Mardi soir, j'ai grimpé le Mont Ventoux pour voir le soleil se coucher depuis les hauteurs. Le gros vent qui soufflait dans la matinée est tombé en plaine dans l'après-midi, cependant il sera toujours bien présent en haut et freinera considérablement ma progression.
Je suis parti à 20h15 de Bédoin et ai attaqué directement la montée. Mon objectif était d'être vers 21h15 au chalet Reynard (à la sortie de la forêt) puis d'observer le soleil descendre au fur et à mesure de ma montée dans la partie lunaire menant jusqu'au sommet. J'ai effectué la première partie jusqu'au virage de Saint-Estève sans soucis. Il est à noter que la route étant déserte, j'ai mieux pu voir à quel point cette première partie est irrégulière : la pente y est présentée comme douce (3,9% en moyenne) mais en réalité il s'agit d'une succession de zones plus pentues et de replats. J'ai géré mon effort : en lissant ma puissance de l'ascension de dimanche matin, j'ai vu qu'en visant une montée autour de 220w (contre 215w en moyenne dimanche matin) ça devrait passer.
Au virage de Saint-Estève, là où la pente devient plus importante et où les replats disparaissent, une odeur désagréable de freins d'auto flottait dans l'air dans les premiers virages. Je connais l'odeur des freins de vélo puisque je la respire régulièrement sur les courses, mais c'était la première fois que je sentais autant celle des voitures.
Seul dans la foret, j'y ai entendu et vu des choses que peu de cyclistes observent. J'entendais régulièrement des bruits d'animaux autour de moi, parfois je voyais des buissons bouger. Après le passage des touristes, la nature reprend ses droits. En cours d'ascension, j'ai observé 3 sangliers à découvert le long de la route. En me sentant arriver, l'adulte a pris la poudre d'escampette laissant sur place 2 marcassins. C'était la première fois que j'en voyais, ça a la taille d'un gros chiot tout noir. Un peu plus loin, deux dames ont stoppé leur voiture sur le bas côté et m'ont encouragé. Enfin, dernier détail sur la partie boisée, j'ai découvert sur le bord de la route un panneau indiquant "Cèdre de 1864", panneau que je n'avais jamais vu jusqu'à présent.
Au chalet Reynard, je suis arrivé avec un peu de retard pour le rendez-vous avec le coucher de soleil. Celui-ci était déjà passé de l'autre côté de l'horizon, mais laissait derrière-lui un beau voile orangé dans le ciel. La vue était magnifique : les lumières des villages alentour scintillaient dans la pénombre. Le Rhône se distinguait facilement grâce aux reflets orangé, comme si une portion de terre était en feu. L'obscurité a tiré doucement son rideau pour m'envelopper.
Le vent, bien présent une fois à découvert dans la rocaille qui donne un aspect lunaire au mont, m'a obligé à lutter jusqu'au sommet comme un damné. Les encouragement de ma compagne, dans la voiture suiveuse, m'étaient aussi utiles que ses phares qui éclairaient la route. Mes yeux s'adaptaient à l'obscurité mais une aide lumineuse n'est jamais superflue pour mieux repérer les cailloux ayant roulé sur le bitume. J'ai atteint le sommet dans un dernier effort, un dernier tour de pédalier bien appuyé dans une pente plus raide dans les derniers hectomètres.
J'ai explosé mon record (et mon objectif) de puissance : 239w sur 1h35 (contre 214w sur 1h35 dimanche). Le temps d'ascension est identique (à 13 secondes près) mais le vent m'a joué un sale tour et m'a forcé à une débauche d'énergie nettement plus importante. Si la puissance a été bien mesurée (et bien étalonnée), ces valeurs me laissent penser que la suite de la saison peut-être assez intéressante.
La descente a été faite en voiture, la nuit ayant pris ses quartiers et n'ayant pas pris dans mes valises mon équipement spécifique. Aucun cycliste ne montait à 22h40 à Bédoin, j'en déduis que j'ai été le dernier à atteindre le sommet par ce côté aujourd'hui (a moins de grimper en moins d'1h20 !). C'était la première fois que je grimpais le mont chauve sans doubler ni me faire doubler par un cycliste. Il n'y avait pas de voitures ni de motos non plus, j'avais la route pour moi tout seul (ou presque). C'est une super expérience, que je recommande ... pensez juste à partir un peu plus tôt que moi (ou à grimper plus vite) pour mieux voir le soleil se coucher à l'horizon.
Consultez mon parcours.
Bonjour je suis un adepte du Mt ventoux , je l'ai monté 31 fois , à l'époque de mes 23 ans ou j'étais compétiteur , je le montais en 01h10 , aujourd'hui j'ai 61 ans et il me faut 01h50.... ben oui le temps passe... félicitations pour tes comptes rendus et bon courage pour tes compétitions... amicalement jlf2008@neuf.fr ( Jean-Louis )
RépondreSupprimerBonjour Jean-Louis,
SupprimerJ'espère qu'à votre âge je grimperai moi aussi le Ventoux en 1h50.
Bonjour.
RépondreSupprimerChouette récit et jolies photos. Je me demandais qui prenait les photos et j'ai eu ma réponse plus loin dans le post puisqu'il s'agit de Madame.
Tout à fait, c'est ma compagne qui as pris les photos illustrant cet article.
SupprimerUne très belle sortie et une belle montée du Ventoux. Nous vous suivons sur Strava et comme nous préparons la montée du Ventoux par Bédoin (notre objectif pour 2016), nous lisons tous les articles en faisant le récit.
RépondreSupprimerLe fait de ne pas avoir de voiture doit être vraiment magique sur ce genre d'ascension.
Bonne route et à très bientôt.
FG (www.teamgs.fr)
Bon courage pour votre ascension l'année prochaine.
SupprimerEn y allant humblement, vous devriez réussir l'ascension. Des milliers la réussissent chaque année, en mettant un temps correspondant à leur niveau.
N'oubliez pas de prendre un braquet adapté et de l'eau.