Les temps était gris et venteux au départ de la course. Des averses de pluie étaient également attendues en cours d'étape. Si ce genre de temps ne me dérange pas habituellement, quand on est fatigué et qu'on doit enfiler pour la 4ème fois un cuissard en moins de 2 jours, ce n'est pas très agréable. Mon niveau de motivation pour effectuer l'étape était proche du zéro.
La course est partie sur les chapeaux de roues : les 17 premiers kilomètres ont été parcourus à 48,2km/h de moyenne ! Et encore, heureusement qu'il y avait des virages et des ralentissements ! Je n'étais pas bien du tout, j'étais dans les dernières places du peloton et je subissais. Pas de coeur, pas de jambes, les 107km de l'étape promettaient d'être rudes !
La première bosse de la journée s'est alors présentée : 2km à 7.5%. Mal placé, j'ai bataillé tout le long de la côte pour doubler les coureurs moins bon grimpeurs que moi. Un groupe d'une bonne vingtaine de coureurs a filé devant, je me suis retrouvé dans un second groupe d'une dizaine de coureurs. J'ai fait une très grosse descente en tête du groupe afin de revenir à portée de fusil du premier peloton. La jonction s'est faite dans le vallon en bas de la descente, mais 2 duos de coureurs avaient pris la poudre d'escampette.
A peine rentré, il a fallu grimper la deuxième bosse du parcours : 2km à 6% de moyenne. On était quasiment 40 au pied, nous n'étions plus qu'une vingtaine en haut. J'ai du faire la fin d’ascension la plus rapide du jour : à 600m du sommet il y a eu une grosse accélération devant ce qui a scindé le groupe en deux. Le temps de me rendre compte de la cassure, j'ai eu un trou de 60m à boucher seul en 600m. J'y suis parvenu au prix d'un effort violent ... et inutile, car en haut ça s'est relevé et tout le monde est rentré !
Le relâchement ayant duré plusieurs kilomètres, de nombreux groupes sont rentrés. On s'est retrouvé à une soixantaine de coureurs sur une longue ligne droite avec le vent en pleine face. Le groupe roulait par à-coups : tantôt à 22km/h en gros paquet, tantôt à 40km/h en file indienne le long de la bordure gauche de la route. Les groupes qui tentaient de sortir ne faisaient pas long feux avec ce vent de face et autant de coureurs à leurs trousses. Pendant ce temps, les 4 échappés creusaient le trou : même dans les longues lignes droites on ne les apercevait pas !
On a fait une vingtaine de kilomètres sur ce plateau avant de redescendre dans la vallée. Les routes sur le plateau étaient piégeuses par endroits : il y avait des zones avec de gros trous au milieu de la chaussée. J'ai vu quelques bidons tomber au sol et une crevaison, il n'y a pas eu de chute à ma connaissance. Ca ne roulait pas très fort, mon cardio était entre 135 et 140 et je discutais avec des coureurs que je connaissais. L'équipe de Decines a pris les rênes du peloton et a accéléré l'allure : ça a éliminé quelques coureurs, mais rien de bien méchant. Ils roulaient car ils avaient le porteur du maillot de meilleur vétéran, et que ce maillot était menacé par l'avance de 3 minutes 30 prise par l'échappée.
En bas de la descente, on est passé sur la ligne d'arrivée pour attaquer une deuxième boucle plus courte (10km). Rémy a appelé notre voiture suiveuse afin de récupérer un bidon, j'en ai profité pour me délester de mon bidon vide. L'allure était soutenue y compris dans la bosse de 3km à 3%, mais j'étais bien dans les roues.
Peu après l'entame de la 3ème boucle de 24km, une montée de 5km à 3.6% s'est présentée. J'y ai explosé en compagnie d'une dizaine d'autres coureurs. Au passage sur la ligne, l'écart avec l'échappée n'était plus que de 2'20", c'est bien que le peloton avait mené une chasse efficace. Une grosse trentaine de coureurs a filé devant, et derrière ça a été du chacun pour soi !
Après une descente pentue et sinueuse, je me suis retrouvé dans une nouvelle côte : 5.3km à 4.6%. La montée était irrégulière, et dès le premier passage un peu plus pentu je me suis retrouvé à 10km/h, sans forces, à la limite de mettre pied à terre pour souffler. Une moto de sécurité s'est calée derrière moi et me suivait sans me doubler : elle est venue me dire qu'elle restait derrière moi car j'étais le dernier coureur du peloton. Ca m'a cassé le moral, d'autant plus que la pluie a fait son apparition à ce moment là. Je me suis vite repris : j'ai réfléchi et me suis rendu compte que je présentais tous les symptômes de la fringale. Quitte à me prendre la pluie sur le casque, autant rouler le plus vite possible vers l'arrivée afin de la prendre moins longtemps.
J'ai mangé une barre de pâte de fruit afin d'avoir de l'énergie utilisable immédiatement, et 2 barres de céréales afin d'avoir de l'énergie utilisable sur un délai plus long. En quelques minutes, j'ai retrouvé un coup de pédale normal : j'ai repris et laissé derrière moi 5 coureurs subissant eux aussi un coup de moins bien. J'ai fait les 15 derniers kilomètres à bloc, seul, avec un bon coup de pédale aussi bien sur le plat que dans les bosses.
Je termine officiellement 59ème à plus de 18 minutes. Cette place est impossible : nous étions moins de 50 dans le peloton quand j'ai lâché, et j'ai repris des coureurs dans les derniers kilomètres sans être repris. Je reste 57ème du classement général, c'est purement anecdotique et peu glorieux.
Je termine rincé par la pluie, et épuisé physiquement. L'enchainement en 2 semaines de 908km de course pour 10005m de dénivelé m'a achevé. Enchainer le Tour de Sardaigne et le Tour des Grands Ducs était une erreur je pense, je ne pouvais pas être au top sur les 2 épreuves.
Consultez le détail de l'étape.
Merci à Rémi Morel pour les photos et les encouragement.
Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour des Grands Ducs.
Salut Florent, j'ai découvert ton blog via le site cols cyclisme. Je le suit de temps en temps.
RépondreSupprimerBravo pour ces 2 épreuves, c'est très palpitant de lire tes comptes rendus de courses. Tu as dû faire preuve de beaucoup de courage dans ce tour des Grands Ducs, encore bravo !
PS: idem pour le site Cols Cyclisme...
Bonne route et au plaisir de e lire!
Salut Arnaud,
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire, ça fait toujours plaisir de savoir que le travail que je fais sur mon site consacré aux cols plait aux autres. idem pour mes récits de course.
Bonne route,
Florent