Après avoir retrouvé Nicolas, avec qui j'ai partagé mes 3 sorties du séjour, au centre de Bédoin nous avons filé en direction de Flassan. La route grimpe en douceur pendant 6 kilomètres et offre de beaux points de vue sur le Ventoux et les alentours; Il y avait peu de circulation ce matin la, c'était vraiment paisible. Après Flassan, 20 kilomètres de faux plat descendant nous ont permis de rejoindre Mormoiron puis le hameau de Serres sur de petites routes superbes, étroites et sans circulation. Des routes pour les vignerons je pense, sur lesquelles une voiture et un vélo avaient du mal à se croiser ... mais comme il n'y avait (presque) aucune voiture, l'étroitesse de la chaussée ne nous a pas gêné. Au milieu des vignobles, la vue était dégagée et nous pouvions admirer le paysage très loin autour de nous.
Au col de la Chaine, au fond les dentelles de Montmirail.
Après le hameau de Serres, nous avons poursuivi sur ces petites routes jusqu'à Beaumes de Venise mais sur un léger faux plat montant cette fois. C'est à Beaume de Venise que les choses sérieuses ont commencé : on a d'abord grimpé pendant 7 kilomètres jusqu'au col de suzette, puis 4 kilomètres plus loin nous avons atteint le col de la chaine. Jusqu'au village de Suzette, la route grimpe en fond de vallée et suit à peu près le cours d'un ruisseau. Sur la gauche, on a une vue imprenable sur les dentelles de Montmirail. Après Suzette, la route est à flanc de montagne, dans la roche. J'ai atteint péniblement le col : certes il était usant et pas si facile que ça, mais surtout car avec le dos et les cervicales en vrac, j'étais diminué et avais du mal à écraser pleinement les pédales. Ca m'a laissé plus de temps pour admirer le paysage, même si j'aurai préféré grimper légèrement plus vite et moins souffrir ... car pour grimper en 35 minutes, j'ai quand même du livrer bataille du bas jusqu'en haut.
A la sortie de Malaucène, en direction du hameau de Veaux
Après avoir posé chacun notre tour pour une photo, nous sommes repartis en direction de Malaucène. Pas pour y grimper la face nord du Ventoux, mais pour emprunter la route menant au hameau de Veaux et aux gorges du Toulourenc. C'était une route que je ne connaissais pas du tout, ça a été une agréable découverte. Enfin, agréable pour les yeux ... car physiquement, c'est une vacherie ! Ca monte et ça descend, le goudron est rugueux, on est constamment en prise. Mais que c'est beau. On change plusieurs fois de décor en quelques coups de pédale : on roule sur une route bordée de vignes avec une vue dégagée, puis subitement on plonge dans une gorge étroite bordée de pins et d'éboulis, avant que la route ne se cabre à nouveau pour remonter sur un plateau arboré. Prenez le temps de regarder sous le petit pont en traversant le Toulourenc, l'eau y est très belle. Puis prenez une grande respiration et appuyez fort sur les pédales car il faut désormais remonter en direction du col de Veaux.
Nous sommes rentrés à Malaucène par le village d'Entrechaux (et son château perché sur un pic rocheux). La route est belle et en petits vallons, c'est nettement plus facile que la route du hameau de Veaux mais il y a aussi nettement plus de circulation. Après avoir laissé Nicolas à Malaucène, je suis rentré à Bédoin par le col de la Madeleine, que tous les cyclistes ayant grimpé le Ventoux connaissent bien.
Borne de limite départementale entre la Drôme et le Vaucluse
Quelques jours plus tard, j'ai retrouvé Nicolas pour une sortie faisant le tour du Ventoux. De Bédoin, on a rejoint Flassan pour nous attaquer au col de notre dame des abeilles. De Bédoin, c'est 19,6 kilomètres d'ascension à 4,5%. Ce n'est pas très pentu mais c'est long et usant. A partir de Flassan, la route était déserte et nous grimpions entourés par une végétation de petits arbustes et buissons, permettant généralement de profiter de la vue sur les alentours. Quelques passages en forêt nous ont rempli les poumons d'odeur de sève de pin. Avec l'effort, les poumons se déploient pleinement et à un rythme rapide, permettant à un maximum d'effluves de venir titiller nos capteurs olfactifs. En voiture, avec un rythme respiratoire plus lent donc un volume inspiré moindre, les odeurs ressortent nettement moins. En arrivant au col des abeilles, nous étions déjà ravis de notre sortie. Nous étions loin d'imaginer que ce ne serait qu'une mise en bouche et que le reste de la sortie nous réservait plein d'autres belles surprises.
Dans la descente entre le col des abeilles et Sault
Quelques kilomètres après avoir franchi le col de notre dame des abeilles, la route nous a amené sur une magnifique descente à flanc de montagne nous permettant d'admirer un plateau de champs de lavande sur notre droite. On en a d'abord pris plein les yeux ... puis plein les narines un peu plus bas dans la descente, quand l'odeur de la lavande s'est mélangée à celle des pins. J'aurais aimé pouvoir capturer ce divin mélange d'odeurs. On a pris notre temps dans cette descente, les coups de pédale n'ont pas été nombreux. Bon, nous n'avons pas freiné non plus mais si on avait pu la faire durer un peu plus longtemps on ne se serait pas gêné.
En bas de la descente, il a fallu à nouveau pédaler pour grimper jusqu'à Sault. Nous avons rejoint un cycliste en tenue Astana, nous l'avons doublé, il s'est mis dans notre roue. A cause de mes soucis de dos et de cervicales, on ne roulait pas très vite mais on ne roulait pas comme des tortues non plus, surtout que je suis moins gêné dans les ascensions courtes que dans les longues. Le cycliste doublé est resté un petit moment dans notre roue, puis est remonté à notre hauteur, m'a regardé et dit "tu dois mettre gros plateau" avec un accent de l'est puis nous a attaqué. On l'a laissé filer. "Chacun sa route, chacun son chemin, chacun son rêve, chacun son destin."
Aurel
Montbrun les bains
La route entre Sault, Aurel et Montbrun les bains a aussi été un délice visuel et olfactif. Jusqu'à Aurel la route permet d'admirer les champs de lavande dans une vallée qui se resserre de plus en plus au fil des kilomètres. Après Aurel, on rentre dans une gorge rocheuse avec quelques "bulles" surprenantes où subitement la roche laisse place à de l'espace permettant à quelques habitations entourées de champs de s'épanouir, avant de se refermer et de redevenir un espace rocheux étroit.
Reilhanette
Un peu avant Montbrun les bains, on a tourné à gauche pour poursuivre notre tour du ventoux au plus près. On est passé au bord des villages de Reilhanette, de Savoillan, de Brantes puis de Saint léger du ventoux. Ce sont des villages minuscules, comportant respectivement 145, 77, 81 et 37 habitants en 2015 ! La route permet de découvrir l'envers du Ventoux, son côté qu'on voit rarement en photo ou à la télévision. Après Saint léger, une petite ascension usante de 3,6 kilomètres à 4,2% permet de fatiguer l'organisme et de plonger sur le col de Veaux. Pour coller au plus près du Ventoux, il aurait fallu tourner à gauche au col et prendre la route du hameau de Veaux pour rejoindre Malaucène, mais on a préféré rentrer par la route plus facile via Entrechaux.
L'envers du Ventoux, vu entre Savoillan et Brantes
Après Malaucène, le retour à Bédoin s'est à nouveau fait par le col de la Madeleine. Ce parcours, si un jour vous êtes dans le coin, je vous le recommande vivement. Si vous êtes plus en jambes que moi, je vous conseille de rentrer par la route du hameau de Veaux après Saint Léger du Ventoux. Notre version du parcours fait 90 kilomètres pour 1400m de dénivelé, la version que je recommande doit ajouter 2 ou 3 kilomètres et environ 200 mètres de dénivelé.
Le Ventoux vu depuis Saint léger du ventoux
Merci à Nicolas pour ses longs relais et nos interminables conversations. Dans un paysage superbe, en bonne compagnie, sur ces deux sorties j'ai oublié que j'étais diminué, que j'avais mal et j'ai profité pleinement de chaque instant. Si c'était à refaire, je referai la même chose. Sans hésiter !
Consultez le parcours de la première sortie et celui de la deuxième sortie.