Ce mardi, 3 jours après l'Amstel Gold Race, j'ai effectué la deuxième épreuve de la trilogie ardennaise : la Flèche. Si les professionnels partent de Seraing (à côté de Liège) et terminent au mur de Huy, les simples passionnés partent et terminent d'Andenne, à quelques kilomètres de Huy. Du point de vue de la logistique, c'est beaucoup plus facile de partir et de terminer au même endroit. Le parcours ressemble à celui des professionnels, une bonne partie des côtes prises par les meilleurs cyclistes du monde sont également empruntées par les cyclistes plus modestes.
La principale inconnue pour moi concernait ma récupération. Faire 150 kilomètres et 2000 mètres de dénivelé ne me pose aucun soucis, mais après le week-end épuisant au Pays-Bas je savais que je n'avais pas parfaitement récupéré. Il faut dire qu'après la version "toerist" de l'Amstel le samedi, j'étais le dimanche au bord de la route pour découvrir l'ambiance au passage des professionnels. Le réveil à 5h30 le dimanche matin, après être rentré à 21h le samedi (sans avoir mangé ni m'être douché), fait que la nuit a été courte. L'alimentation n'a pas été géniale le samedi puisque j'ai passé la journée sur le vélo, elle n'a pas été bonne non plus le dimanche. Mais la météo annoncée ce mardi me laissait présager une belle journée de vélo, peu importe le temps que je passerai sur le parcours.
Après avoir trouvé une place pour me garer sans trop de soucis (les parkings officiels étaient pleins mais le lotissement adjacent avait encore quelques places disponibles), je me suis rendu à la table d'inscription. Un bénévole a pris ma licence et a saisi mes données à une vitesse éclair. Le prix de l'inscription ? 4,50€ pour un licencié d'une fédération nationale (y compris étrangère, la licence FFC permet donc de s'inscrire à ce tarif) et 6€ pour un non-licencié. C'était moins cher que les 5€ réclamés pour se garer dans un champ boueux samedi sur l'Amstel.
J'ai retrouvé Aurélien (plus connu sous le pseudo de "dossard rouge") et son ami Pierre-Yves, tous deux venant de la région parisienne. Ainsi que François (un belge francophone) et Jef (un flamand), deux solides rouleurs avec qui Aurélien a l'habitude de faire des classiques printanières. Une fois que tout le monde s'est équipé, nous nous sommes lancés sur le parcours.
Les premiers kilomètres d'échauffement jusqu'au pied de la première côte ont été mené à une belle allure par Aurélien. Un peu derrière, je trifouillais mon compteur pour comprendre pourquoi le capteur de puissance ne fonctionnait pas. Il m'aura fallu 3 minutes avant de me rendre compte qu'il était désactivé manuellement. Comment ? Pourquoi ? Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c'est que je préfère quand mes outils fonctionnent et que je peux les utiliser comme j'en ai l'habitude. Sur ce genre d'épreuve, je regarde surtout la distance et l'heure. Je regarde très peu ma puissance et mon rythme cardiaque. j'ai du regarder 5 ou 6 fois ces valeurs au cours des 9 heures de l'Amstel, j'ai du les regarder 2 ou 3 fois ce mardi sur la Flèche. Je connais mes sensations par coeur et n'ai pas besoin d'outil pour savoir où j'en suis physiquement. Si je les regarde très peu en temps réel, leur utilisation à posteriori pour calculer l'évolution de ma forme et de ma fatigue est en revanche très intéressante.
Les côtes se sont alors enchaînées quasiment sans répit. C'est incroyable comme cet endroit est vallonné, on ne fait que monter et descendre. Ce coin est également très bien préservé des activités industrielles : celles-ci sont concentrées le long de la Meuse, laissant le reste des terres aux activités agricoles. Ici, les routes grimpent et descendent souvent droit dans la pente. Au plus court. On passe donc son temps à changer de plateau, le petit plateau étant utile pour monter les bosses à 10% et le gros plateau étant utile pour les descendre.
J'ai géré les ascensions sans me mettre dans le rouge. Aurélien, Jef et François étaient nettement au dessus de mon niveau et quand ils jouaient à la guerre je ne pouvais pas faire illusion très longtemps. Pierre-Yves était un peu plus faible que moi, autant rester avec lui et ne pas trop utiliser inutilement mon énergie. A deux, c'est bien plus sympa. Et puis il porte le même prénom que mon père, je ne pouvais pas le laisser seul au milieu des champs ! En dernier lieu, mon corps ne supporte pas très bien les "stop and go", les micro-pauses de 20 / 30 secondes me cassent toujours les jambes, à fortiori après des efforts violents. Aurélien évitait ce phénomène en revenant à chaque fois nous chercher une fois qu'il arrivait en haut.
On a suivi le fléchage du parcours cyclo. Le fléchage était souvent commun avec celui des professionnels. Les flèches étaient déjà présentes sur le parcours. Certaines routes étaient en travaux et vu l'état de certains chantiers j'ai du mal à imaginer qu'ils les aient terminés quelques heures plus tard. J'ai encore plus de mal à imaginer qu'une course d'un tel niveau puisse passer sur des routes dans un tel état. L'avant dernière descente, celle d'Ereffe à environ 10 kilomètres de l'arrivée, est un enchaînement de nids de poule. La route est dans cet état depuis plusieurs années puisque je l'avais déjà empruntée en 2015 et qu'elle était déjà ainsi. C'est jouer à la roulette russe que de laisser les meilleurs cyclistes du monde, hommes comme femmes, passer sur ce genre de portion aussi près de l'arrivée. Cette portion défoncée était loin d'être une exception, le réseau routier dans cette région de la Belgique est globalement en mauvais état. A vélo en groupe, il serait plus facile d'indiquer aux autres les zones sans trous que de pointer du doigt chaque trou pour le signaler aux cyclistes qui me suivent.
Autour du centième kilomètre, nous avons effectué le fameux enchaînement côte de Cherave + mur de Huy. J'avais déjà grimpé le fameux mur de Huy mais je ne connaissais pas cette côte de Cherave. Je ne l'imaginais pas aussi dure, c'est un beau morceau qui entame bien l'organisme. Pierre-Yves étant derrière et en gardant sous la pédale en prévision du célèbre mur, je l'ai grimpé aussi souplement que j'ai pu. Mais même en essayant de rouler le plus à l'économie possible, il m'a fallu dépenser une bonne dose d'énergie pour hisser mes 63 kilos jusqu'en haut. La descente a été rapide puis on a longé la Meuse un bref instant pour rentrer dans Huy. Après un passage par le centre-ville, nous attaquions le gros morceau du jour. Le plus gros morceau des trois classiques ardennaises.
Le mur de Huy est, à mon sens, la côte la plus dure des 3 ardennaises. Le Keutenberg samedi sur l'Amstel était certes aussi pentu en moyenne et presque aussi long, mais la répartition de la pente était différente. Elle était globalement régulière autour de 10%. La côte de la Roche aux faucons sur Liège-Bastogne-Liège est plus longue et fait mal aux jambes, mais elle ne présente pas non plus de pourcentage aussi important que celui du mur de Huy. Ce qui est difficile dans cette ascension, c'est que sur un kilomètre de longueur on commence en douceur par du 4 ou 5%, qu'on continue ensuite par du 7 à 8%, qui se transforment en 10 à 12% en approchant de la moitié de la côte. Le 12% devient 15 puis 18 puis dépasse les 20% dans la partie finale. C'est la que ça devient difficile. Chaque tour de pédale nous fait grimper verticalement mais peu avancer horizontalement. La rupture de pente au sommet est très marquée, on passe subitement de 18% à 3 ou 4%. La cadence peut remonter et le rythme cardiaque peut enfin descendre. Ici le plus dur est à la fin alors que les côtes de la région ont plutôt tendance à être raides au pied puis à s'adoucir. On peut passer le plus raide sur la lancée et la fraicheur, donc partiellement escamoter la difficulté.
En haut du mur, le deuxième et dernier ravitaillement nous attendait. Un ravitaillement tout ce qu'il y a de plus simple : des fruits secs, des fruits frais, des gaufres, du quatre-quart, de l'eau pour remplir ses bidons et du sirop de menthe / grenadine. Le tout dans des quantités raisonnables, loin du gaspillage incroyable de certaines grandes organisations.
Nous avons traversé la Meuse et emprunté la côte d'Amay. Nous l'empruntions après le circuit final des professionnels (leur circuit final enchaîne les côtes d'Ereffe, de Cherave et de Huy) alors que eux empruntent cette côte juste avant d'entrer sur le circuit. La bosse est longue et régulière, entre les habitations. La température avait bien augmenté et il faisait presque chaud. Si les terres au sud de la Meuse, sur lesquelles nous roulions depuis le départ, étaient essentiellement agricoles, les terres au nord de la Meuse étaient en revanche résidentielles. Nous étions passés devant de belles et grandes fermes isolées, parfois dans de petits villages comportant entre cinquante et cent habitations regroupées autour d'une église. Nous passions à présent dans des suites de lotissements à peine séparés par quelques prairies. Ca a un charme différent, on est loin des grandes barres de logements sociaux. Ce n'est pas bétonné à outrance, les lotissements étant fleuris et chaque maison ayant un jardin arboré. Mais on s'y sent moins seul, moins en communion avec la nature.
Le final vent de face, en compagnie de solides rouleurs, m'a fait mal. Dans les bosses, je grimpais à mon rythme, à un bon rythme certes mais sans me mettre dans le rouge et en récupérant dans les descentes. Avec les derniers kilomètres à plat et vent de face, j'étais obligé de m'accrocher dans les roues de mes compagnons de route et de subir leur rythme élevé. Si je lâchais les roues, j'allais me retrouver à faire un effort tout aussi important face au vent, et à cause du vent j'avancerai nettement moins vite. Je me suis mis dans le rouge jusque dans les derniers kilomètres. Je crois que c'est la où je me suis le plus fait violence physiquement, avec aucun moment de répit pour récupérer.
J'ai pu souffler à l'arrivée, après 5h30 d'efforts pour boucler les 150 kilomètres du parcours. Nous avons eu une température excellente, pas trop fraiche le matin et chaude l'après-midi. Les jambes étaient au rendez-vous, je signe une très belle performance en terme de puissance, tout à fait en adéquation avec l'entraînement réalisé ces derniers mois. Enfin, les paysages traversés avaient un réel intérêt touristique et les montagnes russes incessantes avaient un réel intérêt sur le plan sportif. J'ai désormais bouclé deux des trois épreuves ardennaises, il me reste désormais la plus difficile de toutes : Liège-Bastogne-Liège.
Consultez mes données.
Vive la ferme libert samedi !!! Tu verras... on est suisses et 9n a le maillot si jamais on se croise Bravo déjà
RépondreSupprimerJe ne connais pas (encore) la ferme libert. Quand j'avais fait LBL en 2014 on passait par Stockeu (un beau morceau aussi) et Stavelot. il me semble que la ferme libert est empruntée depuis l'année dernière.
SupprimerBon courage à vous, même si on ne se croise pas on aura tous une grosse journée.