lundi 2 juin 2014

Bordeaux-Paris : 1ère moitié (de jour)

Ce samedi matin, je me suis rendu à vélo de l'hôtel au départ de Bordeaux-Paris. Les deux kilomètres à effectuer n'étaient pas la pour m'échauffer mais pour simplifier la logistique : je ne ne voyais pas porter sur l'épaule mon sac et mon vélo, alors lorsqu'un véhicule de l'organisation logeant dans le même hôtel m'a proposé de transporter mes affaires j'ai accepté avec joie.

J'ai récupéré mon sac et ma housse de vélo, puis je les ai confié aux véhicules transportant les bagages jusqu'à l'arrivée. 40 minutes avant le départ, certains participants étaient déjà présent dans le sas de départ, prêt à partir. C'est à se demander s'ils savaient qu'ils allaient devoir pédaler pendant un (très) long moment. En attendant le départ, j'ai discuté avec des connaissances (dont des encadrants du Tour de Fête, que j'ai retrouvé avec grand plaisir) tout en regardant passer les maillots des participants. Il y en avait de toute la France, mais mes yeux ont été surpris de trouver autant de participants de la région lyonnaise : Corbas, Oullins, Tassin, Francheleins, Villefranche, Le Péréon, ... j'avais presque l'impression d'être sur une course dominicale de ma région tant j'ai retrouvé les mêmes maillots que d'habitude.

Un gros quart d'heure avant le départ, je suis allé me mettre dans le sas de départ. Je devais déjà être en 250ème position, sur 450 participants. A quelques minutes du départ, j'ai été assez surpris de voir qu'il n'y avait pas vraiment de tension palpable sur les visages. Tout le monde avait le sourire et continuait de discuter avec ses voisins. C'est resté décontracté jusqu'au déclenchement du chrono, le grand ciel bleu devant probablement aider à cette situation.

Photo : ©extralagence.com

J'ai franchi la ligne de départ près de 3 minutes après les premiers. C'est parti à fond d'entrée, j'ai suivi (et participé) au mouvement. J'ai sauté de groupe en groupe, essayant de remonter le plus possible vers l'avant. J'ai été rapidement rejoint par Richard B et ses coéquipiers du cycloteam69. On a pris des relais efficaces afin de rentrer sur les différents groupes devant. Je me sentais bien, j'ai collaboré à la chasse tout en songeant à garder des forces : une des fables de la Fontaine nous apprend que partir vite c'est bien, mais qu'il faut aussi tenir la distance. 35km ont été parcourus au cours de la première heure, une première heure marquée par la chute de nombreux bidons dont 3 que j'ai évité de justesse. Je me suis vraiment fait peur, à chaque fois ils sont passé très très près de mes roues. Pour ceux qui ont perdu un bidon dès les premiers kilomètres, le périple a du être plus compliqué.

La vitesse la deuxième heure a été à peine moins élevée. 34km ont été parcourus au cours de ce deuxième tour de cadrant pour la grande aiguille. Les groupes ont commencé à se figer, il y avait un peloton de 150 coureurs devant, puis mon peloton de près de 80 coureurs ... mais seulement 7 ou 8 qui se relayaient en tête de groupe. J'ai pris quelques relais, je trouvais normal de collaborer et d'assumer ma part, mais je ne souhaitais pas prendre celle de tous ceux qui ne collaboraient pas. J'ai parfois du mal à comprendre l'attitude de certains, quand on est 80 dans un peloton, si chacun prend un relais de 100 mètres, il est loin de se mettre dans le rouge et il passera ensuite 8 kilomètres dans les roues avant de reprendre un nouveau relais ...

Photo : ©extralagence.com

Les cartes ont été redistribuées lors du premier ravitaillement, qui est arrivé un peu après le cap des 2 heures d'effort. Je me suis arrêté 6 minutes, le temps de manger un peu et de refaire le plein des bidons, tout en diminuant la pression sur ma vessie. Je suis reparti seul et ai fait une chasse vent de face pendant 2 kilomètres pour rentrer sur un groupe d'une trentaine de coureurs. Le groupe a grossi petit à petit car on a repris des éléments du groupe précédent qui avaient lâché prise. J'ai discuté par hasard avec un coureur, qui était marchand de cycle, ex-revendeur DT Swiss et qui m'a confirmé qu'il avait arrêté de travailler avec cette marque car il avait trop de problèmes avec leur SAV. C'est venu totalement par hasard dans la conversation, mais cette information m'a rassurée : je ne suis pas le seul à trouver que leur pratique est litigieuse. Au bout de 3 heures (temps incluant l'arrêt), 98 kilomètres avaient été parcourus.

Lors des deux heures suivantes, marquées par un vent non plus de face mais de travers, j'ai préféré prendre des relais de manière active afin d'éviter les cassures qui se produisaient régulièrement. A plusieurs reprises, alors qu'on était 8 ou 10 à se relayer devant sur 40, un écart d'une dizaine de mètres se formait avec ceux qui ne relayaient pas ... alors qu'on roulait à une allure tout à fait régulière. Je me suis rendu compte que parfois les coureurs derrière nous faisaient exprès de laisser des trous et demandaient à ceux derrière eux de faire l'effort pour revenir. Dans ce genre de cas, on est bien mieux devant à participer aux relais que derrière à subir des à-coups. Ca a duré ainsi jusqu'au ravitaillement du 155ème kilomètre, que j'ai rejoint 5 heures après le départ. Un quart du parcours de fait !

Photo : ©extralagence.com

Après 8 minutes d'arrêt, je suis reparti. Cette fois, pas de groupe devant moi, j'ai donc roulotté en attendant un groupe derrière. Ce sont des coureurs isolés qui m'ont rejoint et on a fini par se constituer un groupe de 6. On tournait bien nos relais, le niveau était assez homogène, mais à 6 avec le vent de face les relais revenaient vite. On a roulé une bonne heure comme ceci, avant de se faire avaler par un groupe plus imposant d'une trentaine d'unités. J'ai pu récupérer un peu dans les roues, avant de revenir participer aux relais ... comme toujours, seule une minorité assurait le travail en tête et une majorité suivait sans broncher. J'en ai profité pour sympathiser avec Alexandre, un coureur qui avait un joli coup de pédale et qui était particulièrement généreux dans ses efforts. Lui, il ne comptait pas ses coups de pédale en tête de peloton, il avait le sourire et ne se faisait pas prier pour tirer de longs bouts droit.

Au 3ème ravitaillement, atteint après 233 kilomètres et 8 heures après le déclenchement du chronomètre, on s'est dit qu'on allait tenter de poursuivre notre route tous ensemble. Avec Alexandre, on a loupé le départ du gros du paquet, on s'est retrouvé à 5 ou 6 derrière et on a chassé près de 30 kilomètres avant de rentrer. En fait, au début, on ne chassait pas vraiment car on ne savait pas si le groupe était devant ou derrière. Quand on l'a aperçu devant nous au bout de 20 kilomètres, j'ai demandé à chacun de passer à la vitesse supérieure pour rentrer le plus vite possible : il restait plus de 60 kilomètres avant le ravitaillement suivant, je me suis dit qu'on serait mieux à l'abri dans un gros groupe que dans un petit groupe de 6. On est rentré rapidement, on a comblé 1'30" d'écart en quelques kilomètres seulement.

Un peu après notre retour dans ce groupe, j'ai connu un passage à vide. Pendant quelques minutes je ne me suis pas senti très bien. Heureusement, j'ai pu rester à l'abri dans les roues du groupe. Ca n'a pas duré longtemps, j'ai pu remonter à l'avant et prendre quelques timides relais mais en faisant attention à surveiller le moindre signe de moins bien afin de ne pas en faire trop. Curieusement, quelques minutes plus tard, c'est Alexandre qui a eu un phénomène similaire et qui a failli se faire décrocher du groupe. On a tous les deux compris que chaque effort, notamment la grosse poursuite qu'on venait d'effectuer, se payait à un moment ou à un autre.


On est arrivé à Martizay, au ravitaillement de la mi-parcours, après 313 kilomètres vent de face et 11 heures 25 après le début de l'épreuve. J'étais très satisfait du déroulement de l'épreuve jusqu'à présent : je me sentais bien, je ne m'étais jamais mis dans le rouge, j'étais largement en avance par rapport à mes prévisions avec un niveau de fatigue moindre que dans mes prévisions. Le soleil était en train de se coucher et j'abordais la nuit plein de confiance.

Photo : ©extralagence.com

Cette première moitié, effectuée de jour, a été très agréable. Le parcours était exigeant autant à cause des nombreuses bosses (presque 3000m de dénivelé à mi-parcours !) qu'à cause du vent défavorable. Les routes étaient globalement très peu fréquentées, seules les traversées de quelques villages ont posé des soucis (les voitures se retrouvaient coincées par la horde déferlante de cyclistes, ce qui bloquait les routes), le sécurité était bien assurée et le paysage était vraiment sympa. On a vu beaucoup de châteaux (en ruines) et d'églises, on a traversé un nombre incalculable de rivières via des ponts de toutes sortes, ... cette première moitié de parcours était très bucolique. Un véritable régal.


Consultez le parcours.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés à Bordeaux-Paris.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire