Ce matin j'ai eu une illumination : et si on instaurait un permis à points pour les cyclistes professionnels ?
Le cyclisme professionnel est malade. Depuis 1998 et la "prise de conscience collective du dopage" les choses bougent doucement. Les maux du passé ne semblent pas bien loin, voir sont toujours présent mais mieux caché chez certains coureurs. Les "révélations" et autres affaires qui tombent tous les trimestres montrent que l'hypocrisie règne toujours dans ce milieu ...
J'ai donc réfléchi sur un système de permis à point qui permettrait de sanctionner les différentes dérives du cyclisme professionnel. Le principe est simple :
- tout le monde commence avec 10 points (pour simplifier, parce que 12 ce n'est pas pratique)
- tout mauvais comportement (provocation d'une chute collective telle que celle de Roberto Ferrari sur le Giro, s'accrocher aux voitures dans un col, bagarre telle que celle ayant opposé Barredo à Rui Costa sur le Tour de France, ...) couterait un point
- tout "no-show" (absence lors d'un contrôle anti-dopage surprise) couterait un point
- toute affaire de corruption (telle que celle entre Vinokourov et Kolobnev lors de Liège-Bastogne-Liège) couterait 3 points
- tout produit dopant "léger" (selon une liste fournie par des experts de l'AMA) couterait 4 points
- tout produit dopant "lourd" couterait 6 points
- en cas d'infraction, on récupère ses points au bout de 4 ans sans nouvelle infraction
- si on a plus de point, on est rayé à vie des tablettes du cyclisme professionnel
Avec ce système de points, s'applique les règles suivantes :
- pour participer à une course WorldTour, il faut avoir 8 points ou plus
- pour participer à une course de classe HC il faut au moins 6 points
- pour participer à une épreuve de classe 1 il faut au moins 5 points
- pour participer à une épreuve de classe 2 il faut au moins 2 points
Ainsi, les coureurs paient chacun de leurs "no-show" : il n'y a plus la barrière bloquante à partir de 3 absences. Yoann Offredo aurait ainsi perdu le droit de courir sur des courses WorldTour à cause de sa négligence, mais pourrait toujours se rendre sur des courses HC.
Les courses WorldTour ne seraient ainsi accessibles qu'aux coureurs (quasiment) irréprochables. Les coureurs ayant fait des erreurs mineures (no-show, dopage léger "involontaire") ne seraient pas privé de leur métier mais seraient condamnés à 4ans sur des courses inférieures. Plus un coureur fait d'erreurs, plus elles sont grosses, plus les portes se ferment ... jusqu'à ce qu'il fasse l'erreur de trop et soit éjecté à vie. Par erreur, j'inclus tout mauvais comportement et pas seulement le dopage. Un coureur qui s'accroche aux voitures n'a qu'une sanction financière actuellement ... 1 no-show et 2 accrochages aux voitures le priverait des plus belles courses.
Ce système serait étendu aux managers des équipes selon un barème différent :
- on part toujours sur 10 points, sachant que les malus obtenus en tant que coureur se conservent lorsqu'on rentre dans le staff d'une équipe
- chaque cas de dopage d'un coureur de l'équipe couterait 1 points à tout le personnel (directeurs sportifs et médecins notamment)
- on ne peut pas officier au sein d'une équipe WorldTour si on a moins de 6 points
- on ne peut pas officier au sein d'une équipe ContinentalePro si on a moins de 4 points
Avec ce système, les ex-tricheurs qui se lancent à la tête des équipes seraient bridés. Vinokourov a pris la direction sportive d'Astana malgré son passé trouble : il n'aurait plus le droit d'officier en WorldTour selon mon barème. Il y a eu bien d'autres cas par le passé, Johan Museeuw ayant eu à faire 2 ans de suspension entre sa carrière sportive et sa reconversion est un des seuls (à ma connaissance) à avoir eu à payer pour ses erreurs de coureur avant d'intégrer le staff de Quick-Step. Ce système permet également de sanctionner les managers et les médecins qui sont trop permissifs ... sans pour autant leur faire payer directement les erreurs individuelles qui peuvent se produire. Lorsqu'un membre change d'équipe, il traine avec lui ses casseroles des équipes précédentes. Le décompte se fait bien sur le personnel des équipes et non sur l'équipe elle-même.
Mon modèle n'est pas parfait, il y a surement des choses auxquelles je n'ai pas pensé, mais je le trouve intéressant et je pense que l'UCI devrait s'y pencher. Je précise qu'il n'est valable que si les points sont automatisés et centralisés : les sanctions ne doivent pas être décidées par la fédération de chaque pays, elles doivent venir directement (sans contrôle humain susceptible d'être corrompu) d'un organe universel.
Et vous, qu'en pensez-vous ?
Je trouve ton idée pas mal, mais si on y réfléchie bien, ça viendrait à faire de la seconde division du cyclisme un ghetto pour chaudière, dans lequel le niveau serait peut-être même plus élevé qu'en Word Tour ... J'exagère un peu, mais on pourrait arriver à une situation un peu étrange.
RépondreSupprimerA mon humble avis, il faudrait surtout instaurer une suspension à vie pour tous les médecins, managers, directeurs sportifs, entraîneur et autres membres du staff à la moindre implication dans une affaire de dopage.
Et pour les coureurs, suspensions de deux ans pour le dopage "léger", et suspensions à vie dès le premier cas de dopage "lourd". Le problème avec ça est de mettre une frontière entre lourd et léger ...
L'idée est en effet intéressante et il serait marrant de partir de ton barême et de croiser ça avec les données de sites comme cyclisme-dopage pour faire une simulation de ce que serait l'état actuel du peloton.
RépondreSupprimerPar contre, il y a quelques limites à ton raisonnement :
- on a vu avec l'affaire Armstrong qu'on peut faire toute sa carrière sans aucun soucis de contrôle positif (donc pas de perte de point) et n'être inquiété qu'en fin de carrière
- le cas de arrangements en course est assez difficile à prouver (on peut reprendre l'exemple de Vinokourov que tu cites) et le fait de retirer des points à la moindre "affaire" pourrait être la porte ouverte à l'affabulation.
Pour rigoler, on pourrait aussi remplacer la perte de point par l'ajout d'un lest de 5kg au coureur en conservant le barème que tu donnes (1 point = 5kg).
Je me suis fait la même réflexion que Delbook par rapport au fait d'envoyer les coureurs déjà fautifs sur les courses moins importantes.
RépondreSupprimerPar ailleurs, instaurer un permis à points et retirer 4 points pour un dopage "léger" revient finalement à tolérer ce dopage léger. Le gars pourrait se dire : "bon allez, j'ai droit à deux contrôles positifs et après je me calme"...
Sans compter, comme le précise Arnaud, que des coureurs parviennent et parviendront toujours à passer entre les mailles du filet.
Quoiqu'il en soit, je trouve ton idée intéressante. Tu devrais la peaufiner et la soumettre à l'UCI !
@delbook : en effet, la 3ème division deviendrait une terre d'accueil pour ex-dopés lourd.
RépondreSupprimerC'est tout à fait voulu dans mon schéma :
- ils sont "punis" pendant 4ans minimum
- s'ils se font prendre une 2ème fois ils seront rayés à vie ... mais n'éclabousseront pas une course prestigieuse
- ils seront très contrôlés pendant ces 4 années, alors qu'actuellement un cycliste suspendu peut faire à peu près ce qu'il veut pendant sa suspension (ce qui explique probablement pourquoi ils reviennent aussi fort)
- leur image (car les grands qui se font prendre ont toujours une image pour le grand public) sert à médiatiser des courses de second plan ... (le tour poitou-charente, le tour du limousin, paris-bourges seraient très heureux de bénéficier d'une meilleure médiatisation grâce à des grands noms, même salis, au départ de leur épreuve)
Le problème de la suspension à vie pour le staf dès la moindre erreur, c'est que d'une part tout le monde peut faire des erreurs (c'est humain, j'en fais moi-même) et d'autre part ils ne peuvent pas contrôler à 100% les coureurs. Suspendre tout le staff de Cofidis et d'AG2R juste à cause de Di Gregorio et de Houanard me semble disproportionné. C'est pour ça que mon système de points permet de gérer les erreurs individuelles ... et quand il y a trop d'erreurs individuelles c'est que l'erreur est collective donc la personne prend la porte.
La suspension à vie pour les coureurs ne ferait que créer des procédures qui traînent en longueur : les mecs jouent leur carrière donc seront prêt à tout pour se défendre. Ca fera des affaires jugées 3 ans après les faits ...
Par contre, on pourrait effectivement envisager une à 2 années de carence complète en plus du retrait de points. Je veux au maximum supprimer la jugement humain, car les humains sont plus facilement corruptibles qu'un programme. Si on corromps un programme informatique, on laisse forcément une trace ... alors que corrompre (ou faire pression sur) un juge qui allège la sentence ça ne laisse pas de traces, ou du moins des traces plus dures à trouver et à vérifier.
@arnaud : en effet, la problématique des contrôles "vierges de toute traces" n'est pas solutionnée dans cet article. J'ai une théorie qui permettrait d'améliorer ce point, mais je n'ai pas encore finalisé tous les détails.
Mettre un handicap aux coureurs pourrait effectivement être marrant sur les épreuves de montagne. Mais sur un Paris-Roubaix et toutes les classiques ou les CLM ça ne changerait pas grand chose. Ca impliquerait également de mettre des scellés sur le poids (pour éviter que le coureur ne le retire en course et ne le remette à proximité de l'arrivée) .. donc des humains pour vérifier de sceau, donc des personnes corruptibles et des frais pour payer ces personnes. De même, un changement de vélo sur un incident mécanique "étrange" permettrait de se débarrasser du poids ...
@franck : la frontière entre léger et lourd sera à définir par des experts. Le but est d'éviter que des erreurs sur un mauvais médicament ou complément alimentaire, sans véritable enjeu, ne vienne briser complètement la carrière d'un coureur ayant eu une erreur d’intention.
C'est justement pour peaufiner mon idée que j'en parle sur ce blog : je compte sur les différentes remarques de mes lecteurs afin d'améliorer le projet ...
Je vois beaucoup de monde critiquer le système actuel, critiquer tout et rien, mais ne proposent rien pour améliorer les choses. Ma démarche est différente de celle des journalistes et autres blogueurs : je ne critique rien, je cherche à construire un monde meilleur. J'espère que mon idée et ma démarche intéresseront des gens en bas de l'échelle et qu'ils feront remonter l'information jusqu'au sommet. Et j'espère que d'autres personnes vont aussi réfléchir à des solutions et vont enfin arrêter de détruire sans rien construire pour remplacer.
L'idée et les remarques soulevées sont très intéressantes, à creuser en effet!!
RépondreSupprimerIl me semble que le point de départ serait une volonté réelle et sans faille de l'UCI est-ce le cas aujourd'hui??
Quoiqu'il en soit, bravo pour ta démarche intellectuelle, tu transpires la passion.
RB