Ce soir je suis allé me dégourdir les jambes après le boulot. Désormais, la nuit tombe vite et il faut se dépêcher : je peux rouler tout juste une heure avant la nuit, entre 18h30 et 19h30.
Le vent soufflant du sud, je file donc en direction du nord pour m'échauffer tranquillement. Enfin, ça a été tranquille sur les 250 premiers mètres : j'ai aperçu un bus quelques centaines de mètres devant moi, suivi par plusieurs voitures. Ni une ni deux, me voilà à bloc en train de pratiquer mon sport favori : faire la chasse aux bus. L'acide lactique monte en flèche, proportionnellement à la vitesse, je rattrape les voitures et me glisse dans l'aspiration. Je remonte les voitures les unes après les autres, sous le regard amusé (ou interloqué) des automobilistes se demandant d'où je sors et n'étant pas habitués à se faire doubler par un cycliste. Après 5km de poursuite dans les voitures, j'atteins mon Graal : je me retrouve collé à l'arrière train du bus ! A 60km/h j'ai un pouls aux alentours de 140, c'est d'une facilité déconcertante, l'effort étant quasiment nul grâce à l'aspiration.
A la faveur d'un bouchon je double le bus et remonte une file de voitures à l'arrêt. Je grimpe ensuite sur le plateau de la Dombes par une route en faux plat montant : je sens l'acide lactique se répandre massivement donc lève le pied et fais des exercices de décontraction, mais en gardant un niveau d'effort élevé (à 85% de ma FC max). Une fois sur le plateau, je file grand train en me servant de l'aide du vent pour tenter de prendre, en vain, l'aspiration de quelques camionnettes.
Rouler vent de dos c'est bien, mais il faut penser à rentrer à un moment. Je bifurque donc pour aller me planquer dans les bosquets : les arbres coupant le vent de face afin d'en minimiser les désagréments. J'écrase comme un fou furieux les pédales, pressé par le temps (ou plutôt par la baisse de la luminosité). Je me retrouve à faire une effort quasi maximal (90 à 95%) pendant une longue demi-heure. Je me sens bien donc j'en profite pour rallonger un peu ma sortie.
La nuit tombe vite, plus vite que je ne le pensais : je me retrouve piégé dans l'obscurité complète à 10km de chez moi. Pour rentrer plus vite je décide de prendre les routes les plus larges, les plus plates, les plus roulantes ... j'avais oublié que c'était également les plus fréquentées. Je me prends quelques coups de klaxon (hey, idiot, tu crois que parce que tu me klaxonne tu vas mieux me voir ?) et quelques appels de phares (hey, idiot, tu me flingue les yeux, c'est comme un flash d'appareil photo en pleine nuit !).
Je reste concentré sur mon effort pour rentrer le plus vite possible chez moi. La tête baissée, comme un taureau fonçant vers sa cible, je file dans l'obscurité en suivant les bandes blanches. A un moment, je relève la tête et me rends compte qu'une voiture en doublant une autre est à moins de 10m devant moi ! Je n'ai même pas eu le temps de tourner mon guidon pour me réfugier dans le fossé que la voiture me frôlait à 110 ou 120km/h. L'appel d'air latéral a été comme un véritable cyclone, mon corps entier se retrouvant aspiré vers l'intérieur, je fais un petit écart qui me recentre sur la route.
Mais je n'ai pas eu le temps de me remettre de cette première sensation forte : une deuxième voiture suivait la première en respectant une marge de sécurité ... de 4 ou 5 secondes ! 4 secondes pour sauter dans le fossé ce n'est pas assez, je peux vous l'affirmer ! Je n'ai pas eu le temps de réagir que la seconde voiture me frôlait à son tour à haute vitesse. J'ai rarement eu aussi peur de ma vie, et pourtant je suis amateur de sensations fortes. Mais voir arriver un choc frontal entre moi et mon vélo d'une part, et une voiture lancée à plus de 100km/h d'autre part, je peux vous assurer que ça provoque une réaction de peur même pour ceux qui ont le coeur bien accroché.
Après quelques secondes de flottement psychologique, j'ai repris ma marche en avant : le meilleur moyen de ne pas penser à ce qui aurait pu se passer mais ne s'est pas passé, c'est de ne pas s'en préoccuper. J'ai donc repris de plus belle mon arrachage de pédales, et j'ai filé plein tube dans la nuit.
Le bilan de l'entraînement est très bon : j'étais vraiment surpuissant, je me suis senti extrêmement bien tout le long malgré un niveau d'effort élevé. A l'avenir, je ferai plus attention afin d'éviter de rouler de nuit : certes la chance sourit aux audacieux, et certes j'ai énormément d'audace, mais tous les cyclistes savent que la roue tourne ...
Hey man, this is really impressive, congratulation, nice post...
RépondreSupprimerWhat kind of bike you are using if I don't mind asking ?
Sorry writing in English but my writing French is not Ideal.
bonjour florent,
RépondreSupprimerCe n'est pas la première fois que je le remarque, mais ta mise en route est vraiment sommaire. Partir au cul d'un bus au bout de 250 mètres, c'est hard.
Sinon, quand tu pars comme ça en limite de fin de journée, prends un petit gilet fluo dans la poche, ça peut sauver la mise. On ne se rend pas compte en vélo comme on peut être invisible quand le jour se couche. Déjà qu'en temps normal, certains automobilistes ne nous voient pas, alors là....
Bonne route.
@Anonyme : i ride a Time Edge Racer bike since 2007. (I wrote an article about my bike http://blog.ligney.com/2007/07/time-edge-racer.html).
RépondreSupprimer@franck : en effet, cette année mes échauffements à l'entrainement comme en course ont souvent été catastrophiques ! Idem pour mes retours au calme, dont je ne parle pas souvent, mais qui sont souvent du même acabit : a fond jusqu'au dernier kilomètre, voir 500 derniers mètres. Je sais que ce n'est pas bien, pas bien du tout, que ni le coeur ni les muscles n'aiment ça ...
Bonjour, Florent
RépondreSupprimerA jouer avec le feu on peut se bruler.
Je serais très triste de ne plus répondre à tes magnifiques articles.
Et toi encore plus triste de ne plus faire de vélo.
Même si les automobilistes ont tord de toutes façons on est perdant dans tous les cas contre eux
Alors je te prie de signaler ta présence;1 gilet fluo qui est d'ailleurs obligatoire hors agglo la nuit, des feux avant et arrière ils existent en led qui ne consomment rien, des bandes réfléchissantes aux chaussures au casque etc...
Ensuite avoir une vitesse adaptée; les automobilistes ne sont pas habitués à ce que les cyclistes roulent à de telles vitesses,( 50 60 ) leurs repères ne sont plus les mêmes; ils sont surpris de la rapidité et passent devant toi pensant avoir largement le temps.
En résumé soit prudent, vigilant et je pourrais continuer à te vénérer
Guy