A peine un mois après sa mort, un livre intitulé Laurent Fignon, la dernière échappée sortait. Un livre de 140 pages avec 24 pages de photos (en couleur) au milieu.
Le livre est découpé en 8 chapitres pour un volume d'environ 100 pages, suivis par 40 pages listant les résultats qu'il a obtenu et le nom de ses équipiers année par année. Les premiers chapitres parlent de son arrivée dans le monde du cyclisme amateur puis professionnel, et de ses premières années flamboyantes (83/84). Les chapitres suivant parlent de ses mésaventures chroniques (85 à 88), avant d'aborder le fameux tour de France 1989 et la fin de sa carrière. Enfin les derniers chapitres parlent de sa reconversion.
Je n'étais pas né lors des plus belles années de sa carrière, et j'avais 6ans lorsqu'il y a mis un terme. Mon jugement à son propos, jusqu'à présent, se basait principalement sur quelques résumés (la plupart du temps centré sur le fameux CLM des Champs Elysées, à croire qu'en 89 le tour n'a eu qu'une seule étape !) et sur les commentaires qu'il faisait au cours des retransmissions des étapes du Tour que je regardais (autrement dit pas grand chose car je regarde peu la télé).
Je comptais sur ce livre pour me permettre de découvrir qui se cachait derrière cet homme : j'étais désireux d'en savoir plus à son sujet. Malheureusement j'ai trouvé le livre froid et distant. Certes j'ai glané quelques infos, mais ce n'est pas une biographie complète comme je l'espérais. Le livre est bien écrit et intéressant, pour preuve je l'ai lu en moins de 2h sans faire la moindre pause. Mais j'en attendais plus !
Je trouve dommage que l'auteur et/ou l'éditeur se soient précipité pour sortir ce livre tant que l'actualité était chaude. Je suppose que l'auteur, passionné de cyclisme comme il y en a peu, a voulu rendre hommage à ce champion et que ce livre était pour lui le meilleur moyen de le faire ... mais quel dommage de ne pas avoir pris un peu plus de temps pour compléter cet ouvrage, le rendre plus consistant et par la-même plus intéressant ! Quel dommage pour un tel champion de n'obtenir qu'un livre succinct alors qu'il y a tant à dire, ou plutôt à écrire, sur son sujet. Que ce soit sur son combat sur le vélo ou sur son combat contre le cancer, ou les deux en même temps, je suis sur qu'une vrai biographie mérite d'être écrite.
Tout n'est pas à jeter dans ce livre, loin de là. J'ai notamment apprécié toute la partie sur la reconversion : j'avais oublié qu'il avait tant oeuvré en tant qu'organisateur pour promouvoir ses courses, qu'il tenait un centre sportif ... ce n'était pas juste un commentateur sportif vivant paisiblement de sa retraite. C'était un passionné de cyclisme qui rendait au cyclisme ce qu'il lui avait apporté.
Et vous, qu'avez-vous pensé de ce livre ?
Vous pouvez consulter ici toutes mes critiques de livres et BD liées au cyclisme.
Bonjour Florent,
RépondreSupprimerJe ne l'ai pas lu et ne le lirai pas, parce qu'effectivement ça sent l'argent facile à plein nez...
En revanche, si tu veux en apprendre davantage sur la carrière de Fignon, je t'invite vraiment à lire (si ce n'est pas déjà fait) son autobiographie, Nous étions jeunes et insouciants. Elle a reparu il y a deux ans au Livre de poche (donc pour un prix dérisoire) augmentée d'une préface inédite, dans laquelle Fignon parle notamment du traitement médiatique de son cancer. C'est fort, courageux, audacieux, et magnifiquement (co-)écrit. Fidèle à lui-même, même si l'expression est un peu galvaudée, Fignon ne se contente pas de narrer ses exploits et ses défaillances, mais il s'emploie à restituer le monde des courses amateures de la fin des années 70 où il a débuté, n'esquive pas du tout la question du dopage, parle très librement de ses amitiés et de ses inimitiés cyclistes. Il y a des portraits savoureux de Bernard Hinault et de Cyrille Guimard, des avanies en direction de Leblanc et Lemond, et puis une intéressante réflexion sur les "générations" cyclistes. Ayant à peu près ton âge je n'ai jamais connu le cyclisme professionnel que terni, peu ou prou, par le dopage organisé. C'est en lisant Fignon que j'ai compris à quel point les années 1990 (et leur produit-miracle, leur symbole aussi, l'EPO) avaient marqué une rupture (irréparable ?) dans les pratiques de dopage. Fignon donne à voir cette métamorphose, et il y a quelque chose de poignant dans de ces pages où il explique avec amertume que des mecs moyens se mettaient tout à coup à "marcher comme des avions".
Je n'en dis pas plus (et rassure toi, j'en ai finalement dit bien peu !) sinon que c'est incontestablement l'un des plus beaux livres sur le cyclisme qu'il m'ait été donné de lire.
Bonsoir Florent et A (dommage pas de prénom)
RépondreSupprimerLe commentaire donne vraiment envie d'en savoir plus; moi j'ai connu l'épopée de Laurent vu mon age, je retiens qu'il a gagné son premier tour un peu par défaut et que cela lui a donné des ailes pour la suite. Il était considéré comme l'intello du peloton ( BAC +2 je crois) et répondait aux interviews de manière moins idiote que ses coéquipiers. C'est de là qu'il a été considéré comme une forte tête car il évitait les questions banales des journalistes.
Guy
Je confirme ce que dit guy pour avoir également connu cette époque. D'ailleurs, il n'était pas trop aimé des journalistes lorsqu'il était coureur à cause de son franc parlé envers eux.
RépondreSupprimerEt dans mes souvenirs de 89, je ne me rappelle pas que ces mêmes journalistes aient beaucoup pleuré sur sa défaite. Ils étaient même très content pour lemond qui était beaucoup plus accès sur la com.
En ce qui concerne le livre "nous étions jeunes et insouciants", je l'ai également lu et c'est effectivement un excellent livre.
Franck.
A. c'est déjà quelque chose, je tiens à l'anonymat sur internet, et vu que je poste toujours ici sous la même lettre, il est facile de suivre la discussion ;)
RépondreSupprimerEn ce qui concerne Fignon, son autobiographie en effet regorge d'anecdotes révélatrices de son légendaire franc-parler, mais évidemment je n'en ai rapporté aucune.
L'image d'un Fignon "intello" a aussi un certain caractère légendaire, largement lié à ses facultés d'expression et à ses grosses lunettes cerclées. En réalité, Fignon n'a "même pas" fat d'études supérieures : il a quitté la fac de biologie qu'il avait entreprise dès la première année, pour se consacrer entièrement au vélo. Chez les Français il y a tout de même plus diplômé ! - que l'on pense seulement, par exemple, à Jean-Christophe Peraud, ingénieur chez Areva.
Salut Florent,
RépondreSupprimerJe ne saurais que te conseiller de lire "Nous étions jeunes et insouciants", un livre authentique sur la vrai vie de Laurent Fignon où il nous raconte son arrivée sur un vélo, son arrivée chez Guimard, ses tensions avec Hinaumt, sa complicité avec Gallopin, le Tour 89, etc ... tu y trouveras sans aucun doutes ce qui t'a manqué dans ce livre.
Bonne lecture,
Séb
Bonsoir,
RépondreSupprimerMerci A par défaut, si c'était encore une légende son niveau d'études; c'est que FL avait vraiment un sacré caractère et qu'il est bien entré dans la légende du cyclisme français.
Guy