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jeudi 29 octobre 2015

Escapade au pays des frites

En transition entre la saison des chronos et celle des cyclocross, je profite de quelques jours plus décontractés pour poser mes roues en Belgique. Enfin, la décontraction de cette semaine est plutôt professionnelle car sur le plan sportif j'ai attaqué dès le lundi par une séance de lactique ... au lendemain de la grimpée d'Yzeron, ça n'a pas été la sortie la plus facile de l'année.


Aujourd'hui j'ai retrouvé mon mulet, le TIME Edge Racer, que j'ai sorti de sa retraite pendant 3 heures pour une séance consacrée à la relance (un point primordial en cyclocross). Les premiers tours de roue ont été étranges : comment j'ai pu passer 7 ans sur un vélo aussi grand ? Comment j'ai fait pour ne pas remarquer que ma selle était aussi haute ? Clairement, je me sens bien mieux sur ma monture actuelle et je comprends mieux mes problèmes de genoux de 2012.


La première partie de ma sortie consistait à rejoindre les ruines de l'Abbaye de Villers. Pour m'y rendre, j'ai pris de petites routes bucoliques (et pleines de terre). Je me suis trompé plusieurs fois de route, les panneaux indicateurs étant inexistants sur ces chemins pour agriculteurs ... les gens du coin connaissent et tournent sur ce qui ressemble à un chemin en terre, les autres comme moi vont tout droit et finissent dans la cour d'une ferme, font demi-tour en se faisant charger par un chien pas très accueillant et tentent ensuite la route en terre à laquelle ils n'avaient accordé aucun crédit quelques secondes plus tôt. Mais, de route en terre en autre route en terre, avec des talus et des fermes, avec l'aide du GPS, j'ai fini par trouver mon chemin sans trop me tromper après la phase d'adaptation.


L'automne a ici un bon mois d'avance par rapport à la région lyonnaise. Les arbres sont nettement plus dégarnis, certains d'entre eux n'ont plus aucune feuille et exhibent sans pudeur leurs branches. Ils sont prêts à accueillir leur manteau de neige quand il se présentera dans 2 mois. Heureusement pour moi, d'autres arbres semblaient courtiser l'automne et rivalisaient de couleurs orangées afin de séduire cette saison, en espérant la retenir avec toutes les nuances d'orange dans leur palette de maquillage. Ca a été un vrai régal pour les yeux.




J'aime l'automne car le feuillage disparait en partie et laisse deviner de belles demeures qu'un mur végétal masque le printemps et l'été. En approchant de l'abbaye, classée au patrimoine majeur de la Wallonie, on découvre de très belles bâtisses. En remontant un petit ruisseau, je suis tombé au milieu d'un havre de paix : 3 maisons au bord d'un petit lac paisible, une belle barque en bois au bout d'un petit ponton ... on imagine sans peine la douceur qui doit régner ici en été. J'ai aussi imaginé sans peine la rudesse de l'hiver, au bord d'un étang, le long d'un ruisseau, au fond d'une vallée boisée encaissée où les chasse-neige ne passent pas. Pour sortir de ce trou, j'ai eu à affronter le secteur pavé n°3 de la journée, un secteur pavé humide en pente (à 5 ou 6%) ... pour arriver en haut sans glisser mieux vaut rester sagement assis sur sa selle, bien à la verticale, avec un coup de pédale souple et régulier.


J'ai rejoint l'abbaye après 1 heure de découverte. J'ai été très surpris de découvrir que la route passe au travers des ruines. Vu à la télé lors du passage du Tour de France début juillet de cette année, je n'imaginais pas la grandeur de l'édifice ... c'est très haut et très long. On se sent tout petit face à ces vieilles pierres, dressées fièrement debout et résistant aux assauts conjugués du vent et de la pluie. Le vent était d'ailleurs particulièrement hardi aujourd'hui, mais dans sa volonté d'affaiblir les pierres il a oublié qu'il m'affaiblissait et que je n'étais pas fait de marbre.


Après ce premier tiers boisé, j'ai effectué un deuxième tiers de parcours sur une plaine exposée au vent. J'ai pu vérifier un théorème simple : quand on voit des éoliennes c'est que la zone est venteuse; quand ces éoliennes tournent c'est qu'il y a du vent. Si en plus l'éolienne vous montre le dos, c'est que vous avez le vent de face. J'ai traversé cette plaine calmement, franchissant de nouveaux secteurs pavés lors des traversées de villages. Dans ces champs, j'ai retrouvé différentes plantes cultivées dont des pommes de terre. Mon esprit a d'abord divagué sur une éventuelle production de Vodka avant de se souvenir que la Belgique est le pays de la frite (au point de vouloir l'inscrire au patrimoine mondial de l'UNESCO).


Le dernier tiers a été un jeu du chat et de la souris entre l'autoroute, la voie de chemin de fer et moi. Un coup je passais sous la voie de train puis au dessus de l'autoroute, 2 minutes plus tard je passais sous l'autoroute puis au dessus des trains. J'ai joué un paquet de fois à saute-mouton avant que nos routes ne se séparent définitivement.


Avant de rentrer, j'ai franchi de nouveaux secteurs pavés dont un long de 2 kilomètres d'abord en faux plat montant puis en descente. J'en ai franchi 10 au total sur la journée, pour une distance correspondant à 10% de ma sortie. Avec l'habitude, je les passe désormais sans crainte.

Si j'avais à refaire une sortie demain, je reprendrai ce parcours sans en changer le moindre mètre. Même les quelques erreurs de parcours je les conserverait car elles font partie de la magie / du folklore de la découverte d'une région. Le parcours était vraiment beau, lumineux, agréable, avec quelques passages techniques mais pas trop, avec quelques routes larges mais très peu, avec quelques gros pourcentages mais pas très longs. Aucun doute, ce parcours est à refaire !

3 commentaires:

  1. , Florent,
    j'adooore tes textes...hors compétition, la prose est différente et donne vraiment l'envie "d'y aller"..c'est super..
    claude

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    1. Les 2 cadres sont différents, dans un cas je recherche la performance donc adopte un récit basé la-dessus tandis que dans l'autre cas je recherche la découverte et adapte mon récit en conséquence.

      Il y a plein de choses à découvrir en Belgique, avec tous types de parcours possibles (du plat au bord de la mer du nord aux montagnes russes empruntées par Liège-Bastogne-Liège).

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  2. Oui, tu as rédigé de manière particulièrement imagée cette fois-ci. Bravo !

    Concernant la différence de taille de vélo, comment as-tu défini celle de ton vélo actuel ? As-tu modifié les réglages du Time pour retrouver une position plus en adéquation avec tes réglages actuels ? Dans quelle mesure s'habitue-t-on à un réglage qui fait que toute nouvelle position nous apparait comme moins adaptée ?

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