Ayant une place correcte au classement général (27ème sur 170), j'avais minutieusement préparé l'étape : j'avais noté sur mon poignet les kilomètres des différentes ascensions du jour. Mais au dernier moment, au vu du vent, j'ai choisi de mettre des manchettes qui ont cachées mes notes. Tant pis, je les avais bien en tête, ça ne m'a pas trop dérangé.
Les 25km d'approche menant à la première bosse se sont bien passés. Je restais dans les 50 premières places, ça frottait un peu mais ça n'était pas dangereux. Je naviguais au sein du peloton comme un poisson dans l'eau, c'était bon signe. On avait le vent de face puis de travers, du coup ça roulait par à-coups au rythme des salves d'attaques. Personne ne voulait prendre le vent en tête de peloton.
Dans la première bosse, grimpée rapidement, je me suis mis à la 20ème place et je guettais la formation d'une échappée : mes jambes me démangeaient, j'avais furieusement envie d'attaquer mais la route étant encore longue jusqu'à la ligne d'arrivée de la dernière étape, j'ai préféré freiner mes ardeurs. C'est monté au train. Même en haut de la bosse, sur un plateau exposé au vent et donc propice aux bordures, rien n'a bougé. Le peloton était encore relativement compact.
Après un coup de cul de 800m, une descente très rapide a mis les coureurs en file indienne mais en bas personne n'a embrayé pour faire exploser le peloton, nous étions toujours une centaine de coureurs. On s'est dirigé vers la 2ème partie vallonnée du jour en gros paquet groupé, ce qui ne me convenait pas spécialement : je voulais une course de mouvements, les écarts étant faibles avec mes prédécesseurs et poursuivants au classement général. Le parcours et les conditions venteuses se prêtaient à une belle bataille ouverte, au lieu de ça on assistait à une guerre des tranchées où chacun observe les autres sans se découvrir.
Dans la 2ème zone vallonnée, ayant vraiment envie que les choses se décantent, j'ai mis moi-même le feu aux poudres. Je suis parti dans un petit raid, en espérant que d'autres se lanceraient avec moi. Perdu : j'ai fait 14 kilomètres d'échappée solitaire. Je suis passé à travers un troupeau de moutons en passant dans le sillage du motard de police qui m'escortait et de la voiture des commissaires de course. J'ai pris une bonne minute d'avance, en gérant bien mon effort (je buvais régulièrement et tournais les jambes, je suis resté très concentré), puis je me suis légèrement relevé car il me restait encore 40km dont plus de 20 avec le vent de face. Seul face au peloton, c'était une mission suicide. Un coureur, puis 4 autres, sont revenus. On a tourné des relais mais le peloton était sur nos talons, on s'est fait reprendre. Au total, j'ai fait près de 20km d'échappée.
Une fois repris, à 35km de l'arrivée, je suis resté dans les 30 premières places du peloton. Le vent était défavorable, ça roulait à nouveau par à-coups en fonction des attaques. C'était à nouveau nerveux, ça frottait mais c'était très propre donc pas dangereux. Les derniers kilomètres m'ont semblé interminables, je commençais à avoir mal aux jambes et les crampes n'étaient pas loin. J'ai bien bu et j'ai géré mon effort dans le peloton afin de rester bien placé. On en termine au sprint massif à 100 coureurs, je termine à la 47ème place sans chercher à disputer le sprint. L'important est que je n'ai pas perdu de temps sur mes adversaires au classement général, au contraire j'ai gagné 2 places et suis désormais 25ème à moins d'une minute du 20ème.
Demain, place au début des choses sérieuses : on ira chercher la montagne. Le point culminant sera à 857m d'altitude, ce qui peut sembler faible … mais on part du niveau de la mer ! J'espère que je vais bien récupérer cet après-midi, bien dormir cette nuit, et que demain j'aurai de bonnes jambes.
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Beau beau style sur la machine !
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