jeudi 25 août 2011

Haute-Route étape 5 : de Serre-Chevalier à Pra-Loup

La cinquième étape de la Haute-Route relie Serre-Chevalier à la station de Pra-Loup via 119km et 3 montées (le col d'izoard, le col de vars et la montée de Pra-Loup). Le dénivelé de cette étape est de 2800m.

Voici la road-map de l'étape :
carte de l'étape 5 de la haute route

Voici le profil de l'étape :
profil de l'étape 5 de la haute route


Et voici mon traditionnel récit :
Ce matin je me sentais bien : j'ai pas trop mal dormi, il fait beau et mes genoux me laissaient tranquille. Kelly, la kiné de @barakine qui me suit depuis lundi soir, a donc bien fait son travail ...
Le petit déjeuner est pris 1h30 avant le départ, et il me laisse également tranquille malgré l'heure matinale (par rapport à mes habitudes), ce qui me permet d'espérer passer une belle journée.

départ de serre-chevalier

Le départ est neutralisé sur les 7 premiers kilomètres : je suis dans les 10 premières positions et rigole avec les premiers du classement général. Ils me connaissent bien, et l'ambiance décontractée qui règne entre les coureurs est vraiment agréable. Personne ne se prends pour un cador, personne ne snobe ou chambre personne pour ses moins bonnes performances : c'est une ambiance familiale, et franchement j'adore ! Ces 7 kilomètres ont été glaciaux : il faisait vraiment très frais dans la descente ... nous étions à 1200m d'altitude, avant le lever du soleil ...

Le chronomètre est déclenché au pied du col d'izoard. Les 3 premiers kilomètres sont montés à un tempo régulier et plaisant : les favoris préfèrent finir leur échauffement paisiblement avant de se faire la guerre. Au bout de 3 kilomètres, je suis toujours dans le groupe de tête comprenant une quarantaine de coureurs. @nicolasraybaud, très offensif depuis le début de l'épreuve et 7ème du classement général (en plus d'être mon compagnon de chambrée !) fait régulièrement le tempo en tête de peloton. Hier, des paris ont été lancés par Philipe Lesage (gérant de velo101), Nicolas et moi-même pour savoir qui attaquerait en premier et quand ... j'avais dit en rigolant que j'attaquerai dans les premiers kilomètres, ce qui surprendrait tout le monde.

montée du col d'izoard

Chose promise, chose due : j'ai attaqué mollement (je ne voulais pas me mettre dans le rouge) et ai pris quelques mètres d'avance sur un peloton qui n'a pas souhaité réagir de suite. J'ai été ramené dans le rang au bout de 300m : j'ai vu les meilleurs me fondre dessus comme des loups affamés ... avant de se calmer. Si un jour je rédige mes mémoires, je pourrai noter que j'ai été seul en tête de la Haute-Route pendant la montée du col d'izoard ... ça fait bien sur un CV sportif, non ? Après mon attaque "pour rire", je me suis replacé dans les roues jusqu'à Cervières : la course à l'avant n'est pas pour moi, et je me dois de me concentrer sur ma propre course à l'arrière.

final du col d'izoard

J'ai levé le pied après Cervières et ai laissé filer un groupe d'une trentaine de coureurs. Je me suis recalé à un tempo qui me convenait mieux et ai gravi le col à ma main, passant régulièrement d'un groupe à un autre : quand un groupe me dépassait je me calais dans roues un ou deux kilomètres avant de me relever pour reprendre mon rythme normal. J'ai du franchir le premier col du jour en 60 ou 70ème position. La vue une fois sorti de la forêt est magnifique : j'ai déjà franchi ce col de ce côté mais l'avais fait de nuit donc n'avais pas pu profiter du magnifique paysage proposé.

Je me lance dans la descente de l'izoard : elle est belle et propre, rapide et sans danger. Le passage dans la casse déserte est un grand moment, on en prend plein les yeux mais il faut rester concentré sur la route car il y a des pierres sur la chaussée. 2 kilomètres après avoir passé la casse déserte, un grand sifflement se déclenche d'un coup sur mon vélo et je ressens des vibrations dans le guidon : j'ai immédiatement pensé à une crevaison de la roue avant et ai freiné en urgence. Après inspection du vélo, je ne vois rien du tout : les freins fonctionnent bien, les pneu sont toujours gonflés, il n'y a pas de feuille coincée dans les roues ni entre le cadre et le pneu. Je repars après 2 minutes d'arrêt et fais la descente accompagné par un motard de la sécurité qui s'était arrêté pour vérifier que tout allait bien. Il m'a escorté quelques kilomètres, que j'ai fait très prudemment en essayant d'écouter au maximum le comportement de mon vélo pour détecter la moindre anomalie.

J'ai détecté que le sifflement ne se produisait qu'à partir de 40km/h, et un coureur anglais m'a expliqué en me doublant que c'était le bruit caractéristique d'un problème de roulement. Le faux-plat descendant de la vallée du Guil s'est fait vent de face : j'ai attendu le retour d'un groupe de 6 ou 8 coureurs avec qui j'ai tourné des relais très rapides ... mes roues ont sifflé plusieurs fois, et d'autres coureurs du groupe m'ont confirmé que c'était bien un problème de roulement. Dans le groupe, tout le monde prenait sa part de relais sans rechigner : ça c'est agréable !

Dans le rond-point au pied de la montée du col de vars, un coureur était à terre et salement amoché. La chute venait de se produire, son visage était complètement rouge de sang. Croyez-moi que quand on voit une telle image, on est de suite calmé, et les discussions dans le groupe allait bon train (en anglais il va de soi). Après un ralentissement lié à ces discussions, le groupe est reparti de l'avant et s'est décanté au fil des kilomètres. J'ai géré ma montée en roulant avec des gars de mon niveau. La partie finale, vent de face, a été particulièrement difficile.

Après un arrêt au ravitaillement en haut du col, je me suis lancé dans la descente. Elle est longue, très longue, surtout quand on ne peut pas dépasser les 40km/h ! Je n'ai pris aucun risque : mieux vaut perdre du temps que perdre la vie (ou simplement se blesser) ! Dans la vallée, je me suis fait reprendre par un groupe d'une dizaine de coureurs. Là encore, tout le monde prenait des relais en fonction de ses possibilités. Ensemble, nous avons repris plusieurs groupes de 3/4 coureurs à chaque fois, qui venaient grossir les rangs. Au final, sur les 20km de vallée vent de face, j'ai du en passer 2 devant à prendre du vent. Il est à noter que je me suis fait piquer par un guêpe : c'est la 2ème fois en peu de temps que ça m'arrive, alors que ça ne m'es pas arrivé depuis plus de 10ans !

final du col de vars

Nous avons roulés très fort jusqu'au pied de la montée finale. Celle-ci s'est révélée bien moins dure que prévu : il s'agit en réalité de 7km à 5 ou 6%, très régulière, sans le moindre passage difficile. La difficulté est venu de la chaleur : il faisait très chaud. Ayant encore beaucoup d'eau dans mes bidons, j'ai pu m'asperger correctement la tête, le visage et les bras pour me refroidir. Avec un coureur anglais venu de Londres, nous avons réalisé un final incroyable : nous nous sommes relayés à bloc dans les 5 derniers kilomètres et avons ainsi repris une quinzaine ou une vingtaine de coureurs.

Je termine 109ème de l'étape, ce qui me permet de gagner 6 nouvelles places au classement général. Je suis désormais 133ème. Je suis content de ma performance : c'est un bon résultat, surtout avec mon problème de roulement et le fait que j'ai perdu du temps et des places dans les 2 longues descentes du jour. Je suis content car ma forme s'améliore de jour en jour, c'est donc bon signe ... plus que 2 étapes avant de voir la mer !

PS : Le coureur blessé va bien, après examens à l’hôpital de Briançon il s'avère qu'il n'a "que" des brulures mais rien de cassé. Je lui souhaite un bon rétablissement.

Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés à la Haute Route.

9 commentaires:

  1. nicolas blondiaux25 août 2011 à 21:01

    bonjour flo,j ai l impression que tu recupére tres bien!un top 100 serai super!je te souhaite une bonne continuation

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  2. Salut Nicolas,

    En effet, je récupère plutôt bien et ma forme s'améliore nettement chaque jour. En revanche, pour le top 100 au classement général, ça va être compliqué : j'ai accumulé beaucoup de retard pendant mes 2 étapes "tranquilles". J'ai plus d'une heure de retard sur le 100ème ... il ne reste que 140km chronomètrés, ça sera donc dur à reprendre !

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  3. Merci de prendre du temps chaque jour pour nous abreuver de tes récits à la fois longs, détaillés et très intéressants. Certaines photos sont superbes, ce qui ne gâche rien.
    Et en plus, tu grignotes des places au classement tous les jours, alors tout semble rouler pour toi.
    A propos de ton "sifflement" à plus de 40 km/h, as-tu pu faire régler ça par un mécano ?
    Je te demande ça car j'ai eu le même problème avec un vélo que j'ai essayé il y a quelques jours, et je pouvais entendre un léger sifflement quand je dépassais les 40 à l'heure.
    Bon courage pour la suite.

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  4. Tu dechire mecq c'est un recit de warrior tout cela.

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  5. c'est comme le tour de l'ain cyclo ,il faut savoir gerer au jour le jour ,lever le pied au bon moment et tu arrive au bout sans probleme

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  6. @franck : de rien, les écrits sont de moi mais la plupart des photos sont des photos officielles. Je ne m'arrête pas pour les faire ^^
    Pour le sifflement de la roue, ils m'ont graissé les roulements et resserré le tout ... aujourd'hui je n'ai pas eu de problème, donc visiblement c'était ça.

    @anonyme : je ne déchire rien du tout, c'est faisable par tout un chacun. Je n'ai aucune aptitude particulière, le plus important c'est l'envie d'y participer et de voir la mer ... sans y aller en TGV.

    @phil : c'est différent du tour de l'ain car la tout le monde fait toutes les étapes, et les étapes ne sont pas faussées par des coureurs qui ne visent qu'une seule étape. De plus, le fait d'être en itinérant est, je trouve, bien plus sympa que le tour de l'ain ... ceci dit, j'avoue que le principe est proche. Les 2 épreuves étaient trop rapprochées pour que je les enchaine.

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  7. J'en reviens à mon histoire de roulements, Florent : c'était les roulement de quelle partie du vélo ? Moyeu ? Boite de pédalier ?
    Quant aux photos, j'avais bien compris qu'elles n'étaient pas de toi. Certaines sont vraiment sublimes.
    En tout cas, ça y est, tu touches au but. Heureux,j'imagine ?

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  8. Salut, il me semble t'avoir vu dans la montée du col de vars, je me faisait un mini stage "montagne" dans le coin...
    je connaissais pas cette cyclo, vraiment sympa à faire j'imagine!

    vincent canard ( velo club caladois)

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  9. @vincent : ah, c'était donc toi le coureur caladois qui m'a doublé dans les premiers kilomètres de Vars, et à qui j'ai dit "tiens, un caladois, un gars de chez moi" ...
    Dans la vallée du Guil, j'avais croisé un coureur Caladois qui partait en direction des cols (agnel ou izoard), était-ce toi aussi, et tu as fait demi-tour, ou est-ce qu'il y avait un autre caladois dans la région ?

    Je te confirme que c'était vraiment sympa : on a eu une météo géniale, l'ambiance entre les coureurs était top, l'encadrement (motos, signaleurs, équipe d'organisation) était au top, le parcours était physique et beau ... c'était donc une très belle expérience.

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