mardi 29 décembre 2015

Cyclocross de Loenhout / Azencross (Cross des As)

Ce mardi avait lieu le cyclocross de Loenhout, 6ème manche du BPOST Trofee 2015/2016. Loenhout est un village au nord de la Belgique, proche de la frontière avec les Pays-Bas dans la région d'Anvers. Ce cyclocross porte le doux nom d'Azencross, ce qui signifie "Cross des As".


55 coureurs étaient engagés en Elite, je portais le numéro 31 (consultez la liste des participants ici). 4 représentants tricolores étaient prévus : Christophe et Gilles de Seynod (avec qui j'étais déjà dimanche), Quentin Jaureguy et moi-même. Si selon les jeux le 1 désigne parfois l'As (la plus haute carte), dans mon cas c'est la carte la plus basse.


Pour rejoindre le nord de la Belgique depuis le centre, une bonne heure de voiture nous attendait. Chaque sortie d'autoroute, ou presque, correspondait à un cyclocross international. C'est dingue comme l'élite de cette discipline est concentrée dans un périmètre minuscule : une bande de terre de 50km de large sur 100km de long doit contenir 80% des épreuves internationales connues. Au passage, en arrivant vers Anvers, on remarque que le paysage est plat et rempli d'éoliennes ... le plat pays prend ici tout son sens. Mais cette expression ne saurait résumer la géographie du pays dans son intégralité.



Comme dimanche à Diegem, après m'être garé dans les ruelles de la bourgade, j'ai récupéré mon dossard. Comme à Diegem, une quinzaine de camping-cars aux couleurs des différentes équipes étaient sagement rangés côte à côte. Ces campers sont regroupés par équipe, chaque coureur ayant le sien avec son nom et sa photo en grand ... les fans s'agglutinent pour voir leurs idoles, ils n'hésitent pas à s'afficher avec des drapeaux, des bonnets ou des vestes "fan club de XXX". Je crois qu'il y a plus de personnes "fan de" que de personnes venant sans afficher leur attachement à un coureur en particulier.


(Wout Van Aert, leader du BPost Trofee, observe attentivement ce type en bleu-blanc-rouge qu'il n'avait jamais vu auparavant)

La pluie s'est invité pendant près d'une heure, avant l'échauffement. Cette épreuve était celle que je craignais le plus : c'est habituellement un véritable bourbier dans lequel je n'étais même pas certain de faire plus de 500m sur mon vélo. Grâce à Clément, ex Rhônalpin devenu belge, qui est présent sur place pour assister Christophe et Gilles (et me donne aussi un coup de main dans l'organisation / mécanique), on a appris que le parcours était totalement sec avant que la pluie ne tombe. En me préparant bien à l'abri dans la camionnette puis sous le barnum que j'ai acheté en prévision de mauvaises conditions météo, je me suis dit que venir en Belgique et faire des cyclocross sans boue manquerait un peu de charme ... mais je m'en passerai volontiers.


On est parti faire une reconnaissance du circuit entre la course des Espoirs (-23 ans) et celle des féminines. J'ai fait un tour de reconnaissance globale puis un deuxième en tentant diverses trajectoires. Je me suis fait doubler par presque tous les coureurs mais j'ai remarqué que même les plus grands faisaient demi-tour sur le circuit pour repasser plusieurs fois au même endroit et tester différentes combinaisons. C'est d'ailleurs assez étonnant de croiser des coureurs en sens inverse, je me suis demandé à un moment si je n'étais pas dans le mauvais sens du circuit.


Le circuit s'est révélé excessivement roulant, moins physique et plus technique qu'à Diegem. Le parcours était plat, hormis quelques buttes à passer. Une grande zone de sable, qui aurait du me poser problème, était particulièrement tassée et ne présentait pas de difficulté particulière. En dehors d'un escaliers de 6 marches, de 2 tranchées à sauter et des 2 planches, tout passait à vélo. Les meilleurs ont réussi à sauter les planches et les tranchées sur leur vélo (bien aidés par un terrain très sec), mais ce n'était pas mon cas. Ces 2 tranchées à sauter et 2 autres qui se passaient sur le vélo, étaient assez peu visibles ... celui qui se loupe dans le feu de l'action risque fort de finir l'épreuve avec de la casse sur son vélo et sur ses os.


Après la reconnaissance du circuit, l'échauffement s'est poursuivi sur Home-Trainer. Des photographes ont à nouveau tenu à faire un portrait "sans casque, sans bonnet, sans lunettes et le maillot bien tiré". Tous ceux qui voulaient des photos ont eu le droit à un beau sourire. C'est assez dingue, j'ai du mal à croire que des collectionneurs tiennent à ce point à photographier chacun des participants ...

(Lars Boom, ex champion du monde en 2008, à mes côtés dans la zone d'attente)

J'ai rejoint la zone de départ à 15 minutes du compte-à-rebours final. Heureusement que Christophe m'avait prévenu qu'il fallait se rendre au podium pour signer devant les photographes, sans quoi je n'aurais jamais imaginé un truc pareil. J'avoue ne pas avoir compris pourquoi je devais re-signer une feuille de papier avec un gros marqueur rouge en présence des 2 hôtesses protocolaires devant une nuée de photographes, mais j'ai joué le jeu avec le sourire. Si j'y pense et que c'est organisé de la même manière vendredi à Baal, je tâcherai de lever le bras pour faire coucou aux spectateurs ... sous le coup du stress j'ai un peu oublié le public et n'ai regardé que la feuille et cet énorme marqueur rouge.


J'ai retrouvé ma compagne et ma belle-mère dans la zone de départ. L'appel a commencé : le placement s'effectuant en fonction du classement UCI, je me suis évidemment retrouvé dans les derniers. Ca m'arrangeait, j'étais sûr de ne gêner personne. A 3 minutes du départ j'ai retiré mes habits superflus et les ai confiés à ma compagne, j'ai changé de braquet car celui que j'avais dans la zone d'attente n'était pas vraiment adapté. Le décompte s'affichait en grand devant nous jusque dans les 30 dernières secondes. 5 feux rouges se sont allumés les uns après les autres, comme les barres de chargement de la batterie d'un téléphone ... quand les lumières sont passées au vert, les fauves ont été lâchés.


La ligne droite de départ était nettement moins bruyante qu'à Diegem. J'ai loupé mon départ sans que je sache pourquoi : les pédales se sont enclenchées rapidement, le corps semblait bien répondre ... pourtant au bout de l'interminable ligne droite j'étais déjà lâché avec au moins deux longueurs de retard sur mon prédécesseur. J'ai recollé aux roues des autres grâce à l'effet bouchon et à des gestes techniques propres et précis. Aujourd'hui, techniquement, j'étais vraiment sur un nuage : propre et rapide, fluide et efficace. Dans la boue ça aurait été une autre paire de manchettes, mais sur un terrain sec c'était parfait.


La logique sportive s'est appliquée : les coureurs ont filé les uns après les autres, je me suis retrouvé seul et j'ai pu profiter des encouragements qui m'étaient spécifiquement destinés. C'est vraiment génial d'être encouragé sur toutes les portions techniques. Bien que limité dans mon vocabulaire flamand, je sentais bien que les cris étaient positifs et qu'il ne s'agissait pas de critiques. Les Koman, Hop-Hop-Hop et "oooooohhhhhhh" rythmaient chacune des difficultés et chacune des lignes droites ou des relances.


Je me suis régalé dans les deux premiers tours. Quand techniquement on est propre, que physiquement on est bien et que la météo est favorable, c'est agréable. Le parcours permettait vraiment de se faire plaisir, d'autant plus que j'ai pris de l'assurance au fil des passages et avec l'expérience de Diegem. J'ai même décollé les deux roues et fait des petits sauts sur certaines buttes. C'était loin de la hauteur et de l'amplitude de ce que voient les spectateurs d'habitude, mais pour moi c'était du plaisir à l'état pur.


Quelques difficultés supplémentaires se sont ajoutées sur le circuit : il fallait éviter les verres de bière jetés sur le circuit et quelques spectateurs traversant le circuit à mon arrivée. J'ai eu beau crier, j'ai été gêné 2 fois au point d'être quasiment obligé de m'arrêter. De simples cordes tendues entre des piquets ne suffisent pas à empêcher des spectateurs de traverser en dehors des passages prévus à cet effet.


A l'issue du deuxième tour, je m'attendais à être éjecté par les commissaires. A mon premier passage sur la ligne, j'avais 2'15 de retard sur des leaders tournant en 6 minutes par tour. Le commissaire m'a fait signe de la main de continuer ... j'ai été surpris mais je me suis dit que la sortie était peut-être ailleurs. A l'issue de la ligne droite de départ peut-être ? En passant sur la ligne, mon retard était de 4'30 ... en respectant la logique il allait me manquer 45 secondes pour pouvoir boucler mon tour.


J'ai fait ce dernier tour à fond, à un niveau encore plus haut que les deux précédents. Plus j'avançais sur le circuit, plus je sentais le souffle chaud des cadors dans mon dos. Je n'avais pas le droit à la moindre erreur et je le savais. J'ai donné tout ce que j'ai pu mais c'était insuffisant. En entendant les clameurs se rapprocher de moi je pouvais estimer l'écart qui me séparaient d'eux : 50 mètres, 40 mètres, 30 mètres, 20 mètres, 10 mètres ... jusqu'au poste matériel dans lequel je me suis engouffré sans me poser de questions. Ils ne m'ont pas doublé, je ne les ai pas gênés. Mais il ne fallait pas 50 mètres de plus.


J'ai quitté l'épreuve par la petite porte. Celle des mécaniciens. Il m'a fallu quelques instants pour me remettre du stress de la situation. J'ai rejoint mes assistantes, j'ai rendu la puce de chronométrage et j'ai réalisé que je venais encore de vivre une très belle expérience. Le public était moins en délire qu'à Diegem, moins nombreux aussi selon mon ressenti (25 000 billets d'entrée ont été vendus dimanche, ce qui constitue le record pour la saison 2015/2016). Mais c'était un très beau moment, même si j'aurais préféré avoir ces 45 secondes supplémentaires. Sans la gêne des spectateurs et si je n'avais pas salué 2/3 fois le public dans ce que je croyais être mon dernier tour, je pense que ça aurait pu passer.


Je repars de cette épreuve avec une nouvelle expérience vécue, de l'expérience et des souvenirs. Je repars sans avoir de regrets. Je suis prêt à poursuivre demain à Bredene ma découverte de ce monde si particulier.

Consultez les photos prises par Clémence et mes données sur Strava.

15 commentaires:

  1. salut
    tu trouves pas que c'est un peu abusé d'être au départ de courses si prestigieuse alors que tu ne cours même pas au niveau FFC en temps normal ?
    Je comprends que ce soit énorme ce genre de cyclo cross, je comprends que tu partes voir tous ces cross, mais par respect pour les champions j'ai du mal à comprendre qu'on souhaite prendre le départ.
    Mais bon l'essentiel c'est de s'éclater !

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    1. Je vois que d'autres ont été plus rapide que moi pour répondre. Non, je n'estime pas manquer de respect aux champions : je pars de derrière, je m'écarte pour les laisser passer aussi bien à l'échauffement qu'en course ...

      Si tout le monde faisait comme moi, je suis d'accord que ça créerait des problèmes, et j'espère que l'année prochaine il n'y aura pas des centaines de personnes voulant faire de même par ma faute. Mais j'en doute fort.

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  2. Ne trouves-tu pas plutôt que c'est abusé de venir perdre ton temps sur son blog pour venir critiquer sa participation aux cyclocross ?
    Il prend le départ pour s'éclater comme tu dis, pas pour manquer de respect aux coureurs.
    Quelle jalousie pitoyable !

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  3. anonyme t'es trop con mais surtout jaloux, rien ne t’empêche d'en faire autant si ce n'est le manque d'envie ou d’énergie Bravo à Florent qui nous raconte son expérience avec lucidité et humilité une preuve d'intelligence dont tu sembles dépourvu, la méchanceté est la force des faible

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  4. Ton enthousiasme fait plaisir à lire. Je pense que tu te fais vraiment plaisir et apprécies ces moments uniques.
    Et laisse dire les jaloux, frustrés et autres de ton expérience unique. Au contraire, tu as les c....s de t'aligner alors que tu sais qu'il s'agit d'une autre planète en termes de niveau. Seule la passion te guide, et non le résultats d'autant plus que tu ne gènes pas le déroulement de la course. Tu incarnes le vélo dans son spectacle populaire, ouvert à tous, selon son niveau, dans le respect de chacun. Tu as eu l'opportunité de le faire, cela récompense ta passion pour le vélo ! Profites encore de tes prochains cross belges. Et je suis sur que l'an prochain, de nombreux cyclistes souhaiteront s'aligner sur ces cross....
    Julien.

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  5. En complément à mon précédent post, cela me rappelle les cross des années 80 au cours desquels les pros s'alignaient au côté des amateurs. C'est ça le vélo, la plaisir du partage d'une passion, ou chacun se donne à fond. Plus que des pauvres gars qui s'éclatent avec des "kom"...
    Julien

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  6. Le manque de respect n'est pas tant de prendre le départ (à l'appréciation de chacun) mais d'invoquer un nouveau prétexte (comme tu l'as toujours fait en pass' pour ne pas finir une course) ici pour avoir le droit de se faire sortir après 3 tours au lieu de 2. Car, au final : 1/ qu'est ce que ca change ? 2/ tu es sûrement pas le seul coureur à avoir été " " gêné " "...
    Je pense qu'on est de plus en plus nombreux à lire ce blog, non par admiration, ni par jalousie, mais juste pour se marrer ; et parfois, il y a un commentaire qui sort lorsque les récits sont un peu "abusés".

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    1. Mon but est donc atteint : je donne le sourire ! Merci de me l'avoir confirmé.
      Les gens viennent me lire pour les raisons qu'ils veulent, ça ne regarde que eux. Tout le monde est accepté.

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  7. Je reconnais que moi je viens lire ce blog car c'est souvent un peu n'importe quoi toutes les histoires que racontent Florent, et je rigole bien !
    Moi par contre je pense que l'auteur fait exprés de raconter ses courses au second degré parce que sinon c'est juste vraiment abusé !

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  8. En quoi ces récits sont marrants exactement ?
    Il partage juste ses entrainements (sorties dans telle ou telle région),ses courses (sur route, de clm ou de cyclocross) et les quelques épreuves qu'il fait.
    Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de drôle là dedans.
    Si tu trouves ça marrant, c'est que tu n'apprécies pas le cyclisme à sa juste valeur et que tu as un humour de merde. ;-)

    D'ailleurs, au passage, tu n'as rien d'autre à faire de ta vie que de venir sur ce blog si ça ne te plait pas? Quelle vie palpitante tu dois avoir (d'autant plus que venir poster 3 commentaires "anonymes"de la sorte, c'est vraiment "abusé").

    Et si ça ne te plait pas, je te le dis (et crois-moi beaucoup d'autres lecteurs sont d'accord avec moi), bye bye. (Il suffit de cliquer sur la croix rouge en haut de ton écran).

    Florent, d'ailleurs, c'est cool finalement que des mecs comme ça viennent sur ton blog. ça te fait encore plus de visites et ça t'incite d'autant plus à partager tes expériences. TROP BIEN !?

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  9. Ok les fans de Florent je vous laisse avec les écureuils ! bonne année et vous prenez pas trop la tête quand même !

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  10. "Anonyme31 décembre 2015 à 16:17" le seul à porter un jugement dans cette conversation, c'est bien TOI.
    Le blog est public, et, ne t'en déplaise, chacun peut venir le consulter pour les raisons qu'il veut (même pour se moquer, c'est le jeu, je crois d'ailleurs que Florent l'accepte).
    Bonne année cycliste tout de même.

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  11. Ce genre d experience va peut etre faire réagir au dela des commentaires. Soyez pas trop dur avec celui qui se pose des questions. Je pense que beaucoup ont pu se la poser...

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    1. L'impression que ça me donne, c'est que dans le milieu du cyclisme, ça a l'air traditionnellement assez mal vu de s'aligner au départ d'une course avec des coureurs d'un niveau largement supérieur.
      A pousser dans ce sens, on se retrouve avec des coureurs elite au départ d'un cross régional plutôt que d'une coupe du monde (il y a aussi une logique de budget et de frais qui pousse dans ce sens), faisant déserter ces épreuves par les coureurs moyens de 3ème catégorie et les pass' cyclisme, de peur de se prendre un tir.
      Du coup, comme le cyclisme est organisé avec une structure pyramidale et que la base de la pyramide est bien réduite, cette dernière ne peut pas monter bien haut.

      La réaction que j'aimerais voir, c'est que les responsables de club qui se sont manifestés pour faire retirer Florent de la sélection française pour la manche de coupe du monde de Zolder se sortent les doigts et se débrouillent pour y envoyer leurs coureurs.

      En attendant, tant que Florent ne prend pas la place de quelqu'un capable de sportivement mieux figurer, ça ne me dérange absolument qu'il soit au départ de ces épreuves. Ça a au moins le mérite de faire de l'animation sur le circuit entre deux passages de la tête de course.

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    2. Je pense être d'accord avec çà. Respect pour la démarche de Florent, j'ai pris du plaisir à lire ses comptes rendus.
      Ceci dit je me suis quand même posé la question.

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