samedi 31 janvier 2015

Vers l'organisation de fausses cyclosportives ?

Il y a une semaine, j'ai découvert que les "courses au soleil" (des compétitions au plus haut niveau amateur), rebaptisées "février catalan" pour cette année 2015, étaient annulées moins d'un mois avant leur organisation. En découvrant leur annulation, j'ai découvert que cette année ces épreuves étaient organisées sous forme de cyclosportive mais avec une participation uniquement composée de clubs de DN (les clubs ayant les meilleurs cyclistes français).

Une cyclosportive, c'est une épreuve ouverte à tout le monde (ou presque) : tous les niveaux s'y affrontent, des coursiers chevronnés (certains professionnels y participent occasionnellement) aux randonneurs sportifs, des jeunes de 18 ans aux plus anciens (Robert Marchand, malgré ses 100 printemps révolus, participe à ce genre d'épreuve). Une épreuve "Elite", contrairement aux cyclosportives, nécessite un certain niveau pour y participer : seuls les coureurs amateurs de premier plan peuvent y participer ... un cycliste professionnel ou un randonneur sportif ne peuvent pas s'y engager. Il s'agit de deux types d'épreuves totalement opposés.

Je me suis alors demandé pourquoi un organisateur de courses Elites s'était tourné vers une organisation de cyclosportive mais avec une sélection de coureurs. Pourquoi organiser une course théoriquement ouverte à tout le monde mais en sélectionnant ensuite les participants ? Ce choix semble particulièrement étrange à première vue.

La réponse saute aux yeux quand on consulte le prix réclamé par le comité régional et le comité national de la FFC. La page 7 du tarif général de la FFC indique que pour organiser une course Elite, il faut verser un droit de 1448€ à la FFC. Pour l'organisation d'un cyclosportive, la page 8 indique qu'il ne faut reverser que 480€. Une différence de près de 1000€ qui me semble non négligeable pour n'importe quel organisateur. Sans compter qu'en plus de ces droits d'organisation, l'organisation d'une épreuve Elite nécessite un cadre plus strict qu'une cyclosportive : par exemple le nombre de commissaires et leur qualification n'est pas le même.

Les épreuves du Février Catalan ont été annulées pour une raison bête : l'organisateur n'a pas inclus ces épreuves dans le calendrier des cyclosportives. Ce calendrier permet à tous les cyclistes de savoir quelles sont les cyclosportives organisées en France : ces épreuves étant ouvertes à tout le monde, tout cycliste aurait pu demander à y participer. En n'inscrivant pas son épreuve sur ce calendrier, l'organisateur pouvait plus facilement déguiser son épreuve cyclosportive en épreuve Elite à l'accès restreint. A l'avenir, d'autres organisateurs d'épreuves Elites pourraient suivre le mouvement : en publiant leur épreuve au calendrier des cyclosportives mais en rédigeant un règlement d'épreuve leur permettant de sélectionner les participants, ils pourront s'affranchir de frais importants.


Depuis dix ans, les épreuves disparaissent les unes après les autres quel que soit leur statut : une randonnée comme la Levallois-Honfleur vient d'annoncer sa fin par manque de bénévoles, le Grand Prix de Lillers (une épreuve professionnelle) n'aura pas lieu faute de moyens financiers, parfois il s'agit de problèmes d'infrastructures (trop d'aménagements routiers qui rendent les parcours dangereux) ... il semble urgent que la FFC se penche sur les problèmes que rencontrent les organisateurs. J'ai remarqué que plus de la moitié des épreuves que j'ai disputé lors de mes saisons 2006 et 2007 n'existaient plus en 2014. D'autres épreuves ont vu le jour, mais les nouvelles épreuves ne sont pas aussi nombreuses que celles qui disparaissent.

3 commentaires:

  1. Il y a bien un problème au niveau de la fédération, mais tu es à côté. D'une part, les courses au soleil ne sont plus des courses Elite mais toutes catégories depuis plusieurs années (je ne suis même pas certain qu'elles l'aient un jour été). Ensuite, elles n'ont pas été organisées sous forme de cyclosportive pour raison financière mais pour s'affranchir d'un nouveau point de règlement qui fermait les DN extérieurs aux courses 1/2/3 locales en début de saison. Enfin l'organisateur n'a pas cherché à dissimuler son épreuve au calendrier cyclosportif, il a simplement oublié de l'inscrire.
    Là-dedans, les organisateurs n'ont pas tout rose non plus. Ce sont des épreuves hyper dangereuses avec une sécurité nulle. Cela fait un certain temps qu'ils n'étaient pas à la hauteur de leurs organisations. La volonté de forcer la main aux organisateurs de courses en début de saison qui cherchent à attirer les DN à organiser des courses Elites plutôt que toutes catégories est elle-aussi compréhensible. Il y a un cahier des charges et il n'est pas là pour rien. Les autres organisateurs s'y plient. Sans doute est-il trop strict et la répartition des richesses trop bancale mais avant de foncer à cette conclusion, il vaut mieux juger sur des données solides.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Salut Tom,

      Je te remercie pour ce complément d'informations.
      Ca me conforte dans mon idée d'origine : évier de parler du haut niveau car je n'en maîtrise pas totalement les tenants et aboutissements.

      Puisque tu connais bien ces courses Elite pour les pratiquer depuis plusieurs années, est-ce que cet organisateur "pas au niveau" était un cas unique et isolé, ou est-ce que d'autres organisateurs pourraient suivre le même mouvement ?

      Florent

      Supprimer
  2. De par mon expérience c'est un cas isolé ou en tout cas clairement à part. Claude Soubeille jouait tendu depuis plusieurs années déjà. J'ai le souvenir d'une Tramontane courue avec plus de 100km/h de vent, où le peloton s'est d'ailleurs trompé de route plusieurs fois. J'ai aussi un ami qui s'est pris une voiture de face du temps où existaient les versions junior. Sans vouloir stigmatiser, les organisations sont quand même souvent moins rigoureuses dans le sud (horaires volatiles, sécurité olé-olé bien souvent).
    En tout cas c'est un peu ce que je reproche à ton article : il y a bien une tendance à dégager, mais certainement pas du côté d'organisations cyclosportives. La plupart des organisateurs renoncent tout simplement à leur organisation avant de songer à cette solution. Les cas de transformation pour des raisons de contraintes réglementaires ne sont pas nouveaux : les courses d'un jour successives plutôt que les courses à étapes pour éviter d'avoir à payer les hébergements par exemple... En ce qui concerne ta position au sujet de la fédé, je ne peux pas complètement te donner tord en revanche.

    RépondreSupprimer