Bien que situé au sud ouest de Lyon, il est rare que je m'aventure dans le Pilat. Les Monts du Lyonnais et le Beaujolais, respectivement à l'ouest et au nord de Lyon, sont suffisamment vastes pour que je puisse m'y amuser sans avoir besoin d'aller chercher plus loin mon bonheur. Je n'avais jamais emprunté l'itinéraire de cette grimpée, ni en totalité ni même un petit morceau. J'entrais donc dans l'inconnue du point de vue du parcours ... mais dans le parfaitement connu du point de vue physique. Une grimpée d'une vingtaine de minutes ressemble à une autre grimpée : on se met à fond et on y reste le temps nécessaire pour rejoindre l'arrivée.
Un dossard neuf, c'est rare
Je suis arrivé sur place, j'ai choisi mon heure de départ (car sur cette épreuve il n'y a pas de pré-inscription), je me suis changé puis j'ai enfourché mon vélo pour une première grimpée en reconnaissance. Ca m'a permis de prendre des repères, de constater les irrégularités de la pente, de regarder comment était le vent (défavorable tout le long), le goudron, les virages, ... bref, tout ce qu'il me fallait pour me rassurer et me permettre de me livrer pleinement. Le fléchage était vraiment bien, impossible de se tromper. En bonus, des panneaux indiquaient chacun des 5 derniers kilomètres et chaque hectomètre des 500 derniers mètres. En plus du repérage, j'ai profité de l'ascension pour m'échauffer physiquement.
Le Rhône en bas, les vignes en bord de route
La descente m'a permis de profiter du paysage : la route offre un panorama dégagé sur les alentours et plonge en direction du Rhône. C'était beau à la montée face aux collines, c'était encore plus beau à la descente face à l'horizon. La fin de la descente, donc le début de l'ascension, se fait dans les vignes de Condrieu (AOC). Tous les automobilistes les aperçoivent quand ils prennent l'A7 entre Lyon et Valence, juste après les vignobles de Côtes-Roties (AOC). Quand on est sur l'autoroute à cet endroit, on voit quelques petites routes qui grimpent droit dans la pente et on se dit qu'on aimerait pas les monter (ni les descendre) à vélo ... heureusement, ce n'était pas ces routes la qu'il fallait grimper.
Après la descente, quelques minutes de pause à la voiture pour me débarrasser du superflu, et me voilà parti en direction de la zone de départ. Impossible de la manquer : une multitude de barrières, un barnum jaune et des bâches publicitaires colorées matérialisaient l'endroit. Je me suis positionné dans le sas quelques minutes avant mon départ, j'ai regardé les 2 coureurs partant avant moi s'élancer, puis je me suis placé à mon tour et me suis concentré. Deux personnes devant moi à une minute d'intervalle, deux personnes à "chasser". Par chance, il n'y avait personne qui devait s'élancer derrière moi avant 5 minutes, donc personne pour me chasser.
J'ai pris un départ plus calme que la semaine dernière. J'ai immédiatement trouvé mon rythme de croisière et m'y suis tenu pendant les 3 premiers kilomètres à un peu plus de 5% de moyenne. La pente n'était pas parfaitement régulière, mais les variations de pente n'étaient pas trop importantes donc j'ai pu conserver mon allure sans soucis. J'avais bien fait de profiter du paysage avant que le chronomètre ne s'enclenche, car je n'ai rien vu du tout cette fois.
La partie vallonnée
Un peu après le 3ème kilomètre, une partie plus vallonée débutait. La route montait et descendait légèrement pendant un kilomètre et demi particulièrement exposé au vent. La vue étant dégagée, j'ai vu au loin les deux personnes parties avant moi et ai pu faire un pointage : déjà une minute de récupérée sur celle partie 2 minutes avant moi, et 15 secondes de récupérées sur celui parti 1 minute avant moi. A un tiers du parcours, c'était encourageant mais j'ai fait attention à conserver mon rythme de croisière : mon adversaire c'était le chronomètre, revenir sur eux trop rapidement et m'écrouler ensuite n'avait aucun intérêt.
Une petite descente rapide entre le panneau annonçant l'arrivée à 5 kilomètres et celui annonçant l'arrivée à 4 kilomètres, et me voilà reparti de plus belle. Désormais, il fallait grimper pendant 3,6 kilomètres à un peu plus de 5% de moyenne pour rejoindre la ligne d'arrivée. Au changement de pente, j'avais encore grignoté quelques secondes sur les deux personnes devant moi à qui il restait encore une bonne trentaine de secondes d'avance.
J'ai augmenté légèrement le rythme en sentant que la section légèrement descendante m'avait permis de récupérer un peu. Le panneau annonçant les 3 derniers kilomètres est arrivé, doucement. Les panneaux kilométriques en montée défilent toujours plus lentement que ceux en descente, malgré une grosse débauche d'énergie. J'ai doublé la cycliste partie deux minutes avant moi, puis après quelques coups de reins supplémentaires j'ai doublé à pleine vitesse le cycliste parti une minute avant moi. Les jambes et le coeur faisaient mal, il restait encore deux kilomètres et j'étais plus lent que mes prévisions, mais le fait de doubler d'autres concurrents m'a confirmé que je n'étais pas le seul à souffrir et que le vent faisait mal à tout le monde.
Je n'ai pas eu le temps de savourer longtemps mon plaisir de doubler : j'ai à peine eu le temps de vérifier que la personne ne s'était pas mise dans mon sillage que je voyais Anthony Cheytion me doubler comme une fusée. A plus d'un kilomètre de l'arrivée, il m'avait déjà repris les 5 minutes qui nous séparaient et vu sa vitesse en me doublant l'addition promettait de s'alourdir. Il me prendra finalement 5'52", son chrono lui permettant de remporter l'épreuve avec presque une minute d'avance (57") sur son plus proche challenger.
J'ai poursuivi mon effort sans me préoccuper de sa présence. Il a disparu tellement vite que de toute façon je ne l'ai pas vu longtemps. J'ai tout donné jusqu'au bout, le dernier kilomètre m'a semblé interminable. A chacun des panneaux placés tous les cent mètres dans les cinq cent derniers mètres, j'avais l'impression d'avoir parcouru deux cent cinquante mètres au moins. La dernière ligne droite ne semblait pas avoir de fin, j'ai explosé dans les cent derniers mètres. J'ai franchi la ligne d'arrivée et ai mis plusieurs longues minutes avant de récupérer. Aucun doute, je ne pouvais pas faire mieux. Mon temps de 25'44 m'a permis de prendre la 34ème place sur 66 participants. A la moitié du classement, comme la semaine dernière.
Après quelques minutes au sommet pour retrouver mes esprits et surtout ma lucidité, j'ai pu me lancer dans la descente. Je me suis changé, j'ai rangé mon matériel, j'ai rendu mon dossard puis je suis rentré chez moi. Je reviendrai avec plaisir sur cette épreuve car le parcours est sympa et qu'elle est très bien organisée. Le fléchage est excellent, aussi bien sur le parcours que pour les à-côtés (pour s'y rendre, pour la zone des dossards, ...), la sécurité est parfaitement assurée, la prise et le rendu de dossard est facile et rapide, les bénévoles sont accueillants, ...
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