jeudi 9 juin 2016

Des paysages qui changent

Mon dernier article traitait des 100 000 kilomètres répertoriés sur mes différents compteurs. Cette distance a été répartie sur environ 12 ans. Pendant ce laps de temps ma pratique a régulièrement changé. Pendant ce laps de temps le paysage a régulièrement changé lui aussi.


Bien évidemment, chaque saison, le paysage change plus ou moins radicalement. Les étangs de la Dombes n'ont rien à voir les dimanches matins en hiver quand ils sont gelés et à la fin du printemps quand la végétation est abondante. La vivacité des couleurs des vignobles du beaujolais en octobre n'a rien a voir avec l'image de ces mêmes vignobles en mars quand le soleil du printemps illumine une terre rocailleuse nue.


Ces évolutions au fil des saisons sont naturelles. D'autres le sont nettement moins : en 12 ans plusieurs de mes routes habituelles ont été englouties par des projets autoroutiers ou d'urbanisme. A l'ouest de chez moi, la route des crêtes entre Sarcey et la cave de Bully n'avait pas la configuration actuelle avant la construction de l'A89 (ouverte en janvier 2013). A l'est de ma position, les travaux de construction de l'A432 (ouverte en février 2011) ont longuement coupé mes petites routes campagnardes dans le secteur du Mas Riller / Tramoyes. En partant rouler vers le nord, plusieurs routes ont changé de tracé récemment à cause de la création de l'A466 (ouverte en juillet 2015). A chaque fois, la majorité des routes sont ré-ouvertes et subissent des modifications mineures : un S, un tunnel, un pont ... mais le terrassement effectué autour est stupéfiant. Des millions de mètres cubes sont déplacés, les butes existantes sont coupées en deux et le surplus de terre part boucher des cuvettes qui existaient ...


Sur le front de l'ouest, un nouveau chantier a été ouvert. La liaison entre l'A89 et l'A6. Les travaux de terrassement ont débuté et coupent plusieurs de mes petites routes favorites. L'intérêt commun va primer sur mon intérêt personnel, c'est bien normal. Je vais devoir me trouver des itinéraires de substitution en attendant la fin des travaux et la réouverture de mes routes. En espérant qu'elles réouvrent, car à chaque fois je perds une ou deux routes qui sont définitivement coupées, un tunnel ou un pont coutant trop cher pour maintenir la desserte de champs sur une route empruntée seulement par des tracteurs et des cyclistes. Si j'ai plus de chance, mes petites routes bénéficieront d'un goudron tout neuf.


Les constructions d'autoroutes sont longues et spectaculaires, mais sont tout de même rares. En revanche, dans une métropole lyonnaise en pleine expansion démographique, les terres agricoles sont progressivement grignotées par l'urbanisme. Les champs sont transformés en lotissements ou en zones d'activités. Qu'il s'agisse d'entreprises ou d'habitations, le réseau routier s'adapte à ce nouveau flot de véhicules : des ronds points se créent ou s'adaptent, des feux-rouges apparaissent, des voies de dégagement viennent remplacer des fossés. Vu qu'il faut nourrir / coiffer / loger travailleurs et habitants, des commerces (coiffeurs, agences immobilières, boulangeries, ...) et restaurants poussent ensuite (ou en même temps) dans le champ en face. Et pour ralentir ce nouveau flot de véhicules, des équipements dangereux pour les cyclistes sont ajoutés : quilles en plastique, rétrécissements avec une margelle de 2 centimètres, ralentisseurs biseautés ... ou pistes cyclables avec de beaux piquets métalliques au centre tous les 300 mètres.

Combien de temps résistera l'ascension du Verdun face à l'urbanisation ?

En 12 ans, la ville a grignoté la campagne de manière spectaculaire si on compare le début avec la fin de la période. Pourtant au quotidien, ça bouge très peu. Un lotissement par ci, une zone d'activités par la ... ça semble incroyablement lent car la surface de la périphérie lyonnaise est très vaste. Comme la majorité des travaux se passent sur le côté de la route, on le remarque nettement moins que quand une route est déviée. Quand je vois à quel point le paysage proche a changé en quelques années, je me demande à quoi ressemblaient mes routes actuelles quand j'étais gamin et à quoi elles ressembleront quand j'irai faire du vélo avec mes enfants comme mon père l'a fait avec moi il y a 20 ans. Trouver où ont été prises certaines photos risque de ne pas être simple.