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lundi 2 juillet 2012

La Vaujany master : 216ème

Hier j'ai participé à ma première cyclosportive de haute-montagne de la saison : La Vaujany master. Un parcours de 174km pour 3800m de dénivelé. Dans le sas de départ, j'ai retrouvé Stan Richard (un des français avec qui j'étais sur le Tour de Sardaigne) et Nicolas Raybaud (mon compagnon de chambrée sur la Haute-Route 2011). Grâce à un dossard prioritaire, j'ai pu prendre le départ dans les premières positions ce qui est un avantage indéniable quand il y a 1500 coureurs au départ.

L'épreuve commence par 22km de descente de la vallée de la Romanche : j'ai veillé à me maintenir dans les 50/60 premières positions du peloton afin d'éviter tout risque de chute et de ne pas avoir à faire d'efforts pour remonter me placer quand la montée arrivera. Avec le vent de face, les attaques étaient rares et les fuyards ne restaient pas longtemps devant. Le peloton n'était pas nerveux, ça ne frottait pas, c'était propre. Plus on descendait, plus le ciel s'assombrissait.

La montée de l'Alpe du Grand Serre a été attaquée au train : je me suis maintenu dans le peloton de tête, fort d'une cinquantaine d'unités, avant de lever le pied et de laisser filer les cadors. La montée fait 14km à 7%. Je me suis fait doubler par quelques grappes de coureurs. J'accrochais les roues des différents groupes pendant quelques kilomètres, avant de lâcher prise et de me remettre à mon train en attendant le groupe suivant. Une première averse a fait irruption pendant la montée, puis le brouillard s'est installé. On ne voyait pas à plus de 15m par moments.

Le début de la descente, dans le brouillard et sans visibilité, a été extra : il fallait descendre un peu en aveugle, sentir les courbes ... et ça, j'adore ! Le groupe s'est scindé en 2, entre ceux qui "sentaient" la descente et ceux qui ont préféré jouer la carte de la prudence. Après 2 ou 3km de descente, on est passé sous la couche de brouillard et la visibilité est revenue. Le groupe s'est reformé, nous avions un autre groupe une centaine de mètres devant donc j'ai pris des relais très appuyés pour leur revenir dessus. Seul un hollandais participait à la chasse. On a fini par rentrer ... les dernièrs mètres ont été bouchés grâce à des coureurs qui ont flingué alors que je venais de prendre un gros relais. Ayant lâché quelques mètres, étant à bout de souffle, je me suis fait ramener par Alexandre Justin.

Le groupe est resté relativement uni jusqu'aux derniers kilomètres du col d'Ornon : quelques coureurs se sont échappés (j'en ai fait partie avant de me faire reprendre), d'autres ont lâché prise, mais globalement le groupe est resté homogène. Bon, comme toujours sur les cyclosportives, sur un groupe de 20 il n'y avait que 5/6 coureurs qui assuraient le tempo. J'ai discuté un bon moment avec Pascal Stotz, à qui j'ai confié ne pas me sentir bien : je n'avais pas de jambes, et le coeur ne répondait pas très bien. Lui en revanche était bien, il s'est échappé et le groupe ne l'a jamais revu.

A 4km du col d'Ornon, le groupe a filé : jusqu'à présent il s'agissait d'un bon faux-plat montant qui ne me posais pas de soucis, mais dès que la pente s'est cabrée je me suis retrouvé scotché. J'étais incapable de suivre le groupe sans me mettre dans le rouge, alors que l'allure ne me semblait pas si soutenue que ça. Je me suis fait rattraper par 3 ou 4 coureurs en 4km, j'ai donc bien limité la casse. Au col, je me suis arrêté pour remplir mes bidons et jeter mes emballages de barres / gels.

La descente a été rapide et propre. Hormis un virage à mi-pente, elle ne présente pas de danger particulier. J'ai repris quelques coureurs, et me suis fait rattraper par un groupe de 8 allemands (ou hollandais) portant tous la même tenue. Je suis resté avec eux sur la fin de la descente, et tout le long de la vallée menant au pied de la montée de Villard-Reculas. J'ai participé aux relais car tout le groupe y participait et que ça tournait bien. Ils avaient un coureur très massif, je me suis demandé comment il pouvait monter des cols avec une telle carrure ... mais sur le plat, c'était une véritable brute. Ses relais étaient impressionnants.

La montée sur Villard Reculas m'a fait mal, très mal. J'y ai craqué alors qu'il me restait pas loin de 80km à faire. J'ai hésité à faire demi-tour pour me rabattre sur le petit parcours, mais je me suis dit que sur la Haute-Route il n'y aura pas de petit parcours donc que je me devais de continuer. Je me suis pris de nouvelles averses sur le casque, je me suis de nouveau retrouvé dans le brouillard, et je me suis fait doubler par beaucoup de coureurs. La montée est particulièrement irrégulière, les portions plus plates permettaient de récupérer ... les portions plus pentues en revanche me rappelaient les travaux de Newton sur la pesanteur.

Après Villard-Reculas, la montée s'est poursuivie en direction de l'Alpe d'Huez puis du col de Sarenne. Je m'y suis senti mieux, j'ai pu reprendre un rythme un peu meilleur. Je m'y suis moins fait doubler, preuve que je reprenais du poil de la bête. Je me suis arrêté au ravitaillement de l'Alpe d'Huez pour remplir mes bidons et manger quelques abricots secs. La route menant au col de Sarenne a été légèrement améliorée mais reste dans un piteux état. Il y a des trous dangereux, des zones non goudronnées, ... sur la Haute-Route, je peux d'ores et déjà vous annoncer une série de gamelles ! La pluie a fait son apparition définitive à quelques kilomètres du col.

La descente a été spectaculaire : en temps normal, ses premiers kilomètres sont particulièrement dangereux ... sous la pluie, sur une chaussée trempée, les doigts engourdis et avec le corps qui commence à grelotter (ce qui avait tendance à faire flotter le vélo), je peux vous garantir que c'est sport ! Quelques cyclistes m'ont doublé dans cette première portion technique, je les ai repris dans la portion moins dangereuse. Il faut dire que j'étais lancé à plus de 60km/h par moments, et que les freinages aux abords des épingles étaient millimétrés. Mais j'étais toujours très lucide et je maitrisais parfaitement ce que je faisais.

La vallée entre la fin de la descente et le pied de Vaujany a été très rapide. J'ai tourné des relais monstrueux avec un hollandais. Un belge est resté planqué dans nos roues. On a dépassé et laissé sur place plusieurs petits groupes. Je n'avais aucun soucis pour rouler sur le plat, mon coeur était à 140bpm. Je roulais de bon coeur car je savais que dans la montée je serai repris, donc toute l'avance prise sur le plat sans forcer était bonne à prendre.

La montée sur Vaujany a été un calvaire. J'y ai fait mon chemin de croix, je luttais pour me pas mettre pied à terre. 5km à 8,7% de moyenne, quand on a du mal à grimper, c'est terrible. J'ai roulé à 8,3km/h de moyenne ! Je me suis fait doubler par un bon nombre de coureurs, y compris par la 1ère féminine au passage devant le panneau "arrivée à 4km". J'ai été surpris de ne me faire doubler "que" maintenant par la 1ère féminine : je pensais que l'écart entre les meilleurs hommes et les meilleurs femmes était plus faible. Elle m'a mis 4 minutes en 4km. J'ai fini par franchir la ligne d'arrivée après 7h36 d'efforts. Je suis classé à la 216ème place sur 472 finishers.

Je suis déçu car j'ai eu un jour sans. Je ne sais pas si c'est à cause d'une légère fatigue, à cause de la pluie et de la fraicheur, d'une mauvaise alimentation en cours d'épreuve ou d'une mauvaise gestion de mes efforts, mais finir une épreuve complètement planté dans la pente n'a rien d'agréable. Cependant, j'y allais afin de me préparer pour la Haute-Route, et de ce point de vue là faire une sortie de 7h30 avec du dénivelé est une excellente chose.

En tout cas, pour la Marmotte en moins de 7h, c'est sur que c'est impossible si je ne suis pas mieux : il y aura 1200m de dénivelé supplémentaires. Même sur route sèche, ça serait mission impossible. Je vais devoir bien gérer mon effort, car la montée finale vers l'Alpe d'Huez sera encore plus terrible que celle sur Vaujany.

Consultez les détails de la course.

11 commentaires:

  1. Salut,

    Voici mes temps en 2009 si ça peut aider :
    6h17 pour la Vaujany
    7h35 pour la Marmotte

    Le placement au départ de la Marmotte influence beaucoup le temps final (je suis parti dans les derniers (5000 gars devant). Quand tu regardes les temps des 10 premiers, il y a à peine 10-15 minutes d'écart entre la Vaujany et la Marmotte.

    8h c'est jouable et c'est un bel objectif !

    Maxime

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  2. Salut Florent,

    Oui 8 h me semble déjà bien. Faisant la time 115 km en 4h, j'ai fait la marmotte en 7h45 ( descente glandon comprise) en 2009. J'avais littéralement explosé dans l'alpe faute d'endurance sur la distance et plutôt habitué à 4/5h d'effort.
    Bonne suite dans ta prépa!
    Alban

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  3. Hola Florent,

    Même si la fin a été un peu difficile, ta course n'était pas si mal! De mon côté je n'ai pas pu faire le Vaujany car je courais du côté de Liège...

    Muy importante, la récupération!!! Vendredi prochain (veille de la Marmotte), je ne pense pas que ce soit raisonnable de faire des sprints de déblocage comme tu en as l'habitude... 1h ou 1h30 à très petite vitesse et ce sera muy bien!

    Je suivrai tes récits depuis les hôtels du nord de la Francia désormais -)

    Alejandro Valverde

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  4. Salut Florent,

    Ne t'inquiète pas, c'est déjà une performance correcte que de rester plus de 7h sur le vélo ! Pour ma part, je sais que la pluie a des effets particulièrement néfaste sur mon niveau de performance. Ca vient peut-être de là ?

    Bon courage pour la Marmotte, je ne serais pas loin samedi ...

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  5. @maxime : merci pour tes temps. Si tu m'as mis 1h20 sur la vaujany et que tu as mis 7h30 sur la Marmotte, la logique voudrait que je mettre environ 9h. Mais quand on parle d'humain, il arrive que la logique ne soit pas respectée ... en tout cas, descendre en dessous de 8h ça risque d'être compliqué.

    @alban : je pense que c'est aussi ça qui me guette : exploser dans l'alpe d'huez (voir même dès le galibier). Comme toi, je ne suis pas habitué à franchir le cap des 5h. Je vais essayer de gérer le glandon, et je tacherai de moins faire d'efforts dans la vallée de la maurienne, car hier j'ai pas mal dépensé d'énergie à rouler à l'avant des groupes ... sans parler de ratonner, j'aurai du moins en faire.

    @alejandro : ton commentaire m'a fait éclater de rire, merci. Je ne comptais pas rouler vendredi, comme tu le souligne la récupération va être importante. Je m'hydrate beaucoup et je fais des étirements.
    Bon courage pour les étapes à venir. Ivan Basso. ;-)

    @delbook : la pluie en montagne n'est jamais bien bonne c'est certain. Il est arrivé à 2/3 reprises que ma roue arrière patine dans les fortes pentes, et forcément dans les descentes on perd de précieuses minutes ... sans compter qu'on perd des calories pour se réchauffer, calories qu'on utilise pas pour avancer plus vite. Je ne pense pas que ce soit le seul facteur, je pense que je me suis grillé dans les premiers kilomètres du 1er col, à vouloir suivre les meilleurs ... et que j'en ai trop fait à l'avant des différents groupes. Je tacherai de mieux gérer mes efforts samedi.

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  6. Gestion, gestion sera en effet le maître mot pour ta marmotte. SI tu grilles tout ton glycogène dès le premier col en partant en sur régime, ensuite c'est cuit! Donc 80 % de fc max tout le long et bien à l’abri sur les transitions!

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  7. Je crois que la montée sur Vaujany aura fait très mal à beaucoup beaucoup de monde. Et heureusement que ça ne durait que 5 bornes et avec pas mal de virage histoire de récupérer un peu ^^

    Dommage que je n'ai pas percuté que tu y participé aussi (même je me suis contenté du petit pour ma part), on s'est surement "croisé".

    Bonne chance pour la suite, et fait toi plaisir sur la marmotte, je pense que la première fois, il ne faut pas vraiment viser un temps mais plutôt passer la ligne. Comme ça, tu ne pourras que l'améliorer l'an prochain.

    Romain.

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  8. Salut Flo,
    Je pense du moins j'espère que tu as compris ton erreur, essaye de récupérer en descendant et dans les vallée, tu en auras bien besoin pour reprendre de la hauteur. J'adore ton blog je le lit régulièrement
    PS : je suis en minime
    Gwenael.

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  9. Salut Alban,

    Quand tu dis 80% de la FC max, c'est 80% de la FC de réserve ou 80% de la FC max ? Car pour moi avec une FC max de l'ordre de 202 (et 50 au repos), soit je dois être au max à 161-162, soit je dois être au max à 171-172... Ce qui change beaucoup la donne !
    Merci de m'éclairer.

    Gautier

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  10. Comme tu sais, je travaille pas avec la Fc qui pour moi ne veut rien dire et encore moins le jour d'une course où l'adrénaline,l'exitation modifie encore les valeurs. Donc sans capteur de puissance, je dirai I3@ 65 %max de PMA. Quand j'avais fait ma dernière marmotte en 2009, j'étais vraiment facile en haut du glandon et j'étais resté @80% de fc max.Et pourtant quelle galère ensuite surtout sur l'alpe! Je pense donc plutôt 162 puls max pour toi!

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  11. Salut l'ami,

    Finir cette Vaujany, c'est déjà pas mal. Tu as la tête. Ne te reste plus qu'a bien récupérer pour la Marmotte et garde tes forces en descente et dans les vallées.

    Bon courage et fait toi plaisir surtout. Le temps ne sera que secondaire. La 8 mai est plus facile :-))))

    A bientôt
    Damien

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