Il y a une dizaine de jours, en discutant avec des personnes ne pratiquant aucun sport, parmi les nombreuses questions auxquelles les cyclistes font toujours face (le dopage, le rythme d'entrainement, le rasage des jambes, comment on fait pipi pendant les courses, la vitesse à laquelle on roule, ...), j'en ai eu une moins courante : quels sacrifices j'ai fait pour en arriver là, et quels sacrifices je continue à faire au quotidien ?
Je suis toujours franc dès le départ des conversations : je précise être en bas de l'échelle, très loin du niveau requis pour participer au Tour de France. La question m'a un peu déstabilisé, car je ne me l'étais jamais posé jusqu'à présent. Je vais vous partager ma réflexion sur le sujet.
Je crois que je n'ai jamais fait des sacrifices : je vois ma pratique comme une série de contraintes (hygiène, rythme de vie, financières, ...). Le jour où j'aurai l'impression de faire des sacrifices, je pense que je réfléchirai à pratiquer différemment ma passion.
C'est sur que les contraintes sont nombreuses : il faut une alimentation équilibrée, on ne peut pas faire la java jusqu'à 5h du matin tous les jeudis, vendredis et samedis soirs de l'année ... on passe beaucoup de temps sur notre monture, loin de notre famille et quand on est avec elle on est plus fatigué par l'entraînement (ou la course) qu'on vient de terminer. On passe le dimanche sur les courses, et si notre famille ou nos amis nous accompagnent ils nous voient passer devant eux que quelques secondes. La taille de notre dressing est digne d'une femme : on a des tenues pour toutes les circonstances (pluie, froid, grand froid, tempéré, chaud, canicule) et de toutes les couleurs. Les cales de nos chaussures font d'ailleurs le même bruit que leurs talons. Enfin, financièrement le cyclisme est loin d'être un sport si populaire que ça quand on le pratique en compétition, il faut également en tenir compte dans la liste des contraintes.
Ces contraintes, je me les impose à moi-même. Personne ne me force, et personne ne m'a jamais forcé. Je les assouplis à volonté : je peux manger des plats caloriques quand j'en ai envie, aller danser toute la nuit quand l'occasion se présente, je loupe parfois des courses pour participer à une réunion de famille. Je ne vais pas m'entraîner si j'ai un rush professionnel et que mon emploi du temps ne me le permet pas, ou que je n'en ai pas envie.
Même sans pratiquer le cyclisme, je me serai imposé ces contraintes car elles ne font que respecter ma nature. Je ne suis pas du genre excessif, ni à table ni dans mon rythme de vie. Je donne priorité à mon travail par rapport à mes loisirs. Mon dressing serait différent et je gérerai autrement mes finances. C'est certain. Sans le cyclisme, j'aurai pu me rendre à certains évènements auxquels je n'ai pas choisi de participer afin de rester concentré sur les courses à venir. Mais je ne regrette rien, j'ai fait mes choix et je les assume. Je n'ai rien sacrifié.
Et vous, avez-vous l'impression de faire des sacrifices ?
non pas de sacrifices non plus, faire du sport c'est bien. et puis je ne connais pas ton niveau, mais quand on court à la ffc en 2 ou en 3, ce qui est mon cas, on peut marcher meme en faisant la java le samedi soir ! alors perso je pourrais peut être courir à un meilleur niveau, mais je préfère rester comme ça et continuer à ne me priver de rien
RépondreSupprimerContraintes, sacrifices... on parle un peu des même choses là. Non?
RépondreSupprimerTa vision est intéressante mais laisse moi te dire que tu joues sur du velours en étant seul et sans enfants.
Car quand tu dis que tu fais une croix sur une course du dimanche pour le passer au près des tiens, dit toi bien que si tu avais une famille (femme + enfants), c'est pas seulement sur la course du dimanche que tu fais une croix mais aussi sur certaines de tes sorties de la semaine....
Dans ton cas tu trouves "les contraintes nombreuses" mais elles sont rien par rapport à celles d'un père de famille cycliste...
Enfin, profites bien... Mais c'est vrai que des fois ta vision des choses est vraiment amusante et très propre à ta vie de cyclo-célibataire.
Les contraintes et les sacrifices se ressemblent mais ne sont pas tout à fait pareil. Le principe du sacrifice, c'est de se séparer d'une chose qui va ensuite vraiment vous manquer. Une contrainte, c'est une chose qui ne provoque pas de manque.
RépondreSupprimerMa vision est personnelle, tout comme la tienne est personnelle. On trouve toujours mieux placé, et moins bien placé que soi. Oui je suis célibataire et sans enfants, et à ce titre je dispose de plus de temps / facilités pour m'entraîner. Mais j'en ai moins qu'un étudiant (qui lui dispose de vacances), et ta vie de famille est plus facile que la vie du président de la république ou qu'un préfet ... on a tous des contraintes dans la vie. La famille, les amis, le travail ... si tu es chômeur et que tu as des enfants, tu as autant de facilités pour t’entraîner que moi qui suis célibataire et chef d'entreprises.
Pour les courses du dimanche et les entraînements en semaine en complément de la vie de famille, c'est un choix que tu as fait toi, et toi seul. Tu as choisi de te consacrer à ta famille, tu peux faire le choix de moins lui consacrer de temps et d'en consacrer plus au vélo. Tu as choisi de privilégier ta famille > boulot (je suppose) > vélo, je choisis de privilégier mon boulot > vélo > famille. Ca changera dans les années à venir pour moi (quand j'aurai une vie de famille plus poussée) comme ça changera pour toi (quand tes enfants auront quitté ta maison). Rien n'est figé dans la vie, et la vérité d'un jour n'est pas celle du lendemain.
Je trouve effectivement que les contraintes sont nombreuses, mais je dis tout le long que c'est moi qui me les impose. Celles que tu estime plus nombreuses au titre de père de famille sont également un choix de ta part. Des cyclistes vont s'imposer plus de contraintes que moi, et des pères de famille vont s'imposer plus de contraintes que toi. Ma vision des choses m'est bien propre et je ne m'en cache pas. La tienne t'es également propre, visiblement tu t'implique vis à vis de tes enfants ... j'espère que dans quelques années j'aurai moi aussi ce choix à faire, et que je choisirai moi aussi de privilégier mes enfants. Wait and see, pour le moment je n'en suis pas la.
Bonjour
RépondreSupprimerJe rejoins parfaitement les propos de la dernière personne.
Sport et vie de famille, une équation épineuse, qui plus est pour une activité comme le cyclisme nécessitant de nombreuses heures de pratique.
Mon cher Florent, si un jour tu as des enfants et que tu te poses la question de savoir si tu vas plutôt les privilégier ou privilégier le vélo.......et bien restes célibataire.
Pour ma part j'ai une petite fille de 3 ans et ce qui compte aujourd'hui c'est elle et sa maman bien sûr.
Je roule toujours mais je ferai toujours passer ma famille avant.
Stéphane
Salut Stéphane,
RépondreSupprimerVie sportive et vie de père de famille peuvent très bien aller de pair. Même au plus haut niveau du cyclisme : je me souviens des images de Philippe Gilbert grimpant sur les podiums avec son enfant lors de ses exploits sur les ardennaises en 2011. Je passerai sous silence le cas de Lance Armstrong qui grimpait sur les podiums du Tour avec ses enfants, mais bien d'autres coureurs font la même chose. Enfin, il me semble que Jens Voigt a 7 enfants avec sa compagne ...
Ni toi ni moi n'avons leur niveau sportif, mais parmi les coureurs de 1ère catégorie FFC il y a de nombreux pères de famille ...
J'ai eu par le passé des équipiers en 3ème et 2ème catégorie, qui se déplaçaient le dimanche avec femme et enfants ... et trouvaient le temps de s'entraîner en semaine. Pour avoir cotoyé leurs enfants et leurs femmes, je peux te garantir qu'ils étaient loin de souffrir de la situation.