Nous sommes 320 cyclistes au départ de cette première grimpée nocturne du col de l'Izoard. Afin de faire patienter tout ce peloton, un groupe de folklore musical est chargé de mettre l'ambiance jusqu'à 21h ... heure du départ de Briançon.
Au départ de Briançon, le soleil est en train de se coucher derrière les montagnes mais la visibilité est encore bonne. Je grimpe en discutant avec les autres cyclistes, en rigolant avec les spectateurs "Vous faites du stop ? Montez, il me reste une place !" ... jusqu'à ce que Pascal ne déclenche les hostilités à la faveur d'un kilomètre à plat, avalé à 40km/h. On s'arrête 5 minutes à Cervières afin de profiter du ravitaillement, puis on repart en profitant de la lueur des derniers rayons de soleil de la journée. Pascal fait quelques photos du village éclairé puis on plonge au coeur de la nuit.
La montée se durcit une fois passé le village de Cervières. Malgré la pente, je déconne avec la voiture de l'organisation puis la moto du photographe : je fais 800m à plus de 30km/h dans l'aspiration de la voiture en criant au chauffeur "Plus vite ! Je m'ennuie moi !" ... sous le regard amusé des passagères de la voiture et le regard ébahi des autres cyclistes qui m'ont pris pour un fou à grimper si vite.
La route s'est ensuite mise à serpenter au milieu de la forêt : on ne voyait plus rien, la pente était raide mais comme on ne voyait pas la déclivité de la route ni la vitesse affichée par notre compteur, on ne s'en rendait pas vraiment compte. C'est vraiment marrant de rouler sans voir la pente car notre cerveau ne peut pas nous dire "attention, dans 150m la route va se cabrer alors gardes-en sous la pédale" ... on ne distingue pas la route à plus de 10m devant soi ! Je ne parle même pas de l'affichage du compteur : j'ai bien essayé de me pencher le plus près possible afin de voir des chiffres, mais tout était noir comme s'il était éteint.
Dans le dernier kilomètre, les organisateurs ont eu la bonne idée de poser au sol des lampions tous les 5m. Ils ont appelés ceci "la montée jusqu'aux étoiles" ... original et très joli ! A 400m du sommet, pendant que je me faisais photographier et que j'étais complètement aveuglé par le flash, Pascal a placé une attaque ... le temps de me rendre compte qu'il n'était plus là, je me lance à sa poursuite, le rattrape puis le déborde et en remet une couche afin d'arriver en haut du col au sprint ! La température la haut, à 2361m d'altitude, était très froide (même négative) : mon court sprint m'a fait mal en raison de l'altitude et de l'air froid qui a pénétré dans mes poumons en brulant tout sur son passage ... j'avoue qu'il m'a fallu pas loin de 5 minutes pour récupérer de ces 400m d'efforts soutenus !
En haut du col, il y avait des animations : des télescopes étaient installés afin de permettre aux cyclistes de regarder les étoiles en bénéficiant des commentaires des astronomes de la région ... des ballons lumineux étaient disposés sur la montagne un peu comme un troupeau de moutons ... des vidéoprojecteurs projetaient des images sur les pierres ... le seul problème venait de la température et du vent qui ne donnaient vraiment pas envie de rester au sommet ! On est descendu au refuge napoléon, à 1km du col, afin de manger un repas champêtre : soupe à l'oignon, charcuteries, fromage, tarte aux myrtilles ... et ceci bien au chaud dans le refuge ! On aurait pu y rester plusieurs heures assis à discuter avec des gens venus des 4 coins de la France.
Pour la descente, j'avais prévu la grande fraicheur donc m'étais équipé en conséquence : sous-maillot manches longues, maillot manches longues, cuissard long, veste thermique (polaire), gants longs, sur-chaussures de 1mm ... et malgré tout ceci je n'avais vraiment pas chaud ! La première moitié de la descente, dans la forêt, était sinueuse mais s'est super bien passée : j'avais un bon feeling et malgré une très faible visibilité j'arrivais à prendre de très belles trajectoires. A la sortie de la forêt, nous avons rattrapé une moto et avons ainsi pu profiter de sa trainée lumineuse pour descendre très rapidement : il nous suffisait de suivre la lueur rouge 100m devant nous et de prendre exactement la même trajectoire que lui ! On a ainsi rattrapé puis doublé un paquet de cyclistes ... sans prendre le moindre risque. C'était vraiment géant, j'ai même pu atteindre les 65km/h sans aucune appréhension alors que je n'avais pratiquement aucune visibilité !
Je suis super content et ne regrette vraiment pas d'être venu ! La soirée restera longtemps gravée dans ma mémoire, surtout la descente de nuit qui m'a vraiment marquée. C'est un évènement à refaire l'année prochaine ... sur un autre col.
Consultez le parcours.
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