J'ai reçu début juillet, en même temps que le livre Les petites histoires de la grande boucle (écrit par JP Brouchon), le livre écrit par Raphaël Geminiani : "mes quarte vérités". Etant resté sur ma faim lors de la lecture de ce premier livre, j'avais mis de côté la lecture du second car je ne souhaitais pas le lire tout de suite en pensant qu'il ne serait pas très intéressant lui non plus. Aujourd'hui je regrette d'avoir patienté pour le lire car j'avoue l'avoir dévoré à une vitesse hallucinante tant il m'a touché et ému. Je crois que c'est le meilleur livre de cyclisme que j'ai lu ces dernières années !
Je suis jeune (j'ai 23ans), et pour moi Géminiani est un des grands de l'après-guerre : je connais en gros son palmarès en tant que coureur. J'ai vu tant de reportages et documentaires sur le cyclisme des années 50 et 60 que je sais qu'il faisait partie du gratin du cyclisme mondial à son époque. En revanche, malgré ma bonne connaissance de la légende du cyclisme, je ne connaissais que très peu son passé de directeur sportif. C'est avec grand plaisir que j'ai découvert cette face de sa vie.
Le livre comporte 243 pages (je ne compte pas les pages finales récapitulant son palmarès) divisées en 4 sections principales. Chaque section est divisée en chapitres d'une trentaine de pages, eux mêmes subdivisés en petites histoires de 4 ou 5 pages. Ce format est agréable à lire car chaque petite histoire se lit en 3 minutes, ce qui permet de moduler son temps sans avoir à se couper en pleine lecture d'un chapitre. On ne se sent jamais "otage" d'un chapitre trop long, et c'est agréable. Les histoires sont chronologiques, l'histoire du cyclisme défile au fil des chapitres.
La première section annonce la couleur d'entrée de jeu : elle est consacrée au dopage. Moi qui pensais maitriser relativement correctement le sujet, j'avoue avoir pris une claque dès les premières pages : il dénonce les abus du système actuel. Avec lui tout y passe : les instances dirigeantes qui font les autruches, ces mêmes instances qui truquent les résultats pour couler les coureurs qui dérangent (et sauver ceux qu'elle veut préserver), le dopage organisé (Vinokourov ne s'est surement pas transfusé tout seul du sang sur le tour 2007, Landis et Ricco ne se piquent pas seuls avec les bons dosages pour passer au travers des contrôles dans 99% des cas), le coureurs qui se tournent vers la solution de facilité, les médecins et laboratoires qui se servent des sportifs pour faire des tests humains ... chacun en prend pour son grade.
La lecture de cette section est vraiment intéressante, elle permet d'ouvrir les yeux sur un certain nombre de points auxquels on ne pense pas même quand on est relativement impliqué dans le milieu du cyclisme. Ce chapitre est d'autant plus intéressant qu'il est illustré de nombreux cas au cours du temps (des années 60 à maintenant) et que certes il tire à boulets rouges mais il propose des pistes pour corriger ce qui ne va pas. Et ça, j'apprécie : ceux qui ne font que critiquer mais ne proposent jamais de solutions m'exaspèrent.
La deuxième et la troisième section parlent de la vie de directeur sportif. On y apprends des détails croustillants sur comment il a contourné un règlement stupide du Tour de France (l'interdiction de changer de matériel), comment il s'est retrouvé en prison après avoir refusé de céder aux magouilles de la mafia cycliste italienne (le directeur de course lui interdisait de ravitailler son coureur dans l'échappée, le commissaire refusait de sanctionner des coureurs qui s'accrochaient aux voitures ... ledit commissaire a été jeté dans le fossé au motif qu'il ne servait à rien), sur comment il a fait circuler de mauvaises rumeurs (tel coureur est malade, tel autre est en forme) afin de permettre à ses poulains de gagner ...
Le passage qui m'a le plus ému a été le récit du fameux doublé "Dauphiné + Bordeaux-Paris" : la course Bordeaux-Paris est racontée de l'intérieur, avec forces de détails. A chacun des petits rebondissements racontés, le suspens montait, j'en avais des larmes de joie et retenais mon souffle comme si je le vivais en direct. Rien que d'y repenser en rédigeant ces quelques lignes, j'en ai les larmes aux yeux, c'est dire si ce passage m'a marqué ! J'ai sélectionné ce passage, qui à mon goût est le plus beau, mais je peux vous assurer que des dizaines d'autres passages mériteraient d'être cités tant ils sont vivant et bien écrit.
Enfin, la dernière section consacrée "aux hommes qu'il a rencontré" m'a paru la moins intéressante. Elle se lit bien, elle est rigolote par moments, mais j'ai du mal à comprendre sa place dans un livre de cyclisme : il nous raconte qu'il a rencontré des stars au cours de sa vie. Savoir qu'il a rencontré Johnny Hallyday, Jacques Brel, Koppa, Alain Delon, Line Renaud, et tant d'autres célébrités ... certes certaines anecdotes sont marrantes mais elles ne m'ont pas vraiment passionnées.
Conclusion : je vous recommande vraiment la lecture de ce livre. Il est passionnant ! J'aime bien lire, et je peux vous assurer que ce livre est très bien écrit, autant du point de vue de la forme que du contenu. C'est un véritable régal, un dessert que l'on peut dévorer sans modération jusqu'à la fin !
Vous pouvez consulter ici toutes mes critiques de livres et BD liées au cyclisme.
Très belle analyse, ça donne envie de le lire ce livre. Ce n'est pas la première fois que j'en entend parler en bien.
RépondreSupprimerSi tu veux lire quelque chose de formidable en rapport avec le cyclisme, je te conseille "Besoin de vélo", de Paul Fournel. Non seulement c'est remarquablement écrit mais, en plus, ça ne peut que toucher celles et ceux qui pratiquent le cyclisme. Et c'est aussi le livre idéal à offrir à ceux qui ne le pratiquent pas mais qui "subissent" la passion dévorante d'un conjoint accro au vélo. Ce livre permet de mieux saisir pourquoi, lorsqu'on goutte à ce sport, on peut en devenir dingue !
RépondreSupprimerSalut Franck,
RépondreSupprimermerci pour la suggestion, je l'achèterai pour occuper une de mes longues soirées hivernales. J'ai déjà 3 livres sur ma table de chevet (dont 2 ne parlent pas de cyclisme), mais une fois ces livres terminés j'aurai besoin de nouvelles lignes pour occuper mes yeux.