Je suis descendu à Ruoms vendredi soir avec Florian, afin de dormir à proximité du départ de la course : je ne suis pas du tout matinal, surtout en ce moment, et me lever à 5h du mat' aurait été difficile. Nous avions réservé un hôtel en centre-ville, l'hôtel Théodore, à deux pas de la zone de départ et d'arrivée. C'était top du point de vue logistique.
Amis cyclistes et non cyclistes, je vous déconseille cet hôtel si vous êtes de passage dans cette ville : j'ai passé la nuit à me faire transpercer le corps par les ressorts du lit ! Et encore, heureusement que je suis léger donc que je ne m'enfonçais pas trop dans le matelas ... car j'avais déjà l'impression de dormir sur un truc à aiguilles de fakir ! Je passerai sur la mauvaise isolation thermique
(ça caillait dans la chambre, le petit chauffage électrique n'était pas assez puissant) et sur l'isolation phonique
(on aurait pu tenir une conversation avec les voisins comme si on était dans leur chambre). Je passe sur les bruits des tuyaux d'eau et d'évacuation, ainsi que sur la taille des serviettes avec lesquelles on ne s'essuie qu'une seule jambe
(heureusement que je n'ai pas de trop grosses cuisses ni de trop gros mollets, sinon il en aurait fallu une 2ème par jambe). Enfin, l'absence de réseau wifi ne m'a pas trop gêné car on captait bien la 3G. Bref, si j'ai à repasser une nuit dans ce village, je tâcherai de trouver un autre hôtel !
J'ai fait à peu près 10 minutes d'échauffements, afin de faire monter le coeur et préparer les muscles à l'effort violent à venir.
Je me suis présenté dans le sas de départ très tard, ayant galéré pour y accéder, du coup je me suis retrouvé aux alentours de la 200ème place. Une fois le départ donné, j'ai entamé ma remonté progressive sans me mettre à bloc : d'une part je savais que ça roulerait au train sur les 10 premiers kilomètres, d'autre part c'était assez nerveux et à chaque rétrécissement il y avait de grands coups de freins. Sur les 10 premiers kilomètres, j'ai vu pas mal de petites chutes, dont deux coureurs qui se sont accrochés contre un camion et qui ont bloqué la route. Je suis revenu au train, avec d'autres coureurs, sur la 60aine de coureurs qui étaient passés avant la chute.
Les choses plus sérieuses ont commencées vers le 12ème kilomètre, quand on a tourné sur la droite pour grimper la côte de la fontaine de cade. Il s'agit d'une côte assez roulante de 3.1km à 3.6%.
J'ai remonté un certain nombre de coureurs afin de rester le plus proche possible des coureurs de tête : je bascule au sommet avec 40" de retard sur la tête du peloton et 20" de retard sur ses derniers membres. J'étais dans un petit groupe, on s'est payé une grosse partie de manivelles dans la descente
(enfin, un long faux plat descendant) pour rentrer sur le peloton.
Une fois revenu à l'arrière du peloton, un petit coup de cul de 200m à 6% m'a surpris : je me suis fait décrocher comme un idiot ! J'étais sur un braquet bien trop gros et à moitié asphyxié par la chasse qu'on venait de mener
(ou plutôt que j'ai subie, car j'ai été passif et n'ai pas participé), je me suis retrouvé planté dans le petit coup de cul. Heureusement ça a temporisé un peu devant, donc j'ai pu revenir rapidement sans y laisser trop de forces.
Au pied de la côte du Razal, la deuxième difficulté longue de 7.1km à 4.6%, je suis encore présent dans un peloton d'un peu moins de 100 coureurs. Le vent soufflait de travers et la guerre du positionnement a commencé dans les kilomètres précédant la montée. Pour ma part je n'ai pas fait d'erreur : j'étais toujours bien placé et n'ai pas trop pris de vent !
Dans la monté, ça a explosé de partout : j'ai sauté de groupe en groupe au fil des différentes cassures. Je bascule en haut à un peu moins de 2 minutes du premier peloton. La haut, on s'est retrouvé sur un plateau balayé par un vent de travers. Ca a borduré sévère, je me suis fait la peau pour rester dans les roues, mais cette fois j'ai été obligé de manger du vent ! Sous l'effet de quelques rafales, plusieurs coureurs et moi-même avons fait de sérieux écarts, c'était tendu.
A Saint-Remeze, on a bifurqué afin d'entamer le retour.
Le vent est devenu favorable, et les meilleurs du groupe ont embrayé : ça a roulé fort, très fort par moments ! J'étais à la rupture, mais je me suis fait violence pour rester dans les roues. A chaque fois que je laissais un trou d'1m50, l'effort pour revenir était terrible. J'ai tenté de me ravitailler dans la descente des gorges de l'Ardèche, mais à 70km/h avec du vent c'était galère. Je me suis fait décrocher du groupe, j'ai été obligé de faire une fin de descente de folie pour revenir tout près ... mais n'ai pas réussi à revenir avant le plat ! Je me suis arraché mais je ne gagnais pas de terrain, j'étais 20m derrière le groupe. Heureusement, un autre coureur qui avait fait comme moi avait lui plus de force : à deux on a pu rentrer, grâce à un gros travail de sa part. Je l'ai remercié, car seul je ne serai jamais rentré c'est certain !
Dans les gorges de l'Ardèche, je me suis à nouveau accroché dans les roues : ça roulait encore fort mais un peu moins que sur le plateau. En arrivant au pied de la dernière difficulté, le rocher de Sampzon, on a vu le peloton principal au loin : ils avaient environ 1 minute 30 d'avance sur notre groupe. Ils m'ont semblé être pas loin de 50, nous étions une vingtaine.
Dans la montée, longue de 2.1km à 8.1%, je me suis fait décrocher progressivement. J'ai perdu mètre après mètre, au train. J'étais à fond, je ne pouvais rien faire. J'ai passé le sommet tête baissée, vaincu.
La descente a été laborieuse. Je n'étais pas lucide, je ne la connaissais pas : elle est particulièrement sinueuse, et je n'étais jamais sur la bonne trajectoire. J'ai fait une descente en tachant de rester avec les 2 roues sur le goudron et mon corps en bonne santé. Pour la vitesse et la fluidité il faudra repasser un autre jour ! En bas je me suis fait rattraper par 2 coureurs sortis du groupe qui revenait derrière moi, on a rejoint un 4ème coureur puis un 5ème est revenu de l'arrière.
Sur les 5km restants jusqu'à l'arrivée, on a tourné des relais de manière désorganisée. J'ai pédalé avec tout ce qu'il me restait : je dandinais de la tête à chaque coup de pédale, ce n'était pas esthétique mais ça me permettait de prendre quelques relais. J'explose définitivement à 500m de l'arrivée et laisse filer mes compagnons.
Je finis à la 83ème place, à 12 minutes du vainqueur et 8 du premier peloton. Je n'ai aucun regret sur ma prestation : je n'aurai pas pu faire mieux au vu de ma faible forme du moment ! Je me suis arraché tout le long, je n'ai pas commis de grosse erreur. De plus, 32.4km/h de moyenne sur 73km avec 1000m de dénivelé, c'est honorable.
Du côté des amis, Alexis Sicard a terminé l'épreuve à la 33ème place, Florian à la 93ème. Sur le grand parcours de 100km, Nicolas Raybaud a bouclé l'épreuve en 16ème position.
Pour les férus de données, voici quelques infos :
- ma FC moyenne tout au long de l'épreuve est de 170
- ma cadence moyenne est de 81.5rpm
(ce qui est bas, surtout pour moi !)
- j'ai gravi la côte de la fontaine de cade à 28.3km/h de moyenne pour 185bpm
- j'ai gravi la côte du razal à 20.0km/h de moyenne, pour 176bpm
- j'ai gravi le rocher de sampzon à 12.6km/h de moyenne pour 167bpm