Beau, mais chaud : il faisait déjà 28° au col à 10h ! J'ai maudit la DDE qui a mis des bornes kilométriques farfelues tout le long de la montée : les distances sont bonnes, mais les altitudes et pourcentages sont souvent faux ... c'est particulièrement pénible quand on souffre et que la seule chose qui nous rattache au sommet ce sont ces fameuses bornes.

La descente est sympa, belle propre et dégagée, cependant je me fais légèrement chahuter dans 2 ou 3 virages. Rien de dangereux, j'étais prudent. Sur la fin de la descente, alors que j'étais à plus de 60km/h, des gamins tendaient des bidons ... c'était super sympa de leur part, mais je doute que quelqu'un soit capable de les attraper, surtout en pleine courbe. En revanche, 3 coureurs y ont laissé des lambeaux de chair : je leur souhaite un bon rétablissement.

La montée du col du Glandon a été un long chemin de croix. Mon corps a lâché petit à petit. Mon nez a explosé dès les premiers kilomètres, je me suis retrouvé avec du sang plein les genoux. Ma "fiche de course" récapitulant les pourcentages et distances des différents cols est devenue illisible. Puis mon genoux droit a cédé à 6km du sommet, je me suis retrouvé à pédaler seulement sur la jambe gauche. Ce qui devait arriver arriva, quand on pédale sur une seule jambe dans des pentes à 10%, la jambe restante finit par céder à son tour. Je me suis retrouvé à pieds à 1km du sommet. Etant serré par rapport aux délais, j'ai marché à pieds. Mon unique obsession : monter coûte que coûte. Je sais parfaitement que rester sur place c'est renoncer, quoi qu'il arrive il faut rester en mouvement vers l'avant.

J'ai fini par atteindre le sommet, me suis correctement ravitaillé, et me suis lancé dans la descente. J'étais short sur les délai, mais j'étais encore dans les délais. Du moins par rapport à mon niveau affaibli de ces derniers jours. Malheureusement la descente n'a pas été de tout repos : mes jambes refusaient de tourner et restaient en position d'angle droit entre mon tibia et mon fémur. Dès que je voulais pédaler pour relancer en sortie de virage, je sentais mes tendons se tendre douloureusement. Les premiers mètres de montée de l'Alpe d'Huez ont confirmé la tendance, je ne réussissais pas à pédaler.

J'ai mis fesses à terre peu après le point de contrôle au pied de l'Alpe. Assis dans l'herbe, j'ai attendu le bus balai pour la première fois de ma vie. Cette attente a été terrible psychologiquement : ça fait un an que je me prépare, ça fait 1 an que je me suis fait tous les scenarii possibles allant de la victoire d'étape (on peut toujours rêver, non ?) au décès dans une des descentes (un dixième de seconde d'inattention) ... mais je n'ai jamais imaginé une seule seconde monter dans le bus balai. Je peux vous assurer que je me sentais minable, en pleurs de devoir renoncer. Dégouté de devoir mettre pied à terre sans avoir pu me livrer jusqu'au bout, sans avoir pu montrer de quoi j'étais capable. Dégouté car j'avais largement le niveau pour finir. Dégouté d'avoir été aussi bête, car tout ceci n'est que ma faute.

Je suis monté honteusement dans ce bus. Curieusement, les 26 passagers m'ont applaudi ... ce que je n'ai pas très bien pris. J'aurai tellement donné pour avoir les applaudissement des spectateurs au bord de la ligne d'arrivée, qu'en avoir dans un tel moment ne m'a pas spécialement réconforté. 2h30 après mon abandon, j'arrivais à l'Alpe d'Huez. Un passage auprès du staff médical m'a rassuré : j'ai bien une tendinite mais elle ne s'aggrave pas. Il n'y a pas d'épanchement ni d'inflammation aiguë.

Bilan : je suis éliminé du classement général, j'ai mal y compris quand je suis allongé dans mon lit, et j'ai pris un très gros coup au moral. Le plus important maintenant va être de me soigner convenablement et de trouver les origines de cette tendinite afin qu'elle ne revienne pas me perturber dans le futur.

Consultez les détails de la course sur Strava.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés à la Haute Route.

5 commentaires:

  1. Respect tout de même Florent ! Pour être allé au bout de toi-même - et pour ton blog. Vu le peu d'entrainement ces dernières semaines et les douleurs qui ne disparaissaient pas, tout cela était prévisible !

    Dommage pour cette année mais remets toi d'aplomb et l'année prochaine sera belle et fructueuse. La haute-route 2013 t'offrira de quoi de faire plaisir !

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  2. Merci.

    quoi qu'il arrive, je suis satisfait de ma saison : j'ai énormément appris, et les mois de mars/avril ont suffi à faire le plein de résultats satisfaisants.

    Pour la Haute-Route 2013, je verrai : j'ai pas mal de projets pour 2013, pour le moment je pose toutes mes idées sur un tableau blanc et cet hiver je réfléchirai à ce que j'ai envie de faire. Ca dépendra également du parcours.

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  3. Salut Florent,
    Naturellement, j'aurais tendance à te dire bravo d'être allé au bout de toi-même, dans ton cas j'aurais sûrement tenté coûte que coûte de rallier l'arrivée, mais était-ce bien raisonnable d'aggraver ta blessure ? Il est connu qu'une tendinite nécessite, pour une rémission totale, plusieurs semaines voire mois de repos COMPLET. Certes la haute route constituait ton objectif majeur de la saison, mais il faut parfois savoir se raviser quand les circonstances l'obligent.
    Notre société a une tendance malsaine à magnifier la souffrance liée à la blessure (je ne parle pas de la souffrance "normale" due à l'effort physique), à dire "bravo gars, t'es allé jusque dans tes moindres retranchements, malgré la blessure, tu es fort", pour ensuite casser ces personnes par derrière en disant "regarde, l'abruti, il savait qu'il allait au devant de gros problèmes et qu'il allait aggraver sa blessure". Cette attitude paradoxale (que j'ai comme tout le monde, je ne suis pas meilleur/pire que les autres) nous empêche d'agir sagement. La vraie force de caractère n'est-elle pas justement d'aller à contre-courant de l'idée générale qui veut qu'on se fasse mal pour aller au bout de son physique et se voir critiquer ensuite pour le manque de sagesse, et de laisser son corps guider sa pratique ?
    Sinon je peux te garantir que ça fait très plaisir quand tu dis que nos commentaires d'encouragements te donnent "la pêche", on est derrière toi même dans les moments douloureux !
    Bon rétablissement

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  4. la prochaine fois prepare toi mieux!

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  5. @gautier : effectivement, le fait de vouloir participer "coute que coute" peut sembler idiot, mais c'est un sentiment naturel. On veut quand même essayer, au cas-ou. Il y a une phrase que j'adore et qui dit "ils ne savaient pas que c'était impossible, alors il l'ont fait" : la société à parfois tendance à être trop prudente, et nous incite trop facilement à abandonner. Au moindre signal de danger, on renonce sans même tenter ... pourtant souvent ça passe sans soucis.

    Merci pour tes encouragements.


    @anonyme : il est évident que je vais tirer des enseignements de cette mésaventure, afin de mieux me préparer l'année prochaine.

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