
Pendant que les meilleurs rouleurs du monde s'affrontaient sur le parcours australien accueillant les Championnats du Monde de Contre-La-Montre, la presse sportive diffusait un scoop : Alberto Contador a présenté des anomalies dans le contrôle réalisé lors de la 2ème étape de repos du Tour de France. Des traces d'anabolisants ont été trouvé dans ses urines, certes en quantités infimes, mais sont tout de même présentes. Ce matin j'étais le premier à crier "attention, attendons la contre-expertise avant de crier au scandale". Puis sont venus les informations sur le contrôle positif de Mosquera (dont j'avais émis à plusieurs reprises des doutes concernant ses performances, notamment dans le CLM de la Vuelta), le contrôle positif de son coéquipier, puis la découverte par la police italienne de produits interdits dans la maison du sulfureux Riccardo Ricco (qui enchaine les affaires de dopage, malgré son jeune âge). Un "jeudi noir" pour l'image du cyclisme.
Au fil de la journée, certaines rumeurs sont confirmées par des communiqués de presse issus de divers organismes : l'UCI, l'AMA, les coureurs concernés, leurs équipes. Bref, regardons de plus près le cas d'Alberto Contador. Moi qui réclamais à grands cris l'attente du résultat de la contre-expertise, j'ai été vite fixé : l'UCI a expliqué qu'elle n'avait pas diffusé le résultat de la première analyse et qu'il s'agissait ici du résultat de l'analyse de l'échantillon B qui venait confirmer l'analyse du premier échantillon. On a ensuite appris que cette affaire était donc restée secrète pendant plusieurs semaines, mais qu'elle venait d'être dévoilée par les 2 parties concernées car la presse allemande avait eu des fuites et préparait un dossier sur le sujet.
Je reproche à l'UCI d'appliquer 2 poids et 2 mesures dans le traitement des cas de dopage :
1 - Pour tous les autres cyclistes, lors de chaque contrôle positif l'information est directement diffusée à la presse sans attendre le contrôle de l'échantillon B. Pourquoi ne pas avoir appliqué la même procédure avec Contador ? Ils ont dit qu'ils voulaient éviter de faire un scandale, mais en 2008 avec Ricco, Basso ou encore Di Luca, tout a été diffusé. Idem en 2007 avec Vinokourov et Rasmussen. Leur excuse ne tient pas la route.
2 - Pour tous les autres cyclistes, on parle de contrôle positif. Pourquoi nous parle-t-'on ici de paramètres anormaux ? Là encore, il y a le cas Contador et les autres : les autres sont positifs, lui présente des anomalies ! je dirai plutôt que c'est le comportement de l'UCI qui est anormal ...
3 - Pour tous les autres cyclistes, il y a un échantillon A et un échantillon B. Pourquoi les prélèvements de Contador sont en cours d'analyse par plusieurs (5 je crois) laboratoires européens ? Tous les cas de dopages ne sont pas traités de la même manière, c'est 2 laboratoires (et encore, il s'agit souvent du même laboratoire qui analyse les 2 échantillons) et non 5 (?) qui procèdent aux contrôles habituellement.
Finalement, il y a 2 cas de figure dans le traitement des cas de dopage :
- ceux dont l'analyse POSITIVE de l'échantillon A est révélée IMMEDIATEMENT dans la presse
- ceux dont l'analyse ANORMALE de l'échantillon B est révélée SOUS LA PRESSION dans la presse
Cette dernière hypothèse me fait penser à certaines théories selon laquelle certains cyclistes de renom, dont le grand L.A., auraient eu des contrôles positif mais l'UCI aurait détruit elle-même les preuves et aurait réglé le problème en interne sans que le cas ne s'ébruite. Je me dis que si le cas Contador n'avait pas été sur le point de s'ébruiter, l'UCI n'aurait jamais diffusé d'informations, aurait lavé son linge sale en interne, et que cette affaire serait passée inaperçue aux yeux du public. La véritable question est : combien y-a-t'il (eu) d'autres affaires dans le même cas ?
Pour conclure, selon moi la plus haute des instances du cyclisme, instance censée traiter avec égalité chacune des personnes qu'elle chapeaute, ne traite pas les cas équitablement. Il y a un favoritisme évident. Je tenais à vous faire part de mon dégout profond vis à vis de l'incompétence de cet organisme officiel (vous connaissez déjà mon dégout du dopage). Tant que le cyclisme restera géré par des incompétents ne jurant que par le profit généré, il continuera de foncer à pleine vitesse dans le mur qui se profile devant lui.
Amis cyclistes, vraiment, s'il n'y avait qu'une seule information à retenir aujourd'hui, c'est assurément le 4ème sacre historique de notre cousin helvétique Spartacus. Donnons-lui la part de gloire et de médiatisation qui lui revient. Nous aurons tout l'hiver, une fois la saison terminée, pour débattre sereinement des problèmes de dopage et d'avidité des personnes au pouvoir.
NB : selon moi, Alberto Contador est bel et bien dopé. L'avenir me donnera tord ou raison, peu importe. Cet article n'avait pas pour but de le défendre ni de l'accabler.