Ce dimanche, j’étais à Oudenaarde, au cœur des festivités de la fête nationale officieuse du nord de la Belgique : le Ronde van Vlaanderen.
Depuis le changement de parcours en 2010, la ville voit le peloton passer en son centre vers midi, avant d’accueillir l’arrivée un petit peu à l’écart de la bourgade, à quelques centaines de mètres du musée du Tour des Flandres (que je vous avais présenté en décembre).
Arrivé peu avant le passage des professionnels, mes deux guides expérimentées ont réussi à accéder au centre-ville pour se garer à 20 mètres de l’itinéraire. Et ce, sans avoir le moindre bouchon ! Moi qui pensais qu’on devrait se garer à 2 kilomètres et marcher longuement, ça n’a pas été le cas (pour moi mais en revanche, pour d’autres, ce sera bien le cas).
Le passage des professionnels a été salué par deux rangées de foule compacte et enthousiaste. Les trottoirs étant étroits, et des barrières protégeant la route afin de la laisser entière aux coureurs et voitures de course, se frayer un chemin n’a pas été des plus simples. En jouant des coudes, j’ai fini par rejoindre l’endroit où je souhaitais me rendre.
En quelques minutes seulement, la place s’est vidée à la fois de ses spectateurs et de ses barrières. L’efficacité du personnel chargé du démontage a été hallucinante. Trois minutes après le passage de la dernière voiture, il ne restait plus que les bus des équipes au centre d’une place déserte, ainsi que quelques fanions (jaunes avec un lion noir, évidemment) sur le sol.
Nous avons pris notre repas dans l’un des restaurants de la place. Certains d’entre eux avaient installé des écrans géants et servaient des bières en grande quantité. Nous avons préféré un établissement plus calme, légèrement en retrait mais d’où je pouvais observer tout ce qui se passait autour de cette place. Les supporters de diverses nationalités ont défilé, plus ou moins alcoolisés et plus ou moins déguisés. Il est à noter que les restaurants conservent leurs tarifs de tous les jours, qu'ils ne proposent pas de tarifs spécialement majorés pour l'occasion ...
La place a repris vie quelques minutes lors de l’arrivée des voitures de ravitaillement. La voiture se garait à proximité du bus de son équipe, ouvrait le coffre, déchargeait une glacière et l’ouvrait. En moins d’une minute, la glacière était vidée et son contenu par des enfants et adolescents. Descendu au milieu de la place, j’avais l’impression d'être au milieu d’une horde de vautours dépeçant jusqu’aux os chaque proie (glacière) qui s’aventurait sur leur terrain de chasse. J’avoue ne pas avoir été très à l’aise dans ce spectacle où les personnes ne recevaient même pas un « merci / thank you / dank u ». Certains avaient tellement de bidons que ça en devenait presque indécent, ils avaient du mal à tous les tenir.
Venons-en à l’organisation des bus sur la place. Les quatre grosses équipes (Trek, OPQS, Lotto et Sky) avaient installé des cordons pour réserver un espace privé à leurs coureurs. Chez les autres équipes, on pouvait circuler librement.
L’arrivée des féminines s’est faite pendant que nous étions au milieu des bus des équipes masculines. Nous avons alors fait un saut d’une centaine de mètres pour rejoindre la place où étaient parqués les véhicules des équipes féminines. Ici, pas de bus ni de cordon de sécurité : les filles se reposent en plein air, se changent à l’arrière d’une camionnette ou dans un camping car pendant que le (faible) public déambule librement. On sent une différence criante de budget et de moyens tout comme une médiatisation presque inexistante. Les premières n’étaient suivies par aucun journaliste et aucune caméra ne leur courait après.
On s'est ensuite rendu sur la ligne d'arrivée afin de regarder l'ambiance. Depuis plus de deux heures, je voyais des groupes entiers de personnes se diriger en direction de l'arrivée et je tenais à voir aussi bien l'ambiance que l'organisation. Une exposition de dessins faits par des enfants de l'école d'Oudenaarde était sur notre chemin, j'en ai profité pour les admirer et les prendre en photo. Vous pouvez consulter la galerie complète ici. Au niveau de l'ambiance, alors qu'on était dans la dernière heure de course, c'était d'un calme déconcertant. Autant de monde, autant de bières et aussi peu de bruit. Etait-ce pour mieux entendre les commentaires (néerlandais) de Sporza, la chaine diffusée sur les écrans géants à proximité de l'arrivée ?
Alors que la course n'était pas encore décantée, j'ai fait un pari : celui d'aller dans la brasserie "Le Flandrien", siège du fan-club de Cancellara. Je savais qu'en cas de victoire ou de défaite, l'émotion serait au rendez-vous. Quelques minutes après notre arrivée, le coureur helvète plaçait une accélération dans le Oude Kwaremont puis revenait sur la tête de course quelques minutes plus tard en haut du Paterberg. Alors qu'un groupe de 4 se dirigeait vers l'arrivée sans qu'aucun coureur ne se dégage, la tension se lisait sur les visages dans les derniers kilomètres. Je parle bien des visages des personnes présentes dans la salle, je suis certain que sur son vélo le coureur était moins tendu que ses fans.
Lorsqu'il a passé la ligne d'arrivée victorieux, un simple cri commun à retenti. Un cri rapide et étouffé. Une sorte de "Ouf", mais rien de plus. Les gens se sont levés calmement et sont sortis pour rejoindre les bus, dans un silence presque religieux. Je m'attendais à des grandes accolades, à des discussions endiablées pour ré-écrire l'histoire, à des verres qui tinteraient à n'en plus finir, des chants qui résonneraient à ne plus en entendre les cloches de l'église toute proche ... mais non, rien. La salle s'est vidée en un rien de temps. Hallucinant. Seule une dame était à fond, imitant plusieurs fois le geste de son champion les bras levés à chaque ralenti proposé par la télévision. Une dame touchante.
Nous avons fini par quitter le lieu devenu presque désert pour rejoindre les bus. Les barrières de protection mises en place par Trek et OPQS étaient utiles. Celles de Lotto auront vite été retirées, peu de monde s'y est pressé. La masse de personnes devant les bus des deux grandes équipes était impressionnante. Les autres équipes étaient au calme, les coureurs discutaient tranquillement devant leurs bus sans que personne ne vienne leur adresser la parole. J'ai du mal à comprendre comment on peut rester en 4ème rang devant un bus d'équipe, à ne rien voir du tout, pendant une heure alors qu'à quelques mètres des coureurs, certes moins connus mais très sympathiques, discutent volontiers avec vous si vous leur faites un sourire.
Une fois les bus partis, nous avons rejoint notre véhicule pour rentrer. Contrairement à l'arrivée, la sortie d'Oudennarde était embouteillée et pour éviter de rester une heure dans le bouchon, on a pris de petites routes désertes.
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