dimanche 7 janvier 2024

Reconnaissance de l’étape du Tour 2023 entre Mieussy et Morzine

Fin mai 2023, une semaine après mon séjour au Mont Ventoux, j’ai effectué une partie du parcours de l'étape du Tour 2023 entre Annemasse et Morzine. J’ai effectué la portion de parcours entre Mieussy, le pied du col de la Ramaz, et l’arrivée à Morzine. En terme de temps disponible pour pédaler, de logistique, et de forme physique, effectuer les 65 derniers kilomètres de l'épreuve puis les 25 kilomètres de retour à mon point de départ était suffisant pour cette journée.

Une fois à Mieussy, après un petit échauffement, j’ai attaqué l’ascension du col de la Ramaz. L’ascension est longue de 14 kilomètres à 7% de moyenne, avec une portion de 2 kilomètres à 10,8% de moyenne. La météo était parfaite : un ciel bleu rayé de nuages blancs, un vent léger, une température douce, … c’était génial. Un vendredi matin, je n'étais pas le seul cycliste : j’ai doublé et j’ai été doublé par d’autres cyclistes profitant eux aussi de cette excellente météo pour effectuer leur reconnaissance de l'étape du Tour.

L’ascension du col de la Ramaz s’est bien passée, j’ai géré mon effort pour éviter de me mettre dans le rouge et m'économiser en vue du col de Joux-Plane. La journée promettant d'être longue, se griller dès le début n’aurait pas été une bonne idée. J’ai bien géré mon ascension, je me suis fait plaisir et ai grimpé parfaitement dans les temps que je m'étais fixé. La portion dans les tunnels et la falaise s’est révélée plus difficile que dans mes souvenirs, tandis que la portion après la station de Sommand s’est révélée plus facile qu’attendue.‌

Je me suis ravitaillé dans la descente et je me suis concentré sur les trajectoires. Quand les trajectoires sont fluides, la vitesse vient toute seule, avec peu d’efforts. Le goudron ayant été refait à neuf sur une partie de l’ascension et dans cette descente, et puisqu’il y avait très peu de circulation, ça a été un vrai régal.


Une fois en bas, à Tanninges, j’ai attaqué la portion la moins agréable de la journée : 25 minutes de faux-plat montant pour rejoindre Samoëns. Je me suis ravitaillé, je me suis détendu, mais sans me reposer pour autant car l’heure tournait et que je ne pouvais pas me permettre de perdre du temps. 25 minutes seul dans une vallée, c’est long et usant.‌

Dans Samoëns, la transition est brutale au pied du col de Joux-Plane. La pente commence directement autour de 10%. L’ascension est longue de 11,5 kilomètres à 8,6% de moyenne. Dès le début j’ai senti que les jambes ne répondaient pas très bien, j’ai donc activé le mode « économie d’énergie » de mon corps. Je me suis mis sur le 36 x 32 et j’ai regardé le paysage défiler tout doucement. L’ascension dans les alpages est devenue de plus en plus compliquée. En arrivant dans la forêt, à la moitié de l’ascension, la partie la plus difficile commençait tout juste … et mon corps commençait à me lâcher. Je suis revenu sur un cycliste encore plus mal en point que moi, qui s’est arrêté au bord de la route au moment où j’allais le doubler. Un peu plus loin, la scène s’est reproduite avec un autre cycliste.

Le col de Joux-Plane est ma bête noire. Je l’aime, mais il ne me le rend pas. Je n’ai jamais réussi à le grimper sans m’y bruler les ailes. Il y a quelques années, quand j’y venais avec une base d’entrainement solide, il me faisait très mal … ce jour de mai 2023, avec peu d’entraînement, ça a été un chemin de croix. Les derniers kilomètres ont été un calvaire, j’ai rarement autant souffert sur un vélo. Mon cerveau m’a à la fois félicité pour la mise en place d’une cassette 32 dents la veille au soir (contre 28 dents habituellement), et à la fois détesté pour refuser d’abandonner. Faire demi-tour et descendre sur Samoëns aurait été plus facile que de poursuivre l’ascension vers le col. Je ne suis pas du genre à renoncer quand j'ai un but en tête, j’ai énormément souffert mais je suis arrivé au col de Joux-Plane.

La descente sur Morzine s’est bien passée. La route n’est pas très large et est sinueuse, le genre de descente que j’adore. Bien que démoli physiquement par l’ascension, j’étais parfaitement lucide et ai pu profiter de la descente pour me faire plaisir sans prendre de risque.

Dans Morzine, j'ai cherché un endroit pour me reposer et me restaurer. Le centre-ville était plus animé par ses chantiers de construction / rénovation que par ses commerces, qui étaient majoritairement fermés. J’ai trouvé un restaurant ouvert, avec en plus un rack à vélo pour y placer ma monture le temps de manger. En bonus, une manche de coupe du monde de VTT était diffusée sur les écrans de télévisions. A mon arrivée, casque sous le bras, la serveuse m’a demandé si j’allais bien et a insisté plusieurs fois en me demandant si j’étais sûr d’aller bien : je devais vraiment avoir une sale tête.

Après m’être restauré, j’ai repris la route en direction du col des Gets. L’ascension est roulante, j’ai pu grimper sans trop souffrir. Dans le dernier kilomètre, un cycliste m’a rattrapé et est resté derrière moi jusqu’en haut. On a discuté au début de la descente, puis on s’est relayé afin d’économiser nos forces face au vent. Sur la fin de la descente, j’étais dans le rouge écarlate à chacun de mes relais, et quand il me relayait c’était trop intense pour que je puisse récupérer. J’ai résisté un moment avant d'abdiquer, je l’ai laissé partir seul.


Je suis retourné à mon point de départ, bien en retard sur l’horaire prévu, et bien plus fatigué qu’espéré. Le col de Joux-Plane m’aura une nouvelle fois réduit en miettes. Quelle cochonnerie ! Mais je reviendrai …


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