Aujourd'hui aurait encore pu être l'un de ces rendez-vous manqué de l'histoire. La faute à une météo capricieuse et un emploi du temps chargé. J'avais chargé 3 parcours possibles dans mon compteur : le premier partait de Ligney et se terminait au centre de Liège, le deuxième partait du centre de Liège et se terminait à Ligney. Le dernier, celui retenu, partait de Liège, filait sur Ligney et revenait sur Liège. Liège-Ligney-Liège, la veille de Liège-Bastogne-Liège. Moins de prestige, mais un symbole tout aussi fort dans mon cas.
Avant de me rendre à Liège, alors que je retirais le siège-auto (enfant) du véhicule de ma belle-mère car il m'empêchait de rentrer mon vélo dans le coffre, sa voisine de 80 ans est venu me surprendre. Elle ne n'avait pas reconnu et elle pensait que j'étais en train de voler le siège-auto. Elle m'a reconnu de suite quand j'ai levé la tête et s'est excusée, mais le geste était touchant : vu son âge et son état de santé, un simple coup d'épaule me suffit à l'envoyer à l'hôpital. Pourtant elle est descendue dans la rue. Mon ancien vélo, qui vit une retraite paisible en Belgique, semble être sous bonne protection.
A Liège, j'ai pris le départ depuis la place centrale où avait lieu la présentation des équipes. Le départ des professionnels sera donné à cet endroit demain. J'ai suivi les flèches jaunes d'ASO, immanquables car nombreuses et bien placées, jusque sur les quais de la Meuse. J'ai eu le droit à 8 kilomètres d'échauffement sur les quais bétonnés en 2 x 2 voies urbaines (coupées par des feux et limitées à 50km/h). Il n'y avait pas de circulation donc ça allait, mais franchement ce n'était pas les plus beaux kilomètres de ma vie. J'ai récupéré des participants au Liège-Bastogne-Liège Challenge peu avant le pied de la célèbre côte de Saint Nicolas. Dans la légende belge associée à ce personnage, il apporte des cadeaux aux enfants sages ... il apporte également de la douleur aux cyclistes fourbus. Pour ma part, tout juste échauffé et sans fatigue, l'ascension a été tranquille. La côte de Ans qui a suivi m'a indiqué que mes souvenirs n'étaient pas tout à fait exacts. J'avais souvenir d'un gros faux-plat montant ... mais une fois en bas de cette interminable ligne droite, j'ai compris que ce n'était pas du tout un faux plat. Il faut quand même s'employer si on veut la monter sur le gros plateau.
(enfin un virage après 17km de ligne droite !)
J'ai passé l'arrivée officielle de Liège-Bastogne-Liège (contrairement aux participants du LBL Challenge) et ai poursuivi ma route en direction de l'aéroport de Liège puis de Ligney. Sur le plateau, j'ai compris pourquoi l'aéroport était ici : on est entouré par des champs à perte de vue, quelques éoliennes et quelques clochers dépassent, tandis que l'ensemble du plateau est balayé par le vent. Ce dernier aide les avions à décoller et à atterrir, l'orientation des pistes donnant une indication sur les vents dominants de l'endroit (elles sont orientées dans l'axe des vents dominants).
Après l'aéroport, j'ai entamé l'une des plus longues lignes droite de ma vie. 17 kilomètres sans le moindre virage ni la moindre petite courbe. Je craignais cette ligne droite, j'avais peur qu'elle soit monotone, mais elle est plutôt bien passé. D'une part, par un effet de vaguelettes, je ne la voyais pas en entier mais uniquement jusqu'au sommet de la vaguelette suivante. Les champs bordant la route laissaient une vue dégagée au loin sur des nuages aux teintes variées. Les jeux de lumière étaient plaisants à regarder. J'avoue que sans ces éléments, ça aurait surement été pénible. La circulation était très faible et le goudron globalement bon, je n'ai donc pas eu à regretter mon passage sur cette route.