Cette semaine passée sur le trophée de l'Oisans, avec 2 épreuves cyclosportives de masse, m'a permis de constater 2 catégories de cyclosportifs : les cyclocrados et les cyclotricheurs. Attention : ils constituent une minorité, tous les cyclosportifs n'ont pas ce comportement fort heureusement.
Il y avait environ 2000 participants à la Vaujany, et 7000 sur la Marmotte. Dans les deux cas, il y avait environ 20% de coureurs français pour 80% de coureurs étrangers, principalement hollandais. Je vais vous livrer ici quelques anecdotes observées au cours des 350km de course.
Pour info, je participais à ces épreuves avec le maillot "Je roule propre", un groupement de cyclistes ayant un lien particulier avec l'organisation puisqu'ils sont chargés de sensibiliser les cyclistes ayant un mauvais comportement, et rapporter à la direction de course les différents cas constatés afin d'appliquer éventuellement des sanctions.
1 - les cyclocrados
J'ai discuté avec un certain nombre de cyclistes qui se délestaient de tout ce dont ils n'avaient pas besoin. Tout le monde voit des coureurs jeter des emballages (papiers ou tube) ... j'en ai également vu jeter dans des champs leur bidon vide, leurs manchettes ou leur coupe vent. Je dis bien jeter en pleine nature, pas jeter au pied de spectateurs qu'ils connaissent.
J'avoue avoir eu 2 cas de conscience sur 2 mecs qui ont jeté leur peau de banane : c'est biodégradable donc vis à vis de la nature ça ne pose pas de problème ... en revanche, vis à vis de l'agriculteur possédant le champ, imaginez si les 7000 coureurs jettent leur banane dans son champ ? Je doute qu'il soit très content ! Je n'ai rien dit dans les deux cas, étant trop à fond pour pouvoir réfléchir à l'attitude à adopter.
Le boulot de prévention est assez difficile à faire car dans un groupe on ne voit pas bien qui jette ses déchets. On voit un papier voler, mais on hésite entre 2/3 coureurs ... quand ils tendent le bras pour jeter ils sont facile à repérer, mais quand ils se content de lâcher leur emballage c'est bien plus compliqué. Les étrangers prennent en plus un malin plaisir à ne pas comprendre une phrase pourtant simple "don't do this again" ... j'en ai vu ne pas me regarder comme s'ils n'avaient pas entendu, d'autre me faire croire qu'ils ne parlent pas anglais ... j'ai eu le droit à des baraguinements dont je ne comprenais pas la signification ...
Autant avec des français le message passe assez bien, surtout que c'est facile d'expliquer par "on est 2000, on va tous utiliser 5 gels, ça fera 10000 tubes sur le bord de la route si tout le monde fait comme toi !" ... un message qui passe assez bien. Autant, dire la même chose en anglais en plein effort, c'est plus compliqué !
Sur la marmotte, par moment la route était vraiment dégueulasse ! Et encore, j'ai eu la chance de passer en 500 ou 700ème position ... ceux qui passaient dans les derniers ont du rouler sur un tapis de détritus. Franchement, dans la montée du Télégraphe et dans celle de l'Alpe d'Huez, je me sentais déjà comme aux abords d'une décharge publique. Ce n'était pas agréable, voir dangereux quand on passe dessus en danseuse.
2 - les cyclotricheurs
Je ne parlerai pas ici des personnes qui bénéficiaient d'une assistance à moto ou en voiture leur fournissant bidons et nourriture. Certes l'assistance n'est pas autorisée, et ils gagnent quelques minutes car ils ne s'arrêtent pas aux ravitaillement, mais on va dire qu'il s'agit de fraude légère. Je ne vais donc pas m'étendre sur ce cas.
Dans la catégorie des tricheurs, j'en ai vu monter les cols en voiture. Je n'ai pas dit "accroché à une voiture", j'ai bien dit "en voiture". J'avais eu des doutes sur la Vaujany en voyant quelques cyclistes frais comme des gardons grimper à des vitesses hallucinantes au bout de 170km. Ce n'était que des doutes, mais je n'avais rien vu de mes propres yeux. En revanche, sur la marmotte, j'ai vu (et revu !).
Dans le galibier, j'ai observé plusieurs voitures passer avec des vélos sur le toit ou derrière le coffre. Un samedi de juillet, ça pourrait être de simples touristes ... sauf que certains vélos portaient des plaques de cadre de la Marmotte (de couleur verte, jaune et rouge, elles se reconnaissent facilement) et la puce électronique de chronométrage. Peut-être était-ce simplement des concurrents qui abandonnaient ? J'en doute très fortement, car quand il y a 2 vélos sur le toit, tous deux équipés d'une plaque de cadre, je doute que les 2 amis aient abandonnés.
Le prix du tricheur va être décerné à un hollandais encore plus fort : 100m après avoir passé le tapis de contrôle au pied de l'Alpe d'Huez, il descend en une fraction de secondes de son vélo tel un cyclocrossman et se précipite dans une voiture. Un gars à pieds cache immédiatement sa plaque de cadre avec un chiffon, et installe très vite le vélo sur la galerie de toit. La voiture démarre en trombe en direction de l'Alpe d'Huez. Un abandon ? J'en doute car à la vitesse à laquelle tout s'est passé, 100m après le contrôle, et sachant qu'il n'a pas pris la peine d'enlever son casque ni ses lunettes avant de monter dans la voiture ... demandez donc aux nombreux coureurs qui ont abandonné dimanche sur l'étape du tour ce qu'ils ont fait en 1er en descendant de vélo ? Ils ont soufflé, ont baissé la tête de déception, ont enlevé leur casque ...
Toujours dans la liste des tricheries que j'ai vu, je voudrais remettre une mention spéciale à deux frères (ou deux cousins ?) qui ont effectué un relais sur la Vaujany. A mi-parcours, je les ai vu transférer la plaque de cadre et la puce électronique d'un vélo à l'autre. Curieuse attitude quand même, qui m'a surpris.
Conclusion
Je vous rassure, ces comportements sont minoritaires et ne reflètent pas l'esprit de la majorité des cyclosportifs. Je tenais cependant à vous partager ces petites histoires car je les trouve amusantes. Du moins, mieux vaut en rire qu'en pleurer.
Pour être parti en dernière vague à la Marmotte, je te confirme que c'était bel et bien une porcherie, et ce dès les premiers mètres du Glandon. Mention spéciale également au sommet du Télégraphe où on avait du mal à voir la route.
RépondreSupprimerAu niveau des comportements plus que limites, j'en ai vu balancer leurs manchettes au niveau des roues de ceux qui suivaient alors qu'on roulait en peloton dans la vallée de la Maurienne. Le pompon, c'était dans la descente du Glandon (qui était je le rappelle neutralisée), où ceux qui descendaient debout sur les freins roulaient au milieu de la voie de droite, ceux qui doublaient au milieu de la route et ceux qui doublaient les doubleurs ont fait toute la descente sur la voie de gauche (avec des voitures et des cyclistes qui montaient en face), le tout en montrant le poing à ceux (gendarmes, riverains, ...) qui leur faisaient perdre quelques précieuses secondes non chronométrées. Je ne serait pas surpris si un jour les habitants de Saint Colomban des Villards font pression pour cette épreuve n'aie plus lieu.
Malgré tout, ça reste quand même une belle épreuve. L'effet de masse fait qu'il y aura toujours des cas d'incivisme mais je pense que leur proportion est moindre chez les cyclistes que dans un échantillon quelconque de la population (le marché en bas de chez moi réuni moins de 7000 personnes mais la route est plus sale que celle de la Marmotte lorsqu'il s'achève).
Pour les cyclotricheurs, ça ne me fait ni chaud ni froid. Je participe à cette épreuve dans une logique de défi personnel et ça n'aurait vraiment pas la même saveur en ayant monté les cols en bagnole.
Putain y'en a vraiment qui sont vraiment tres tres con... Ils ont quoi a gagner? pour rentrer a la maison et dire j'ai fais la marmotte en 5h....
RépondreSupprimerMoi aussi je ne sais pas quoi faire avec mes peau de bananes donc maintenant je ne prend que des gels qui sont facile a mettre dans la poche quand ils sont vide, neanmoins source energitique moins naturelles.
Il y a de quoi être vraiment déçu par l'espèce humaine à la lecture de ces lignes...
RépondreSupprimerPour les tricheurs, n'y a-t-il pas un contrôle des temps effectués sur chacune des montées ? Non, parce que, si le hollandais en question à mis 25 minutes pour faire la montée de l'Alpe, ça doit finir par se voir, non ?
Sinon, bravo pour ta prestation sur la Marmotte. La faire en à peine plus de 8h00 est déjà une belle performance !
@arnaud : je suis d'accord avec toi sur les crados, on retrouve les mêmes sur un vélo que dans la vie courante. Idem pour les tricheurs, on trouve les même sur un vélo que des dans des files d'attente de cinéma ...
RépondreSupprimer@samuel : je ne sais pas ce que les tricheurs ont à gagner, ça me dépasse j'avoue. Certaines personnes sont tellement obnubilées par le résultat qu'elles en oublient qu'un résultat n'est beau que s'il est obtenu de manière légitime. Ma foix, chacun sa conscience : j'ai la mienne pour moi, je dors sur mes deux oreilles ... je ne pense pas que ce soit leur cas !
@franck : je précise bien qu'il s'agit d'une minorité que je dénonce. Une minorité que l'on retrouve dans la vie de tous les jours : combien vois-tu de canettes cassées sur les pistes cyclables, combien d'emballages de mc donald dans les fossés ? Pour les chronmétrages intermédiaires, effectivement je n'y ai pas pensé ... mais je doute que des personnes de l'organisation scrutent les temps "anormaux". Ils ne les regardent que si quelqu'un vient les voir pour leur dénoncer le comportement, en précisant le numéro du dossard ... sur 7000 participants, ils ne peuvent pas regarder la cohérence de chacun.
Merci, effectivement faire environ 8h est une belle perf' qui me laisse mesurer à quel point faire ce parcours 7h est difficile. J'ai sincèrement du mal à voir où je pourrai gagner autant de temps ! Gagner 30 minutes pourquoi pas, mais gagner 1h ? Dur, dur, dur !
Au niveau des niveaux des "cyclotricheurs", tu peux aussi ajouter le mec qui fait la descente du Lautaret dans l'aspiration de son pote à moto.
RépondreSupprimerVachement efficace !
On était un petit groupe, aux alentours de la 30-40e place, et on l'a vu s'envoler comme ça ...
Ah, tiens, je n'en ai pas vu prendre l'aspiration de voitures ou de moto. Je suis sur qu'il y a eu plein d'autres modes de triche que je n'ai pas vu.
RépondreSupprimerTrès intéressant et drôle ce petit mot aujourd'hui. Nous n'avons pas vraiment au Québec d'évènements rejoignant autant de monde que les vôtres, quoique nous avons une cyclo par içi dans le parc de la Mauricie qui rejoint 2 000 cyclistes chronométrés....faudrait que je vérifie avec mes amis à quoi ressemble le parc après leur passage. Alors là, ton histoire sur les tricheurs m'a bien fait rire. Ça prend des Européens bien ancrés dans la culture du cyclisme et de la performance pour faire pareilles choses (la culture du cyclisme en Amérique n'est pas aussi forte). Je suis d'accord comme d'autres pour me demander quelle fierté peuvent-ils bien avoir sachant qu'ils ont triché de la sorte. Chez moi ici, on me connait comme barabas dans passion, j'ai 57 ans et même si je suis un ancien coureur encore très orgueilleux, il ne faudrait pas que je me vente d'avoir fait le parc ici de 130 bornes avec 1 500 M de dénivelé à 40 de moyenne!! C'est certain que mes pots vont m'accuser d'avoir pris le bois en motocross!
RépondreSupprimerFéliciations pour tes anecdotes You make my day!
BOB la Gazelle