Une semaine après l'arrivée à Nice, il est temps pour moi de dresser le bilan de cette Haute-Route 2012.
Sportif personnel
Comme vous l'avez déjà lu, il s'agit d'un échec dans ma conquête du titre de finisher. Comme je disais en rigolant à ceux que je croisais sur les étapes et qui me connaissaient : l'an dernier j'ai connu la course dans les 100 premiers, cette année je découvre la course dans les 100 derniers. J'ai côtoyé des gens géniaux qui se battaient pour finir dans les délais, et d'autres tout aussi géniaux qui profitaient des paysages jusqu'aux dernières secondes du temps imparti. Je n'étais pas à ma place habituelle. J'y étais encore moins quand je suis monté dans le bus balai. Cette 2ème édition restera donc un échec sportif personnel.
Sportif collectif
Je félicite mes équipiers pour leur réussite individuelle et collective. Stan est 10ème, Bernard est 92ème, Stéphane est 148ème, Florian est 192ème
(mon n° de dossard de l'an dernier !) et Lionel est 311ème
(malgré le vol de son vélo à l'Alpe d'Huez, merci à l'équipe d'organisation pour le prêt d'un vélo de remplacement). Leurs bons résultats nous permettent de finir 9ème équipe au classement général, sur 90. Un immense bravo à eux.
Sportif global
J'ai trouvé que globalement, les coureurs étaient bien mieux préparés que l'an passé. Si l'an dernier, beaucoup venaient pour voir ce qu'était une épreuve d'une semaine, cette année les coureurs venaient pour faire la course. Avec une réelle volonté d'en découdre avec le chronomètre. Moi y compris. Je pense que le niveau était plus relevé dans les premières positions.
Organisation
Les quelques couacs des premiers jours ont été rétablis petit à petit. Il y a eu quelques sacs oubliés à Genève le premier jour
(et encore, c'est la faute des coureurs qui ne les ont pas mis dans l'espace dédié au transport), des repas trop légers à l'arrivée des 2 premières étapes, et des ravitaillements bordéliques le premier jour. Au fil des jours, les différents points ont été améliorés. J'ai beaucoup moins sollicité l'équipe de l'organisation que l'an passé, puisque j'étais déjà habitué et que j'avais déjà mes repères, mais il m'a semblé que l'équipe était toujours aussi disponible pour répondre aux questions des coureurs. Il y a encore des choses à améliorer pour le futur, mais globalement l'organisation est bonne.
Sécurité
Ce point est nickel, comme l'an passé. Je ne pe suis jamais senti en danger sur les routes. Les carrefours étaient très bien gardés, la police et les gendarmes sécurisaient les endroits stratégiques. Le briefing sécurité présentant les points dangereux
(travaux, virages qui se referment, ...) est un vrai bonus, complété par un fléchage de qualité. Enfin, en bonus, l'organisation distribuait une lampe arrière dont l'usage était obligatoire dans les tunnels du col du Lautaret.
Sur l'aspect sécurité, les organisateurs de la Time Megève Mont-Blanc devraient venir prendre des notes ...
Motards
L'an dernier je leur aurai donné 22/20 tant ils avaient été extraordinaires. Cette année je mettrai un 4/20 tant la majorité d'entre eux m'a semblé inefficace. Je connais un bon nombre de personnes qui ont eu des accroches verbales avec certains motards, j'en ai moi-même engueullé un. Les 4 points donnés le sont pour la quantité et car leur présence est toujours bonne à prendre. Cependant j'avais plus l'impression qu'ils étaient là pour s'amuser et rouler entre eux, et non pas pour sécuriser une course cycliste. Y compris quand j'étais en voiture, certains motards se comportaient comme des cowboys de la route ... il y en a un qui nous a fait des signes étranges dans la descente du Lautaret, mais je n'ai pas réussi à déterminer s'il guidait un avion ou s'il dansait sur YMCA ...
Ecologique
C'est une des épreuves les plus propres auxquelles j'ai participé cette année. J'ai vu très très peu de déchets au sol, c'était nickel. Certes il n'y avait "que" 600 participants, mais je connais des courses FFC / Ufolep qui avec seulement 100 participants laissent bien plus de détritus derrière elle. La sacoche à déchets donnée par l'organisation était un petit plus appréciable, mais je pense qu'elle n'a servi à rien : je n'ai pas vu un seul coureur l'utiliser.
Parcours
Je pense qu'il était un poil trop dur par rapport au niveau global des participants. Certes il y a eu beaucoup de finishers au final
(environ 2/3 des participants), mais c'est grâce à un repêchage très important sur la première des étapes reines. Si pour les premiers le parcours n'avait rien de sorcier et s'ils ont avalé les étapes sans broncher, je pense que par rapport à la majorité des participants, non professionnels, on était à la limite de ce qu'on pouvait leur demander d'accomplir. Faire plus dur risquerait, à mon avis, d'inciter au dopage
(léger) ...
Le parcours était superbement tracé, et les paysages traversés étaient extraordinaires.
Humain personnel
Ca a été une très belle aventure, marquée par une multitude de rencontres enrichissantes. Je ne citerai pas de nom, d'une part car il y en a trop et d'autre part parce que j'aurai trop peur d'en oublier un ou deux. J'ai vraiment été marqué par les dizaines de personnes qui défilaient pour me parler de mon blog et/ou de mon compte twitter, par les participants de l'an passé que j'ai retrouvé, par mes équipiers et leur famille / amis, ...
Cette aventure m'a fait réfléchir sur un certain nombre de choses du point de vue de mon attitude personnelle, m'a ouvert les yeux sur certaines choses. Je ne regrette absolument pas ma participation, malgré la déception de l'échec.
Humain global
J'ai trouvé que l'ambiance était super derrière, et moins bonne devant. J'ai trouvé les cyclistes plus fermés que l'an passé. Je garde en mémoire un fait qui m'a marqué : j'étais à un poste de ravitaillement en train de distribuer à boire et à remplir les bidons des coureurs. C'est un job où il faut aller vite, très vite : on a les 2 mains occupées en permanence et on optimise chaque geste pour ne pas perdre de temps. Les coureurs arrivent vite et sont pressés. Je faisais mon max quand un français qui arrivait aux alentours de la 100ème place s'est mis à hurler pour m'insulter : je n'allais pas assez vite à son gout. Il voulait à la fois un verre de coca et que je lui remplisse ses 2 bidons. Je ne pouvais pas tout faire, je m'occupais déjà d'un autre coureur. Il a hurlé de tout ses poumons, avant que je lui dise en souriant qu'il avait 2 mains et que s'il était pressé il pouvait se servir lui-même son verre de coca car la bouteille était en libre service. Cette scène, je ne l'aurai jamais vécue l'an dernier.
Je pense que la difficulté du parcours incitait plus à la concentration et moins à la rigolade. De même, le meilleur niveau global prouve que les participants étaient mieux préparés et venaient là dans l'optique de la perf et non pas de la découverte. Derrière, parmi les gens qui souffraient à la limite des délais, les encouragements entre coureurs étaient bien plus nombreux. Pour moi, le vrai esprit de la Haute-Route était derrière, loin de ceux jouant des classements.
Hébergement
Je me suis débrouillé avec mes équipiers par nos propres moyens, je ne peux pas vous parler des packs hébergement proposés par 'organisation. J'ai entendu les 2 avis sur le sujet, des gens satisfaits et d'autres beaucoup moins. Pour ma part, la formule autonome était certes plus onéreuse que les packs proposés, mais j'ai pu dormir dans des hôtels très confortables toute la semaine, ce qui est un plus non négligeable.
Suggestions d'amélioration
Les briefing sont bien trop longs, il faudrait en faire 2 d'un quart d'heure dans chaque langue plutôt qu'un d'une demi-heure dans les 2 langues. On pourrait envisager un briefing en anglais de 18h à 18h15 et un briefing en français de 18h20 à 18h35.
D'autre part, il faut plus de masseurs : ceux qui arrivent en dernier, qui ont les muscles les plus durs et les plus fatigués car l'étape a été plus longue, ne peuvent bénéficier de massages. Quand ils arrivent, le planning des massages est déjà complet, ce qui est particulièrement frustrant. Si certains coureurs doutent de l'efficacité des massages, je peux pour ma part assurer qu'il jouent un rôle certain au niveau de la récupération. Les coureurs qui arrivent en dernier bénéficient de moins de temps de récupération que les premiers, et en plus ce sont ceux qui sont le moins aidé pour récupérer ...
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