Pages

mardi 24 avril 2018

Liège-Bastogne-Liège, la dernière ardennaise

Ce samedi, j’ai participé à la 3ème ardennaise : Liège-Bastogne-Liège. La doyenne des classiques. La plus dure selon moi, toutes classiques confondues (flandriennes, ardennaises, italiennes et autres). J’avais déjà participé à cette épreuve il y a 4 ans, je savais donc plus ou moins à quoi m’attendre même si le parcours a été légèrement modifié. Je savais que c’est un gros morceau à aborder avec humilité.


Il y a 4 ans, j’avais logé au centre de Liège. Je n’avais pas beaucoup dormi, il y avait eu énormément de bruit toute la nuit puisque l’hôtel était situé dans le quartier festif de la ville. Cette fois, j’ai dormi un peu plus à l’écart de Liège, ce qui m’a permis de mieux me reposer. Vers 5h du matin, l’hôtel rempli de cyclistes est doucement sorti de sa torpeur. Le soleil n’était pas encore levé mais des dizaines de cyclistes se préparaient déjà en silence pour une longue journée de vélo. J’ai anticipé les bouchons cette semaine et n’ai pas eu de soucis pour me garer sur un emplacement autorisé, prévu par l'organisation. A 6h15, alors que les parkings officiels étaient à moitié remplis, des dizaines de voitures se garaient comme des sauvages en vrac.

J’ai récupéré une plaque de cadre et un dossard. Habituellement, sur les épreuves de ce type on nous attribue un numéro de dossard à l’avance (quand on est pré-inscrit). Certaines épreuves en profitent pour personnaliser le dossard et/ou la plaque de cadre avec le nom du participant. Ici, les numéros de dossards étaient attribués au fur et à mesure des arrivées : avec le ticket justifiant de la pré-inscription et du paiement, ils nous donnaient la première plaque de cadre et dossard qu’ils avaient sous la main. Le système offre des avantages comme le fait de ne pas avoir de file pleine pour récupérer un dossard entre 4000 et 4500 quand les files des autres séries de dossards sont vides, mais il ne permet pas de personnalisation. Il m’aura fallu une dizaine de minutes pour récupérer mon kit. Retour à la voiture, mise en place du dossard et de la plaque sur le guidon et me voilà en route vers la ligne de départ.


Les premiers kilomètres pour sortir de Liège étaient sécurisés par des signaleurs. Randonnée oblige, les signaleurs nous faisaient respecter les feux rouges. Dans le flot des cyclistes coupés par les feux rouges, qui se suivent en gros paquets, les cyclistes de tête ont une obligation de vigilance puisqu’ils guident le troupeau et que tout le reste les suit sans réfléchir. A un rond-point, ceux en tête de mon groupe se sont trompés de direction. Ils ont voulu revenir sur le parcours "normal" en remontant à contre-sens la voie rapide du quai le long de la Meuse. Prendre une deux-voies à 70km/h à contre-sens, c’était du suicide pur ! Les klaxons d’un camion lancé à pleine vitesse et les panneaux sens-interdit vus en levant la tête en arrivant sur le quai m’ont incité à ne pas suivre les meneurs du troupeau. Le cyclisme est un sport qui nécessite de lever la tête du guidon. Personne n’a été blessé mais ça a été chaud ! On a fait le tour du carré de maisons et repris le parcours prévu.


A la sortie de Liège, au kilomètre zéro des professionnels, commence la longue montée vers Chaudfontaine. Pour nous français cette ville n’est pas connue, mais pour les belges c’est une ville d’eau réputée. C'est l'équivalent belge de Vittel, que de nombreux français associent à de l'eau en bouteille mais ne savent pas forcément placer sur une carte. Dans l’ascension, j’ai remonté au train le long cordon de cyclistes. Quand on ne connaît pas cette ascension, elle surprend car elle est assez longue. J’ai géré l’ascension au train sans me soucier des gens plus lents ou plus rapides que moi. 275 kilomètres c’est long, celui qui se met dans le rouge au départ le paye plus tard. Au sommet, j’ai pris les roues d’un groupe qui roulait à bonne allure, ni trop rapide ni trop lent. Un long plateau puis faux-plat descendant nous a mené à Remouchamps, célèbre pour sa fameuse côte de La Redoute, que j’aurais à affronter dans 200 kilomètres. Pour ceux participants au plus petit des parcours, c’était ici que le retour vers le départ débutait.


Les jambes tournant bien et la météo étant idéale, j’ai poursuivi sur le grand parcours. De toute façon, même s'il en avait été autrement, j'aurai poursuivi sur le grand parcours. J'étais ici pour enchaîner les 3 ardennaises et je ne comptais pas me défiler. L’ascension entre Awaylle et Chabrehez était longue et roulante. Au total, bien qu'il y ait le ravitaillement au milieu et une légère redescente sur 1 kilomètre, ça représente 32 kilomètres d'ascension à 1,6% de pente moyenne. Dont 20 kilomètres consécutifs à 2% de moyenne, ce n'est pas difficile en soi mais c'est usant. J’ai procédé comme dans l’ascension vers Chaudfontaine en me mettant à mon rythme sans me préoccuper des autres participants. Cette ascension est vraiment belle et typique des ardennes belges : on traverse de petits villages paisibles via une route qui grimpe au milieu de prairies. Cette campagne baignée par le soleil matinal est vraiment splendide et mérite qu'on se lève tôt pour l'admirer. Mais elle est exigeante physiquement, l'ascension semble ne jamais se terminer.


Un petit peu avant le 80ème kilomètre, soit à 200 kilomètres de l'arrivée, la première des ascensions répertoriées se présentait enfin. Au pied, j'avais déjà 1150 mètres de dénivelé cumulé depuis le départ. Cette côte de Bonnerue, nouvellement ajoutée dans le parcours, se grimpait plutôt bien. J'ai fait la grimpée en compagnie de deux flamands et de deux irlandais. Depuis le départ, je voyais des coureurs portant une tenue intégralement rouge-blanc-vert. Des liserés sur les manches, des chaussettes, des gants et l'ensemble de la tenue utilisaient uniquement ces 3 couleurs. Ils étaient vraiment nombreux, je les avais vus se regrouper au départ pendant que je récupérais mon dossard. J'avais associé ces 3 couleurs au drapeau italien, mais ils ne parlaient pas en italien entre eux ce que je trouvais étrange. Il m'aura fallu 80 kilomètres avant de me rendre compte qu'ils parlaient en anglais et que ça correspondait aux couleurs du drapeau irlandais.


Au 96ème kilomètre, après d'interminables faux-plat montants permettant de dépasser les 2000 mètres de dénivelé depuis le départ, on est arrivé dans Bastogne. L'entrée par le nord-ouest est assez étrange : des vestiges militaires le long de la route rappellent le passé belliqueux de la région. Un passé lointain au vu de mes 31 ans, mais un passé récent à l'échelle de l'humanité. Bastogne est proche de la frontière française et de la frontière allemande, la ville comporte encore une caserne militaire importante devant laquelle on passe juste avant le ravitaillement. Avec 180 kilomètres restants à parcourir, aucun ravitaillement n'est à négliger. On peut avoir la meilleure préparation du monde, une fringale peut toucher n'importe quel cycliste qui ne s'alimente pas, que ce cycliste soit triple champion du monde ou simple randonneur.

Bastogne marque la pointe sud du parcours. On fait presque demi-tour et on remonte vers le nord. Vers Liège. Le parcours change alors de physionomie : l'aller comporte essentiellement de longues ascensions roulantes et quelques descentes roulantes elles aussi. Le retour se fait sur des routes en dents de scie, avec des pentes nettement plus prononcées et des vallées entre les côtes qui permettent de récupérer.


En partant du ravitaillement, j'ai aperçu un petit groupe deux cent mètres devant moi. J'ai rapidement constaté que le vent soufflait de face pour le retour, j'ai donc décidé de faire l'effort seul pour rentrer et m'abriter dans les roues. Je n'avais pas ménagé mes efforts à l'aller, roulant toujours au train sans me mettre dans le rouge mais n'hésitant pas à rouler en tête de groupe pour autant. Je n'étais pas venu pour me planquer dans les roues et attendre les difficultés. Mais face au vent et avec beaucoup de kilomètres restants, il était plus prudent de rouler groupé et de me contenter de quelques relais de temps en temps. J'ai retrouvé deux français, deux parisiens, avec qui j'ai discuté jusqu'à ce que l'enchaînement des difficultés et nos différences de niveau nous séparent.


La côte Saint-Roch à Houffalize s'est rappelée à mon bon souvenir. Elle commence par 450m à 15%, un passage à 20% brule les jambes quelques secondes supplémentaires, puis la pente s'adoucit. Sur ce genre de pente, à mon niveau, on ne gère pas grand chose mais on fait ce qu'on peut. Il n'y a plus de groupe ni d'entraide, c'est du chacun pour soi et de l'acide lactique pour tous. Au sommet, un petit groupe s'est formé. J'étais un peu derrière, je discutais avec l'un des français, j'ai du faire un effort très violent pour rentrer. Un effort que j'ai payé un peu plus loin, dans la bosse suivante, quand le groupe a mis les gaz à fond alors que je venais juste de rentrer après plusieurs minutes de poursuite très violentes. J'ai levé le pied et ai poursuivi ma route seul. Un petit groupe s'est reconstitué, on a pris des relais face au vent, chacun passant selon ses envies pour faire avancer le groupe. Bon, évidemment, comme dans les cyclosportives françaises, nous étions juste 3 ou 4 à nous relayer en tête avec 15 personnes qui profitaient de notre travail sans même dire un merci en nous laissant sur place dans la bosse suivante.


Après un troisième ravitaillement, j'ai attaqué la nouvelle trilogie "mont le Soie + côte de Pont + côte de Bellevaux". Cette trilogie ressemble beaucoup à l'ancienne trilogie "Wanne + Stockeu + Haute levée", avec une première ascension longue et usante mais sans gros pourcentage, une deuxième ascension courte mais très raide puis une troisième ascension modérément raide et modérément longue. Cette nouvelle trilogie est un peu plus facile que l'ancienne, notamment car il y a de courtes portions de récupération entre ces ascensions alors que dans l'ancienne trilogie la fin de la descente de l'une marquait le début de l'ascension de la suivante.


J'ai fait un arrêt un peu plus long au quatrième ravitaillement. Il me fallait recharger les bidons, qui étaient vides à présent. La société Etixx, partenaire de l'épreuve, proposait un sirop de couleur rose pâle. Je pensais que c'était un goût framboise ... j'ai failli tomber de ma selle quand, quelques kilomètres plus loin, à la première gorgée je me suis rendu compte que c'était au goût "concombre". Mais qui a eu l'idée un jour de créer une boisson au goût de concombre ? Et surtout, qui a eu l'idée de mettre un colorant rose framboise pour cette boisson ? Au ravitaillement suivant, j'ai changé de parfum et ai pris la boisson de couleur orange, pensant que le goût correspondrait à celle du fruit. J'ai de nouveau failli tomber à la renverse et ai fini par vider mon bidon dans le caniveau : le gout était un mélange de fruit de la passion et de mangue ou de papaye. Un goût absolument pas à ma convenance. Une catastrophe pour mon palais. Heureusement que je ne remplis toujours qu'un seul bidon de boisson énergétique et conserve toujours un bidon d'eau sans ajout. La prudence aurait voulu que je goute la boisson avant de remplir mon bidon, voilà une leçon à retenir pour le futur.


Après le troisième ravitaillement et avant que je ne découvre ces saveurs étranges dans mes bidons, j'ai eu à affronter la côte de la Ferme Libert. C'est la côte la plus difficile que je n'ai jamais grimpé. Plus dure encore que le mur de Huy. Bon sang que c'est raide. Bon sang que c'est interminable. Bon sang que c'est raide ET interminable. J'ai zigzagué dans la pente qui ne semblait jamais finir. A chaque virage j'espérais que le calvaire allait s'arrêter mais une fois le virage passé je découvrais que la pente restait aussi raide. Quand enfin j'ai cru que c'était fini, la pente marquant une rupture, en arrivant à cette rupture j'ai découvert que le répit serait de courte durée : à peine une trentaine de mètres à plat avant d'attaquer le mur final à 20%. La pente maximale y est moins raide qu'au mur de Huy, mais elle reste tellement plus longtemps autour des 20% que s'en est abominable.


Enchainée directement après la trilogie "mont le Soie + côte de Pont + côte de Bellevaux" par les professionnels sans pause ravitaillement, ça doit être terrible pour eux. Et il reste encore 90 kilomètres à parcourir avant l'arrivée. J'ai récupéré dans la descente afin d'aborder avec de l'énergie les ascensions bordant le circuit automobile de Spa-Francorchamps. Un circuit célèbre pour ses compétitions automobiles mais aussi connu des cyclistes pour son cyclocross, l'une des rares épreuves belges de haut niveau organisée en Wallonie, la majorité des épreuves belges étant en Flandres. Il y avait beaucoup de circulation autour du circuit, notamment avec des véhicules de grosse cylindrée qui sortaient du circuit après avoir roulé pied au plancher et qui ne vivaient pas très bien le fait de se retrouver coincé à 20km/h derrière des grappes de cyclistes. Heureusement, ça n'a pas duré longtemps, on a vite tourné pour prendre des routes plus calmes.


Dans cette portion autour du circuit de Spa-Francorchamps puis celle menant au col du rosier, j'ai rencontré deux autres français venant de Normandie. Une belle portion à travers champs nous permet d'atteindre le pied du col du rosier. Cette ascension est assez longue et se fait dans les bois. La route n'est pas très pentue, environ 6% en moyenne sans passage raide, mais après 200 kilomètres d'efforts la montée fait mal aux jambes. C'était la 17ème fois que j'atteignais les 200 kilomètres en 13 ans, dont 14 fois au cours des 5 dernières années. J'ai géré l'ascension sans m'enflammer, au train comme je sais si bien le faire. De toute façon, les forces commençaient à me manquer et mon corps était en train de rentrer de lui-même en mode "économie d'énergie".


La longue et belle descente m'a permis de me ravitailler avant l'ascension du col du maquisard. Une ascension que je ne connaissais pas mais qui a été une belle découverte du point de vue du paysage : la route serpente dans les prairies, quelques fermes bordent la route. C'est beau. Mais c'est dur physiquement. J'ai un gros coup de mou qui a commencé dans l'ascension. Arrivé au sommet, on débouche sur un long plateau balayé par le vent, un vent de face ce samedi. Etant seul sans groupe devant ni derrière, j'y ai laissé une énergie précieuse.


J'ai fini par atteindre Remouchamps. Deuxième passage dans cette ville, 200 kilomètres après le premier passage. J'étais vidé de mes forces et j'avais face à moi la côte de La Redoute. De nombreux cyclistes étaient assis ou allongés au bord de la route, le visage blanc, épuisés. Je n'ai pas voulu m'arrêter, surtout pas au pied d'une telle difficulté. Quand on est fatigué, qu'on laisse descendre le coeur et que dès la reprise on lui demande de se mettre à fond pour passer les pentes à 20% d'une telle ascension, le corps ne réagit pas bien. Ils étaient surement plus mal en point que moi et ne devaient pas envisager d'autre solution que de s'arrêter. Cette côte de La Redoute a été mon chemin de croix. Ma pénitence. Mon calvaire. J'ai zigzagué dans la pente, sans force. Je ne me souvenais pas qu'elle était aussi longue ni aussi dure. Le drapeau des camping-cars au pied me montrait clairement que le vent était de face, j'étais au bord des crampes. L'ascension m'a semblé interminable. Physiquement et psychologiquement. J'ai cru arriver en haut une première fois mais non, un nouveau mur à plus de 15% se dressait devant moi. J'ai cru arriver en haut une deuxième fois, mais encore une fois un mur s'est dressé devant mes roues. J'ai vu autant de cyclistes monter à pieds que de cyclistes sur leur vélo, j'ai hésité à finir l'ascension à pieds mais j'ai refusé de me laisser aller à une telle idée. Psychologiquement, voir tous les autres renoncer autour de soi incite à renoncer soi-même. Mais je ne suis pas du genre à baisser les bras. Surtout pas si près du but.



Le sommet a fini par arriver. Le vent de face et la vitesse dans la descente ont séché les larmes de souffrance et de fatigue qui coulaient sur mes joues. Des larmes d'émotion aussi, car j'avais décidé quelques jours plus tôt que cette grande classique serait ma dernière. Je vous rassure, ce ne sera pas ma dernière longue distance. J'ai d'autres beaux projets pour le futur, toujours à vélo et dès cet été, mais les longues classiques sont probablement terminées pour moi. Et c'est dans cette interminable ascension de La Redoute que je m'en suis pleinement rendu compte. Ca m'a d'autant plus motivé à ne pas poser pied à terre. Je savais que si je le faisais, je le regretterais car je ne reviendrai probablement jamais pour laver cet affront.



Le dernier ravitaillement, à Sprimont, m'a permis de me refaire une santé. Il restait une difficulté majeure, la roche-aux-faucons, puis deux difficultés mineures : Saint-Nicolas et Ans. Ensuite, ce ne serait que du bonheur. Ou presque. La circulation s'est densifiée en approchant de Liège. Jusqu'à la côte de La Redoute, nous étions sur des routes relativement calmes. Pas forcément des routes étroites, même les grandes routes nationales qu'on empruntait étaient relativement désertes. Au delà de la redoute, toutes les routes même les plus petites ont eu de plus en plus de circulation automobile. C'est devenu nettement moins agréable.


Je me suis fait violence dans la côte de la Roche aux Faucons. Cette ascension est difficile, raide, mais je savais qu'une fois en haut le plus dur serait passé. La barre des 4000 mètres de dénivelé aussi. J'ai souffert, j'ai zigzagué, j'ai encore vu beaucoup de cyclistes à pieds. Mais j'ai tenu bon et j'ai pu plonger dans la descente menant vers la deuxième partie de l'ascension, plus longue mais moins raide, que j'ai passé aussi souplement que j'ai pu. Au bout de 250 kilomètres, distance que je dépassais pour la 5ème fois de ma vie, mon corps n'est plus vraiment capable de souplesse. Il n'est plus vraiment capable de passer en force non plus. Il est juste capable de faire ce qu'il peut, un mélange de souplesse et de force pas vraiment calculé.


La transition jusqu'au pied de la côte de Saint-Nicolas m'a semblé interminable. On traverse les faubourgs de Liège, ce n'est ni esthétique ni pratique. Il y a de la circulation, beaucoup d'intersections, des trous dans le goudron et d'autres fourberies qui nécessitent une grande vigilance. Pour moi, c'est vraiment le point noir de cette belle épreuve. J'ai rassemblé les dernières forces qu'il me restait pour grimper cette célèbre côte, la dernière répertoriée au road-book. J'ai même trouvé la force pour passer le gros plateau, pour le symbole, dans les derniers mètres.

La descente en direction de la côte d'Ans n'est pas agréable. On enchaîne les secteurs pavés en ville, les feux rouges, d'autres feux-rouges et encore des feux rouges. On évite les voitures, les voitures nous évitent. Je ne sais pas si c'est bien sur route fermée, mais quand la route est ouverte à la circulation ce n'est pas agréable. Comme l'arrivée semble proche, on oublie.



L'ascension vers Ans est une véritable ascension, qui brule les jambes. Avec plus de 265 kilomètres au compteur et 4300 mètres de dénivelé, la pente qui varie entre 6 et 8% fait mal. Quand vous regardez la course des professionnels, sagement assis dans votre canapé, que vous vous demanderez pourquoi chaque année certains craquent dans cette ascension alors que les commentateurs vous disent que c'est "un simple faux-plat montant", venez vérifier par vous-même ce que ça fait physiquement que de grimper cette ascension non répertoriée. Vous ne crierez plus jamais à votre idole d'attaquer à cet endroit.


En haut de cette ultime difficulté, là où les professionnels terminent leur parcours, un panneau nous annonçait qu'il nous restait encore 8,5 kilomètres pour retourner au lieu de départ. 8,5 kilomètres dans les faubourgs de Liège, toujours avec de la circulation. Mais 8,5 kilomètres sans réelle difficulté physique. La ligne d'arrivée finit par arriver, on récupère notre médaille et on peut enfin ranger le vélo dans la voiture en se disant "je l'ai fait !". Je me suis même dit "je l'ai triplement fait !", mon enchaînement des trois ardennaises étant une réussite. Ca a été dur physiquement, mais je suis content de l'avoir fait.

Consultez mes données.

2 commentaires:

  1. Salut. Ayant fait le même défi que toi (le 274km de LBL 2018) j'ai vraiment apprécié ton article riche en informations et détails. Moi aussi j'ai cru que l'équipe tricolore de laquelle tu parles ici était des italiens et effectivement j'étais choqué de leurs impeccable niveau d'anglais. Je me suis senti absollument nul dans cette langue que je croyais si proche mais de laquelle je ne pideais pas grande chose quand ces pseudos italiens parlaient entre eux.
    Merci pour transmettre aux autres tes sensations, calvaires et victoires.
    Au plaisir de croiser nos roues.
    AR (sur strava)

    RépondreSupprimer
  2. Cela a l'air terriblement difficile. En plus de la distance, déjà terrible, s'ajoutent les pourcentages de dingues de ces nombreuses côtes. C'est déjà très beau d'être allé au bout sans avoir posé pied à terre. Il est vrai qu'en regardant la course à la télé, on est loin d'imaginer les difficultés auxquelles les coureurs sont confrontés !

    RépondreSupprimer