Ce matin, la température était de 20°C pendant notre petit déjeuner et le vent ne s'était pas levé. Le soleil tapait déjà très fort ce qui nous laissait penser que la journée allait être chaude, très chaude ! Nous sommes partis sur des routes en faux plat jusqu'à Mirabel aux Baronnies : chacun de nous deux prenait ses relais à intervalles réguliers ...
Nous avons alors emprunté une petite route pittoresque montant sur une pente irrégulière de 5 à 7% et menant au col de Croix Rouge après un mur de 300m à plus de 12% ! La route est très sympathique, enclavée entre 2 montagnes. La descente est identique à la montée : on descend un cours d'eau mais cette fois la route est moins enclavée. On est très bien : il ne fait pas encore trop chaud et il n'y a aucune circulation ! On retombe dans une vallée : la vue y est magnifique jusqu'au col d'Ey ! En effet, on remonte le long d'un ruisseau, la vue y est à couper le souffle par la beauté des paysages. La pente jusqu'au col est régulière, la route est bordée par des champs de lavande et d'abricotiers. La lavande dégage un arôme superbe à respirer ... surtout qu'il n'y a aucune automobile pour venir nous priver de ce parfum et le remplacer par une odeur de gasoil beaucoup moins plaisante pour nos narines !
Le vent se lève et se met à souffler de manière défavorable dans la descente sur Buis les Baronnies. La chaleur commence à se faire sentir, et un premier ravitaillement en eau est le bienvenue. On entame alors la remontée sur le col de Fontaube en compagnie d'un groupe de 4 allemands qui grimpent à bloc : je reste dans leurs roues jusqu'au col mais Bertrand lui ne peut pas suivre le rythme terrible qu'ils imposent. Au cours de la montée, la vue était encore très jolie, la route empruntant des gorges encore une fois. La descente est composée d'enfilades dans laquelle je me fais vraiment plaisir : la pente ne permet pas d'aller vite mais les enfilades de courbes me permettent de m'amuser avec une grande précision dans les trajectoires ...
Nous remontons ensuite vers Aurel : on grimpe dans des gorges avant de rentrer dans une forêt interminable qui sent bon l'odeur du pin. Bertrand faiblit, j'assure seul le rythme dans la montée mais prends un coup de chaud : il était temps que le sommet arrive car je commençais à me sentir moins bien. Après un nouveau ravitaillement en eau, nous prenons un léger faux plat descendant pour rejoindre Sault dans lequel nous ne réussissons pas à récupérer avant d'entamer le gros morceau de la journée : le Mont Ventoux.
A la sortie de Sault, nous rentrons dans le vif du sujet : on grimpe dans les champs de lavande, l'odeur qui s'en dégage est géniale, je suis conquis ! La chaleur est étouffante, suffocante, on a véritablement l'impression de manquer d'air alors que nous ne sommes qu'au pied ! Bertrand craque rapidement, je m'envole dans un premier temps en pensant que ce n'est qu'un petit coup de moins bien passager et qu'il reviendra un peu plus loin ...
Je décide de l'attendre au bout de 7km de montée : j'ai tellement connu de grosses défaillances que je connais l'importance d'un soutien physique et psychologique dans ces moments terribles. Je me place devant lui et impose un tempo, lui fournissant à boire et lui donnant les consignes "tu te mets en danseuse jusqu'au virage pour détendre tes muscles", ... j'essaye au maximum de faire ce que j'aurais aimé que quelqu'un fasse pour moi lors de mes défaillances. On rencontre un couple d'Allemands qui nous ravitaille en eau et lui donne une banane et du chocolat afin de combattre son hypoglycémie, puis on repart ... la pente étant assez facile à cet endroit, j'essaye d'imposer un tempo pas trop élevé afin de ne pas cramer le peu d'énergie qu'il vient à peine de récupérer.
Après le chalet reynard ça devient dur, de plus en plus dur : j'essaye par moments d'accélérer l'allure mais je sens que je faiblis. Mon coup de pédale est beaucoup moins rond, je me mets en danseuse sans véritable gain d'efficacité ... la pente est terrible, très raide, mais le spectacle est véritablement magique. Je suis dans le dur, quelques chaudes larmes (de joie ou de douleur ?) et une vive émotion me signalent que la légende me tend les bras ... mais qu'elle ne s'offre pas à n'importe qui sans efforts ! Je jette mes dernières forces dans l'ultime kilomètre, je me fais violence et arrive cramé mais heureux en haut. J'en ai bavé, je commençais tout doucement à craquer ... et pourtant, j'ai doublé un paquet de gars ! On fait quelques photos pour immortaliser le moment et on profite de la vue magnifique : on est tous les 2 fatigués mais heureux d'être arrivé au sommet ... surtout Bertrand qui pensait véritablement qu'il ne réussirait pas à grimper jusqu'au sommet ! J'effectue la montée en 1°47'40", à 141bpm de moyenne et 18bpm au maximum lors de mon sprint au sommet.
J'avais repéré hier 3 zones où il était possible, selon moi, d'atteindre les 90km/h. Dans la première j'atteins 80km/h mais fais exprès de ne pas aller plus vite car la portion est dangereuse en raison d'un dévers très important me poussant contre la barrière. Je joue la prudence et repousse ma tentative un peu plus loin. La 2ème zone me permet d'atteindre un nouveau record : 86.9km/h, et là encore je ne réussis pas à exploiter pleinement mon potentiel en raison des voitures et d'un léger vent de face ! Dans la 3ème zone, je décide de ne pas prendre de risques car je sais qu'au bout de 120km je suis fatigué et que mes réflexes sont altérés ... j'ai eu ma dose d'adrénaline pour la journée et ne souhaite pas finir dans le fossé. Mon compteur affiche tout de même 58km/h de moyenne sur les 21km de descente ...
Nous effectuons les 10 derniers kilomètres dans la vallée afin de rentrer chez mon compagnon de route. Le petit vent favorable est fort apprécié et nous permet d'effectuer un retour tranquille ... nous sommes tous les deux heureux à la fois de ce que nous venons de réaliser et à la fois heureux d'enfin en terminer !
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