Le dimanche 21 juillet, nous avons effectué la 21ème étape du Tour, reliant Versailles aux Champs Elysées. Nous avions rendez-vous à 9 heures 30 à Versailles avec nos sponsors, qui sont venus se joindre à vélo à notre peloton pour faire cette étape.
© Mickael Bougouin
On est parti à vélo de l'hôtel à 9h20. On devait partir à 9h, mais chacun était concentré dans le nettoyage de son vélo : on voulait tous qu'il brille pour la parade sur les Champs, d'autant plus qu'on avait pris la pluie sur les 2 étapes précédentes et qu'on n'avait pas eu l'occasion de les laver avant. Un vélo parfaitement propre n'avance pas plus vite qu'un vélo légèrement sale, par contre psychologiquement on se sent toujours plus à l'aise sur un vélo qui brille que sur un vélo sale.
© Mickael Bougouin
On est arrivé à Versailles. Après avoir été bloqué par des policiers municipaux qui n'avaient pas été prévenus de notre passage, et à qui on a préféré prendre d'assaut les barrières plutôt que perdre plus de temps à sortir les autorisations préfectorales, on a pu rejoindre l'arche de départ. Ma soeur m'y attendait : pendant que les autres faisaient des photos et saluaient les sponsors, je la saluais et faisais des photos avec elle. Comme on roulait une partie de l'étape avec eux, je me suis dit que j'aurai 60 kilomètres pour aller les remercier.
© Mickael Bougouin
On a fait des tours et détours dans Versailles ... je n'ai pas tout compris, à part qu'il y avait des flèches dans tous les sens. Un vrai labyrinthe. Au bout de 55 kilomètres dans la campagne environnante, on est repassé dans Versailles ce qui m'a complètement surpris. J'avais analysé en détail toutes les étapes du Tour, sauf celle-ci. Pourtant en région parisienne, vu la densité du réseau routier on a vite fait de se tromper. Mais bon, nous étions sur le bon itinéraire.
© Mickael Bougouin
Pendant cette boucle d'environ 50 kilomètres, j'ai poussé, poussé, poussé. Certains sponsors n'arrivaient pas à suivre malgré un rythme faible. C'était compréhensible, ils ne font pas souvent du vélo pour la plupart. D'autre part, j'ai poussé des personnes de notre encadrement qui ont profité de cette étape particulière pour faire l'étape avec nous sur le vélo, et non au volant d'un véhicule. C'était un juste retour d'ascenseur : ils nous ont beaucoup aidé dans notre aventure, ça me semblait logique de les aider afin qu'ils tiennent nos roues. J'ai poussé avec grand plaisir.
© Mickael Bougouin
Notre peloton était déjà assez conséquent : nous devions être pas loin de 70. Des cyclistes de la région se sont joint à nous et sont venus mettre une pagaille monstre : ils créaient des cassures, ils roulaient pleine gauche pour faire des photos, ils traversaient le peloton de droite à gauche ou de gauche à droite sans avertir ... c'était dangereux, stressant et énervant. Un peloton de 100 coureurs entraînés, ça se gère facilement. Un peloton de 100 cyclistes avec des niveaux très disparates, c'est le bordel. Depuis le début de l'aventure, nous avions régulièrement des cyclistes qui roulaient avec nous, mais ils étaient peu et ils nous respectaient. Du coup, c'était agréable et ça nous donnait l'occasion de discuter avec des personnes nouvelles. Pour la première fois, je n'ai pas apprécié que des personnes nous rejoignent. Ils étaient trop nombreux.
Bruno, qui oeuvrait dans le staff et qui avait pris le vélo sur cette étape, a crevé. Je suis resté avec lui, en compagnie de Grégoire, pour aider le mécano à changer rapidement sa roue puis pour le ramener sur le groupe. Il m'a dit qu'il préférait monter dans le camion, j'ai donc filé. Au bout de quelques kilomètres, Fanny m'a fait remarquer qu'il manquait Grégoire. Le groupe ayant filé sans eux, ils se sont perdus. Avec des cyclistes en pagaille de partout, certains qui nous rejoignaient et d'autres qui nous quittaient, c'était prévisible.
Après avoir fait passer l'info par radio, on nous a dit de poursuivre notre route : la ministre des sports nous attendait, on était en retard et il fallait foncer. Ca m'a rendu furieux : pour moi, on n'abandonne personne sur la route. "On ne fait pas attendre une ministre". Ministre ou pas, elle attendra ! Finalement, on les a guidé par téléphone en leur décrivant l'ensemble des carrefours et les changements de direction. Ils étaient un kilomètre derrière, il aurait suffit de les attendre pendant 5 minutes et tout aurait été simple. C'était con que le premier accroc arrive le dernier jour.
On s'est tous regroupé au point de repas, dans le bois de Boulogne. Ma soeur m'y attendait, elle a fait le trajet plus rapidement que moi ... et en se fatiguant moins. Une fois rassasiés, on a repris la route pour la partie finale de l'étape : les Champs Elysées. Une grande randonnée était organisée par ASO, avec 5000 participants attendus. Nous avons pris la tête de cette randonnée et nous sommes entrés en tête sur les Champs. Niveau émotion, c'était tout simplement extraordinaire. Rien qu'en apercevant l'Arc de Triomphe, je vous assure qu'on a la chair de poule.
© Mickael Bougouin
Le tour sur les champs a été génial. J'ai profité de chaque seconde comme si c'était les derniers coups de pédale de ma vie. J'étais comme un gamin dans un magasin de jouets, les yeux grands ouverts et ne sachant même pas trop où regarder. Quand on passe sous la flamme rouge (symbolisant le dernier kilomètre) puis sur la ligne d'arrivée, c'est une sensation incroyable. C'est à cet instant que j'ai vraiment réalisé ce que je venais d'accomplir. Ce qu'on venait d'accomplir. J'ai repensé à toutes ces heures d'entraînement, à tous ces cols grimpés pour me préparer, à mes problèmes de genoux qui m'ont longtemps fait douter, à mes amis qui ont partagé mes entraînements et sont venus se joindre à notre peloton au cours de l'aventure, aux douleurs incroyable ressenties aux fesses aux pieds et aux mains en cours d'aventure, ...
© Mickael Bougouin
Pour rien au monde je n'aurait échangé ces galères passées contre le bonheur qui m'envahissaient. J'ai principalement repensé aux 12 derniers mois terribles que j'ai vécu, avec des genoux qui me faisaient parfois tellement mal que je n'arrivais plus ni à marcher ni à conduire. Je me suis dit que dans le fond, si cette mésaventure était le prix à payer pour faire le Tour, ça ne me dérangeait pas de le payer. Tout n'était que bonheur. Ce Tour n'était que bonheur. J'ai repensé aux dictons anglais "pain is no longer pain when it's past" et "pain is temporary, glory is for ever" (pain = douleur), je les ai trouvés particulièrement vrai en ce jour.
© Mickael Bougouin
On s'est arrêté un peu après l'Arc de Triomphe et on a fait la fête. On a crié, on a dansé, on a chanté. On a porté Eric au ciel. 3 semaines et demi d'efforts, il fallait que ça sorte. 50 personnes qui libèrent leur joie d'un coup, ça fait un carnage. Ambiance survoltée, mais ambiance larmoyante aussi. Des larmes de bonheur. Des larmes d'une tension qui disparait et qui laisse place à de la joie. Je crois que seuls ceux qui ont terminé un jour le Tour peuvent comprendre ce qu'on ressent à ce moment la. Il faut le vivre pour le comprendre, c'est bien au delà de ce qui est imaginable.
© Mickael Bougouin
On est retourné à notre bus, on a rangé les vélos, on s'est changé et on a rejoint notre hôtel. Nous avions des places en tribune VIP afin d'assister à l'étape en étant très bien placés (entre le panneau des 50m et celui des 25m !). Je vous raconterai ça dans mon prochain article.
© Laurent Brun
Bilan : 85km, 3h50 de selle, 530m de dénivelé, 120bpm en moyenne.
Consultez notre parcours et mes données.
Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.
Tes lunettes sont trop grandes ;-)
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