Le samedi 16 mars j'ai participé au Paris-Nice Challenge, une épreuve comme aime organiser ASO : le même parcours (ou presque) que les professionnels, la veille de leur passage. Après Paris-Roubaix Challenge et Liège-Bastogne-Liège Challenge tous deux lancés en 2011, Paris-Nice Challenge a été lancé en 2016.
Arrivé tard dans la nuit sur Nice, la nuit a été courte, très courte, trop courte. A peine 3 heures pour récupérer d'une journée bien usante, le réveil ayant sonné 20 heures plus tôt. Pas idéal pour battre des records, mais l'épreuve étant une randonnée sans réel classement ça n'avait pas vraiment d'importance.
A 8 heures, j'ai voulu récupérer mon dossard. Venu en pull-jean-basket, le vigile n'a pas voulu me laisser entrer dans la zone de retrait car ... je n'avais pas de vélo. Pas de vélo, pas de dossard. J'ai montré ma confirmation d'inscription, il m'a répondu "je peux faire la même chose sur internet !". Oui mais avoir un vélo ne veut pas dire qu'on est inscrit pour autant ! Bref, après 5 minutes de négociation, j'ai enfin pu rentrer et récupérer mon dossard.
J'ai préparé mes affaires et je me suis rendu sur la zone de départ, prêt à partir, un quart d'heure avant l'heure d'appel prévue. En fonction de mon numéro de dossard, j'étais convié à 9h pour un départ à 9h10, dans le deuxième sas ... mais en réalité il n'y avait pas de sas, juste une zone bordélique où tout le monde s'agglutinait et où l'ordre de départ n'était pas en fonction du dossard mais en fonction de l'heure d'arrivée sur place. Premiers arrivés, premiers à partir. Bon, niveau horaire, pour moi ça n'a pas changé grand chose car en m'insérant dans la file j'ai pu partir à 9h10 comme prévu initialement. 25 personnes étaient lâchées toutes les minutes, c'est bien pour les automobilistes afin d'éviter le troupeau de cyclistes dans la ville qui bloque toute la circulation, et c'est pas mal pour les cyclistes car ça ne fait pas un peloton de 1000 personnes prenant toute la largeur de la route avec des cyclistes qui tentent de remonter par tous les moyens (y compris les trottoirs).
Les premiers kilomètres, sur la Promenade des anglais, ont été faits en admirant le paysage. C'est beau et il n'y a pas grand monde à cette heure-ci. Des signaleurs nous bloquaient aux feux dangereux, les feux sans signaleurs n'étaient pas respectés. Heureusement aussi qu'il y avait peu de circulation car dans mon groupe ça zigzaguait n'importe comment entre les rares voitures.
Pour atteindre le pied du premier col, il a fallu rouler pendant 25 kilomètres. D'abord dans l'agglomération de Nice puis en remontant la vallée du Var, un fleuve dont la largeur du lit par rapport à sa largeur "normale" laisse imaginer la violence des crues. En dehors de la promenade des anglais et de sa vue sur la mer, ces 25 premiers kilomètres n'étaient franchement pas les plus agréables. Je suis resté dans les roues, ça roulait fort notamment sous l'impulsion des nombreux triathlètes, mais il fallait rester vigilant en permanence car certains cyclistes faisaient des à-coups et ne roulaient pas droit. Je me suis maintenu autour de la 10ème position, en file indienne, l'idéal pour voir à l'avance les obstacles (donc anticiper) tout en profitant de l'aspiration.
Dans la première ascension, la côte de Levens, j'ai pris mon rythme de croisière dès le pied. Un rythme soutenu : j'avais estimé à l'avance que les ascensions duraient (à mon niveau) entre 15 et 25 minutes (selon l'ascension), ce qui correspondait bien aux entraînements faits dans les Monts d'Or pour me préparer. J'ai été surpris de doubler un autre participant portant la tenue du Lyon Sprint Evolution, les tenues que je voyais jusqu'à présent étant plutôt soit des clubs locaux soit des clubs très lointains (j'ai vu des suédois, des danois, énormément d'anglais, ...). J'ai également vu la première chute de la journée : une chute en montée sur des cyclistes qui roulent en file indienne c'est assez rare.
Un local avec qui j'écrasais gaiement les pédales et partageait des relais soutenus, à qui j'ai demandé si le sommet était bien au village qu'on voyait au loin, m'a dit de ne pas m’enflammer car cette section n'était pas chronométrée. Je lui ai répondu qu'en soit les 2 sections chronométrées ne m'intéressaient pas mais que je ne comptais pas traîner en route car je voulais rentrer rapidement manger avec ma femme et retrouver mon fils. Après une première partie d'ascension plutôt arborée, la seconde partie de l'ascension s'est faite avec une vue dégagée sur les alentours. Le paysage était sympa mais l'absence de protection des arbres a rendu la progression plus compliquée à cause d'un petit vent de face jusqu'au sommet. Certes j'étais pressé de rentrer donc j'ai roulé à bon rythme, mais la tête en l'air pour profiter au maximum du décor.
Après une courte descente, un virage sur la gauche permettait d'attaquer la deuxième ascension du jour. La première section chronométrée, menant jusqu'au col de Chateauneuf de Contes. Une partie des cyclistes que j'avais doublé précédemment et qui s'étaient glissés dans ma roue ont attaqué l'ascension tambour battant dès qu'ils ont vu le panneau annonçant le début du chronométrage. En me mettant à mon rythme de croisière élevé, je les ai repris un par un au fil des kilomètres. 240 watts de moyenne dans la première ascension, 243w de moyenne dans cette deuxième ascension, je n'ai pas trop haussé le ton et suis resté fidèle à ce que j'avais prévu. Au sommet, ça a été un peu tendu entre ceux sortant de la zone de ravitaillement, ceux freinant pour entrer dans la zone de ravitaillement et ceux comme moi qui arrivaient lancés à pleine vitesse.
J'ai sauté ce premier ravitaillement officiel et ai profité de la descente sur Contes pour me ravitailler ... et profiter de la vue. C'était joli et c'était surtout le premier endroit permettant de souffler depuis qu'on a quitté le bord de mer il y a une quarantaine de kilomètres. Il faisait beau et doux, c'était très bien pour faire du vélo et je ne regrettais pas d'avoir retiré mes gants et mon bonnet quelques minutes avant le départ. En bas, un petit kilomètre à peu près plat menait au pied de la troisième ascension.
Sentant que mes forces diminuaient plus vite que la normale, surement à cause de la nuit trop courte, j'ai levé un peu le pied dans cette troisième ascension. En tentant de continuer jusqu'à l'arrivée à 240w je sentais que ça n'allait pas passer et que je n'allais pas tarder à exploser. J'ai un peu réduit mon niveau d'effort et ai continué à profiter du paysage en doublant un paquet de cyclistes et sans me préoccuper de ceux qui étaient plus rapides que moi.
La descente vers l'Escarène s'est faite sans encombres ... en revanche au cours de la traversée du village j'ai eu le droit à l'automobiliste qui stationnait au milieu de la rue juste avant un virage à angle droit, donc sans trop de visibilité pour le doubler, puis à celui freinant et tournant sans mettre son clignotant. J'ai appliqué mon principe de précaution : chrono ou pas chrono, dans son droit ou en tord vis à vis des règles de circulation, en cas de choc avec une automobile c'est toujours le cycliste qui a le plus mal. J'ai 4 patins de freins, je m'en suis servi. Une fois le village franchi, le parcours passait dans la vallée encaissée du Paillon, un petit cours d'eau paisible en apparence mais qui a creusé la roche de manière impressionnante au cours des millénaires passés.
Une fois sorti de la partie encaissée de cette vallée, je me suis fait doubler par l'équipe Astana Juniors bâtie pour les fils d'Alexandre Vinokourov. La dizaine de cyclistes qui me suivait sans prendre un mètre de relais depuis un long moment a évidemment sauté dans leurs roues. J'ai fait de même et ai pu souffler moins de 5 minutes jusqu'au pied de la côte de Peille, la seconde ascension chronométrée. Dès le pied, les choses sérieuses ont commencé : les Astana Juniors ont filé plein gaz, les autres ont voulu faire de même, je suis resté planté dans la pente ... finalement je les ai tous repris au train au fil de l'ascension, à mon rythme. Sur la partie finale, plus roulante, comme un petit groupe restait scotché à ma roue arrière j'ai écrasé fort les pédales. Certains sont revenus une fois, deux fois, trois fois ... mais pas quatre. Au sommet il n'y avait plus personne dans ma roue ! Sur cette ascension, je suis crédité du 72ème temps sur plus de 1000 participants, ce qui confirme que je n'ai pas ménagé mes efforts.
Je me suis arrêté quelques minutes au ravitaillement au col. Quelques minutes d'abord pour manger des fruits secs et boire de l'eau gazeuse, puis quelques minutes pour profiter de la vue. Niveau ravitaillement, il y avait une grande quantité mais assez peu de choix : des raisins secs et des quartiers d'orange. Quelques barres énergétiques (mais pas beaucoup), de l'eau et du sirop. Je crois que c'était tout, comme sur une randonnée FFCT.
Niveau fléchage et signaleurs, on était loin au dessus d'une randonnée FFCT. Les flèches étaient nombreuses sur le parcours, il y avait beaucoup de bénévoles pour la signalisation. Concernant l'affichage, en plus des flèches indiquant la direction à suivre, il y avait des messages d'encouragement et de conseil : "admirez la vue", "ce n'est que du vélo", "profitez de votre sortie", derniers kilomètres, cols, ... ainsi que des panneaux pour la sécurité : "serrez à droite", "carrefour dangereux", ... on sent qu'ASO a une bonne expertise dans le domaine et un gros budget (notamment grâce au tarif d'inscription qui est loin au dessus d'une randonnée FFCT).
Après le ravitaillement, un long faux-plat descendant exposé au vent m'a bien usé. J'ai trouvé un coureur souhaitant prendre des relais ... nous étions 3 dont 2 à nous relayer. Ca a duré un moment avant que je ne cède sur une relance trop appuyée de mon compagnon. Evidemment, le suiveur, plus frais que moi, m'a doublé sans un regard et est allé se replacer avec facilité. Vu son aisance, il avait largement de quoi prendre des relais mais bon ...
J'ai poursuivi ma route quelques minutes en solitaire jusqu'à La Turbie. J'ai attaqué un faux-plat montant en direction d'Eze, un groupe d'une dizaine de cyclistes m'a doublé et je me suis accroché dans leurs roues. Je commençais à être cuit et ne savais plus trop où j'en étais dans le parcours. Le faux-plat montant a été vite avalé. J'étais content car on a emprunté une belle descente avec vue splendide sur la mer pour rejoindre le village d'Eze, je pensais que ce faux-plat montant était la dernière ascension du jour et que ça avait été bien plus facile que ce à quoi je m'attendais. C'était vraiment beau et j'en ai profité, pensant déjà que j'étais en train de redescendre en direction de Nice et que c'était fini.
Un virage à droite dans le village et me voilà parti pour 1,6 kilomètres d'ascension à plus de 8%. La pente moyenne cache de grosses disparités, plusieurs passages dépassant largement les 12%. Psychologiquement, j'étais déjà dans la descente en direction de Nice donc quand je me suis retrouvé face à un mur, ça m'a fait encore plus mal aux jambes. Le petit groupe que je suivais a filé. Je me suis fait doubler par d'autres participants, et malgré ma faible allure j'ai quand même dépassé quelques personnes arrêtées sur le côté ... et d'autres qui avaient du mal à repartir dans la pente. Clipser les pédales dans une pente à plus de 10%, quand on est cuit, n'est pas chose évidente. Tête baissée, je n'avais plus vraiment la lucidité pour les encourager. J'avoue que je ne m'attendais pas trop à une défaillance, j'étais plutôt (trop) confiant. Bon, ma défaillance était relative, j'étais loin d'être à l'arrêt et il y avait nettement plus mal en point que moi.
Une fois en haut, au col d'Eze, j'ai directement enchaîné sur la descente en direction de Nice. Cette fois, les difficultés étaient bien terminées. La descente jusqu'au 5 derniers kilomètres était assez agréable, sans circulation, avec régulièrement des trouées dans les arbres permettant de profiter furtivement de la vue. En revanche, les 5 derniers kilomètres, à plat dans Nice, étaient pénibles. A 13 heures un samedi dans une ville de cette taille, il y avait des piétons, des voitures, des bus ... bref, toute la vie normale d'une agglomération. A fortiori quand il fait beau. Avec un feu rouge tous les 300 mètres sur 5 kilomètres, et sachant que je les ai presque tous eu au rouge, j'ai passé beaucoup de temps dans ces 5 derniers kilomètres.
J'ai fini par couper la ligne d'arrivée après 4h01 d'efforts. J'avais prévu 4 heures de selle, j'étais donc parfaitement en phase avec mes prévisions. J'ai récupéré ma médaille de finisher, retrouvé ma femme et mon fils, puis on est allé manger après que j'ai pris une douche.
J'ai apprécié la majorité de l'épreuve. C'était un beau parcours, usant physiquement, avec de beaux paysages. Le point noir de cette épreuve, ce sont les routes peu agréables pour sortir de Nice et encore moins agréables pour revenir au centre de Nice.
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Comme d'habitude, un bon debrief de cette rando...je pense qu'en 2020 je vais m'y inscrire...pour le fun!
RépondreSupprimerencore bravo
Un bon descriptif de cette superbe rando. Je trouve ce parcours super! Bravoo!
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