lundi 20 mai 2013

Le parcours du Tour

Lorsque j'avais assisté à la présentation du Tour en octobre (lire cet article), j'étais loin (très loin même) de me douter que j'aurai à effectuer le parcours moi aussi. J'avais analysé le parcours comme tout le monde, en me glissant dans la peau d'un cycliste professionnel souhaitant gagner l'épreuve. Je vais désormais le regarder avec le regard d'un cycliste normal.


1 - La première semaine : 1500km avec la Corse et les Pyrénées, 60h de selle.
Entre le départ du Tour et la première journée de repos, il faudra parcourir 1500 kilomètres. C'est 140km de plus que ce que j'ai parcouru au cours du mois d'avril !

On commencera par une étape de 210km pour 1500m de dénivelé, soit environ 7h de selle. Les deux étapes suivantes, toujours en Corse, seront plus courtes mais tout aussi difficiles : 155km pour 2100m de dénivelé, puis 145km pour 2300m de dénivelé. Ca devrait nous faire 2 étapes de 6h / 6h30 de selle. 20h de selle en 3 jours, de quoi nous mettre directement dans le grand bain.

Le 4ème jour, après un transfert en Ferry, une étape plus calme sera la bienvenue. 25km complètement plats permettront de faire une sortie de récupération active d'une heure.

Cette journée de semi-repos sera très importante car ensuite il faudra enchainer de longues étapes : 220km pour rejoindre Marseille en passant par l'arrière-pays (réputé pour ses petites collines), 180km pour nous rendre à Montpellier, puis 205km pour atteindre le pied des Pyrénées. 20h de selle supplémentaires en 3 étapes.

La première étape des Pyrénées arrivera le 8ème jour, et proposera 200km de bitume pour rejoindre Ax-3-domaines en passant par le seul col à plus de 2000m du Tour 2013 (le col de Pailhères). 3400m de dénivelé. Les pentes des deux ascensions du jour permettront de tester le 34x28 (le braquet équipant les vélos qui nous seront fournis). Le lendemain, la 9ème et dernière étape avant la première journée de repos sera une véritable étape de montagne : 5 cols à franchir (4200m de dénivelé) en 165 kilomètres. 18h supplémentaires de vélo.

La première journée de repos sera alors la bienvenue.


2 - La deuxième semaine : 1000km de diagonale entre la Bretagne et le Ventoux.
La deuxième semaine du Tour sera une procession de 1000 kilomètres entre la Bretagne et le Mont Ventoux. Cette semaine sera la plus facile, il faudra récupérer avant la remontée des Alpes.

La première étape fera 200km pour relier le sud de la Bretagne au nord de la Bretagne. La deuxième étape fera 33 kilomètres, ce qui nous laissera du temps pour visiter le Mont Saint-Michel dont l'ascension est nettement plus facile que le Mont Ventoux. 8 à 9h de selle.

Les deux étapes suivantes risquent d'être complexes à gérer : elles permettent de relier la Bretagne au massif central, via 220km puis 175km. Les deux étapes sont planes et rectilignes. Je pense qu'elles seront difficiles nerveusement car elles sont monotones. 14 à 15h de selle.

La 5ème étape proposera 190km pour rejoindre Lyon. L'étape est casse-pattes, c'est plein de petits vallons à franchir. Pour moi, cette étape sera particulière puisque ce sera un retour sur mes terres après 20 jours d'absence, et que mes amis ont d'ores et déjà prévus de m'accompagner sur tout ou partie de cette étape. L'enjeu sera de ne pas trop me disperser et de rester concentré afin de ne pas subir de contre-coup sur l'étape du lendemain. 7h de selle.

La 6ème étape de la semaine, 15ème étape du Tour et dernière étape avant la deuxième journée de repos, fera 240 kilomètres. Il y aura 220km escarpés, quasiment sans plat, avant le pied du Ventoux. Je crois qu'au pied du géant de Provence, nous serons tous complètement cramés. Selon mon état de fatigue, il est possible que je laisse une paire de baskets dans l'une des voitures suiveuses, afin de pouvoir monter en poussant le vélo. Une chose est sure, mon temps d'1h36 d'ascension ne sera pas battu ce samedi 13 juillet. 10h de selle.

La deuxième journée de repos sera bien méritée. L'étape du Ventoux risquant de se terminer tard, n'essayez pas de me contacter le matin : je compte bien faire la grasse matinée et profiter du calme provençal. N'essayez pas de me joindre l'après-midi, je m'adapterai aux coutumes locales et ferai la sieste. La récupération sera importante.


3 - la dernière semaine : 800km à travers les Alpes.
La dernière semaine du Tour sera épique. En 3 jours, il faudra faire autant de kilomètres et de dénivelé qu'en une semaine sur la Haute-Route. Ca va être du lourd, du très lourd.

La première étape reliera Vaison-la-romaine à Gap. 170 kilomètres, 2500m de dénivelé. Après une journée de repos, elle devrait bien se passer. Le lendemain, l'étape entre Embrun et Chorges proposera 32km pour près de 1000m de dénivelé. Elle sera loin d'être aussi reposante que les 2 autres journées de contre-la-montre. Ce sera quand même du calme avant la tempête.

La troisième étape reliera Gap à l'Alpe d'Huez. Tous les journalistes parlent de cette étape pour sa double ascension de l'Alpe d'Huez, grand lieu du cyclisme et du Tour. On abordera cette double ascension après 3 journées pas trop difficiles, et après avoir grimpé des cols assez roulants. En étant relativement frais, cette étape ne me fais pas si peur que ça.

La quatrième étape est, pour moi, l'étape reine. Plus de 200 kilomètres via le Glandon, la Madeleine, Tamié, l'Epine et la Croix Fry. Plus de 5000m de dénivelé, à faire au lendemain de la double ascension de l'Alpe d'Huez. De plus, je sais par expérience que la chaleur est très forte dans ces derniers cols : dès 10h du matin, c'est une fournaise ... en y passant à 15h, on risque de frire dans la Croix Fry !

La cinquième étape n'est pas si dure que ça si on la fait seule. 130km et 3300m de dénivelé : elle est usante, c'est certain. Par contre, avec l'enchaînement des 2 étapes précédentes cumulée à la fatigue (physique et nerveuse) des 19 étapes précédentes, elle va nous faire mal. Très mal. Comme pour le Ventoux, je pense que je laisserai une paire de baskets dans une des voitures suiveuses afin de pouvoir grimper jusqu'au Semnoz en poussant ma monture.

Après une journée de repos bien méritée, afin de rallier Versailles, la parade entre le palais du roi-soleil et l'avenue des Champs Elysées sera une formalité. Si nous avons réussis à faire l'intégralité du parcours à vélo, ne soyez pas étonnés de nous voir pleurer lors du tour d'honneur sur les Champs. Ce ne sera pas des larmes de douleur (bien qu'au bout de 140 heures de selle en 3 semaines, ça risque de faire mal) mais plutôt des larmes de bonheur.


4 - Et après ?
A mes amis : je sais que vous voudrez qu'on roule ensemble à mon retour afin que je vous raconte le périple. Mais s'il vous plait, attendez quelques jours : je risque de ne pas avoir très envie de poser mes fesses sur une selle dans les jours qui suivront. Et si je ne réponds pas à vos messages ou appels, ce ne sera pas parce que j'ai pris la grosse tête, ce sera probablement parce que je compte hiberner plusieurs jours.


Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour de Fête.

6 commentaires:

  1. Je te souhaite de réussir à boucler ton tour mais je suis dubitatif. A la fois sur ta préparation pour ce type d'épreuve(peu de longues sorties et peu de dénivelé), et également sur ton problème de genou. A mon sens, tu prends le risque de te "flinguer" définitivement les genoux avec des efforts aussi importants et une préparation inadaptée.
    Bonne chance quand même.

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  2. Salut,

    Pour le moment, mes genoux me laissent tranquille. Mais je les surveille de près et continue les séances de kiné afin de poursuivre leur renforcement. Il y a évidemment une incertitude à leur sujet, mais si je me lance dans ce projet c'est bien que je pense qu'ils vont tenir ...

    Concernant l'entraînement, le "peu de longues sorties" et le "peu de dénivelé" me laisse dubitatif. J'ai passé les 45000m de dénivelé depuis le début de l'année, et j'ai 9 sorties de plus de 140km.

    J'aimerai évidement en faire plus, mais j'ai un métier et la météo est loin d'être optimale ... je me prépare du mieux que je peux, en fonction des contraintes professionnelles et personnelles que j'ai.

    Merci pour tes encouragements, je vais effectivement en avoir besoin.

    Florent

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  3. Je te souhaite également de réussir. A te lire, je me suis fait exactement la même réflexion que la personne ayant fait le premier commentaire.
    De 9 sorties de plus de 140 km en 5 mois à près d'une vingtaine en 3 semaines, il y a justement un pas de géant. Il faudra avoir du mental et tu pourras toujours te servir de ces commentaires dubitatifs pour les transformer en une source d'énergie complémentaire et positive :
    montre à ceux qui doute, moi y compris, que l'on a tord et bon courage ! Tu auras dans tous les cas des souvenirs plein la tête avec cette aventure. Et qu'elle se poursuive le plus loin possible !

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  4. Salut,

    Je suis tout à fait conscient du paradoxe de la situation sur le kilométrage et le dénivelé. Je fais ce que je peux, mais le milieu est dur à trouver entre rouler énormément et arriver cramé sur le Tour, et ne pas rouler assez donc arriver mal préparé sur le Tour.

    Le plus complexe, ça a été de découvrir ce projet 75 jours avant le départ : c'est compliqué de se préparer en 2 mois et demi, quand mon objectif initial était de peu rouler afin de me concentrer sur la fin de saison ... inverser la machine à ce point n'est pas facile.

    Concernant la négativité des commentaires, je n'ai rien de particulier à prouver. Les différents commentaires sont intéressants, et je les partage de manière globale. Je suis bien conscient des défauts qui sont pointés du doigt, et je les utilise pour améliorer mon approche de l'évènement. Je ne les perçois pas comme des attaques, mais comme des conseils. Ca ne m'apportera aucune énergie particulière, ni négative ni positive.

    Florent

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  5. C'est vrai que ça doit faire un drôle d'effet de passer de "ce Tour n'est pas assez montagneux" (dans la peau du gars qui regarde derrière sa télé) à "ce Tour est monstrueux, je vais en chier" (dans la peau de celui qui va le faire !).
    Mais moi, j'y crois ! Tu ne sera pas seul, et personne ne vous demande de faire une "grosse" moyenne.
    Alors, que la force soit avec vous ! :)

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  6. Salut Martin,

    Je te confirme que le regard change complètement : je trouvais qu'il n'y avait pas assez de grands cols, peu de cols font rêver (pas de galibier, pas de tourmalet, pas d'izoard, ...) juste l'alpe d'huez, le glandon et la madeleine. Et puis quand j'ai su que j'aurai à le faire, finalement j'étais content de ne pas avoir à me les farcir ;-)

    Oui, dans tous les cas, la perf' ce ne sera pas de faire 23 ou 26 de moyenne, la perf' sera de terminer. Sans me ruiner la santé de préférence.

    Florent

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