L'article du jour est rédigé par ma compagne, elle vous livre son expérience en tant qu'assistante / supportrice sur les classiques. C'est grâce à elle que des photos illustrent mes articles.
Le mois de février est, assurément, synonyme de classiques. Dès la fin du mois, je
prépare mon appareil photo, mon bonnet, mes gants et mon écharpe. Je suis ainsi parée
contre le froid belge. Depuis que je suis petite, mes week-ends et certains mercredis sont consacrés afin d'aller supporter les cyclistes professionnels sur les routes de mon beau pays. En 2014, mon rituel a légèrement changé : chaque week-end je me suis rendu sur les épreuves cyclo et non sur les épreuves pro.
J’ai passé de longues semaines à supporter Florent et à l’encourager dans sa démarche.
Voici le récit des classiques ; la course vue de l’extérieur.
Il y a plusieurs mois, Florent m’avait partagé son envie de faire les classiques belges.
Il voulait goûter aux pavés, à l’ambiance survoltée de mon pays et découvrir
véritablement ce qu’était le pays du vélo (pays soi-disant « plat », venez faire les classiques !
Vous découvrirez que la Belgique n’est pas si plate que ça). Je l’ai encouragé dans sa
démarche. J’avais envie qu’il découvre mon beau pays, sa culture et ses courses qui m’ont
tant fait aimer le cyclisme depuis mon enfance.
Mon réel et véritable atout, en vue de ces classiques, était ma connaissance du cyclisme. Je
ne suis pas pratiquante mais je m’y connais un minimum. Ayant grandi dans le pays du vélo,
il a été impossible pour moi de passer à côté.
Florent et moi parlons souvent du cyclisme. C’est une passion commune qui nous a réunis.
Lui est sur le vélo tandis que moi, je suis sur le bord de la route. S’est alors formé un
équilibre : lui était le coureur, moi la supportrice.
Mes connaissances en ce sujet m’ont précieusement aidées pour l’encourager. Néanmoins,
j’étais bien loin de me rendre compte de ce que c’était. J’ai du prendre mes marques.
Supporter Florent durant ces quelques semaines n’a pas été une contrainte. Je l’ai fait
par envie. Supporter rime avec motiver. Avant de se lancer dans une pareille
aventure, il faut se demander si on est véritablement motivé par l’envie de supporter
quelqu’un. La motivation est primordiale. Elle permet de ne pas se lasser, d’être toujours en
mouvement sur les épreuves, d’avoir le courage de se lever tôt.
Voici le scénario « type » en vue d’une classique…
La veille au soir, les préparatifs ont lieu. Après avoir mangé un plat de viande blanche (blanc
du poulet, …), le coureur se prépare d’un côté et la supportrice de l’autre. Lui prépare sa tenue,
ses gants, ses chaussettes, son casque, ses barres de céréales, les bidons qu’il remplira le
lendemain matin, … Voilà plusieurs jours qu’il demande à regarder la météo à la télévision afin de voir si le beau
temps sera de son côté ou pas lors de la course. Se pose alors un dilemme : tenue courte ou
tenue longue ? Il s’assure que son Garmin Edge est bien chargé. Ensuite, il part vers son vélo
afin de tout vérifier : cadre, freins, roues, …
De mon côté, je prépare mon sac réunissant quelques objets utiles : portefeuille, portable
rechargé, appareil photo, drapeau de supportrice, parapluie. Le drapeau de supportrice est un
simple drapeau aux couleurs tricolores françaises sur lequel j’ai écrit « Allez Florent ». Deux
simples mots qui suffisent à le faire sourire.
Une fois ceci terminé, nous nous retrouvons et nous passons plus d’une heure à programmer mon parcours.
Nous veillons à ce que je me positionne à des endroits stratégiques (sur un mont, près d’une
route me conduisant au prochain rendez-vous, aux ravitaillements…).
Le lendemain matin, le réveil est loin d’être facile. Le Tour des Flandres a fait sonner le
réveil à 3h du matin. Les autres classiques l’ont fait sonner à 6h. 3h du matin ? Avez-vous
idée de l’impact qu’un tel réveil peut provoquer sur vous ? Dès que le réveil s’est mis à
sonner, j’ai grogné. Pourquoi une course me fait lever si tôt ? Mon grognement de désespoir,
ne changeant rien au monde et à ma vie, je décide de me lever en sachant que c’est un jour
important pour Florent. Le petit déjeuner nous appelle alors. Pour le cycliste, il est simple :
céréales, tartine à la confiture, … Un silence s’installe. Je me suis rendu compte que tous les
matins, une angoisse différente nous envahissait. Lui, de son côté, pensait à l'épreuve et au
trajet qu’il allait devoir effectuer pour se rendre jusqu’au départ. De mon côté, je pensais aux
endroits où je devais me poster à une heure approximative.
Le soleil se lève et pointe le bout de son nez à l’horizon. Florent a pris le départ de sa course.
Pour ma part, je me positionne au premier endroit. Dans la voiture, il y a deux roues de
rechange, chacune se trouve dans une housse. J’ai également une pompe ainsi qu’un sac dans
lequel se trouvent des affaires de rechange. J’ai eu la chance d’avoir un chauffeur. Ainsi,
la voiture pouvait être parquée devant un garage. Il n’est pas impossible de supporter un
coureur seule mais ce serait bien plus complexe. Je pense notamment au Tour des Flandres, une épreuve sur laquelle la moitié des routes sont barrées. Sur cette épreuve ci, il m’a été indispensable d’avoir
quelqu’un pour me véhiculer.
Soutenir, c’est prendre le risque de patienter sur le bord de la route pendant plus de 50
minutes dans le froid et sous la pluie. En effet, parfois Florent était à l’avance sur le
programme prévu. D’autres fois, il avait pris du retard.
De ce fait, quand je me suis trouvée à un endroit et que j’ai pris conscience que Florent
n’était pas là, je me suis posée quelques questions : faut-il partir au prochain point de rendez-
vous ? Est-il déjà passé ? A-t-il eu un problème ?
Certes, il a son portable sur lui mais il est presque impensable de le contacter durant l'épreuve. Parfois, je lui ai envoyé quelques messages mais je savais pertinemment qu’il aurait
peu le temps de les consulter. Je préfère qu’il fasse sa course et qu’il reste concentré.
Le meilleur moment, pour moi, est le ravitaillement. Il s’agit du seul moment durant lequel nous pouvons discuter et réajuster les futurs horaires de passage. Il met son vélo de côté,
mange et boit ce qu’on lui propose, notamment des gaufres au miel, des morceaux d’orange,
des boissons. J’en profite pour faire quelques photos et lui glisser quelques encouragements.
J’ignore si mes encouragements le motivent ou s’ils le laissent indifférent. Je sais, à la fin de l'épreuve, que je l’aurai encouragé par ma présence
au bord de la route et mes phrases de soutien. Ces phrases sont banales. Elles peuvent passer
d’un « Allez, Florent » à un « Tu vas y arriver ». Mes encouragements semblent être les
seuls éléments que je puisse apporter.
Une classique dure généralement plus de 6 heures. La journée passe vite ; je saute d’un
endroit à l’autre. Mon regard est posé sur l’heure, ma main droite tient fermement mon
appareil photo alors que ma main gauche ne lâche pas le plan du parcours. Le moment est
éreintant. Sur le moment, je suis concentrée. Parfois, une route barrée ou la présence de
gendarmes m’empêche d’accéder à un point de rencontre. Trois possibilités s’offrent alors
à moi. Soit je sors de la voiture et je cours vers le point de rencontre en espérant ne pas y
arriver trop tard. Soit je tente de trouver une autre route me conduisant à la classique. Soit
je décide de me rendre directement au prochain rendez-vous.
Généralement, je parviens à
accéder à la course. De plus, j’ai la chance de connaitre la région étant donné que je m’y
rends souvent depuis des années pour aller sur les courses professionnelles. Je parle aussi le néerlandais, ce qui me facilite la vie
pour demander une quelconque information à un passant ou un gendarme.
Ensuite, la course se termine. Florent a terminé toutes ses classiques avec un sourire
jusqu’aux oreilles. La joie d’être arrivé lui fait oublier la fatigue, les quelques douleurs dans
ses jambes. Au terme de l'épreuve, il rejoint sa voiture pour se changer. Je prête attention
à ce qu’il dit. La plupart du temps, il me décrit sa journée et son état physique. J’en profite
pour lui apporter toute mon aide ; je range ses quelques affaires dans son sac, je place un
bidon contenant de l’eau fraiche ainsi que quelques biscuits dans la voiture. A deux reprises,
j’ai pensé à passer par une pâtisserie pour qu'il mange dans la voiture un éclair au
chocolat ou une tarte au riz.
Ne dit-on pas : « Après l’effort, le réconfort » ?
L’après course est un moment de repos et de récupération. Le combattant du jour en profite
pour poster, sur sa page Facebook, quelques photos ainsi qu’un commentaire résumant son
était d’esprit d’après course. Ensuite, dans la soirée, il se lance dans l’écriture de son article
de blog. Qui a dit qu’il n’était pas un véritable passionné ?
Pour conclure, ma présence sur le bord des routes des classiques m’a faite vibrer. Je l’ai fait avec motivation, détermination et envie. Soutenir
Florent était, est et sera une belle aventure. Je serai sur le bord des routes jusqu’à Liège-Bastogne-Liège, qui
mettra un terme à son challenge belge.
Mais cette aventure n’est pas prête de se terminer …
Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés aux classiques flandriennes.
C'est vraiment super de pouvoir partager sa passion à 2 !! Félicitation pour ta tournée des flandriennes et merci pour ce blog que je viens de découvrir
RépondreSupprimer@+ yvan