Au réveil la météo n'avait rien d'encourageante : une pluie froide tombait et le vent soufflait. Une fois arrivé à Beaune les routes étaient humides mais il n'y avait pas de pluie, il faisait 8° et il y avait toujours du vent. Je me suis échauffé une quinzaine de minutes pour repérer les premiers et derniers kilomètres de l'étape, puis je me suis rendu sur la ligne de départ.
Les premiers kilomètres ont été neutralisés, j'ai discuté à l'arrière avec de nouveaux coureurs : c'est toujours intéressant de voir les différences de préparation selon les régions et selon le nombre de participations à l'épreuve. Une fois le drapeau rouge de neutralisation baissé, le peloton s'est mis en route sans grands à-coups, ça roulait rapidement mais relativement au train.
Je me suis fait une petite frayeur au 4ème kilomètre, quand un coureur a tenté de traverser comme une fusée le peloton. Heureusement que les autres étaient vigilants et avaient de bons freins, car la gamelle collective n'est pas passée loin. De manière globale, dans le peloton du TGD de cette année, il y a eu beaucoup de coups de freins totalement inutiles et d'actions dangereuses. Que ce soit nerveux dans les phases importantes je le comprend, mais samedi (sur les 2 étapes) même quand l'échappée était formée depuis un bon moment et qu'on était sur de longues et larges lignes droites, ça frottait n'importe comment sans raison.
Les premiers kilomètres proposaient une longue montée roulante. J'étais derrière et j'ai passé mon temps à boucher des trous laissés par les coureurs qui lâchaient prise. Je me suis fait décrocher à 1km du sommet, j'étais au maximum et ne pouvais plus tenir le rythme. On s'est retrouvé à une dizaine de coureurs à une centaine de mètres derrière le peloton. Des voitures se sont intercalées, elles ont commencé par nous gêner et creuser l'écart mais cette fois on a pu s'aider de leur aspiration pour revenir sur le peloton dans la descente.
(photo prise par Aurélie Gonet du VSD, cf le lien vers sa galerie photo en bas de l'article)
J'ai eu énormément de mal à rentrer et cette longue chasse m'a coutée beaucoup d'énergie. Heureusement que les autres étaient la, car seul je n'aurai jamais pu revenir ! En bas de la descente, un virage à droite et nous voila lancés dans la deuxième ascension du jour. Le premier kilomètre a été fait à une allure tranquille, mais le répit n'a pas été assez long pour que je récupère : dès que les attaques ont repris j'ai été à nouveau distancé. Je n'ai même pas cherché à m'accrocher, je savais que la montée était longue et que la course était terminée pour moi. Je n'avais plus rien à gagner et ne pouvais plus rien faire pour aider mes coéquipiers.
(photo prise par Aurélie Gonet du VSD, cf le lien vers sa galerie photo en bas de l'article)
Je me suis retrouvé dans un petit groupe de 6, dont 4 coureurs de la même équipe. Leur directeur sportif nous a ouvert la route pendant une trentaine de kilomètres : ses coureurs se sont placés dans l'aspiration de la voiture ou se sont accrochés à ses rétroviseurs, je me suis placé dans leurs roues et ai fait la route avec eux. Le vélo dans l'aspiration d'une voiture, c'est nettement plus facile ! Je n'ai pas essayé le technique du rétroviseur, ayant encore toute ma dignité et tenant à la conserver, mais à voir le sourire d'un coureur en surcharge pondérale ayant passé du 15% mieux que moi sans pédaler, ça doit être encore plus facile !
Nous avons perdu du temps petit à petit. Ma voiture d'assistance est venue à ma hauteur pour me ravitailler, avant de filer plus à l'avant aider mes 3 équipiers encore présents dans le peloton. A 25 kilomètres de l'arrivée, alors que l'écart avec le peloton était irrémédiable (de l'ordre des 10 minutes), l'équipe avec qui j'étais s'est débrouillée pour sortir les 3 coureurs qui n'étaient pas de leur équipe. C'était bien joué tactiquement, ils ont très bien manœuvré et je n'ai compris que trop tard ce qui était en train de se passer ... mais je n'ai toujours pas compris pourquoi ils ont fait ça. Etions-nous des menaces potentielles vis-à-vis du (mauvais) classement de leurs coureurs ?
Dans une traversée de village, j'ai connu un des pires bazar jamais rencontré sur une course de vélo. Et pourtant, j'en ai fait plus d'une centaine et ce dans plusieurs pays et plusieurs régions. Il devait y avoir une brocante ou un truc dans le genre : des piétons de partout, des voitures garées n'importe comment dans une ruelle étroite, ... sur une course, je n'avais jamais rien vu d'aussi dangereux ! Et ce village a été à traverser deux fois, ça a été deux fois le bordel.
Nous avons poursuivi notre route tous les 3, en prenant de bons relais. J'ai coincé à 15km de l'arrivée dans une longue pente à plus de 10%. Mes deux compagnons m'ont attendu un moment puis voyant que je m'écroulais complètement ils ont filé sans moi. C'était tout à fait normal. J'ai fait les 15 derniers kilomètres seul. Heureusement, il y avait 10km de descente assez roulante, j'ai retrouvé des forces et je suis resté sous pression, coudes posés sur le guidon, afin de ne pas me faire rattraper par un petit groupe derrière moi. Je termine à 30 minutes du vainqueur.
L'étape était difficile, ça ne faisait que monter et descendre. Le vent était souvent défavorable, ce qui a durci encore plus le parcours. C'était un beau tracé, en dehors du village bordélique. De plus, l'étape m'a permis de franchir le col de Bessey en Chaume, col que tous les habitués de l'autoroute A6 connaissent bien et que je comptais franchir un jour en roulant sur la bande
L'épreuve est désormais terminée. Le plus important est assuré : je ne me suis pas blessé et n'ai pas eu de douleurs aux genoux. Je vais désormais reprendre mon travail en endurance en vue de mes prochaines échéances : Bordeaux-Paris (580km, dans 10 jours) puis le Tour de France/Tour de Fête (3500km, dans un mois et demi).
Consultez les classements de l'étape, et les photos prises par Aurélie du VSD.
Consultez mes données de course sur Strava.
Vous pouvez consulter ici l'ensemble des articles consacrés au Tour des Grands Ducs.
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