Arrivé sur place après une nuit délicate, je me suis préparé comme d'habitude. J'ai retrouvé Rémy et on est parti ensemble faire un tour de reconnaissance du circuit, gilet jaune sur le dos et en veillant bien à ne gêner personne. Ce tour a été riche en enseignements : le parcours était nettement moins plat que ce à quoi je m'attendais, certains virages n'étaient pas tout à fait comme je les avais imaginés, certains se passaient sur les prolongateurs et d'autres non ... il n'y a pas de débat possible, on ne peut pas préparer une épreuve uniquement depuis son canapé.
De retour à la voiture, je me suis mis sur le Home-Trainer pour compléter mon échauffement. J'ai perdu une dizaine de minutes à comprendre pourquoi il ne marchait pas : ma roue arrière effleurait à peine le rouleau, je pédalais donc dans le vide. J'ai fini par trouver la source du problème et l'ai corrigé : une partie s'était déboitée pendant le transport, la résistance n'était plus tout à fait à sa place. J'ai pu finir mon échauffement assez sereinement, même si ces 10 minutes perdues m'auraient été plus utiles en échauffement qualitatif qu'en réparateur d'électronique.
(photo prise par Raymond T)
J'ai rejoint le départ quelques minutes avant l'heure prévue. Quand mon tour est venu, j'ai pu rigoler avec le speaker qui rappelait à chaque participant qu'il y avait 2 tours à effectuer, qu'il fallait rester toujours à droite de la route sauf dans la dernière ligne droite du deuxième tour où il fallait se serrer à gauche pour franchir la ligne d'arrivée. J'avais le dossard 138, ça devait être la 138ème fois qu'il répétait la même chose donc j'en ai rigolé avec lui ... je me suis re-concentré dans les dernière secondes, ai déclenché mon compteur lorsque le décompte des 5 dernières secondes a commencé et me suis élancé au top.
J'avais prévu un petit braquet pour le départ, ayant vu quelques minutes plus tôt mon coéquipier Thomas piocher un peu sur ses premiers tours de pédale. Pourtant, je suis moi aussi resté planté sur place au départ, les deux premiers tours de pédalier étant un peu laborieux ... les 4/5 amis venus au départ m'encourager auront au moins pu profiter quelques secondes supplémentaires de ma présence. Une fois lancé, avec un peu d'énervement, ça a donné un départ rapide mais en 3 minutes j'ai compris que les jambes n'étaient pas les mêmes qu'hier. Le coeur m'a rapidement dit de me calmer car il ne tiendrait pas 5 minutes à ce régime.
Au bout de 2 ou 3 kilomètres, alors que j'étais en pleine ligne droite, un sifflement soudain m'a déconcentré. Le bruit ressemblait à celui d'une crevaison rapide, j'ai par réflexe essayé de regarder si c'était la roue avant où la roue arrière qui venait de me faire faux-bond ... mais les deux m'ont semblé en bon état. A 40km/h, on se rend très vite compte quand un truc cloche ou non. Le bruit persistant et se précisant au bout de 3 secondes, j'ai compris que c'était un riverain qui venait d'allumer son karcher. Par chance, je n'avais pas particulièrement coupé mon effort donc n'ai pas perdu de temps, j'ai juste été déconcentré quelques secondes mais rien de grave. Le vélo était en parfait état, je pouvais écraser les pédales sans soucis.
Après un long faux-plat montant vint un long faux-plat descendant. Le virage de transition entre les deux a été correctement négocié grâce au repérage. Déjà que j'avais du mal à sortir de la puissance en faux-plat montant, alors sur faux-plat descendant ça a été encore plus compliqué. J'ai quand même donné le meilleur de moi-même, mais le corps ne répondait pas vraiment présent ... ni absent. Au bout de cette section, nouveau virage à droite pour revenir sur le départ via une portion plus sinueuse et plus irrégulière (alternant faux-plats montants et descendants). J'étais en train de rejoindre un concurrent étant lui dans son deuxième tour, un coup d'oeil derrière moi avant le virage m'a annoncé l'arrivée prochaine du coureur parti une minute derrière moi et grand spécialiste du contre-la-montre, Pascal Thévenin. J'ai doublé le coureur qui était devant moi un peu avant d'être doublé par un coureur qui bouclait fort son deuxième tour ... lui-même suivi par Pascal, qui le doublera 300 mètres plus loin.
Je suis resté à mon rythme afin de ne pas exploser, car je sentais que j'étais déjà proche de la rupture alors que je n'avais pas encore bouclé mon premier tour. Je commençais déjà à craindre une grosse défaillance dans le second tour, mais serrais fort mes prolongateurs pour que celle-ci n'arrive pas. J'aurai pourtant bien aimé suivre (à distance, évidemment) Pascal afin de calquer mes trajectoires sur les siennes dans la partie sinueuse ... mais il m'a doublé un peu trop tôt pour cela donc était hors de ma vue en abordant les virages principaux. Dommage.
(photo prise par Raymond T)
J'ai bouclé le premier tour en étant déjà à fond et légèrement au delà du temps de passage que j'avais prévu. Je visais un temps de 14 minutes, j'étais à 14'30", rien de catastrophique au niveau du chrono au vu des sensations. J'ai attaqué le deuxième tour et son long faux-plat montant en restant proche de la rupture, en me disant que je soufflerais un peu lors de la portion en faux-plat descendant. J'ai joué du dérailleur afin d'alterner passages en force et passages plus en souplesse, sans jamais trouver le bon compromis entre les deux. Chaque coup de pédale, je me disais de poursuivre l'effort au maximum car chaque seconde de perdue pouvait se transformer en un point de perdu pour le challenge. Au moment d'aborder la portion favorable, où je pensais souffler un peu avant l'arrivée, j'ai aperçu au loin le coureur parti une minute avant moi. Il n'en fallait pas plus pour me garder dans le jeu.
Finalement, j'ai conservé un effort lisse, pensant reprendre petit à petit du temps sur ce concurrent. Surtout, je pensais le rejoindre à la fin de cette portion, le pensant plus ou moins cuit. Malgré mes efforts autour de 50km/h par moments, je ne lui reprendrai pas grand chose ... il me restait encore les 3 derniers kilomètres de la dernière portion pour tenter de combler les 25 secondes d'avantage qu'il avait encore. Je me suis battu jusqu'au bout, restant pleinement concentré sur chaque coup de pédale et chaque virage afin de gratter ces secondes qui me manquaient ... il résistera très bien et conservera 12 secondes d'avance sur la ligne. Grâce à lui, même si je ne l'ai pas rejoint, j'aurai donné le meilleur de moi-même et n'aurai rien lâché.
(photo prise par Raymond T)
Je boucle le deuxième tour 20 secondes plus lentement que le premier, soit 2% de différence. Avec un temps de 29'22", je suis loin des meilleurs temps. Je suis en dessous de ma performance d'hier et du week-end dernier, sans que ce soit catastrophique. Au challenge, j'avais une cinquantaine de points de retard avant cette quatrième manche; Cette petite contre-performance creuse un peu plus mon retard mais je continue à y croire et me battrai jusqu'au bout pour monter sur le podium.
Consultez le classement et mes données.
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