dimanche 21 août 2011

Haute-Route étape 1 : de Genève à Megève

La première étape de la Haute-Route relie Genève à Megève via 109km et 2 cols (le col de la Colombière et le col des Aravis). Le dénivelé de cette première étape est de 2400m.

Voici la road-map de l'étape :
carte de l'étape 1 de la haute route

Voici le profil de l'étape :
profil de l'étape 1 de la haute route


Et voici mon traditionnel récit :
La nuit a été courte : on a été logé dans un bunker anti-atomique. C'est militaire, les lits sont mous, nous sommes 24 dans ma "chambre". Contrairement à ce qu'on pourrait penser, un bunker n'isole pas du tout les bruits, au contraire : le son ne peut pas s'échapper à travers des ouvertures ou les murs et tourne donc en rond dans ce gigantesque openspace. Le moindre bruit à un bout du bâtiment s'entend donc de l'autre côté ... et une grosse centaine de personnes, ça en fait du bruit ! Bref, j'ai dormi de 1h du mat jusqu'à 4h30, et encore j'ai été coupé par des personnes qui déplaçaient leur matelas afin d'aller dormir dans les couloirs, lavabos, ... le matin, l'endroit ressemblait à un champ de bataille, il y avait des lits un peu de partout. C'est une expérience à faire une fois dans sa vie ... bon, j'aurai préféré la faire à un autre moment que la veille du départ d'une telle épreuve, mais nous étions tous logés à la même enseigne.
Si vous voulez, regardez la vidéo que j'ai faite de l'intérieur du bunker.

Le petit déjeuner est pris à 6h du matin au bord du lac léman, ce qui nous a permis d'assister au lever du jour sur le lac. Avant de prendre ce petit déjeuner, il nous a fallu rouler une dizaine de minutes dans les rues de Genève relativement désertes, en dehors de personnes sortant de soirée ...

lever de soleil sur le lac de geneve

Le départ du convoi neutralisé est donné à 7h20 précises, comme prévu. Je suis en deuxième rideau, bien placé : remonter 250 coureurs n'est jamais très marrant, même quand ça roule à 25km/h, et ça serait une perte d'énergie et de stress que j'ai préféré éviter en me plaçant assez tôt dans le sas de départ. Au fil des 24 kilomètres neutralisés, la tension est montée : les visages se sont fermés, ça s'est mis à frotter de plus en plus sévèrement dans les 50 premières positions ... les virages étaient pris avec de moins en moins de prudence. J'ai entendu des roues se toucher, mais aucune chute ne s'est produite. J'ai bataillé tout le long pour rester dans les 30 premières positions et ne jamais me faire enfermer. J'ai également pu discuter avec quelques twitter-users, notamment @HIROSHIFRANCHI et @JakaJausovec.

Une fois le peloton libéré, le compteur s'est lui aussi libéré : nous étions tout le long entre 45 et 55km/h sur de longs faux plat. 2 échappées de 2 coureurs se sont formées successivement mais n'ont pas durées plus de 3 ou 4 kilomètres. Jusqu'au pied du col de la colombière, je suis resté aux avants postes, dans les 25 premières positions. A un moment j'ai eu l'opportunité d'attaquer mais je m'en suis bien gardé : la route jusqu'à Nice est encore longue et ça n'a rien à voir avec les courses d'un jour où je peux me permettre d'attaquer simplement pour attaquer.

Au pied de la colombière, les meilleurs ont filé ... sans moi ! Je les ai laissés filer avec mon consentement (bon, en fait, ils ne m'ont pas demandé la permission, j'avoue) : j'ai préféré grimper à ma main afin de ne pas exploser en plein vol. J'ai rattrapé des coureurs, j'en ai doublé d'autres ... étant assez bien placé au pied, je n'ai jamais été gêné par un bouchon de coureurs devant moi. Jusqu'au reposoir, j'ai grappillé des places au prix d'un effort soutenu, mon cardio m'affichait toujours une valeur entre 175 et 185 ! Dans le replat du reposoir, certains de mon groupe ont accéléré afin de rattraper le groupe devant : on a roulé à 35km/h sur les 3 kilomètres plus plats. Au reposoir, j'ai laissé filer le groupe afin de monter plus tranquillement, entre 165 et 170bpm. J'ai franchi le col aux alentours de la 50ème place à une dizaine de minutes des premiers.

col de la colombière, by Hannah White

Le ravitaillement a été rapide : le temps de prendre quelques fruits secs pour la descente, d'engloutir 2 gobelets de coca, de faire remplir mon bidon et je me lançais dans la descente. J'y ai fait de très belles pointes de vitesse mais ai négocié tous les virages avec prudence. J'ai rattrapé 3 coureurs, en compagnie de qui je me suis offert une belle frayeur : on était en train de doubler deux voitures quand l'une a tourné à droite et l'autre à gauche. C'était juste avant une épingle donc nous ne roulions pas vite : l'australien s'est couché dans l'herbe du bas-côté, un autre coureur a été obligé de tourner avec la voiture et n'est pas tombé. Moi je suis passé au travers avec un brin de chance.

Le début de la montée du col des Aravis a été très rapide. J'ai tenté de me ravitailler, n'ayant pas pu le faire dans la descente (grave erreur !) ... mais le rythme imposé ne m'a pas vraiment aidé. La traversée de La Clusaz a été compliquée, il y avait beaucoup de circulation, j'ai été obligé de rouler comme un sauvage sur le trottoir pour doubler certaines voitures. Les piétons ont joué le jeu et se sont poussés pour nous laisser passer, un grand merci à eux. Après La Clusaz, j'ai volé en éclats. Je me suis fait doubler, doubler, doubler ... je me suis arrêté sous un arbre, ayant trop chaud et ne me sentant pas bien. Une minute d'arrêt, et me voilà reparti sur la route pour 3 kilomètres supplémentaires avant un 2ème arrêt pour vomir. 3 minutes à me tordre les boyaux pendant lesquelles d'autres cyclistes sont passés, certains ralentissaient pour me demander si je souhaitais quelque chose. Je suis reparti et me suis immédiatement senti mieux. J'ai repris quelques coureurs dans le dernier kilomètre menant au ravitaillement du col. La vue sur le Mont Blanc au sommet était splendide, j'ai pris le temps d'en profiter.

J'ai fait un arrêt plus conséquent au ravitaillement : j'ai mangé sur place et ai bien bu avant de reprendre la descente. J'ai été très prudent : je n'ai pas voulu prendre de risques sachant que ma lucidité était entamée. Dans la descente j'ai de nouveau rattrapé des coureurs, et en ai profité pour discuter avec un des médecins présent sur la course à propos de ma "mésaventure" survenue dans la grimpée du col des Aravis. En bas de la descente, une surprise nous attendait : il a fallu grimper sur une route  1.5km supplémentaire afin d'éviter la traversée de Flumet et son tunnel. Le médecin est revenu me voir pour me demander comment je me sentais, il est également venu me trouver dès mon arrivée : c'est appréciable de se sentir suivi.

Les 8km de faux plat montant jusqu'à Megève, se sont bien passés. J'ai rattrapé 3 coureurs afin de constituer un groupe de 4, et ensemble nous avons pris de gros relais, autour de 35km/h, jusqu'à l'arrivée. Je lâche prise à l'issue de mon dernier relais à 800m de l'arrivée et termine tranquillement.

Je termine 129ème de l'étape, je suis 48ème dans ma catégorie d'âge (moins de 40 ans), et 82ème au classement "solo homme". Je suis déçu d'avoir perdu tant de places à cause de mon coup de chaleur et à ma mauvaise gestion du col de la colombière (je l'ai grimpé trop vite : 172bpm en moyenne pendant 1h, ça se paie !). Demain sera un autre jour, je vais tâcher de ne pas refaire la même erreur.

NB 1 : un grand merci à @hannahsailing pour la photo dans la montée du col de la colombière.
NB 2 : ce soir je suis en chambrée avec @nicolasraybaud
NB 3 : un autre grand merci à l'équipe "média/presse" de la haute-route de m'accueillir en son sein et de me faire profiter des photos et vidéos, et de me fournir un accès wifi
NB 4 : un grand merci à tous pour vos messages d'encouragement par SMS, twitter et facebook ... notamment à la communauté twitter des #twittcyclos qui m'envoie beaucoup de messages, ça me touche beaucoup ! Un grand merci à mes parents qui sont venus me voir sur le bord de la route.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés à la Haute Route.

4 commentaires:

  1. Bravo, ca me fait de la peine que tu es tant souffert dans le col des Aravis. Mon col préféré celui de mes débuts. Je raconte cette histoire dans fb et oui j'ai un compte fb maintenant.
    Alors comme tous les #twittcyclos , je t'encourage bien fort car le Massif des Aravis n'est que le hors d'oeuvre.
    Comme aux bons moments, je ferai un commentaire de manière régulière
    Salut, avec un petit pincement au coeur. Je vais essayer de pondre un petit poème un peu niais comme je m'évertue à faire, mais qui lui ne peut pas cacher de sentiments
    Guy

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  2. Et un grand merci à toi pour nous faire partager de l'intérieur cette épreuve extraordinaire.
    En revanche, pour avoir lu tes billets sur ta préparation, je suis surpris que tu joues le classement ! Mais je suppose qu'avec l'adrénaline et le bonheur d'y être, on se laisse un peu emporter.
    Bon courage en tout cas, la route vers Nice est encore longue !

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  3. Allez, déjà une étape de bouclée. Bravo à toi.
    Pour la suite, fais-gaffe à ne pas te mettre dans le rouge dès le premier col de la journée car, comme tu l'as si bien écrit, "ça se paye" à un moment ou un autre.
    Ton récit de la nuit au bunker est assez insolite. J'espère que tu dormiras dans de meilleures conditions les autres jours.
    Bon courage à toi et à bientôt de lire la suite de tes aventures sur la Haute-Route.
    Tiens, à l'occasion, si tu as du temps libre après tes étapes, je t'incite à aller voir ça :

    http://www.youtube.com/watch?v=Ws3xAELMtks

    c'est un petit clip "vélo" que j'ai mis en ligne hier.

    A+

    Franck

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  4. @A. : je me suis retrouvé bien classé en haut de la colombière alors que je ne souhaitais pas jouer le général, donc je me suis dit "pourquoi pas ?" ... ça ne me coutait pas grand chose d'essayer de me battre pour une bonne place ! Enfin si, ça m'a couté ... mais je ne regrette pas d'avoir essayé.

    @franck : merci de ton soutien

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