(image d'archive, je n'en ai pas de récente)
J'avoue qu'en trois ans, j'ai appris beaucoup de choses. Sur le cyclisme d'une part, sur moi-même d'autre part. Lors des réunions entre éducateurs, je découvre également la face cachée de la vie d'un gros club. C'est passionnant, mais ça demande du temps et de l'énergie. Et encore, je suis très loin d'être le plus actif ni le plus investi.
Depuis 3 ans, j'alterne entre les groupes de différents âges. En général, je m'occupe du groupe des cadets mais il arrive qu'en fonction du nombre d'ados présents et des éducateurs, je m'occupe du groupe des minimes. Le groupe des juniors et espoirs est un peu trop costaud pour moi à l'heure actuelle (je pourrai suivre, mais pas me comporter en capitaine de route). Les groupes en dessous des minimes nécessitent un oeil que je n'ai pas encore acquis afin de leur apprendre à manier leur vélo et à se placer sur la route ... à partir de minime, l'apprentissage est plus axé sur le physique avec quelques bases de tactique. C'est passionnant pour moi de leur apprendre à se placer en fonction du vent, donc à détecter sa présence et sa direction. C'est intéressant de les séparer en deux groupes et de laisser chaque groupe choisir sa tactique, ou de leur demander de prendre des relais et de les laisser discuter entre eux du sens de rotation et de la méthode (une file ou deux files, relais courts ou relais longs, ...).
Au fil du temps, je me rends compte qu'être éducateur, c'est aussi être un modèle. Certes, ce n'est pas moi qui les fais rêver et ce n'est pas grâce à mes performances en Pass'Cyclisme qu'ils vont décider d'une future carrière professionnelle. Pour rêver, ils ont les professionnels actuels et l'ex-professionnel qui est en charge des entraînements au sein du club : Mickael Buffaz. En revanche, mon attitude sur la route forme la leur : ne pas répondre au téléphone qui sonne dans ma poche, ne pas m'énerver sur les automobilistes ne pardonnant pas l'écart d'un des adolescents, ne pas prendre de risques inutiles dans la circulation, redescendre chercher les derniers en haut d'une côte, porter des vêtements adaptés aux conditions météo ... des choses que je fais évidemment quand je roule seul, mais sur lesquelles je tiens à être exemplaire en présence de jeunes cyclistes. Ils feront ce que je fais par mimétisme, mes gestes conditionneront en partie les leurs.
formation de futurs commissaires pour la piste ?
Sur le plan personnel, j'ai aussi appris différentes choses utiles. Par exemple, j'ai appris à détecter les défauts des uns et des autres : entre celui qui bluffe en soufflant fort mais qui a encore une grosse capacité à accélérer, et celui qui au contraire ne veut pas montrer qu'il est en difficulté et tient absolument à rester dans les roues du groupe sans rien montrer, le coup de pédale ment rarement. Il y a des tics de pédalage qui ne trompent pas et qu'avec de l'expérience on finit par détecter. L'avantage de naviguer entre deux groupes d'âge, c'est que j'apprends à découvrir les aptitudes et défauts de ceux qui composeront le groupe cadet dans un à deux ans ... je vais pouvoir voir leur évolution sur une fenêtre de 4 ans en théorie. Les échanges avec les autres éducateurs après chaque entraînement me permettent d'être au courant de ce qui se passe dans les autres groupes, tout en apportant une analyse sur du plus long terme : ceux en charge du groupe des juniors peuvent ainsi avoir des informations sur le comportement d'une personne en cadet et en minime, voir benjamin. Chaque éducateur se retrouve concerné par ce qui se passe avant lui et ce qui se passe après lui, ce qui est enrichissant. C'est un travail de l'ombre nécessaire à un bon suivi des jeunes coureurs.
Sur le plan technique, j'apprends à m'améliorer également. Les plus jeunes cyclistes du club, sous le regard de leurs éducateurs, effectuent des jeux de maniabilité et d'adresse. Leurs compétitions tournent d'ailleurs en partie sur ces thématiques. J'ai longtemps cru que si je ne réussissais pas à tourner autour des cônes disposés sur le sol alors que les enfants les passent sans soucis, c'était lié à ma taille (et celle de mon vélo). Plus un vélo est grand, plus les roues sont éloignées l'une de l'autre, plus c'est compliqué de tourner autour de cônes serrés. Cependant, à force d'essayer, j'ai fini par tourner autour de ces fichus cônes. Il y a quelques semaines, des gamins de 10 ans se sont moqués de moi car je n'osais pas passer sous une barre en bois que j'estimais beaucoup trop basse. J'ai fini par essayer après avoir regardé comment ils faisaient, et c'est passé avec de la marge.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire