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vendredi 17 décembre 2010

Sport et politique

Mercredi, en parcourant l'actualité sportive, je suis tombé sur un article du journal l'équipe (pardon pour mes lectures) intitulé "Blatter se met les gays à dos" (pardon pour parler de football). Pour ceux qui ne vont pas lire l'article complet (sisi, j'en vois certains au dernier rang qui ne l'ont pas lu !) : des associations reprochent à la FIFA d'organiser la coupe du monde dans un pays homophobe. C'est la lecture de cet article de presse qui m'a donné l'idée pour mon sujet du jour.


Je note que depuis une quinzaine d'années, il y a systématiquement des groupes qui manifestent contre les pays organisant les évènements sportifs majeurs :
- les JO de Pékin en 2008 ont mis en lumière le bafouement des droits de l'homme en Chine et l'annexion sauvage du Tibet
- les JO de Sotchi 2014 sont contestés pour la guerre en Tchétchénie
- les JO (2016) et la coupe du monde de foot (2014) du Brésil pointent du doigt la déforestation et la mauvaise gestion de la forêt amazonienne
- la coupe du monde de foot 2002 en Asie a montré l'isolement et la dictature de la Corée du Nord
- la coupe du monde de foot 2022 montre le non-droit à l'homosexualité dans les pays Islamiques

On reproche systématiquement aux instances sportives, notamment au CIO (gérant les JO) et à la FIFA (gérant la coupe du monde de football) de choisir des pays dont la déontologie n'est pas parfaite. Mais quel est le rôle de ces instances ? Est-ce de diffuser la pratique du sport au plus grand nombre, ou est-ce de régler l'ensemble des problèmes politiques du monde ? Le rôle de la FIFA est de rendre le football populaire dans le plus de pays possible, certes pour en tirer des bénéfices (là n'est pas le débat), mais avant tout pour faire en sorte que tous les peuples du monde puissent assister au spectacle. Pourquoi le CIO devrait-il refuser à la Chine d'organiser une compétition majeure, alors que son peuple représente 1/6ème de la population ?

Quand on remonte l'histoire, on se rend compte que le sport a toujours été instrumentalisé par la politique :
- dans les années 30, l'Allemagne Nazie et l'Italie fasciste dominaient le sport afin de montrer leur grandeur et le bienfait du modèle de leur société
- pendant toute la guerre froide, les USA et l'URSS s'opposaient violement, tout comme la RFA et la RDA, afin que l'idéologie qu'ils représentaient respectivement puisse prendre un ascendant psychologique sur l'autre
- les JO antiques ont été créés pour faire une trêve dans les guerres entre les villes, mais c'était des militaires qui s'y affrontaient pour montrer la force physique de la cité qu'ils représentaient

Selon moi, le sport doit s'occuper du sport, et la politique doit s'occuper de la politique. Demander aux instances sportives de ne pas tenir de compétition dans certains pays, certes pour des motifs intéressants, n'est pas normal : c'est aux politiciens de s'occuper de ces questions de société, pas au sport ! Finalement, ce que montre le plus ces évènements sportifs, c'est l'incapacité des politiciens de faire bouger les choses dans leur domaine ... si les politiciens effectuaient leur travail politique, le sport pourrait s'occuper de débattre sur le bien fondé sportif de l'emplacement de la compétition, au lieu d'être attaqué sur le bien fondé déontologique de l'emplacement retenu.


PS : je passe sous silence le fait que certains choix aient été faits via le versement de pots de vins. Ca avait fait scandale lors de l'attribution des JO de 2002 à Salt Lake City, et je doute que le choix du Qatar représente une réelle volonté de popularisation du football au moyen orient. Le but de mon article n'était pas de parler du système corrompu d'attribution mais de dire que le sport doit s'en tenir au sport, et que c'est à la politique de s'occuper de la politique.

2 commentaires:

  1. Je te rejoins, et j'ajoute même la remarque suivante: quel pays dans le monde peut s'estimer déontologiquement irréprochable, et surtout sous quels critères?

    Même les pays réputés démocrates on de sales affaires. On pourra reprocher aux américains Guantanamo, leur politique étrangère vis-à-vis de l'Irak, etc... à la France les conditions des détenus ou les expulsions de Rom's... on va pas se faire toute la liste, ça serait trop long

    De plus, qui décrète que le football doit être associé à la culture démocrate occidentale? c'est un sport qui s'est largement mondialisé et qui n'appartient plus seulement aux nations historiques (et ça arrange bien les supporters quand ils veulent le meilleur club du monde). Certes, plusieurs valeurs des pays de l'Islam ne correspondent pas à nos propres valeurs, mais a-t-on la légitimité de juger ces valeurs qu'ils pensent être les bonnes? Si on le fait, on tombe dans un jugement subjectif.

    Le danger: ne pas tolérer ces écarts de valeurs alors même qu'eux ne tolèreraient pas les nôtres (chez eux, être gay c'est mal. Serait-on content qu'ils essaient de nous imposer leur vision?). C'est la porte ouverte à l'intolérance et à la guerre.

    C'est une question qui me fascine car pour certains cas elle pose vraiment problème: les gays, les femmes, etc... Peut-on décemment tolérer leur traitement dans certains pays? et pourtant, si on le dénonce, est-ce qu'on ne tombe pas dans l'idéologisme? Il y a de quoi se payer de bonnes prises de têtes à essayer d'y répondre :)

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  2. Bon article amenant à penser !
    Le tout est de savoir quelles valeurs nous associons au sport et surtout comment le sport va-t-il être utilisé par les politiques mais aussi les joueurs pour relayer un message, une idéologie ou quelque message politique que ce soit ?
    Pour moi il y a plusieurs niveaux de décryptage de chaque évènement sportif, le tout est de savoir à quel niveau on veut se situer...
    Je suis aussi tout à fait d'accord avec toi, le sport doit rester le sport et la politique ne devrait pas avoir le droit de citer dans ce domaine !

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