Mardi après-midi, étant de passage dans les Pyrénées et la météo étant correcte, j'ai enfourché mon vélo en direction du col du Tourmalet. Cela faisait 6 semaines que je n'avais pas enfourché un vélo, 6 semaines d'abstinence cycliste mais 6 semaines loin d'être reposantes.
J'ai commencé par remonter la vallée du gave du Pau en empruntant une splendide voie verte parfaitement entretenue. La voie verte remplace une ancienne voie ferrée, les gares ont été fermées mais proposent des points d'eau potable que j'ai pu référencer sur mon site consacré aux points d'eau (à Argelès Gazost et Pierefite-Nestalas). J'y étais au calme, il n'y avait pas grand monde ... pour m'aider à m'abriter du léger vent défavorable qui soufflait.
A Pierrefite-Nestalas, la voie verte se termine brutalement. Il n'y a pas de panneau pour indiquer comment rejoindre les grandes montées du coin. J'ai joué la carte de la sécurité, décidant de remonter au centre du village pour être sûr de tomber sur de grosses routes me menant où je souhaitais aller, mais je suis convaincu qu'un bon fléchage aurait pu m'éviter de faire un détour par le centre. J'ai rejoint la route normale menant à Luz Saint Sauveur, pied officiel du Tourmalet.
La route est large et la circulation était faible quand j'y suis passé, je n'ai donc pas été gêné dans mon approche du géant des Pyrénées. J'ai trouvé l'approche le long du gave un peu pénible sur la fin, j'avais hâte d'en découdre avec la montagne car jusqu'à présent mon principal adversaire était le vent. Quelques cyclistes se sont glissés dans ma roue, je ne m'en suis pas occupé et j'ai préféré me concentrer sur mon propre effort, roulant à la vitesse que je souhaitais.
L'ascension, et mon lent calvaire, ont commencé à Luz Saint Sauveur. Le coup de pédale était fluide jusqu'à présent, je pédalais avec insouciance, rempli de mordant et grisé par l'ivresse d'enfin pédaler. C'était parti pour 20 kilomètres de montée à 7,5% de moyenne.
Le goudron de la route du Tourmalet est actuellement un véritable billard. Sur les 20 kilomètres de montée, plus de la moitié ont été refait entièrement ces derniers mois : les violentes inondations de juin 2013 avaient détruit la route. La DDE ne s'est pas contentée de refaire les morceaux manquants mais a visiblement revu la route dans son ensemble, la montagne ayant été taillée pour laisser place à une route large et bien aménagée. Le résultat est superbe.
Les arbres ayant également été emportés par la crue, j'ai souffert de la chaleur. J'ai profité de chacun des rares coin d'ombre présent le long de la route, roulant le plus à droite possible quitte à frôler le trottoir. J'avais beau être en montagne et le long d'un ruisseau, j'avais chaud.
Un seul village se situe dans la montée : Barèges. La pente avant l'entrée et à la sortie est à plus de 10%, c'est l'un des passages les plus durs de l'ascension. Lors de ma traversée, en tournant la tête j'ai repéré des cyclistes autour de deux points d'eau potable (à l'entrée et à la sortie du bourg) et des toilettes, que j'ai également pu ajouter sur mon site.
Au cours de la montée, j'ai été doublé par deux cyclistes qui faisaient la course entre eux sur des vélos électriques. J'étais dans le dur, la pente était proche des 10%, j'avais envie d'arracher mes vêtements tellement j'avais chaud ... j'ai entendu un bruit derrière moi juste avant que deux trentenaires me doublent à 30km/h avec un kway trop large flottant au vent. Je n'ai rien contre ces autres pratiquants du cyclisme en montagne, mais sur le coup, j'avoue avoir été dégoûté.
Vu leur vitesse et la mienne, ils ont rapidement disparu de mon champ de vision et j'ai repris ma contemplation du paysage. J'étais presque seul face à la pente, il n'y avait personne : ni auto, ni vélo ... quelques vaches et quelques moutons (dont certains paisiblement couchés sur la route !). Les seuls humains que j'ai vus, c'était ma compagne et ma belle-famille, venus me supporter et profiter du paysage eux aussi. Nous avions oublié le drapeau qui avait été préparé pour les classiques, mais les encouragements oraux m'ont suffi pour me hisser jusqu'en haut.
(photo prise lors des classiques flandriennes)
Sur la fin de la montée, j'avoue en avoir particulièrement bavé. Il s'agissait de mon premier véritable col de l'année : mon hiver et mon printemps avaient été consacrés aux classiques flandriennes, à Liège-Bastogne-Liège puis à Bordeaux-Paris. Ces épreuves ne permettent pas vraiment de travailler le coup de pédale de la montagne.
J'avoue avoir mis pied à terre deux fois dans les 3 derniers kilomètres. A l'approche des 2000 mètres d'altitude, j'ai ressenti le mal des montagnes pour la première fois de ma vie. Pourtant, j'ai grimpé plusieurs fois la Bonette (+2800), le Galibier (+2600), l'Izoard (+2400), le Granon (+2400) et tant d'autres cols sans jamais avoir de soucis. Cependant, j'étais préparé physiquement à chaque fois alors que pour la première fois j'ai gravi un grand col "en touriste", sans aucune préparation.
J'ai atteint le sommet après 2 heures de montée pour les 20 derniers kilomètres. J'ai franchi le col le poing serré : j'étais content d'en terminer, content de mettre fin à cette longue ascension dont je ne voyais pas la fin. J'étais également content d'ajouter ce col à ma longue liste de cols déjà franchis au cours de mes 10 années de pratique cycliste.
La descente a été un régal : le goudron ayant été refait sur la majeure partie du tracé, il n'y avait aucun trou rebouché ni aucune saignée. Si toutes les routes étaient dans cet état, ce serait le paradis. Le retour dans la vallée s'est bien passé, en dehors d'un raccourci que j'ai voulu prendre pour rejoindre la piste cyclable et qui s'est transformé en cul de sac, le pont ayant été emporté l'année passé et n'ayant pas encore été reconstruit.
Consultez mon parcours.
Sans entrainement, il fallait le faire!
RépondreSupprimerMon frère et moi avons monté le galibier après le glandon trop vite... Et bien le mal des montagnes dont tu parles, on l a bien senti... Tachycardie , scotché à la route, j'ai fini personnellement à 130 pulses. J'espère qu'on pourra enfin faire une sortie ensemble et avec Jean Luc :-)
Nous sommes deux frères ( 76 et 72 ans+ 1, l'année dernière nous avons monté le Galibier en août depuis Valoire..dur dur! Nous allons profité du TDF pourtenter de gravir le Tourmalet! In ou deux jours avant le 17 juillet ! Nous avons déjà commencé l'entraînement en Lorraine.En espérant réussir une nouvelle fois, même en s'arrêtant plusieurs fois!
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