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mardi 23 juin 2015

Reconnaissance de l'étape du Tour

Aujourd'hui, j'ai effectué une sortie en Maurienne sur un circuit basé sur le parcours de l'étape (cyclosportive) du Tour. Deux modifications cependant ont été apportées au tracé : le col de Chaussy a été grimpé par les lacets de Montvernier, puis le morceau de vallée a été coupé afin d'entamer l'ascension du col du Glandon directement après la descente du col de Chaussy.


Réveillé à 4h30 par la pluie, je me suis subitement souvenu qu'il y a presque 10 ans, fin juin 2005, j'avais pris le départ du BRA (Brevet de Randonneur des Alpes). Les 260 kilomètres pour 4600m de dénivelé effectués ce jour la (à l'époque l'épreuve partait du palais des sports de Grenoble) sont restés pendant très longtemps mon record. Malgré plusieurs sorties entre 220 et 240 kilomètres, il aura fallu attendre 2014 pour que je batte ce record à 2 reprises : 284km lors de Liège-Bastogne-Liège puis 622km lors de Bordeaux-Paris.


On est parti de Saint Jean de Maurienne en direction d'Hermillon. Le départ se fait sur une grosse route très large. Pendant 2,5 kilomètres, les cyclistes participant à l'étape du Tour pourront évoluer sans danger jusqu'au pied de la première ascension. On a pris des relais vent de face pour ne pas trainer sur cette grosse route, pourtant peu fréquentée quand on y est passé. A Hermillon, au lieu d'attaquer la montée vers le col de Chaussy prévue pour l'étape du Tour, on a poursuivi dans la vallée pour rejoindre Pontamafrey, pied des lacets de Montvernier.


Après un détour sur un chemin de terre pour éviter des travaux dans le village, on a attaqué la montée. C'est beau quand on approche, c'est un chef d'oeuvre technique dans la réalisation de cette route, mais une fois en haut j'ai trouvé que le tapage médiatique est démesuré. C'est une route étroite, tracée dans la falaise : quand on est dedans on comprend parfaitement pourquoi les spectateurs y étaient interdits sur le Dauphiné (et le seront également lors du Tour de France). J'avoue que même pour les voitures suiveuses, ça sera compliqué : si un coureur crève il aura du mal à être dépanné, l'ouverture de la portière bloquera les coureurs qui suivront et il sera impossible pour les voitures de doubler des cyclistes pour remonter vers un leader qui en aurait besoin. Les favoris passeront cette difficulté sur la plaque, mais en cas d'incident mécanique pour l'un d'entre eux l'addition sera très salée à la fin de l'étape.


Voici la vidéo de l'ascension :
A Montvernier, on a retrouvé la route du col de Chaussy que prendront les coureurs de l'étape du Tour. L'ascension jusqu'au col est longue et irrégulière : les passages roulants alternent avec d'autres qui le sont moins. La route est généralement large, les groupes de niveau pourront s'établir sans soucis, il ne sera pas trop compliqué de doubler les coureurs plus lents ou de se faire doubler par des coureurs plus rapides. Pour les amateurs de beaux paysage, l'ascension est très sympa : la route alterne entre pâturages, bosquets et falaises. Le ciel était couvert quand on est monté mais je pense qu'en plein soleil ça doit être encore plus beau. Les habitants ont fait de gros efforts pour la décoration, certaines maisons étaient très belles avec des vélos multicolores sur les clôtures, portails et/ou façades.


La descente est piégeuse : la route est étroite et sinueuse. Dans certains virages, les maisons sont placées en plein dans la mauvaise trajectoire donc certains habitants auront des cyclistes sur leur terrasse ou dans leur garage. J'ai effectué une descente très prudente, presque au ralenti, pourtant je me suis fait surprendre à plusieurs reprises. Les cyclistes qui se seront mis dans le rouge lors de l'ascension du col de Chaussy, qui aborderont la descente avec une lucidité réduite et autant d'adrénaline que de toxines, risquent d'y laisser des morceaux de peau. Deux petites remontées, pas bien méchantes, se passent sur la plaque sans trop de soucis. La fin de la descente s'effectue sur la route du col de la Madeleine, sur une route très large sans danger.


On a attaqué directement l'ascension du Glandon, sans passer la partie de vallée que devront effectuer les coureurs de l'étape du Tour. A part à ajouter des kilomètres en cours d'étape et à vendre un sprint bonification à une localité lors du passage des professionnels, je ne vois pas trop l'intérêt de cette section de vallée que nous avons évitée.


J'ai géré l'ascension du col du Glandon au train, comme je l'avais fait dans le premier col. Mes compagnons du jour ont filé tout doucement devant, le point de mire qu'ils m'offraient se camouflant tout doucement au milieu du paysage. La première moitié de l'ascension se fait dans les arbres et n'est pas très agréable. Le petit replat de Saint Colomban des Villards est le bienvenue pour relancer l'allure ou pour récupérer. On grimpe ensuite dans les alpages, la nature devient de plus en plus sauvage et minérale ... et la pente de plus en plus dure. les bornes kilométriques placée à chaque kilomètre indiquent systématiquement une pente entre 9 et 11%. La dernière fois que j'ai franchi ce col, c'était lors de la Haute-Route et j'avais mis pied à terre à plusieurs reprises, vaincu par la chaleur et des problèmes de genoux. j'ai pris ma revanche, grimpant jusqu'en haut sans me mettre dans le rouge sur mon 39x28. Cette ascension fait partie des plus difficiles de France (sur route) et je comprends pourquoi : la fin est terrible, les derniers kilomètres étant les plus pentus et ne passant pas sous les 10%.



Après 300 mètres de descente, on a attaqué la fin du col de la Croix de fer. Quand on a le vent dans le dos, comme ça a été notre cas, les 3 kilomètres d'ascension ne sont qu'une formalité. Si le vent souffle de face c'est plus compliqué mais comme la pente est régulière à 6% cette partie est loin d'être insurmontable. Au col, la vue sur les alentours est magnifique. Les cyclistes épuisés pourront se ressourcer psychologiquement avant d'attaquer la descente jusqu'au pied du col du Mollard. Cette descente a été endommagée au cours de l'hiver, j'espère que les nombreux trous dans le goudron seront bouchés avant le passage des cyclistes sinon il risque d'y avoir une multitude de gamelles et de crevaisons. Le paysage lors de la descente est magnifique, mais il est dangereux d'en profiter. Mieux valait s'arrêter au col (comme nous l'avons fait) pour en profiter pleinement, avant de profiter pleinement de la descente.


Au pied de l'ascension du col du Mollard, j'ai rencontré un cycliste belge préparant un reportage pour le site cycling.be, site très pratique quand on roule au pays des frites, des croquettes de crevettes et des pavés. J'ai passé toute la montée à discuter avec lui, dans un français impeccable alors qu'il est flamand. De manière générale, au fil de mes séjours la-bas, j'ai remarqué que les flamands parlaient souvent un très bon français, bien meilleur que l'anglais que la majorité des français baragouinent. La conversation avec lui (et avec eux en général) était fluide, le vocabulaire même très poussé était acquis. Bref, je n'ai pas vu le temps passer ! En revanche, j'ai bien senti que le pied était facile alors que les deux derniers kilomètres faisaient mal aux jambes.


La descente vers Saint Jean de Maurienne a été un véritable régal. Le goudron a été refait, la route est large et sans danger. Les courbes s'enchaînent avec une bonne visibilité et aucune circulation. Cette section était très plaisante, j'adore ces courbes serrées qui s'enfilent les unes à la suite des autres et qu'on passe en balançant le vélo tantôt à droite, tantôt à gauche, dans un mouvement de balancier fluide. A la fin de la descente, un petit morceau de faux-plat montant ramène vers Saint jean de maurienne et vient rappeller qu'il va falloir pédaler pour se hisser jusqu'à La Toussuire.


A Saint jean de Maurienne, nous avons perdu un élément. Nous étions 5, nous ne sommes monté qu'à 4 à La Toussuire. Les premiers kilomètres sont horribles : la pente est à plus de 8%, sur une grand ligne droite au milieu des arbres. La seule vue qu'on a, c'est du macadam (refait à neuf ici aussi) et des arbres moches. La suite de l'ascension n'est pas beaucoup mieux, la montée n'étant pas spécialement marrante ni très belle. On a fait une petite erreur de parcours : on a grimpé directement vers le village sans faire le détour par Villarembert mais ça ne change pas grand chose. J'ai fini l'ascension au courage, car j'avais surtout envie de faire demi-tour et d'en finir avec cette montée. Par principe, j'ai tout de même continué jusqu'au panneau d'entrée dans la station, où j'ai retrouvé mes compagnons du jour pour savourer rapidement la réussite de notre défi du jour.


Le retour vers la voiture n'a été qu'une formalité. On était tous très content d'en terminer après 7h de selle et 4200 mètres de dénivelé. Pour ma part, j'ai fini rincé : ça fait 1 mois que je ne roule presque plus, me contentant de 50 kilomètres le mercredi et 70 le dimanche. Le manque d'entraînement, sur ce genre de sortie, ça se ressent très rapidement. J'ai compensé cette lacune grâce à mon expérience et à ma connaissance du terrain, mais mes compagnons du jour ont tout de même eu à m'attendre en haut de chaque col. Sans cette gestion de l'effort, ils m'auraient attendu nettement plus longtemps en haut du Glandon et je pense que je n'aurai pas atteint La Toussuire.


Merci à Mathias, Marc, Maté et Jean-Luc pour leur participation et leur bonne humeur. Et pour m'avoir attendu également. Bon courage à tous les participants de l'étape du Tour, un beau parcours vous attends.

Consultez notre parcours.

6 commentaires:

  1. Bonsoir Florent, beau compte rendu qui reprend l'essentiel de la sortie. Tu fais l'impasse sur les petits désagréments de la sortie, et je t'en suis gré car elles sont du ressort des frères initiateurs de la sortie. Je tiens à dire que point de vue organisation, nous n'avons pas perdu une minute vis à vis des lieux de rendez vous ! Quant à la sortie en elle même, j'étais un peu gêné de t'abandonner dans les montées, en même temps tu connais un peu mon tempérament (à bloc : cf la montée par Bédoin à fond le jour de ma cinglée). Nous n'avons pas attendu bien longtemps en haut des cols, et j'ai pu enfin me ravitailler tranquille, ce qui n'est pas le cas quand je suis avec mon frère. Encore merci de m'avoir attendu dans les descentes les plus périlleuses (tu as oublié à ce sujet, le morceau de route au bitume entièrement retiré sur environ 30/40 mètres au fond d'un thalweg en descendant le col du Chaussy). Comme toi, j'ai envisagé le demi tour dans la Toussuire, car c'était cassant et vraiment pas très beau. A bientôt, Mathias L.

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    1. Salut Mathias,

      Les petits désagréments que j'ai passé sous silence n'apportaient rien de particulier au récit. Ils auront plus d'intérêt sur le site www.eau-cyclisme.com, car la recherche de points d'eau et le remplissage des bidons est une quête inhérente à toute longue sortie.

      Pour les vitesses des uns et des autres, l'important c'est que tout le monde soit arrivé à bon port en bonne santé et avec le sourire. Et ça a été le cas, malgré l'ascension déplaisante de La Toussuire.

      On se fera d'autres belles sorties, pas d'inquiétude.

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  2. Bonjour,

    Je suis votre blog régulièrement. J'attends chaque nouvel article avec impatience. Celui-ci me conforte dans mon idée de réaliser une reconaissance avant mon étape du tour. Les descentes et les parties dur pour le moral dans les cols sans moins insurmontables quand on en a connaissance.
    Je voudrais avoir ton avis sur les secteurs les plus compliqués ou pièges à bien négocier.
    Merci d'avance !
    Cordialement
    Clément

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    1. Bonjour Clément, je n'ai pas l'expertise de Florent, aussi je ne me permettrai de répondre à sa place. Je peux en revanche te dire que tu dois choisir finement ta cassette voire les plateaux ! Je ne pense pas être sous entraîné (je suis en manchettes fluos sur la vidéo), et alors que je pensais être assez puissant pour passer en 34x25 partout (je monte quasiment tout avec), j'ai béni mon frère qui m'a dit d'opter pour un 34x28. Et j'aurai même aimé avoir une voire deux dents de plus dans la fin du Glandon ! Car la fatigue s'accumulant, le glycogene disparaissant, je n'arrivais plus à pousser les pédales avec la même force que sur des sorties courtes. Danseuses obligatoires d'où grande consommation d'énergie, cercle vicieux...

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    2. Salut Clément,

      Le plus gros piège, sur ce genre de parcours, c'est de partir trop vite (l'excitation de la course, les autres concurrents qui doublent) ... on se met dans le rouge dès la première montée et quand on arrive dans la seconde on a plus de carburant.

      En début d'étape, je te conseille de trouver ton rythme de croisière et de t'y tenir. Si tu es dans un grand jour, tu pourra accélérer sur la fin du Glandon, de la croix de fer, du mollard et faire à fond l'ascension de la toussuire. Si tu es dans un mauvais jour, comme ça a été mon cas mardi, tu aura économisé tes forces pour la suite du programme.

      La partie la plus dure physiquement, c'est les derniers kilomètres du Glandon. Ce col est assez horrible car il n'y a presque pas de zone de replat permettant de souffler. C'est 20 kilomètres de montée presque continue, le replat de Saint Colomban des Villars n'étant pas très long.

      Dernier point : prévois d'avoir du matériel en bon état, des freins bien réglés, deux bidons ... pense à t'hydrater et à manger. Les défaillances passent souvent par une mauvaise alimentation / hydratation.

      Bon courage, il te reste quelques jours pour te préparer et n'oublie pas de prendre quelques jours pour récupérer avant l'épreuve.

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    3. merci à vous deux pour vos réponses très précises !

      Je connais le col du Glandon seulement et je me souviens effectivement d'une deuxième partie très exigeante. Au niveau des développements j'ai un 34*28. Je vais me renseigner pour avoir une ou deux dents de plus.
      Pour bien gérer, je vais essayer d'avoir des repères au niveau de ma FC. Mon "plan de course" est de monter le Chaussy et la première partie du glandon en tapant le moins possible dans les réserves et ensuite on verra bien...
      La gestion des ses forces et l'alimentation/hydratation va être prépondérante c'est évident.
      Encore merci pour vos conseils, et au plaisir de vous croiser sur le vélo !
      Clément

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